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Réserve parlementaire : Le sénateur et la bétoire



S
i ce brave Jean de La Fontaine était encore de ce monde, il y a fort à parier qu’il se régalerait des turpitudes de certains de nos politiciens. En s’en inspirant il écrirait, à coup sûr, d’autres croustillantes fables.
Les habitants du Pays d’Ouche se souviennent du feuilleton clochemerle de l’été 2012 survenu avec la création soudaine et naturelle d’une bétoire dans le lit de la Risle.
Ce phénomène eut pour conséquence de priver d’eau le lit de la rivière sur 12 kilomètres environ.
Il fallait donc apporter une solution efficace et conforme aux études des ingénieurs en hydrologie.
Après avoir réglé la controverse survenue entre les représentants de l’Etat et des élus locaux sur les solutions à adopter pour régler ce problème, il fut décidé d’obstruer la bétoire.
Mais au choix technique, succéda évidemment la question du financement.
Les rivières sont gérées par des associations syndicales de riverains, dont l’aisance financière est extrêmement limitée.
Alors, comment faire face à cette dépense imprévue, d’un montant avoisinant les 30.000 € ?
On aurait pu penser que dans une telle circonstance, la solidarité républicaine aurait conduit l’Etat à mettre la main à la poche.
Ce ne serait pas possible au prétexte que l’Etat ne peut subventionner une association !
De qui se moque-t-on ?
Ne confondons pas une association en charge de la gestion d’une rivière avec une association de pêcheurs à la ligne.
Alors, face à cette difficulté, les responsables locaux en furent réduits à l’aumône.
Et fatalement, ils firent appel aux « généreux » donateurs de la Réserve parlementaire, les sénateurs, seuls habilités à subventionner les associations.
Alors, pour le champion de l’aide parlementaire, le sénateur Bourdin, l’occasion était trop belle.
Pour une fois, l’aide parlementaire n’était pas destinée à la réfection d’un calvaire ou de vitraux, la laïcité n’était donc pas violée.
Mais sur le fond, le problème reste entier.
Qui peut ignorer que les prochaines élections sénatoriales se dérouleront en septembre 2014 ?
Cette élection étant réservée aux « grands » électeurs, quel élu local, maire, conseiller général du secteur concerné, osera ne pas renvoyer l’ascenseur au sauveur de la bétoire ?
La démocratie ne se déshonore t’elle pas quand l’un des siens n’hésite pas à plonger dans les eaux troublées d’une bétoire pour y pêcher quelques voix ?
 
 
La réserve parlementaire doit disparaître, c’est une question de moralisation de la vie politique.