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Préambule à-propos de la 6ième République



 
A
 chaque fois que notre régime politique est bousculé, le thème de la 6ième République réapparait comme la solution miracle.
L’est-elle vraiment ?
S’il s’agit de considérer que la 5ième République est devenue obsolète, un large consensus est devenu factuel.
Cette 5ième a certainement eu une légitimité pour gérer à son origine une situation particulière. Elle a aussi fait l’objet de tribulations politiciennes. Elle fut accusée de coup d’Etat permanent avant que le censeur en fasse le parfait costume du monarque.
Le coup de grâce lui fut porté par le tandem Chirac-Jospin qui, faisant joujou au « Je te tiens, tu me tiens par la barbichette » s’est entendu pour substituer au septennat un quinquennat mortifère.
L’un et l’autre étant persuadés que cette manœuvre lui serait électoralement bénéfique.
A ce jeu sordide, on sait qui a tiré les marrons du feu.
Ce choix a davantage monarchisé la 5ième République, surtout en faisant de l’élection présidentielle l’acte prioritaire.
Ceci s’est vérifié en 2012, où les candidats du Parti Socialiste aux législatives n’avaient pas d’autre programme que celui de dire « Il faut donner une majorité au Président Hollande »
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy a tellement été monarchisé que le Premier Ministre était devenu le collaborateur du Président !
Ainsi, à force de se voir coller des emplâtres pendant plusieurs années, la 5ième République roule sur la jante.
A
lors, en route pour la 6ième, mais laquelle ?                                      
Le Parti de Gauche porte ce programme. En son temps, Arnaud Montebourg en faisait son étendard. D’autres participent à cette volonté.
Soit, mais quelle 6ième ?
Il faut donner la parole au peuple, clame t’on.
Certes, mais à un peuple suffisamment averti. L’est-il vraiment ?
Les membres élus par le peuple, chargés de rédiger le projet de constitution, ne pourraient ni être des élus ni être candidats aux prochains scrutins.
Ne soyons pas naïfs.
Au sein d’un même courant de pensée, les rôles peuvent être dispatchés. Aux uns, la constituante, aux autres, le mandat exécutif ou législatif.
Le risque de voir, dans cette affaire, le peuple une nouvelle fois cocufié n’est pas mineur.
Il nous faut gérer ce paradoxe. L’histoire atteste de la crédulité des peuples et parfois de bien davantage, comme l’élection d’Hitler au suffrage universel !!!
En France, dans des circonstances bien moins dramatiques, le peuple a parfois eu des comportements électoraux plus que curieux, avec des hommes politiques qui ont eu maille à partir avec la Justice : Médecin à Nice, Mellick à Béthune ... Aujourd’hui, le meilleur ami de l’ancien Président Sarkozy, élu des Hauts de Seine, n’hésite pas à salir la Justice qui met en examen son ami, alors que lui-même a été condamné. Cela n’empêche pas les citoyens de lui renouveler leur confiance.
Plus récemment, l’affaire Cahuzac a révélé cette ambiguïté du peuple. Alors que le ministre du budget jurait ses grands dieux, devant la représentation nationale, qu’il n’avait pas de compte en Suisse et qu’il n’en avait jamais eu, pour ensuite se rétracter et avouer sa forfaiture, n’empêche pas certains de ses partisans de lui renouveler leur confiance !
Au cours du week-end dernier, les Polynésiens viennent de hisser Gaston Flosse en tête du 1er tour des élections territoriales et pourtant le vieux complice de Chirac a dû faire face à plusieurs démêlés avec la Justice dont certains sont en instance de jugement !
Alors, confier au peuple l’avenir de notre République, oui, mais pas avant d’avoir fixé les fondamentaux de cette 6ième République.
-         Mode d’élection du Président ?
-         Mode d’élection du Parlement (Sénat et Assemblée Nationale) ?
-         La 6ième République serait-elle souveraine en matière monétaire, budgétaire, économique et sociale ?
-          ?
-          ?
J
’ai la ferme conviction que le drame de notre pays est, avant toute chose, le désintérêt du peuple pour la chose publique.
Il s’est habitué au plus facile, renvoyer les sortants, pratiquement à chaque élection. Ce qui sur le fond ne change strictement rien. Entre chaque scrutin, il grommelle, oubliant que le droit lui permet d’observer avec précision et de contrôler l’action des élus.
Combien se déplacent pour écouter et intervenir lors des réunions électorales ?
Or, en démocratie, le contrôle du programme et de l’exécution du mandat est impératif. C’est le problème de fond, d’autant que les corps intermédiaires se sont laissé intégrer à la globalisation financière et à son corollaire européen de la concurrence libre et non faussée.
 
L’immense tâche dans laquelle nous devons nous investir, (celles et ceux qui croient encore en la noble politique), est celle de remotiver les masses, sans lesquelles rien de concret ne pourra se faire. La 6ième République, en tant que telle, ne changera vraisemblablement rien à ces comportements de désintérêt.      
         Alors, une 6ième République,
                                               Une solution, oui,
                                                                  La solution, certainement pas.