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Une vache sacrée nommée Euro



Je réagis à deux articles de Marianne 2 qui circulent actuellement sur le net. L’un traitant de la question de l’euro (paru le 27.12.2010) l’autre (paru le 29.12.2010) qualifiant Jean-Luc Mélenchon de Raffarin d’extrême-gauche.
Je ne connais pas Laurent Pinsolle, blogueur gaulliste, et pas davantage le journaliste de Marianne Hervé Nathan, mais je note que si le blogueur gaulliste cache la vérité d’un retour au franc (je n’ai pas lu son propos) le journaliste de Marianne manque particulièrement d’objectivité, pour ne pas dire d’honnêteté intellectuelle.
Tout d’abord, je constate qu’au cours du mois de décembre, les porte-paroles, fonctionnels ou non, du gouvernement se sont démenés pour rassurer les opinions publiques quant à la pérennité de l’euro.
Ainsi dois-je faire une relation entre les messages gouvernementaux et les articles d’une presse bien pensante s’évertuant à soutenir les fondamentaux de l’Europe libérale et son économie libre et non faussée, dont l’euro est le pivot.
Puisque l’auteur de l’article de Marianne décline son profil professionnel, je saisis l’occasion de me souvenir de l’attitude des journaux, qu’il a servis, sur la question européenne.
Je n’ai pas souvenir que ni La Tribune ni Libération aient eu un avis négatif sur le Traité Constitutionnel Européen. Je n’ai pas davantage souvenir qu’ils se soient offusqués de l’escroquerie politique du Traité de Lisbonne. J’ai même le souvenir contraire de l’ancien directeur de Libé, qui avait qualifié, au lendemain du référendum de 2005, de racistes les défenseurs du « non »
Cinquante quatre pour cent de « non » dans l’opinion publique, ça fait quand même beaucoup de racistes !!!
Quant à Marianne, je ne suis pas un spécialiste des médias, ni de la presse, quelle soit audiovisuelle ou écrite, je ne sais comment fonctionne une rédaction, j’ignore quelle latitude ont les journalistes individuellement, mais je ne peux oublier que le fondateur, ancien directeur de cet hebdomadaire, a quitté le journalisme pour la politique (c’est bien son droit) mais pas pour n’importe quel courant de pensée.
Il a rejoint le parti le plus proche aujourd’hui du M.R.P. des Monnet et Schuman qui avaient un objectif non dissimulé, celui de réduire le pouvoir des Etats avec le concours bienveillant du Vatican.
Pour être un téléspectateur assidu, notamment de la TNT, je constate que plusieurs journalistes de cet hebdo raisonnent identiquement. La réponse aux problèmes posés à l’Europe revient sempiternellement en boucle « c’est parce qu’il n’y a pas assez d’Europe, il faut doter l’Union Européenne d’un gouvernement économique » !!!
Aussi, personnellement, je ne tomberai pas dans ce piège à « gogo »
Ce problème (car je pense au moins qu’il n’y a pas débat sur le fait qu’il y ait un problème européen) doit être abordé sans esprit partisan, sans dogmatisme, avec le seul souci des conditions de vie des classes populaires.
D’ailleurs, la question de l’intérêt de l’économie est peut-être un préalable à toutes discussions.
Ainsi, la question doit être clairement posée et définitivement posée (les coups de menton n’ont pas leur place dans un débat de cette importance) sur la sortie éventuelle de l’Euro.
Quels sont les avantages ? Quels sont les inconvénients ?
J’ai le souvenir des arguments de propagande développés par les europhiles au moment de la mise en place de la monnaie unique, « avec la monnaie unique, quand vous irez dans un pays européen qui a adopté l’euro, vous n’aurez plus le souci de change » !!!
Il faut noter au passage la profondeur du raisonnement !!!
Quel progrès pour le citoyen lambda ! Et en particulier pour les 8 millions de travailleurs pauvres, dont l’urgence est dans l’interrogation : vais-je demain pouvoir me nourrir ? Et pour certains : où vais-je dormir ce soir ? E
Mais j’ai aussi en mémoire les propos du PDG d’une multinationale française, tenus quelques mois après la mise en place de la monnaie unique « avec l’euro, la seule variable d’ajustement qui nous reste c’est l’emploi » !!!
Puis quelques mois plus tard, l’un de ses confrères allaient plus loin encore, en déclarant qu’il allait délocaliser sa production hors de la zone euro. Ce qu’il a fait effectivement.
Alors, M Nathan devrait peut-être réviser son argumentation.
Je suis surpris que ce journaliste apparemment européiste se ravitaille idéologiquement auprès de la banque I.N.G. Mais quand j’apprends que Le Figaro et le Monde relayent les positions de cette entreprise de la finance, je suis éclairé.  J’ai le souvenir qu’au début du krach de 2008, cette banque n’était pas la moins douteuse. Elle embarrassait même les dirigeants politiques.
Qu’à cela ne tienne, pas regardant sur la crédibilité de ses sources, M Nathan déverse son flot de catastrophes consécutives, selon lui, à une sortie de l’euro. Il espère ainsi nous extorquer quelques larmes.
Il faut avoir peu de considération pour le monde ouvrier, à moins qu’il ne s’agisse de peu de connaissance des conditions d’existence de celui-ci pour oser ce discours. Je propose à ce moraliste, je suppose bien au chaud dans son bureau et assuré d’un salaire confortable, de sortir et d’aller exposer sa théorie devant les salariés de Renault à Sandouville, de rencontrer les Conti, les salariés de Sealynx dans l’Eure ou bien d’autres car malheureusement la liste est interminable.
Je l’invite à aller expliquer à ces salariés que l’euro protège leur emploi !
Dans un département moyen comme le mien, 8000 emplois industriels (source officielle) ont été supprimés en 5 ans. Tous ou pratiquement tous, délocalisés en Europe de l’Est avec une accélération depuis 2004. Même un secteur, pourtant bien portant, comme l’aéronautique, se délocalise au Maroc et aux USA.
Comparer la France à l’Allemagne
Alors, vient ensuite l’argument de l’Allemagne.
A l’inverse de la France, notre voisin d’outre-rhin a préservé son industrie. Il a conforté son automobile haut de gamme, avec Porsche et BMW et mis en selle un troisième larron, Audi.
Et comme le marché du luxe et du haut de gamme est florissant (et pour cause) ce choix est payant.
Intelligemment, l’industrie allemande a maintenu son secteur d’excellence, la machine-outil.
La Chine, par la volonté de la globalisation financière, étant considérée comme l’atelier du monde, devant l’urgence, l’empire du milieu s’est adressé au plus qualifié pour ce genre d’équipement, l’Allemagne.
Mais pour combien de temps ? Il serait, me semble t’il, illusoire d’imaginer que la Chine ne tentera pas de fabriquer elle-même son propre outillage. Mais en attendant, l’Allemagne en profite. Cela n’en fait pas pour autant un pays vertueux en matière sociale. La pauvreté y progresse vertigineusement, les reculs sociaux sont très importants imposés avec le concours, sans honte, des socio-démocrates.
Alors, le modèle allemand, mais quel modèle allemand ?
La France a fait un choix très différent. A l’image de l’Angleterre, elle a choisi la désindustrialisation.
Au cours des années 90, la mode était au recentrage sur le cœur de métier. Ainsi, deux de nos constructeurs automobiles français se sont allégés de leurs activités secondaires, le cycle, le motocycle, l’outillage (manuel et électrique) Maintenant, c’est le cœur de métier, y compris le haut de gamme, qui se délocalise.
Constatant un marché à gros volumes, au moins deux PME se sont lancées dans la construction de motos, de moyenne et grosse cylindrée. Les modèles produits rivalisaient sans conteste avec ceux des constructeurs de l’île du Soleil Levant.
Mais, faute d’une aide publique nécessaire à l’investissement, ces PME furent contraintes de déposer le bilan, laissant le marché de la moto au quasi-monopole japonais.
Que dire également du marché du petit électroménager ? Pour nous, normands, l’attitude des pouvoirs publics, des industriels et des financiers à l’égard de Moulinex est plus qu’une trahison, c’est un crime social.
Dix ans après la mise à mort de cette entreprise, de nombreux salariés licenciés sont toujours dans la galère et certains dans la misère. Et cette fabrication a quitté le sol français pour rejoindre ceux de l’Europe de l’Est de la Chine, du Mexique entre autres.
On me dira que l’euro n’est pas responsable de cette affaire, il n’était pas encore en place au moment de la liquidation de Moulinex. Certes, mais nous étions dans la préparation de l’entrée de l’euro avec le dogme de la monnaie forte, de la désinflation compétitive, des salaires contraints et de la  libre circulation des capitaux.
Autre abandon, celui de la construction navale. Ce fut une catastrophe pour nos chantiers, ils ont pratiquement été tous liquidés. Ceux qui perdurent fonctionnent avec de la main d’œuvre à bas coût venant d’Extrême-Orient.
J’arrête là le bilan partiel du dogme de l’Europe libérale et de sa monnaie unique.
Les sornettes de l’euro vous protègent
Sur l’argument selon moi fallacieux « l’euro vous protège » je ne résiste pas à citer un exemple récent. L’Estonie vient d’entrer dans la zone euro. Les médias et en particulier les télévisions ont présenté cette entrée comme un succès.
Qu’en est-il réellement ?
En adhérant à l’euro, l’élite, ou tout au moins une partie de celle-ci, a géré sa phobie russe.
Mais ceci s’est fait dans le dos du peuple.
Aucune consultation populaire n’a été organisée et pour cause. En fait, la consultation du peuple a eu lieu en 2009 avec les élections européennes et l’Estonie a vu un taux d’abstention record de 56,1 %. On mesure ainsi l’engouement des estoniens pour l’Europe libérale.
Comment s’en étonner ? Pour entrer dans la zone euro, ce peuple balte a du passer sous les fourches caudines des froids technocrates de Bruxelles : réduction du secteur public et des emplois, coupes sombres dans les dépenses sociales…
C’est certainement ce qu’appelle M Nathan, les effets protecteurs de l’euro.
Mais nombre d’économistes raisonnent comme le journaliste de Marianne et en particulier M Elie Cohen.
Il est intéressant de les entendre.
A la question, l’euro est-il en danger ? Leur réponse est péremptoire : aucun risque.
A celle de savoir si la France est menacée de sortir de la zone euro, la réponse est tout aussi affirmative : le remède serait pire que le statu quo. Et un flot d’arguments difficiles à contrôler est asséné.
Mais comme si les défenseurs acharnés de l’euro avaient quelques doutes, ils précisent que peut-être serait-il salutaire que la Grèce, l’Irlande et pourquoi pas le Portugal, quittent l’euro.
En filigrane, ils reconnaissent que l’avenir de l’euro et d’une majorité des pays qui y ont adhéré dépend des agences de notation (organes privés) qui ont pris le pouvoir sur les Etats.
La finance domine la politique, et impose aux gouvernements des réformes sociales drastiques.
Quant à la Grèce, que ces « braves » gens accusent d’avoir travesti ses comptes, et qu’en conséquence elle doit être punie, qui peut nous faire croire, que dès l’origine, cette situation n’était pas connue des technocrates de Bruxelles ?
Un examen approfondi de la situation financière des pays souhaitant entrer dans la zone euro est réalisé.
Mais comme il fallait montrer l’attractivité de l’euro et l’engouement des peuples pour la monnaie européenne, on n’a pas été regardant sur la situation financière des postulants.
Il fallait faire nombre. En fait, même à ce niveau, la com. fait partie de la stratégie.
En tous les cas, si punition il doit y avoir, le peuple doit en être écarté, il n’est aucunement responsable de cette gabegie.
Vous avez dit, démocratie 
Sur l’aspect démocratique des choses, les suppos du fédéralisme européen et de l’un de ses corolaires, la monnaie unique, sont tellement enfermés dans leur dogme qu’ils n’imaginent même pas qu’un débat sérieux puisse être organisé, suivi d’une consultation populaire, mettant les citoyens devant un choix de société (Fonctionnement démocratique de l’euro, tenant compte de l’hétérogénéité des économies des Etats - Monnaie  au service des peuples et non au seul avantage des financiers -  Statut de la Banque Centrale Européenne -  Définition d’un vrai gouvernement économique - Mise en place de conventions collectives européennes à l’instar de ce qui a été fait en France après la 2ième guerre mondiale - Préférence européenne etc… etc…)
D’ailleurs, n’est-ce pas un non sens de parler de démocratie et de citoyenneté quand le peuple est privé d’intervention sur l’évolution de la monnaie ? Certes, les dévaluations du franc n’ont jamais été précédées d’une consultation populaire, mais les majorités gouvernementales prenaient un engagement devant le peuple et celui-ci avait toute latitude de se faire entendre. Or, chacun le sait, la gestion de l’euro est réservée à une caste.
Le gouvernement économique de l’Europe, version économie libre et non faussée
Sur la question du gouvernement économique de l’Europe, ma naïveté m’avait conduit à penser qu’il s’agissait par exemple d’organiser un réseau ferré à grande vitesse irriguant l’ensemble du territoire européen (voyageurs et marchandises) - des zones portuaires sur le principe de la coopération et non de la concurrence, en définissant des inter-lands dédiés -  une politique énergétique dans le respect de l’environnement etc… Or, chez les technocrates européistes, le gouvernement économique est d’une autre dimension.
Le dernier sommet européen vient de nous éclairer sur leur choix.
Les 16 et 17 décembre dernier, les Chefs d’Etats et de Gouvernements ont décidé, une fois de plus, dans le dos des peuples, du principe dit, du semestre européen. En clair, les projets de budget des Etats devront recevoir l’approbation de Bruxelles avant d’être validés par les Parlements nationaux. Outre les budgets des Etats, seront soumis également à la toise de Bruxelles, les niveaux de salaires, les retraites, les dépenses de santé etc…
Certainement, une victoire de la démocratie, mais version européiste !!! Il serait intéressant de connaître l’avis de M Hervé Nathan sur ce sujet.
Mais l’un des summums de cette farce libérale s’est déroulé le 30 décembre dernier au cours de l’émission « C dans l’air » dont le thème était « Pourquoi les français font-ils la gueule ? » Les invités étaient Philippe Gabilliet, auteur – Jean Viard, sociologue – Frédéric Lenoir, spécialiste des religions – Marc Jolivet, humoriste.
Pour que chacun se fasse son opinion, j’invite les lecteurs de mon papier à écouter sur le Net cette émission qui en dit long sur l’entreprise d’endoctrinement libéral. Certes, des choses justes ont été dites mais elles ont été malheureusement ponctuées de vraies conneries.
Jean Viard explique que nous devrions nous réjouir que le Brésil et l’Inde soient sur le point de nous dépasser économiquement. Il passe par-dessus bord  le fait que tout ceci se fait au prix d’une concurrence effrénée qui pèse lourdement sur notre modèle social, sans pour autant améliorer la condition ouvrière de ces pays. Il fait remarquer que dans certains pays, il n’y a pas de vacances et que  nous devrions en prendre conscience et nous réjouir d’en avoir.  Merci patron. Enfin, il ose déclarer qu’en France, ça fait bien de faire des heures supplémentaires,  sous-entendu on n’est pas obligés d’en faire !! Apparemment, Jean Viard ne connaît pas la réglementation en la matière. Puis il conclue sur le thème du revenu « autour de la table on n’a pas besoin de 500 € de plus » Il oublie simplement de dire que 500 €, pour certains, c’est le seul revenu mensuel !!
Frédéric Lenoir fait une relation osée entre l’ancien régime et aujourd’hui, considérant qu’autrefois les populations étaient protégées par les religions !!! Et qu’aujourd’hui elles voudraient un Etat Providence également protecteur. Il voit une raison d’espérer avec la fête des voisins. Quel programme ! Sur le thème de : l’argent ne fait pas le bonheur, il informe que récemment il est allé en Inde où il a vu des gens avec rien, mais heureux !!!
Lenoir n’est pas très loin du sketch à Coluche « dîtes-moi de quoi vous avez besoin, je vous dirai comment vous-en passer »
Enfin, Marc Jolivet tout en précisant qu’il était ami des Cohn-Bendit a conseillé de croire en l’Europe pour être optimiste.
L’humour n’aurait-il rien compris au social ?
Voilà, à mon sens, les messages qui nous sont diffusés pour nous faire accepter « La grande régression » comme l’écrit Jacques Généreux.
Alors, oui, la question de l’euro et de sa remise en cause est un sujet grave, un sujet à risque.
A risque, parce que si l’existence de la monnaie unique n’a pas encore atteint une décennie, les technocrates de la haute-finance planchent sur ce dossier depuis près d’un demi-siècle. De traité en traité, de sommet en sommet, les dirigeants de droite comme de gauche ont tout verrouillé. Ils ont utilisé la méthode de la torpille qui peut exploser à la tête de ceux qui osent la manipuler.
Ainsi, le courage doit dominer chez celles et ceux qui contestent cette construction antidémocratique d’une Europe qui avilit les peuples.
Pourquoi à l’instar de l’Angleterre qui a obtenu des dérogations sur la P.A.C., de l’Irlande qui a fait valoir des exceptions pour admettre le Traité de Lisbonne de même que la Pologne, la France ne pourrait-elle pas obtenir des dérogations ?
Si je peux me permettre une comparaison, je dirais, ne renouvelons pas l’épisode de 1938.
A Munich, les participants avaient fait semblant de croire en leur accord de pacotille. Par manque de courage, ils avaient refusé de voir la vérité en face. Ils avaient contourné l’obstacle, ne faisant que repousser l’issue fatale.
Bien évidemment, en 1938, l’hégémonie était militaire, en 2011 elle n’est « que financière » mais à terme, elle peut produire les mêmes effets.
Les déclarations à la sortie des réunions internationales, G8, G20, sommets européens et autres, sont consternantes : « il n’y a plus de paradis fiscaux » « nous allons moraliser le capitalisme » « les 27 pays de l’UE sont solidaires face à la crise » « l’Europe vous protège » Il ne faut apporter aucun crédit à ces assertions. Elles sont dangereuses par leur inexactitude et leur mensonge.
A prendre en permanence les peuples comme variable d’ajustement du système, ceux-ci ne sachant plus à qui faire confiance, la droite et ladite gauche pratiquant la même politique, il leur reste l’abstention ou l’extrême-droite.
Les instances européennes vont-elles se limiter à une dénonciation courroucée de la remise en cause de la liberté de la presse en Hongrie ? Ne va-t-on pas mesurer concrètement la crédibilité de la fameuse « Charte des droits fondamentaux »
Les votes racistes et xénophobes que l’intelligentsia tente de cacher sous le terme de populisme en Autriche, en Pologne, au Danemark, aux Pays-Bas, en Hongrie, en Italie, menacent les démocraties en Europe.
Peut-on banaliser la constitution d’un groupe d’extrême-droite au parlement européen ?
Si rien n’est fait, la gangrène ne se contentera pas d’un orteil. Le pied et la jambe seront affectés, alors se posera la question de la survie du  patient européen.
Je pense qu’il n’est pas trop tard pour agir mais il y a urgence.
Mélenchon, le Raffarin d’extrême-gauche
Le titre choisi pour traiter la position de Mélenchon sur la Chine « Le Raffarin d’extrême-gauche » éclaircit immédiatement la pensée du journaliste.
Encore un effort et le co-président du Parti de Gauche sera soupçonné de sabotage d’une ligne TGV.
Qualifie-t-on de fascistes les dignitaires socialistes qui sont allés plastronner, le week-end dernier, au cimetière de Jarnac, sur la tombe du monarque, l’homme de la francisque, l’ancien Ministre de l’Intérieur qui avait refusé l’amnistie de combattants algériens condamnés à la peine capitale ? Bien sûr que non, cela serait ridicule, grotesque, alors un peu de mesure, s’il vous plait, pour qualifier Mélenchon.
Oui, il doit impérativement rendre plus claire sa position sur la Chine. Les deux lignes consacrées à ce sujet dans son bouquin sont largement insuffisantes. Pour moi, la question des Droits de l’Homme est la colonne vertébrale d’une gauche digne de ce nom. Aucune concession ne doit être acceptée quel que soit le point du globe concerné.
Il n’est pas exact de dire que la Chine n’est pas expansionniste.
Que fait-elle en Afrique, dans la corne de l’Afrique ? Comment qualifier son arrivée dans les ports grecs et peut-être au Portugal ?
Mais Mélenchon fait aussi état de l’hégémonie financière, économique et militaire des Etats-Unis d’Amérique en précisant qu’en 1971 le Président Nixon avait décidé de décrocher la valeur du dollar de sa contrepartie en or, faisant que depuis le dollar vaut ce qu’on veut en croire. Au plan militaire, il informe que les USA disposent de 735 bases réparties dans 130 pays. Il n’oublie pas non plus le rôle des USA joué en Amérique Centrale et du Sud au cours des années 70 et 80 installant des partis d’extrême-droite et les aidant à imposer leur dictature.
Je crois que dans ce dossier des relations avec les USA et la Chine, comme dans celui de l’euro, il faudrait laisser les passions au vestiaire et raisonner objectivement, mais voilà, nous sommes déjà en campagne électorale et chacun se jette à la figure ce qu’il a sous la main.
Mélenchon ayant à plusieurs reprises déclaré que la candidature de Strauss-Kahn serait un casus belli, l’objectif est donc de réduire au maximum la cote médiatique du co-président du Parti de Gauche.
La concurrence au sein du Front de Gauche motive ce jeu politique malsain. Le PS sait que si le 1er tour de la présidentielle est important, le 2ième est capital. Or, il est clair que le PC s’adapterait plus facilement à une candidature Strauss-Kahn. Le PC sait qu’une alliance avec le PS lui assurerait davantage de survie qu’une alliance avec le PG.
Alors, l’intelligentsia ultralibérale pratique le jeu du tiroir dans l’hypothèse d’un repli vers le PS. La candidature du directeur du FMI est privilégiée, à défaut celle de Martine Aubry.
La petite phrase de Fabius, au milieu de décembre « La candidature de Dominique chemine » n’est pas anodine.
En fait, la course à la candidature est lancée, il s’agit d’amener Strauss-Kahn au firmament des sondages pour aborder les primaires. Ainsi, les militants, les adhérents et les sympathisants n’auraient plus qu’à confirmer les sondages dans les urnes et la campagne s’engagerait avec l’assurance de la pérennité ultralibérale à la tête de l’Etat français.
Voilà pourquoi pour les stratèges du PS il ne faut surtout pas avancer la date des primaires. Je pense même que l’objectif serait de faire traîner les choses.
Et pendant ce temps, il faut traquer tout ce qui risque d’entraver cette « belle » marche qui peut aboutir à une alternance, tout en repoussant une alternative. Or, la présence de Mélenchon, dans ce jeu, trouble la sérénité des scénaristes.
Il est donc devenu la tête de Turc et les têtes de Turcs, il faut les abattre.
Tout le monde s’y met, certains militants socialistes et une immense partie des médias.
L’épisode Stéphane Hessel fait peut-être partie de cette stratégie. La question n’est pas de contester le passé respectable de cet homme. Bien au contraire, mais si le début du buzz actuel est intéressant, la conclusion donne à réfléchir.
Maintenant que ce citoyen vénérable fait le tour des rédactions et des plateaux de télévision pour présenter son opuscule, nous apprenons beaucoup de choses.
Inviter à s’indigner, prendre le Conseil National de la Résistance est louable, mais si c’est pour en fin de compte faire la propagande de Martine Aubry, voire Strauss-Kahn et de considérer comme exemplaire le travail de la gauche plurielle entre 1997 et 2002 mené par Jospin, le parallélisme avec l’œuvre du C.N.R. est difficile.
Mais il est vrai que le co-président du Parti de Gauche fait peu d’effort pour éviter d’être la cible des critiques. Son discours tonitruant froisse les oreilles chastes, cependant j’invite les lecteurs de ce papier à écouter le débat qui s’est déroulé sur France-Culture le 31 décembre dernier entre Jean-Luc Mélenchon et Jacques Julliard.
Loin des invectives, un vrai et profond débat s’est déroulé.
 
Article publié le 10 janvier 2011