S'identifier - Contact

Archives par mois


Veules ou serviles



Je ne suis pas un partisan de Chavez. J’avoue mon inculture de l’histoire ancienne et contemporaine de l’Amérique latine.Ma curiosité ne m’a pas conduit à étudier la révolution bolivarienne et pas davantage le péronisme. Je sais néanmoins que pendant de trop nombreuses années, les Etats-Unis ont soutenu, pour ne pas dire organisé, des dictatures en Amérique du Sud : Videla en Argentine, Pinochet au Chili...
 
C’est pourquoi je considère que le leader vénézuélien n’a pas tord de fustiger la politique hégémonique que les Etats-Unis font régner dans le monde entier, dont les faits d’arme les plus connus sont l’envahissement du Viêt Nam en 1964, de l’Afghanistan en 2001, de l’Irak en 2003 .....
Ce n’est pas pour autant que l’ensemble de « l’œuvre » de Chavez est acceptable.
L’anti américanisme du régime castriste ne peut conduire à considérer le gouvernement cubain comme un modèle de démocratie.
Ce raisonnement vaut également pour Ahmadinejad qui n’a rien d’un dirigeant fréquentable, mais au contraire c’est un homme dangereux.
Face à cette ambivalence, l’éthique journalistique ne doit rien dissimuler, ni en négatif, ni en positif.
Hélas, ce n’est pas l’option choisie par nombre de journalistes qui ont traité les dernières élections au Venezuela.
Quelques heures avant le scrutin du 7 octobre, des journalistes/pronostiqueurs n’y sont pas allés avec le dos du stylo. La cause était entendue, la défaite de Chavez assurée.
Présentée de manière subliminale, ce n’était que justice.
Songez-donc, ce dangereux révolutionnaire n’a rien trouvé de mieux, au cours de ces 14 ans de présidence, que de dilapider la manne pétrolière en distribuant les bénéfices aux couches populaires.
Voilà qui est avoué.
Une majorité de journalistes relaie la pensée néolibérale, selon laquelle la répartition des richesses produites ne doit pas être dirigée vers ceux qui la créent, les salariés, mais vers ceux qui la pillent, les spéculateurs.
Parmi les rédactions complices de France et de Navarre, celle du 20 H de France 2 s’est particulièrement distinguée.
Vous trouverez ci-dessous in extenso, la déclaration faite par Bernard Lebrun, au cours du journal présenté par David Pujadas, le 8 octobre.
« Contrairement à ce que nous affirmions la semaine dernière par erreur, le taux de la population vivant sous le seuil de pauvreté au Venezuela n’est pas de 80 %. Selon l’organisation des Nations-Unies, il est passé de 49,4 % à l’arrivée de Chavez au pouvoir, il y a 14 ans, à 27,8 % l’année dernière.
Enfin, concernant le réseau ferroviaire du pays, il était faux de dire qu’il y a une unique ligne de train de voyageurs mais bel et bien plusieurs autour des grandes villes »
En conclusion de cet aveu de mensonge, le présentateur du journal déclara avec ce qui semblait être une pointe d’agacement : « Voilà qui est dit »
Pour les excuses de la rédaction, nous attendrons des jours meilleurs !
La question est posée de savoir si cet aveu aurait été prononcé dans le cas d’une défaite de Chavez ?
Faut-il rappeler que le taux de participation a été de 80 % et le score réalisé par Chavez a atteint 54,66 %. Le tout confirmé par des observateurs neutres et conquis (Dixit France 2)
Veules ou serviles, j’insiste, car au cours d’un passé récent, ces moralisateurs partisans n’ont pas été aussi acerbes quand Bachar al Asad fut invité par le Président Sarkozy à la tribune officielle pour commémorer le 14 juillet.
Ils n’ont pas trouvé à redire quand Kadhafi a installé sa tente de bédouin dans Paris, ou quand il a été reçu par les pontes de l’Union Européenne à Strasbourg.
Ils n’ont pas été moins courtisans lors des Jeux Olympiques de Pékin de 2008.
Ils relayèrent sans sourciller le message officiel néolibéral « Les Jeux Olympiques de Pékin vont ouvrir la Chine sur le monde et faire évoluer le régime vers la démocratie » !!!
On mesure aujourd’hui la justesse de ces propos.
Quant à leur réaction sur la remise en cause de la liberté de la presse en Hongrie, (ils devraient se sentir concernés) elle est étrangement faible.
Mais peut-être faut-il voir dans l’apathie du milieu journalistique le miroir d’une société qui a perdu ses valeurs et ses repères, se contentant de suivre aveuglément le courant majoritaire du moment ?