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Tous adeptes de Jaurès !!!



N’en doutons pas, le centenaire de l’assassinat de Jean Jaurès sera commémoré et largement commenté.
On peut même imaginer que le 31 juillet sera l’occasion de beaucoup d’excès.
Chacun tirera de la vie de Jaurès ce qui lui conviendra pour justifier son propre positionnement.
Comme chez tout être humain, grand ou petit (hors considération de taille), la pensée de Jaurès évolua au cours de la vie du militant, alimentant quelques controverses.
L’affaire Dreyfus image parfaitement les évolutions de l’homme politique, qui plus que n’importe quel autre, incarne en France la démocratie, la gauche, le socialisme, la République.
Jaurès n’a pas été un dreyfusard de la première heure. Il a d’abord fait confiance à la hiérarchie militaire, avant de comprendre en 1898 l’ignoble manipulation politique, faits et arguments à l’appui. Il n’est pas impossible que l’œuvre de Zola « J’accuse » ait joué un rôle prépondérant. Mais là, l’avis des historiens diverge.
Il devint alors un défenseur inconditionnel de l’officier déchu.
Les orientations en matière politique et sociale évoluèrent également chez le natif de Castres, fondateur de l’Humanité, militant pacifiste et laïc.
Il a définitivement trouvé son chemin après la grève des mineurs de Carmaux.
Après 1892, Jaurès est devenu un vrai combattant socialiste, non marxiste.
Ses joutes politiques face à Jules Guesde attestent de ce refus du marxisme.
Il rejetait le principe de la « collectivisation des moyens de production » mais s’était « converti » à la lutte des classes pour organiser une juste répartition des richesses produites.
Aujourd’hui des politiciens, pour beaucoup manipulateurs d’opinion, masqués sous des pratiques modernes appelées « plans com », utilisent le nom de Jaurès pour justifier leurs orientations politiques.
Citons trois principaux adeptes de cette pratique : Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et le Président François Hollande.
Au cours d’un meeting de campagne tenu à Toulouse en avril 2007,  Nicolas Sarkozy se déclarait « l’héritier de Jaurès. Or, quand celui-ci, élu Président de la République, défiscalise les heures supplémentaires, il pratique une lutte des classes à front renversé. Il fait semblant de donner du pouvoir d’achat aux salariés, mais en fait il prive l’Etat de fonds nécessaires à une bonne gestion de l’intérêt général, conduisant à réduire les services publics, voire à les privatiser. Il introduit, par ailleurs, une césure dans le temps de travail, les heures normales et les heures supplémentaires.
En 2009, le Front National publie une affiche surmontée d’un slogan « Jaurès aurait voté Front National » Mais quand Marine le Pen préconise de donner un supplément de pouvoir d’achat aux salariés en transférant des points de cotisation sociale vers le salaire net, elle aggrave le déficit de la Sécurité Sociale qui, immanquablement, conduirait à un nouveau déremboursement des dépenses de santé dont la différence serait laissée soit à la charge de l’assuré, soit organisée par les assurances commerciales moyennant des augmentations de prime.
Certes, ces deux exemples peuvent paraître basiques, mais ils montrent bien la volonté manipulatrice de ces deux politiciens.
Pour le Président Hollande, cela fait belle lurette que l’ancien premier secrétaire de la rue de Solférino et le Parti Socialiste ont passé par-dessus bord la révolution et la lutte des classes.
Le congrès de Reims de novembre 2008 a balayé toutes les références de gauche. Un militant, aujourd’hui Premier ministre, avait même proposé de substituer au nom de Parti Socialiste celui de Parti Démocrate.
L’ancien « pilier » du premier gouvernement Hollande, le ministre du budget Jérôme Cahuzac n’avait pas hésité à déclarer le 7/01/2013 sur un plateau de télévision « la lutte des classes…je n’y ai jamais cru »
Alors, quand ces personnages, et bien d’autres, seront devenus des adeptes de la lutte des classes au service du plus grand nombre, ceux-ci pourront se réclamer de Jaurès.
En attendant, ce sont d’ignobles manipulateurs au service du capital.
Quant au journal « L’Humanité », que les communistes s’en revendiquent propriétaire cela ne fait pas l’ombre d’un doute. Mais qu’ils se déclarent les continuateurs de l’œuvre journalistique de Jaurès, c’est enjamber un peu vite la période des années 20 et en particulier le congrès de Tours qui a vu l’éclatement de la SFIO sous les coups de boutoir des communistes qui s’emparèrent du journal pour en faire l’organe majeur du PCF.
A l’occasion du centenaire de l’assassinat de Jaurès, quelques rappels, entre autres historiques, n’étaient  peut-être pas inutiles.
 
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