Le rideau sur la Coupe du Monde de football au Brésil a été tiré après la victoire de l’Allemagne.
Les spécialistes de cette discipline sportive y sont allés de leurs analyses et commentaires.
Sur l’aspect politique et social, le bilan sera plus difficile à réaliser.
Mais il y a des chances qu’au Brésil la nature reprenne ses droits. Les manifestants d’avant l’ouverture de la Coupe qui ont été, manu militari, écartés de l’actualité vont reprendre leur combat.
Dans cette ambiance médiatiquement survoltée, quelques politiques ont tenté de tirer leur épingle du jeu.
Parmi ceux-ci, le Député socialiste de la 5ième circonscription de l’Eure, François Loncle.
Fin juin, il s’est fendu d’un communiqué titré : « Tous les matches de la Coupe du Monde devraient être en clair » Il s’offusquait ainsi de voir si peu de matches télévisés en clair sur les chaînes françaises, la majorité étant diffusée par une chaîne à péage, de surcroît étrangère.
Par son communiqué, le Député Loncle fit preuve d’une certaine hypocrisie et d’un réflexe plutôt populiste.
A partir du moment où l’on considère que le sport est un spectacle, doublé d’un business dans un contexte de concurrence libre et non faussée, principe européen soutenu, entre autres, par les socialistes, faut-il s’étonner de cette issue ?
Le jour où des apprentis sorciers ont inventé le droit à l’image, donc l’ouverture à la concurrence économique de la diffusion des épreuves sportives de renommée mondiale, à terme, il était évident d’en arriver à cette extrémité.
Quel pouvoir politique le gouvernement a-t-il sur le choix des programmes des chaînes privées (TF1 – M6 …) ? Aucun !
Pour les chaînes publiques (France Télévision) le gouvernement pourrait avoir des exigences, mais à la condition d’en assurer le financement.
Or, l’Etat se montre d’une pingrerie obsessionnelle en privant les chaînes publiques des moyens nécessaires à leurs missions.
Sans vouloir être le défenseur du groupe France Télévision, il faut quand même se rappeler la part prise par ce groupe pour diffuser l’activité sportive :
- Cyclisme : Paris-Roubaix, Dauphiné Libéré, Championnats de France et du Monde, Tour de France…
- Tennis : Roland-Garros
- Natation : Championnats d’Europe et du Monde
- Athlétisme : Championnats d’Europe et du Monde
- Judo : Championnats d’Europe et du Monde
- Rugby : Compétitions européennes, Tournoi des 6 Nations
- Jeux Olympiques
- Etc…
Quant au parallèle fait avec les chaînes publiques allemandes, A.R.D. et Z.D.F., qui elles ont diffusé la Coupe du Monde de football du Brésil, il serait moins démagogique de dire que depuis 2012, ces chaînes ne diffusent plus le Tour de France cycliste au prétexte que les révélations de dopage de l’allemand Jan Ulrich (entre autres) ont conduit à un recul d’audience conduisant ces chaînes à ne plus diffuser l’épreuve.
Eh oui, outre-Rhin l’audimat existe aussi ! De quoi faire de « belles » économies, au cas particulier.
Constatons aussi que le Député Loncle a la réaction plutôt lente.
La Coupe du Monde de football n’est pas la première discipline sportive à ne plus être diffusée en clair. La Coupe d’Europe des Clubs n’est plus retransmise en clair, sauf la finale.
Depuis 2013, la Formule 1 est devenue l’exclusivité d’une chaîne à péage, Canal +.
Le Député Loncle s’en est-il offusqué ? Et pourtant bon nombre de personnes, aux revenus modestes, sont privées du plaisir de regarder tourner les bolides.
En fait, si l’on en croit les commentaires faits à l’appui du communiqué du Député, il semblerait que ce soit davantage l’origine de la chaîne, qui s’est octroyé le quasi monopole de la diffusion du football en France, qui pose problème, que le péage en lui-même.
Or, on ne peut à la fois s’enthousiasmer de voir le club de la capitale devenir un « grand » d’Europe grâce à des fonds étrangers dont la traçabilité mériterait un examen approfondi, notamment en matière de respect des Droits de l’Homme et s’étonner que ces mêmes fonds s’octroient une sorte de monopole de diffusion de la discipline.
Le dossier est global et la responsabilité d’un parlementaire est de le considérer ainsi.
M le Député Loncle devrait aussi s’intéresser à un phénomène qui est apparu au Brésil en parallèle de cette Coupe du Monde et qui pourrait débarquer en France.
Le prix des places dans les stades étant devenus prohibitifs, seules les catégories aisées peuvent s’offrir le spectacle de visu. Le peuple en est réduit à se regrouper dans des salles, devant un grand écran, et de collectiviser l’abonnement.
Voilà comment on règle les problèmes de violence dans les stades, par une ségrégation sociale qui ne dit pas son nom.
Ceci n’est pas la République.
Le rôle d’un homme ou d’une femme politique n’est pas de se saisir opportunément d’un sujet sensible d’actualité dans le but de redorer un blason électoral terni par une calamiteuse politique économique et sociale, mais de mettre en œuvre une gestion de l’intérêt général conforme aux valeurs de la République sociale une et indivisible y compris en matière de droits à l’image sportive.