Le C.P.E. aura, au moins, réussi à rapprocher les forces de gauche, mais que faut-il en attendre ?
En s’opposant fermement au C.P.E., si des partis de gauche, mais aussi des personnalités de gauche assument une logique, il n’en est pas de même pour le parti socialiste.
Refuser le C.P.E., c’est à dire la précarité du travail, est une suite logique au refus du Traité Constitutionnel Européen du 29 mai 2005 puisque celui-ci entérinait le principe de l’économie libre et non faussée et donc l’amoindrissement des contraintes sociales. Comment la direction du parti socialiste, qui a fait campagne pour le « oui » au Traité Constitutionnel, peut-elle assumer ces antagonismes ? Par ailleurs, la précarité contenue dans le C.P.E. comme dans le C.N.E. n’est que la traduction de fait du sommet de Lisbonne de mars 2000 où les gouvernements de l’Union Européenne, dont celui de la France dirigé par Lionel Jospin, s’étaient engagés à faire de l’Europe, la région du Monde la plus dynamique à l’horizon 2010.
On sait quelle traduction les ultralibéraux font du mot dynamisme. La question est donc de savoir où en est, aujourd’hui, le parti socialiste sur le programme de Lisbonne ?
Mais l’ambiguïté ne s’arrête pas là.
En effet, comment concilier opposition au C.P.E. et louanges à la politique ultralibérale d’Anthony Blair, faites encore récemment par une personnalité du parti socialiste qui concourt pour un destin national ?
Faut-il rappeler qu’en Grande-Bretagne la flexibilité du travail est à son maximum, qu’entre 1990 et 2000, période où le taux de chômage a été divisé par deux dans ce pays, curieusement dans le même temps, le nombre de malades de longue durée a augmenté de près d’un million ??? En France, comme outre Manche, les autorités ont une fâcheuse tendance à confondre le nombre de chômeurs indemnisés et le nombre total de privés d’emplois.
Autant de questions que l’électorat traditionnel de gauche se pose avec inquiétude.
Cependant, il faut porter au crédit des socialistes français de ne pas être tombés dans le piège de la dite directive Bolkestein, faussement purgée du principe du pays d’origine, lors de sa discussion au parlement européen en février dernier.
Le peuple de gauche ne veut pas revivre la politique menée entre 1997 et 2002, qui a abouti au drame du 21 avril 2002.
Il attend du parti socialiste une vraie politique de gauche, en rupture avec la politique du tout fric, pour privilégier la redistribution des gains de productivité.
Article publié le 4 avril 2006