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Fusion, absorption, le syndicalisme international n'y échappe pas



Pendant que dans de nombreux pays, les populations s’affairaient à la commémoration de la journée des morts, plus de 360 organisations syndicales nationales représentant 154 pays se réunissaient dans la capitale autrichienne pour enterrer la seule organisation syndicale libre au monde, la Confédération Internationale des Syndicats Libres (C.I.S.L.)
 S’agissait-il d’une simple coïncidence de calendrier ? Il est trop tôt pour le dire.
Certes le mouvement ouvrier, de surcroît international, n’est pas condamné à l’immobilisme, son histoire le démontre, mais toute évolution pose nécessairement un questionnement.
Très souvent, celle-ci annonce une orientation nouvelle et à fortiori une stratégie modifiée.
Il importe donc de tenter de découvrir lesquelles.
Pourquoi les deux plus importantes organisations syndicales internationales, la Confédération Internationale des Syndicats Libres (C.I.S.L.) et la Confédération Mondiale des Travailleurs (C.M.T.) d’obédience chrétienne, ont-elles décidé de fusionner pour créer la Confédération Syndicale Internationale (C.S.I.) ?
Au-delà de la formule du « tous ensemble » se pose une question de fond : pour quoi faire ?
La contribution qui est soumise à votre lecture tente d’y répondre.
Sommaire :
Etat des lieux- Historique du mouvement ouvrier
Fusion, pour quoi faire ? - Petits secrets, grands effets – Quid de la liberté syndicale ?
Quelle forme de syndicalisme, la C.S.I. va-t-elle produire ? - Lutte de classes ou collaboration de classes ? – De Eugène Pottier à Richard Strauss – Quel avenir pour le 1er mai ?
La C.S.I. et la mondialisation - S’y opposer ou faire avec ?
De la C.S.I. à la C.E.S. -Exemple ou contre-exemple ? Autres attitudes inquiétantes
Quelle incidence sur le syndicalisme français ?- L’heure du dénigrement et des grandes manœuvres – Le syndicalisme français face à ses responsabilités – Laïcité : valeur d’hier ou valeur d’hier et d’aujourd’hui ?
Conclusion
ETAT DES LIEUX
Historique du mouvement ouvrier
L’objet n’est pas de lister les nombreuses conquêtes du monde ouvrier arrachées de hautes luttes au cours des 150 dernières années.
Elles sont évidentes.
Pour s’en convaincre, il suffit d’entendre le patronat français dans son ensemble qui ne cesse de se plaindre de « l’archaïsme » du droit social français, notamment le code du travail jugé trop dense, trop compliqué, en résumé, trop contraignant.
L’UNICE, le MEDEF européen n’est pas en reste, évidemment.
Non, le but est simplement de rappeler ou d’informer des grandes évolutions structurelles du mouvement ouvrier au travers des organisations syndicales confédérées ou non depuis l’apparition de l’ère industrielle.
L’apparition et le développement de cette révolution ont modelé le paysage social et sociétal, pour utiliser un mot employé aujourd’hui.
De cette ère industrielle est née le prolétariat, qui au fil du temps a réussi à s’organiser pour faire front aux puissances d’argent dont les activités, minière, sidérurgique et du textile, étaient les gros bastions du capitalisme de l’époque.
Certes, la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen existait en France depuis 1793, mais il fallait compter avec la loi dite Le Chapelier de 1791 qui interdisait toute association, tout rassemblement quel qu’il fut. Il fallut attendre le 25 mai 1864 pour que le droit de coalition soit accepté et reconnu par l’Etat.
Quatre mois plus tard, en septembre, était créée l’Association Internationale des Travailleurs dont les statuts furent écrits par Karl Marx. La 1ère internationale ouvrière était née.
Dans cette longue période du 19ième siècle, ou alternaient l’espoir dû aux lois autorisant les salariés à s’organiser et le désespoir du fait de la remise en cause de ces autorisations, la mise en place, clandestine ou non, d’organisations d’opposition au capitalisme triomphant, visait à organiser le prolétariat à la fois dans sa situation de travailleur mais aussi dans celle de citoyen.
Le but fut atteint en 1895, où à Limoges naissait la C.G.T. La première organisation syndicale française était créée.
En parallèle à cette création apparaissait un dilemme. Fallait-il installer le socialisme par association de parti politique et d’organisation syndicale ouvrière ou fallait-il dissocier les deux structures ?
Jules Guesde et son entourage étaient pour une association étroite et Jean Jaurès était partisan d’une dissociation.
C’est la thèse de Jaurès qui l’emporta au Congrès d’Amiens en octobre 1906, par un vote ultra majoritaire (Pour : 830, Contre : 8, Blanc : 1)
La Charte d’Amiens était née.
« Le Congrès Confédéral d’Amiens confirme l’article 2, constitutif de la CGT. « La CGT, groupe, en dehors de toute école politique, tous les travailleurs conscients de la lutte à mener pour la disparition du salariat et du patronat. « Le congrès considère que cette déclaration est une reconnaissance de la lutte de classe qui oppose, sur le terrain économique, les travailleurs en révolte contre toutes les formes d’exploitation et d’oppression, tant matérielle que morale, mises en œuvre par la classe capitaliste contre la classe ouvrière. « Le congrès précise, par les points suivants, cette affirmation théorique : « Dans l’œuvre revendicatrice quotidienne, le syndicalisme poursuit la coordination des efforts ouvriers, l’accroissement du mieux-être des travailleurs par la réalisation d’améliorations immédiates, telles que la diminution des heures de travail, l’augmentation des salaires, etc... » « Mais cette besogne n’est qu’un côté de l’œuvre du syndicalisme ; il prépare l’émancipation intégrale qui ne peut se réaliser que par l’expropriation capitaliste ; il préconise comme moyen d’action la grève générale et il considère que le syndicat, aujourd’hui groupement de résistance, sera, dans l’avenir, le groupement de production et de répartition, base de réorganisation sociale. « Le congrès déclare que cette double besogne, quotidienne et d’avenir, découle de la situation des salariés qui pèse sur la classe ouvrière et qui fait à tous les travailleurs, quelles que soient leurs opinions ou leurs tendances politiques ou philosophiques, un devoir d’appartenir au groupement essentiel qu’est le syndicat ; « Comme conséquence, en ce qui concerne les individus, le congrès affirme l’entière liberté pour le syndiqué de participer, en dehors du groupement corporatif, à telles formes de lutte correspondant à sa conception philosophique ou politique, se bornant à lui demander, en réciprocité, de ne pas introduire dans le syndicat les opinions qu’il professe au dehors ; « En ce qui concerne les organisations, le Congrès décide qu’afin que le syndicalisme atteigne son maximum d’effet, l’action économique doit s’exercer directement contre le patronat, les organisations confédérées n’ayant pas, en tant que groupements syndicaux, à se préoccuper des partis et des sectes qui, en dehors et à côté, peuvent poursuivre en toute liberté la transformation sociale ».
Ainsi, la classe ouvrière française disposait d’une organisation syndicale libre et indépendante s’appuyant sur le concept de lutte de classes.
Simultanément dans d’autres pays d’Europe et d’Amérique se produisait le même phénomène.
Constatant avec inquiétude que dans plusieurs pays le prolétariat s’organisait autour des valeurs de solidarité, risquant d’entamer le monopole capitaliste régnant sur l’activité économique de l’époque, le patronat ne tarda pas à organiser le contre-feu.
Pour sauver ses intérêts, il lui fallait faire vite, mais la tâche n’était pas aisée, d’autant que la République s’enracinait et qu’il devenait utopique de compter sur le retour d’un régime réactionnaire au travers d’une royauté ou d’un empire.
Créer un réseau demande du temps, sans garantie « d’opérationnalité » immédiate et efficace.
La solution pouvait donc passer par l’utilisation d’un réseau déjà existant. Ainsi, qui mieux organisée que la religion catholique, avec ses strates hiérarchisées (évêchés, paroisses) au contact le plus étroit des populations des villes aux campagnes les plus reculées et son impact moralisateur et culpabilisateur sur la conscience populaire.
Faut-il se rappeler qu’à cette époque, nombre de dirigeants politiques n’hésitaient pas à user et à abuser de « l’outil » religieux ?
Ainsi, Adolphe Thiers, de sinistre mémoire, qui n’a pas hésité lors de la « commune de Paris » en 1870 à faire tirer sur la foule faisant de 25.000 à 30.000 morts déclara quelques années plus tôt « la religion vous dit souffrez, souffrez avec humilité, patience, espérance en regardant Dieu qui vous attend et vous récompensera »
La hiérarchie catholique prenait alors les mesures nécessaires.
En 1891, le Vatican organisait une encyclique dite Rerum novarum donnant naissance à la doctrine sociale de l’Eglise et au concept de collaboration du capital et du travail ou encore appelée collaboration de classes.
En 1905, apparurent les premiers syndicats chrétiens qui conduisaient, en France, à la création de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens (C.F.T.C.) en novembre 1919.
A partir de ce moment, le syndicalisme, qu’il fut national ou international, fonctionna avec ces deux conceptions.
Le syndicalisme confessionnel s’organisa de manière internationale en créant en 1920 la Confédération Internationale des Travailleurs Chrétiens, celle-ci se mua en Confédération Mondiale du Travail, en 1968, paraît-il, pour marquer sa déconfessionnalisation !!!
En France, le syndicalisme confessionnel se scinda en deux en 1964. Le courant de la gauche chrétienne auto et cogestionnaire de la C.F.T.C. mua par création de la C.F.D.T. Celle-ci quitta la C.M.T. en 1979 pour adhérer à la C.I.S.L. en 1989.
L’autre branche du syndicalisme international et national a été tout le contraire d’un long fleuve tranquille.
La révolution bolchevique de 1917 provoqua un véritable séisme politique et social principalement en Europe, mais pas uniquement.
En France, le Congrès de Tours de décembre 1920 vit éclater ce que nous appelons aujourd’hui le parti socialiste. L’autre branche devint le parti communiste français qui adhéra aux principes du Komintern et se soumit aux dites « 21 conditions de Moscou » dont Lénine fut l’auteur.
La 9ème fit des ravages en France car particulièrement opposée aux valeurs de la Charte d’Amiens de Jean Jaurès.
9ème condition de Moscou
« Le Parti Communiste doit systématiquement et avec persévérance déployer une activité communiste au sein des syndicats, des conseils d’ouvriers d’usines et des coopératives. Il est nécessaire d’établir au sein de ces groupements, des cellules communistes, qui par un travail constant et persévérant gagneront les syndicats à la cause du communisme. »
Face à cette nouvelle situation, le Congrès de la C.G.T. tenu à Lille en décembre 1921 fit scission de l’organisation syndicale.
Les minoritaires communistes refusèrent d’appliquer le principe majoritaire, ils quittèrent la C.G.T. et créèrent la C.G.T.U.
Dans cette période d’entre deux guerres, particulièrement troublée par la montée du fascisme et du nazisme en Europe, ces deux organisations se réunifièrent deux fois (1936 avec le Front Populaire - 1943 par les accords du Perreux) et scissionnèrent deux fois (1939 suite au Pacte Germano-soviétique et définitivement en 1947, d’où la création de F.O.)
Certains pays vécurent une situation assez proche de la nôtre (Italie - Espagne - Belgique) d’autres, du fait d’une culture politique et d’une histoire différente, ne connurent pas ces convulsions (Allemagne - Angleterre)
Au plan international, l’impact du communisme stalinien fut évidemment conséquent.
La Fédération Syndicale Mondiale créée en 1945 fut également victime de la 9ème condition de Moscou.
Conscientes d’une opération d’envergure internationale, plusieurs organisations syndicales nationales s’affranchirent de la F.S.M. et avec la toute jeune Force Ouvrière créèrent la C.I.S.L. en 1949.
Seule la C.G.T. française resta à la F.S.M. pour la quitter finalement en 1994, cinq ans après la chute du mur de Berlin.
C’est précisément cette chute du mur de Berlin symbolisant l’éclatement de l’U.R.S.S. et la disparition de l’hégémonie du communisme Est-européen qui ont bousculé la donne.
Tout d’abord, il faut rappeler qu’en 1973 les organisations syndicales libres de l’Europe affiliées à la C.I.S.L. créèrent une structure continentale qui devait, à l’origine, porter le nom de Confédération Européenne des Syndicats Libres.
Au fil du temps et au fur et à mesure de l’intégration d’autres organisations nationales, le qualificatif de « libre » disparut.
La C.E.S.L. devint ainsi la Confédération Européenne des Syndicats (C.E.S.)
N’y a t’il pas une curieuse similitude entre cette évolution et celle de la nouvelle organisation internationale, qui elle aussi a perdu à Vienne le qualificatif de « libre » ?
En 1999, après des demandes plusieurs fois renouvelées, la C.G.T. française fut admise à devenir membre de la C.E.S.
Mais le panorama du syndicalisme français serait incomplet si on omettait de préciser le choix fait par les fonctionnaires de l’Education Nationale en 1947.
Au moment de l’éclatement de la C.G.T. les enseignants eurent le choix entre la C.G.T. ou F.O. et à un moindre degré la C.F.T.C. Ils décidèrent majoritairement de renoncer au syndicalisme confédéré pour se réfugier dans l’autonomie.
Ainsi, ils créèrent la Fédération de l’Education Nationale (F.E.N.)
Ce choix n’a pas été sans influence et sans incidence sur l’évolution de la société française, car l’autonomie syndicale n’a pas d’ouverture sur le monde du travail comme peut l’avoir le syndicalisme confédéré avec le brassage des diverses corporations.
Cependant, il faut préciser que bon nombre d’enseignants refusant l’étroitesse de l’autonomie, privilégièrent et privilégient toujours le syndicalisme confédéré.
Usée par la guerre fratricide des courants, la F.E.N. implosera, à son tour en 1992.
L’organisation, électoralement la plus importante deviendra la Fédération Syndicale Unitaire (F.S.U.) L’autre partie intégrera l’Union Nationale des Syndicats Autonome (U.N.S.A.) organisation créée de toutes pièces de la volonté du parti majoritaire de la gauche française, par unification d’un grand nombre de syndicats autonomes de tous horizons professionnels.
D’autres évolutions intervinrent en cette fin du 20ième siècle.
Calée, depuis la fin des années 70, dans une orientation de recentrage pour aboutir à un syndicalisme libéral selon la formule utilisée par son actuel Secrétaire Général, la C.F.D.T. a fait le ménage en excluant, directement ou indirectement, celles et ceux qui refusaient cette soumission au libéralisme.
En fait, les militants d’extrême gauche, qualifiés de « moutons noirs » furent priés de déguerpir ou de se plier au recentrage.
Les signes les plus visibles apparurent aux P.T.T. à la fin des années 80, puis s’enchaînèrent avec le Plan Juppé de 1995, les différentes conventions U.N.E.D.I.C.signées au rabais, la réforme des retraites en 2003 etc...
Ainsi, les dissidents gauchistes quittèrent la centrale cédétiste et créèrent leur propre organisation syndicale, Solidaires, Unitaires et Démocratiques (S.U.D.)
Etablir un bilan de l’évolution du syndicalisme français pour analyser et comprendre les raisons de la création de la nouvelle confédération internationale peut paraître décalé.
Pas tant que cela.
Vous venez de prendre connaissance, ou de vous remémorer, qu’en à peine un siècle, le syndicalisme français s’est morcelé pour ne pas dire balkanisé.
Certes, cette situation ne se constate pas dans tous les pays, la culture générale, la culture ouvrière et l’histoire de chaque pays sont différentes mais le syndicalisme français peut servir de référence, pas de modèle, quant à l’évolution du syndicalisme international.
Rappelons cependant que malgré ces vicissitudes, le syndicalisme français, dans toutes ses composantes et dans toute sa diversité, a produit un droit social des plus élevés au Monde, même si depuis 20 ans, les libéraux de tout poil le réduise chaque jour un peu plus.
 
FUSION, POUR QUOI FAIRE ?
Petits secrets, grands effets
Il fut pour le moins curieux, et à dire vrai inquiétant, de constater l’attitude peu prolixe des confédérations syndicales françaises sur les raisons et les buts de cette fusion. Peu d’explications plausibles furent présentées.
Le Congrès fusionniste tenu à Vienne les 31 octobre, 1er/2 et 3 novembre 2006 aurait t’il décidé d’orientations plus ou moins avouables ?
Quoi qu’il en fût, celles et ceux, intéressés par les évolutions du syndicalisme international durent, pour s’informer, aller à la pêche, soit en visitant des sites internet, soit en consultant les colonnes de la presse nationale généraliste et parfois même économique.
Contrairement à ce qui a été écrit ici ou là, la C.S.I. n’est pas une simple mutation de la C.I.S.L., mais le produit d’une fusion de la C.I.S.L. et de la C.M.T., dont les origines et les histoires sont opposées.
Ainsi, ce sont les effets possibles de cette fusion qu’il faut essayer de découvrir et d’analyser.
Quid de la liberté syndicale ?
La surprise vient tout d’abord du nom donné à cette nouvelle organisation syndicale internationale, Confédération Syndicale Internationale.
Quelle que soit l’analyse globale que chacun peut faire de cette nouvelle structure, il est un fait que personne ne peut nier. Le mot « libre » a disparu du titre, comme des statuts.
Evidemment, ceci alimente une vive inquiétude.
Cet abandon signifie clairement que la C.S.I. ne revendique pas sa liberté de comportement. D’ailleurs dans la déclaration de principe, en préalable aux statuts, cette volonté est clairement énoncée puisqu’il est précisé « Elle (la C.S.I.) développera des liens et une coopération avec d’autres organisations de la société civile et groupements politiques » même si la phrase se termine par « sans compromettre l’indépendance syndicale, dans la poursuite des objectifs de la confédération ».
Il est évident que pour les syndicalistes français attachés à l’intégralité de la Charte d’Amiens, cette annonce est stupéfiante.
En tous les cas les principes de lutte de classes sont compromis. Les vainqueurs sont évidemment les partisans de l’association capital/travail, les ex-C.M.T.
En ce début d’analyse, il faut rappeler que la C.I.S.L., créée en 1949, avait fait de sa liberté de comportement une valeur incontournable.
La seule lutte contre l’hégémonie stalinienne sur le syndicalisme international ne suffit pas à justifier la création de la C.I.S.L., sinon pourquoi ne pas avoir fait de la C.M.T. la structure adaptée de l’époque ?
En fait, les fondateurs de la C.I.S.L avaient pris, eux aussi, leur distance avec les éléments extérieurs au monde du travail y compris avec le fait religieux.
De plus, le choix fait à Vienne s’affranchit d’une des valeurs fondatrices de notre République qu’est la laïcité.
Certes, certaines confédérations syndicales françaises ne pouvaient, à elles seules, si tant est qu’elles en aient eu la volonté, imposer les valeurs d’indépendance et de laïcité, mais ces renoncements successifs risquent de peser lourd sur les conditions de travail et d’existence des salariés du monde entier.
Ainsi, deux autres questions se posent :
à Vers quelle pratique syndicale la C.S.I. oriente t’elle ses choix ?
à Face à la mondialisation, quelle attitude la C.S.I. a t’elle l’intention d’adopter ?
 
QUELLE FORME DE SYNDICALISME, LA C.S.I. VA T’ELLE PRODUIRE ?
Lutte de classes ou collaboration de classes : le brouillard
Tout d’abord, il ne faut pas perdre de vue que ce Congrès avait à fusionner deux conceptions totalement opposées de la pratique syndicale, la lutte de classes alliée aux principes de laïcité et la collaboration de classes adepte de la doctrine sociale de l’église chrétienne.
Il ne faut pas être dupe, l’énorme pression du capitalisme mondialisé produit, parmi les élites ou qualifiées comme telles, plus d’adeptes et de convertis à l’économie libérale que d’opposants.
Il est probable que dans peu de temps, la C.S.I. révèle son attachement à la collaboration de classes, car si les membres, y compris fondateurs, de la C.I.S.L. ont accepté de se faire hara-kiri, il risque de ne pas en être de même des fondateurs originels de la C.M.T.
L’encyclique Rerum novarum a t’elle été dissoute ? Non.
La doctrine sociale de l’Eglise a t’elle été déclarée caduque ? Non.
D’ailleurs, dès la première ligne de la « Déclaration de principes » des statuts, l’orientation est clairement annoncée « La Confédération syndicale internationale (C.S.I.) rend hommage au sacrifice et aux conquêtes de nombreuses générations de travailleuses et de travailleurs... »
L’utilisation du mot « sacrifice » et de surcroît au singulier n’est pas un hasard. La définition du Petit Larousse du mot « sacrifice » est sans ambiguïté - Offrande à une divinité et en particulier, immolation de victime - Sacrifice humain -....Faire le sacrifice de sa vie...
Alors, il y a fort à parier que ce concept syndical se fasse le cheval de Troie du nouveau syndicalisme international.
La preuve est assez évidente car pendant plusieurs années la C.I.S.L (241 organisations affiliées) proposa d’absorber la C.M.T, 144 syndicats. Cette dernière s’y refusa tant que la C.I.S.L. n’accepta pas de se faire elle-même hara-kiri. Preuve, s’il en fallait que le syndicalisme chrétien n’avait pas l’intention de renier sa conception de doctrine sociale de l’église.
Le tournant fut pris en 2003, quand la C.I.S.L. accepta finalement le principe de s’auto-dissoudre. Ainsi, les ex-membres de la C.M.T. pouvaient participer à la rédaction des statuts de la nouvelle organisation et donc introduire la conception de doctrine sociale de l’Eglise et non pas subir la loi d’une organisation libre et laïque.
Le style rédactionnel des statuts et des textes associés laisse pour le moins songeur, il est d’ailleurs semblable à celui utilisé pour la Charte Européenne des droits fondamentaux.
A titre d’exemple, on y trouve des formules creuses comme « La Confédération estime universelle le respect des droits des travailleurs et des travailleuses et juge l’accès au travail comme décent et indispensable à un développement juste et durable » ou.... « elle (la C.S.I.) assume la tâche de lutter pour la gouvernance démocratique »...
Que signifie un développement juste ? Faut-il faire un lien avec le fameux « ordre juste » franco-français ? Si le lien n’est pas direct, il pourrait cependant émaner d’un même courant de pensée, aux objectifs assez obscurs, dont la doctrine chrétienne n’est pas éloignée. Il aurait été préférable d’y trouver l’exigence du combat ouvrier pour le respect de la dignité ouvrière aux quatre coins du globe, par la libre constitution de syndicats libres et indépendants.
La notion de développement durable est tout aussi ambiguë. Derrière cette formule peut se cacher des principes de croissance économique.
Comme pour d’autres formules, la définition du développement durable est multiple, interprétable et interprétée.
Des études prospectives révèlent que le nombre d’individus, sur notre planète, devrait fortement augmenter pour atteindre 7 à 8 milliards, d’ici une cinquantaine d’années.
Pour faire face à cette vertigineuse augmentation, le volume des richesses naturelles, notamment l’eau, devrait tripler au cours de cette même période, ce qui bien évidemment est impossible.
Sans oublier l’explosion de l’urbanisation et tout ce qui l’environne.
C’est alors que chez certains intellectuels émergent l’idée d’une « moindre croissance » voire d’une « croissance zéro »
Cette question ne peut pas être tabou, elle se pose et se posera, de plus en plus, à l’humanité.
Le syndicalisme ouvrier ne peut pas être écarté du débat, il doit même le provoquer, car avec une croissance zéro, le combat ouvrier ne se mènera pas de la même manière qu’actuellement, mais il devra, bien évidemment, être mené.
Il n’est pas impossible que, dans un avenir plus ou moins proche, le capitalisme utilise ce concept « d’obligation de moindre croissance » pour imposer aux salariés une nouvelle rigueur en matière de salaires, de protection sociale et de conditions de travail, sans que la rentabilité des actionnaires ne soit entamée. La situation européenne actuelle et son dogme de l’euro fort imposé par la B.C.E.montrent que malgré une croissance économique faible la spéculation boursière et immobilière, par exemple, laisse à ses titulaires des dividendes plus qu’intéressants.
Alors, il serait utile et responsable que la C.S.I. rende publique sa conception du développement durable.
Dans la résolution programmatique on y trouve également l’utilisation du terme de gouvernance de l’économie mondiale.
Faut-il rappeler que la notion de gouvernance a été initiée par M Reagan et Mme Thatcher, promoteurs du capitalisme financier pur et dur, dont on constate aujourd’hui les ravages dans le monde entier ?
Mais les formules utilisées au libéralisme ne se limitent pas à cela.
On trouve également la notion de travail décent.
Que signifie un travail décent, surtout quand on omet d’y coupler un salaire permettant de vivre dignement ???
Autres formules fumeuses « ....un accès équitable à la santé »
Utiliser la notion d’équité pour l’accès à la santé consiste à introduire des critères qui peuvent être : le coût, l’âge, la situation sociale, la spécificité de la pathologie etc...
Ce concept est inacceptable. De plus, d’autres critères pourraient incidemment et sournoisement s’introduire.
L’accès aux soins doit être un droit égal pour tous quels que soient la condition sociale, la couleur de peau, l’âge, le sexe, etc... de l’individu concerné.
Certes, il n’est pas évident de rédiger pour recueillir un vote majoritaire de quelques 360 organisations syndicales venant de 154 pays, mais qu’une organisation syndicale internationale ne fasse aucune référence à la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et du Citoyen est pour le moins inquiétant, d’autant que globalement le politiquement correct tend à minimiser les régimes liberticides actuels. L’exemple de comportement du monde occidental à l’égard de la Chine est consternant et dangereux pour nos propres libertés.
Mais faut-il s’en étonner ?
Rappelons que le Vatican a toujours refusé de reconnaître la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen, comme il a toujours refusé de reconnaître les conventions du Bureau International du Travail et notamment la possibilité de se syndiquer librement et de faire grève.
Une fois de plus, les adeptes de la collaboration de classes semblent avoir imposé leur point de vue.
De Eugène Pottier à Richard Strauss
Un autre élément vient confirmer cette dangereuse évolution. Une organisation syndicale acquise aux principes de la lutte de classes fait de « l’International » le chant indissociable du combat ouvrier.
La question est donc posée de savoir si la C.S.I. fait de ce chant révolutionnaire son complément indispensable.
Si la question reste posée, l’esquisse de la réponse apparaît, puisque l’ouverture du Congrès de Vienne s’est fait au son d’une valse de Richard Strauss.
Heureusement que ce Congrès ne s’est pas déroulé en France, ainsi nous avons échappé au « P’tit Quinquin » ou à « J’irai revoir ma Normandie » ou encore à « Une bonne vieille bourrée d’Auvergne »
Remplacer l’Internationale, symbole de la classe ouvrière qui lutte contre l’oppresseur capitaliste, par une valse de Strauss symbole du capital dominant et de la bourgeoisie opulente ne manque pas d’audace.
Bravo aux initiateurs de cette honteuse provocation !!!!!
Quel avenir pour le 1er mai, journée internationale de revendications ?
Le syndicalisme de lutte de classes a puisé ses racines dans des évènements dramatiques comme ceux de Haymarket à Chicago de mai 1886.
Plusieurs ouvriers furent assassinés alors qu’ils manifestaient dans la rue revendiquant de meilleures conditions de travail et de salaire. Une bombe éclata, lors d’un meeting, sans savoir qui l’avait lancée, tuant de nombreuses personnes dont des policiers. Sans que l’origine de cet attentat ne fût connue, les autorités arrêtèrent les cinq organisateurs de la manifestation qui furent condamnés et pendus.
Ce n’est que quelques années plus tard qu’un procès fut rouvert qui conclut à la totale innocence des condamnés à mort.
Depuis cette date, chaque année, dans le monde entier, les organisations syndicales, avec des volontés différentes, commémorent le 1er mai.
Pour nous, militants ouvriers français, comment oublier le drame de Fourmies de 1892, où la troupe tira sur la foule manifestant son attachement au 1er mai. Cette fusillade fit quatre vingt victimes dont neuf morts, parmi lesquels quatre jeunes filles et deux enfants.
La question est donc de savoir, si la C.S.I. fera du 1er mai une commémoration ouvrière ?
Sans donner de précision sur cette importante question, la déclaration de principe des statuts donne quelques inclinations. Jugeons en, il est écrit : « Elle (la C.S.I.) encouragera et organisera des campagnes, des activités de solidarité, des journées d’action et d’autres mobilisations jugées nécessaires....... »
De là à penser que la C.S.I. est prête à substituer à l’historique journée internationale de revendications ouvrières, des journées contre la précarité, contre la pauvreté, contre les discriminations etc... et pourquoi pas de concert avec les associations et même avec les gouvernements et le patronat, il y a un pas que, semble t’il, la C.S.I. est prête à franchir.
Si cette imagination paraissait honteuse et déplacée, il suffirait simplement de rappeler qu’en France, l’ancien P.D.G. d’un grand constructeur d’automobile français, qui n’a pas hésité, voici quelques années, à fermer le site de Vilvorde, en Belgique, jetant plusieurs centaines de salariés au chômage, préside aujourd’hui la HALDE (la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) structure associative à priori faite pour s’opposer aux discriminations.
Voilà donc une évolution possible qui oblige, de la part des militants ouvriers, à la plus grande vigilance.
 
LA C.S.I. ET LA MONDIALISATION
S’y opposer ou faire avec ?
Le positionnement de la C.S.I. face à la mondialisation n’est pas mineur.
Il est un des piliers majeurs pour déterminer la pratique syndicale.
Il ne semble pas que la C.S.I. fasse de la mondialisation un problème. Tout au plus, elle considère que celle-ci doit être différemment organisée. En effet, la résolution programmatique indique : « Le congrès donne mandat à la C.S.I..... pour formuler et mettre en œuvre l’agenda d’une nouvelle mondialisation... La fourniture de services publics de qualité pour tous doit être au cœur de ce nouveau modèle de mondialisation »
Bien évidemment, l’approche de la mondialisation ne se limite pas au progrès technologie qui fait qu’aujourd’hui on ne met pas plus de temps pour faire Paris-Tokyo en avion, que l’on mettait pour faire Paris-Perpignan en chemin de fer, au début du vingtième siècle.
L’objet n’est pas, non plus, d’ignorer le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication dues à l’informatique et à Internet, en particulier, mais la mondialisation, nommée également globalisation de l’économie, ne dépend pas uniquement du progrès technologique. Elle est, avant tout, la volonté du capital de régner en maître sur l’ensemble de la planète.
Ainsi, ne pas s’opposer à la mondialisation revient à accepter les délocalisations des industries installées dans des pays dont le combat syndical a permis d’établir des règles sociales (Code du Travail - conventions collectives - statuts - protection sociale etc...) et dont la préoccupation environnementale s’amplifie, vers des pays, dont certains aux régimes liberticides rejettent les plus élémentaires règles du Bureau International du Travail et, ou, n’ont que faire de l’environnement.
C’est fermer les yeux devant le dumping social, c’est accepter le capitalisme financier et spéculatif.
Dans une tribune parue dans le Figaro du 16 décembre 2006, deux économistes Michel Rousseau et Christian Saint Etienne expliquent, au sujet de la croissance zéro du 3ième trimestre 2006 : « Le zéro de croissance obtenu au 3ième trimestre n’est pas pour nous un accident ; la mondialisation vide nos territoires et une économie ne marche plus sans entreprises »... « gardons nos riches, nos entreprises et nos emplois ».
Ne pas combattre la mondialisation, c’est aussi accepter que les Etats soient dépossédés du contrôle du marché au profit d’organismes non démocratiques comme la Banque Mondiale, le Fond Monétaire International et l’Organisation Mondiale du Commerce, entre autres.
A ce sujet, il faut rappeler l’excellent livre d’André Bellon « Pourquoi je ne suis pas altermondialiste » paru en 2004 aux éditions « Mille et une Nuits ».
André Bellon cite Jacques Sapir, qui, dans un livre publié en 2002 chez Albin Michel intitulé « Les économistes contre la démocratie », écrit « .....la mondialisation est ainsi le moyen qu’a trouvé le capital pour s’extraire du contrôle politique des citoyens ».
A cette formule il faut ajouter celle d’Hervé de Charrette (Parlementaire U.M.P.) qui, le 23 janvier 1999, déclarait à The Economist « Ce n’est pas une question de droite et de gauche. Il y a l’équipe au pouvoir et celle qui se prépare à la remplacer ».
Ces deux citations se complètent parfaitement et dévoilent les objectifs du capitalisme.
Voilà qui ne rassure pas. Certes, l’avenir précisera les choses mais cela donne du crédit à ceux qui craignent une mutation du syndicalisme international en O.N.G.
Déjà, la C.S.I. a reçu son baptême du feu en matière de reconnaissance de la part des organismes internationaux.
Pascal Lamy, (ancien commissaire européen, ancien collaborateur de Jacques Delors) aujourd’hui Directeur Général de l’O.M.C., était prévu pour intervenir lors d’une des tables rondes organisées au deuxième jour du congrès.
Ne pouvant se rendre à Vienne, M Lamy s’est décommandé. Si l’on peut comprendre les agendas chargés que doivent avoir ces hauts-responsables, le message qu’il a adressé aux congressistes ne manque pas de sel.
Il a renvoyé les responsabilités aux Etats en précisant que l’ouverture du commerce pouvait créer des emplois.
Ce message est profondément provocateur et méprisant.
L’exemple de l’activité et du commerce agricoles est très illustratif à cet égard.
L’O.M.C. prend des décisions, que la Politique Agricole Commune se charge de faire appliquer au niveau européen, dessaisissant, de fait, les Etats de toute initiative.
D’ailleurs, faut-il rappeler que la France, comme tous les pays européens, ne sont représentés aux négociations de l’O.M.C. que par un commissaire européen ? Celui-ci doit donc s’exprimer au nom des 25 et depuis le 1er janvier 2007 des 27 Etats européens.
Peut-on avoir un message unique pour des agricultures aussi diverses que celles de la France, de la Pologne et maintenant de la Roumanie ?
Ainsi, renvoyer la responsabilité du commerce international aux Etats, dans le contexte actuel de l’organisation économique et financière du monde, est une attitude arrogante et dédaigneuse à l’adresse de la nouvelle organisation syndicale internationale. Ceci augure mal des relations futures entre la C.S.I. et les organisations internationales et notamment l’O.M.C.
 
DE LA C.S.I. A LA C.E.S.
Exemple ou contre-exemple ?
Si des interrogations existent quant à l’orientation future du syndicalisme français et international, il y a peu d’inconnue concernant l’attitude de la Confédération Européenne des Syndicats à l’égard de la C.S.I.
Sa propension à la pratique partenariale n’est plus un mystère, elle est devenue sa raison d’être.
Ses déclarations communes et publiques, avec l’organisation patronale européenne (U.N.I.C.E.) pour la poursuite de la « Stratégie de Lisbonne », sont connues.
Rappelons que la « Stratégie de Lisbonne » est une orientation de l’Union Européenne prise à Lisbonne en mars 2000 qui voulait que la région (l’Europe) soit la plus dynamique au monde à l’horizon 2010.
Concrètement, en France, ce schéma a pour conséquence l’accélération de la privatisation des services publics (Gaz de France, E.D.F. demain, par exemple) et le démantèlement des contrats de travail « sécurisés » dont le C.N.E. et le C.P.E. qui est mort né par l’action bien connue aujourd’hui.
L’inquiétude se renforce quand on sait que l’ancien secrétaire général de la C.E.S., Emilio Gabaglio, a été le grand négociateur européen de la fusion des deux ex-confédérations internationales. A l’ouverture du congrès de création, après que les délégués aient acté la naissance de la C.S.I. à mains levées, Gabaglio déclara « Cette assemblée va tourner la page de la division » et de poursuivre en se félicitant d’un « syndicalisme indépendant et démocratique, unitaire et pluraliste ».
Il est fort probable qu’en faisant cette déclaration Gabaglio avait à l’esprit la volonté de reproduire à la C.S.I. ce qu’il a fait, avec d’autres, à la C.E.S. Son passage à la C.E.S. aura été essentiellement voué à la volonté d’accompagner la construction européenne dans sa livrée libérale.
Faut-il se souvenir du poids qu’a tenté de peser la C.E.S. dans le débat français sur le traité constitutionnel du 29 mai 2005 ?
Non seulement, la C.E.S. n’a pas observé son devoir de réserve, mais pire encore, elle a travaillé contre la volonté d’une majorité des salariés.
Le résultat du 29 mai a été un désaveu cinglant pour cette organisation. Mais, il ne fut pas le seul.
John Monsk, successeur de Gabaglio au poste de secrétaire général, avait, lui aussi, mis tout son poids dans la balance pour faire triompher le « oui ». Mais voilà, quatre mois plus tard, le congrès de son organisation d’origine, T.U.C. britannique, réuni du 12 au 15 septembre 2005, votait une résolution très critique sur le projet de traité constitutionnel.
On peut y lire entre autres :
« Le congrès estime que cette façon de faire son marché parmi les articles d’une Constitution européenne discréditée est illégale ». Cela concerne en particulier « la mise en place d’un service diplomatique européen et la création d’une agence de défense pour poursuivre la militarisation de l’U.E. »
Le texte condamne aussi « les politiques néolibérales impulsées par Bruxelles » et stigmatise les objectifs européens  « ... créerait un super-Etat européen soutenant le monde des affaires en vue de la privatisation des services publics » etc...etc...
Mais à quel jeu joue John Monsk ?
Dans un article de Libération publié le 5 octobre 2006, le Secrétaire Général se livre à un jeu de questions-réponses sur le thème de l’ « économie-casino ». Ses propos prennent à contre-pied tous les observateurs.
Il dénonce avec un aplomb qu’on ne lui connaissait pas jusqu’ici « l’explosion des déséquilibres engendrés par la mondialisation »... « la main d’œuvre interchangeable face aux délocalisations, au chantage des multinationales et au recul grandissant du rôle de l’Etat. Les gouvernements laissent faire ou ont peur d’agir » dit-il.
Et de poursuivre « Il faut peut-être commencer par indexer les salaires des dirigeants sur celui des salariés » « on (les syndicats européens) doit bouger et être plus offensifs : le futur du syndicalisme dépend de notre capacité à nous mobiliser.... » «  la Banque centrale européenne ne veut toujours pas comprendre que des hausses de salaires sont une composante de la solution et non un problème ».
Et d’aller jusqu’à critiquer l’attitude de plusieurs hommes politiques « Cette opinion (qui veut que pour concurrencer la Chine - l’Inde - les U.S.A.) il faut brader l’Etat-providence) se retrouve chez des hommes politiques du centre-gauche comme Tony Blair, Gerhard Schröder et au P.S. sauf peut-être Laurent Fabius. Quelle prise de conscience de John Monsk, qui fait référence à un homme politique français qui a fait campagne pour le non au traité constitutionnel alors que lui n’avait pas ménagé sa peine pour défendre le principe « d’une économie libre et non faussée » !
Face à ce retournement d’opinion, quel crédit apporter au Secrétaire Général de la C.E.S. ? Le futur nous éclairera.
Ceci dit, les interrogations s’enchaînent.
Cette interview donnée à un journal français, c’est à dire dans un pays qui a rejeté par référendum à près de 55 % le projet de traité constitutionnel, n’est pas un hasard.
Mais alors, pourquoi les confédérations syndicales françaises, toutes affiliées à la C.E.S., n’ont-elles pas saisi l’opportunité de ce discours pour engager la revendication, y compris le rapport de force, sur tous les sujets traités par John Monsk ?
Là aussi, l’immobilisme du syndicalisme français est troublant et inquiétant.
Quel est ce jeu, finalement malsain, de ce qu’il faut appeler la technostructure syndicale ?
Autres attitudes inquiétantes
Même si la C.E.S. ne peut être rendue responsable du comportement des organisations nationales, il est difficile de ne pas faire des relations à l’occasion de curieux faits.
Voici quelques années, des syndicats italiens s’étaient montrés « très compréhensifs » à l’égard du gouvernement de l’époque qui avait décidé d’aggraver les conditions d’accès aux retraites. Le résultat fut que pour s’adresser à leurs mandants, lors de meetings, les syndicalistes durent se protéger à l’aide de vitres pour éviter de recevoir des projectiles !
Hélas, ce paradoxe n’est pas unique.
Récemment, quelques jours après que le Parlement européen ait voté en faveur de la directive Bolkestein relookée (15/11/06) le comité directeur de L.O. (grande centrale syndicale) de Norvège (Pays non membre de l’U.E.) s’apprêtait à émettre une recommandation au gouvernement norvégien, d’appliquer immédiatement cette directive.
Dès l’information connue, les organisations régionales de L.O., furieuses de ne pas avoir été consultées et donc d’être mises devant le fait accompli par leur direction nationale, décidèrent de manifester leur opposition devant le siège national du syndicat.
Du jamais vu et en tous les cas une bien curieuse pratique de la démocratie de la part de la direction de cette organisation syndicale.
Et puis, décidément, les syndicats italiens poursuivent dans leur quête de rigueur. Par un accord du 18 janvier 2007, trois grandes centrales italiennes viennent de signer avec le gouvernement Prodi un programme de réduction drastique d’emplois publics, d’instauration de la mobilité (à l’intérieur d’une même province, dit-on) et de mise en place de la méritocratie.
Le Ministre de l’Economie s’est félicité de cet accord en ces termes « Cet accord permettra de gérer les administrations publiques en vue d’une plus grande productivité et d’un meilleur contrôle des dépenses »
De son côté, le Président du patronat italien ne cachait pas sa satisfaction en déclarant « les entreprises ont besoin d’un Etat plus mince et plus moderne »
Et pourtant l’emploi public n’est pas aussi pléthorique que cet attelage hétéroclite le laisse entendre ? Pour 1.000 habitants, l’Italie a 53 fonctionnaires, 104 pour la Finlande et 79 pour la France.
N’est-ce pas cela, pratiquer la collaboration de classes ???
 
QUELLE INCIDENCE SUR LE SYNDICALISME FRANCAIS ?
L’heure du dénigrement et des grandes manœuvres
Il serait illusoire de penser que cette fusion n’aura pas de répercussion sur le syndicalisme français.
La preuve est apportée par Mody Guiro, secrétaire général de la C.N.T. du Sénégal et Président de l’O.R.A.F. (organisation régionale de feu la C.I.S.L.) Au moment du congrès, il déclara « ...l’unification entraînera des recompositions syndicales au plan national »
En France, c’est certainement une aubaine pour les partisans déclarés ou non du syndicalisme rassemblé.
Mais comme pour la fusion C.I.S.L./C.M.T., la question est de savoir pour quoi faire ?
Il est curieux de constater les convergences sur ce sujet venant d’horizons divers.
En avril 2006, un candidat malheureux à la candidature pour l’échéance présidentielle exprimait dans la presse régionale son avis sur le syndicalisme. Il déclarait « ...la situation syndicale doit être modifiée. Un nombre trop important d’organisations peut entraîner une concurrence entre celles-ci. Or, nous avons plutôt intérêt à avoir des syndicats unifiés et représentatifs de la population active. »
Une candidate à la même échéance se déclarait, quelques mois plus tard, partisane d’un syndicalisme de masse.
Que faut-il comprendre de cette formule plus ambiguë que la précédente ?
Du côté du gouvernement, la motivation n’est pas endormie. Après avoir commandé deux rapports sur la question du dialogue social et de la représentativité syndicale, Mrs Hadas-Lebel et Chertier préconisent, entre autres, des processus de regroupement sinon de rapprochement des organisations syndicales.
Le Conseil Economique et Social fut saisi de ce dossier en décembre 2006 et sollicité pour produire un avis. Sans entrer dans les détails, l’avis voté majoritairement conduit à des conclusions sinon similaires, allant dans le même sens que les conclusions des rapports précédemment cités.
Bien évidemment, nul ne peut, ni ne doit avoir peur du verdict des urnes, mais encore faut-il connaître les réelles intentions que cache cette volonté de modifier les règles de représentativité ?
La campagne de dénigrement et de culpabilisation du syndicalisme français, au travers du taux de syndicalisation, est criminelle à l’égard de la démocratie.
Les élus qui osent ce discours s’interrogent-ils sur le nombre d’adhérents de leurs partis, proportionnellement inférieur à celui des syndicats car s’adressant à l’ensemble des citoyens et non aux seuls salariés, chômeurs et retraités ?
Le taux de participation des salariés aux élections (D.P./C.E./C.A.P.) est au-dessus de 70 %, ce qui est nettement supérieur aux élections à caractère politique.
Un Président de la République qui ne recueille, au 1er tour, que 19 % des votants, doit-il être stigmatisé ?
Est-il élu légalement ? La réponse est oui.
Est-il un élu légitime ? Les avis sont multiples et divergents.
Quant au patronat, un peu plus de modestie ferait preuve d’une plus grande responsabilité.
L’exemple des Chambres consulaires est significatif.
Le taux de participation aux élections des Administrateurs dépasse rarement les 20 %, de quoi rendre le patronat un peu plus humble.
Le syndicalisme français face à ses responsabilités
A ce stade, il est important d’imaginer comment le syndicalisme français dans sa globalité va se situer par rapport aux possibles évolutions dues à la création de la C.S.I.
Tout d’abord l’indépendance.
Certes, celle-ci n’a jamais été la référence indispensable de toutes les confédérations, mais elle risque cependant de s’étioler par une sorte de banalisation de la part de ses défenseurs historiques.
Le centenaire de la Charte d’Amiens commémoré en cette ville en octobre 2006 s’est fait à minima, entre initiés et par conséquent sans risque d’assumer le rôle essentiel du mouvement ouvrier qu’est l’émancipation des couches populaires.
Le temps fort se déroula le 13 octobre 2006. Réunis à la Bibliothèque Nationale de France, les Secrétaires Généraux des trois grandes confédérations françaises commémorèrent cet anniversaire, alors que deux d’entre elles, non seulement ignoraient jusqu’ici ce texte mais le combattaient sournoisement !!!
Est-ce à dire que l’indépendance syndicale, dans sa version historique, rallie désormais ces trois grandes confédérations françaises.
Il ne faut pas s’emballer et conclure hâtivement, surtout à la lecture d’une déclaration publique de l’un des participants, en fin de cérémonie « Nous n’avons jamais été aussi clairs tous les trois, par rapport aux élections » a t’il été déclaré.
Cette phrase est lourde de sens, comme si l’indépendance syndicale se limitait à ne pas donner de consignes de vote lors des élections politiques.
De       ce        fait :
-         quid de l’indépendance à l’égard des représentants du capital ?
-         quid de l’indépendance à l’égard des religions ?
-         quid de l’indépendance à l’égard des partis et des élus qui ont en charge la gestion de l’intérêt général ?
Voilà donc un élément qui n’est pas neutre dans l’analyse de l’évolution du syndicalisme français qui, semble t’il, se conforme progressivement à l’évolution du syndicalisme européen et mondial désormais.
Voyons maintenant si, en France, il reste quelques points de résistance à cette évolution.
Hélas, il n’y a rien à espérer du côté de ceux qui considèrent que la mondialisation est une chance et qui, sans vergogne, se qualifient de syndicalistes libéraux.
Il est vrai que des preuves ont été données au cours de ces dernières années avec l’approbation du Plan Juppé de 1995 et la réforme des retraites de 2003 pour ne citer que les « exploits » les plus visibles.
Du côté de ceux qui sur le terrain sont les plus revendicatifs, l’apparence est trompeuse, surtout quant au cours d’un congrès récent est étudié un rapport interne qui pose le problème de réinventer le syndicalisme autour d’un titre évocateur « L’unification (du syndicalisme) à l’échelle mondiale »
Ce rapport pose ni plus ni moins la question de la suppression du pouvoir politique de chaque peuple au travers des Etats/Nations et propose son remplacement par la construction de régulations mondiales. Système échappant bien évidemment au contrôle des citoyens.
Ce concept d’organisation de l’économie et de la finance au niveau mondial est très exactement ce que dénonce André Bellon, rappelant la déclaration de Jacques Sapir évoquée précédemment « la mondialisation est le moyen qu’a trouvé le capital pour s’extraire du contrôle politique des citoyens »
Reste une inconnue du côté de ceux qui se réclament, à juste titre, les continuateurs historiques du syndicalisme originel, né en 1895 et confirmé en 1906. Depuis quelques années, leur apparente stabilité interne permet aux composantes multiples et diverses de se comporter davantage en autonomistes, voire pour certains en corporatistes, qu’en militants confédérés et donc solidaires interprofessionnellement.
Ainsi, le rôle de verrou joué par le courant traditionnel du syndicalisme français empêchant les dérives corporatistes, risque de sauter.
Il est vraisemblable qu’à court terme les évolutions seront visibles.
Si tel était le cas, les salariés de l’hexagone auraient bien du souci à se faire.
Les partisans d’un syndicalisme libre, revendicatif et laïc devraient alors se regrouper et reconstruire le syndicalisme authentique.
De toute façon, il ne faudra pas chercher ce type de syndicalisme du côté du syndicalisme chrétien qui vient de s’illustrer en envoyant un de ses militants les plus « gradés » au show du M.E.D.E.F. organisé à Bercy le 25.01.07 où Mme Parisot a demandé, ni plus ni moins, la suppression légale du temps de travail !!!
Enfin, et de manière plus générale, le syndicalisme français ne fait pas actuellement preuve d’une combativité à la dimension des enjeux.
Sur la question des salaires, par exemple, une action interprofessionnelle avait été engagée au début de 2005. Des manifestations furent organisées dans toute la France en février et en mars.
Les salariés avaient montré une bonne mobilisation et une évolution sensible qui donnait de l’espoir. Et puis, plus rien de la part des directions syndicales.
En fait le courant du « oui au Traité Constitutionnel » qui transcendait toutes les organisations s’était employé à ne pas poursuivre la mobilisation au-delà de mars, pour ne pas provoquer d’agitation et compromettre la supposée et attendue victoire du « Oui »
Nous savons quel désaveu cinglant ces pseudo-syndicalistes ont essuyé.
Cependant, malgré les incantations de quelques responsables, le pouvoir d’achat est en panne et les salariés échaudés hésitent à repartir au combat. Ils ont montré, lors de la journée d’action d’octobre 2005, c’est à dire après un « break » de sept mois, leur lassitude à l’égard des petites manœuvres d’appareil.
Passons sous silence la mascarade du chèque transport et la conférence sur les salaires de novembre 2006 organisée par le gouvernement.
Laïcité : valeur d’hier ou valeur d’hier et d’aujourd’hui ?
Au cours de ces dernières années, les valeurs de laïcité n’ont pas été, elles non plus, érigées prioritairement par le syndicalisme français.
En pleine période de réapparition du communautarisme, le centenaire de la loi de séparation des églises et de l’Etat de 1905 a été commémoré comme il se doit par les forces porteuses de ces valeurs.
Une manifestation dans les rues de Paris, sur l’initiative du Comité de Liaison de l’Appel aux laïques pour la défense de la loi de 1905 a eu lieu le 10 décembre 2005.
A part quelques individualités et quelques banderoles clairement estampillées à qui il convient de rendre hommage, le mouvement syndical français, quelles que soient ses tendances, était dramatiquement absent de cette manifestation, de quoi rajouter à l’inquiétude quant à l’avenir du syndicalisme français libre, indépendant et laïc.
On ne peut sans cesse rappeler les valeurs de la République et faillir lorsque celles-ci ont un besoin urgent d’être défendues.
CONCLUSION
Placer au rang de banalité routinière, et par conséquent de non-événement, des orientations préparées depuis plusieurs années et entérinées par trois cent cinquante organisations syndicales nationales relèverait de la naïveté, de la crédulité et même de l’irresponsabilité.
En fait, il faut vraisemblablement aller chercher au-delà du syndicalisme les raisons de cette évolution.
Pour assurer son hégémonie, le capitalisme, désormais mondialisé, a besoin d’éliminer un maximum d’obstacles et de contraintes - faut-il rappeler la formule utilisée par feu la constitution européenne « une économie libre et non faussée » ?
Il a donc besoin de partenaires, y compris du côté des représentants des salariés.
Celles et ceux qui considéraient abusive ici l’utilisation du mot « partenaires » se souviendront peut-être que les militants des grandes confédérations françaises se définissent, tous ou presque, comme des partenaires sociaux !!!
Furieux d’avoir été marginalisé pendant soixante dix ans environ, le capitalisme se réorganise depuis une trentaine d’années, de manière structurelle et planétaire.
Il entre aujourd’hui dans sa phase finale d’organisation.
Avec l’ère industrielle, la deuxième moitié du 19ième siècle et le début du 20ième avaient donné au capital les moyens d’imposer son arrogance et d’exhiber son dédain à l’égard des faibles.
Mais la révolution bolchevique de 1917 et la déferlante lénino-stalinienne qui s’en suivi installa une situation curieuse et paradoxale.
Alors qu’en Russie devenue l’U.R.S.S. se mettait en place une planification dogmatique de l’économie, doublée d’un régime oligarchique et liberticide, paradoxalement cette évolution politique à l’Est de l’Europe protégeait les populations du monde occidental des affres du capitalisme.
A la fin de la deuxième guerre mondiale, cette idéologie tira profit de la victoire des alliés et négocia à Yalta le partage du monde avec les Américains.
Un ordre mondial était créé.
Cela durera au total soixante dix ans environ.
Puis la chute du mur de Berlin et l’entrée de la Chine dans le commerce mondial, entre autres, permirent au capitalisme de reprendre la main qu’il avait perdue après la première guerre mondiale.
Ces deux évènements contemporains furent mis à profit par les tenants du capital pour créer, réorganiser ou réactiver, à leur intérêt, les structures internationales comme le Fond
Monétaire International, la Banque Mondiale, l’Organisation Mondiale du Commerce etc... etc... toutes non démocratiques, car non élues et par conséquent non contrôlées par les peuples.
Mais les résultats influent énormément sur les conditions de vie de millions et même de milliards d’individus.
Progressivement, nous voyons ainsi se constituer une sorte de gouvernement mondial, au service exclusif du capital.
Voilà pourquoi les deux citations de Jacques Sapir rappelées par André Bellon et Hervé de Charrette illustrent parfaitement ce qui se dessine sous nos yeux.
Effectivement, comment agir auprès de structures aussi floues et lointaines, sur lesquelles ne repose aucune responsabilité légitime et démocratique ?
En résumé, le peuple a droit à l’alternance, mais les alternatives lui sont confisquées.
Il paraît évident, tout au moins pour certains, qu’un nouvel ordre mondial se construit actuellement dont le capitalisme financier se veut l’idéologie dominante, pour ne pas dire écrasante.
Désormais, l’enjeu est clair :
- ou la C.S.I. adopte le comportement de la Confédération Européenne des Syndicats, qui n’est autre qu’un conseiller social docile de la commission européenne et de l’organisation patronale UNICE,
- ou cette C.S.I. a l’ambition d’organiser un véritable contrepoids au capitalisme mondialisé faisant, aux quatre coins du globe, du respect de la dignité humaine son objectif majeur.
 
Déjà des interrogations se font jour.
Mettre dans un même ensemble des conceptions opposées risque de conduire à la création de courants, passant leur temps à s’opposer (le capital n’y verrait pas d’inconvénient)
Mais cette nouvelle organisation internationale pourrait, hélas, de fait, se muer en organisation non gouvernementale - O.N.G.- dont la mission et les buts n’ont rien de comparables à ceux d’une organisation ouvrière.
En résumé, la vigilance s’impose et l’action de terrain est à privilégier sans attendre que ces structures, à la démocratie contestable, se décident à agir.
Les grandes conquêtes ouvrières ont toujours été le résultat de la masse mobilisée, nous devons garder cela à l’esprit.
 
Article écrit entre le 15 novembre 2006 et le 10 février 2007
et publié le 25 mars 2007