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Notre politique est un échec, mais nous n'en changerons pas !



 
Ce papier a été écrit avant la démission du gouvernement survenue le 25 août. Même si nul ne peut prévoir les répercussions pour les semaines et les mois prochains, il nous a semblé que ce remaniement ne changeait pas grand-chose sur le fond. Nous publions donc cet article dans sa pensée d’origine.
 
 
« Notre politique est un échec, mais nous n’en changerons pas » tel est en substance le programme de l’exécutif français pour les mois à venir.
En conclusion d’un séminaire gouvernemental tenu quelques jours avant le départ en congés des ministres, le premier d’entre eux avait prévenu que la rentrée serait difficile, sous-entendu en matière de chômage et de pouvoir d’achat.
Au moins sur ce point, il ne s’était pas trompé.
Alors pourquoi persister dans ce qui est un échec ?
-         Parce que les locataires de l’Elysée et de Matignon sont des incapables ? Certainement pas.
-          Parce que le duo Hollande/Valls est borné ? Certainement pas.
Si l’exécutif en est réduit à cet aveu et à cette persistance, c’est uniquement parce que ce n’est pas lui qui détient le pouvoir.
Il n’est que le facilitateur, que le sous-traitant d’une politique financière dont les ordres sont transmis de Bruxelles (la Commission) et de Francfort (la Banque Centrale)
L’actuelle opposition ferait-elle mieux ? Certainement pas.
Souvenons-nous de la période pas si lointaine (2008/2012) ou le feu follet de l’Elysée déclarait vouloir « aller chercher la croissance avec les dents »
Nous ne savons s’il y est allé, mais ce dont on est sûr, c’est qu’il n’a rien ramené !
Rien d’étonnant à cela puisque les deux Présidents et leur cour parlementaire défendent, sur le fond, la même politique.
N’ont-ils pas approuvé tous les traités européens, y compris celui que le peuple français avait rejeté en 2005 (Traité Constitutionnel Européen) ?
N’ont-ils pas, en 2012, adopté le TSCG qui corsette les budgets nationaux n’offrant comme perspective que la rigueur, pourvoyeuse de chômage et de reculs sociaux ?
De fait, l’exécutif n’obéit qu’à une instance, les gardes-chiourmes de la finance, les agences de notation.
S’il fallait apporter la preuve de cette affirmation, nous pourrions donner l’exemple du département de l’Eure où le Président du Conseil Général est plus enclin à médiatiser l’avis positif de Standard and Poor’s sur la gestion financière de la collectivité dont il a la charge, qu’à justifier les fermetures du collège de Broglie, de la Gendarmerie de Serquigny et des Centres d’Information et d’Orientation qu’il organise ou qu’il cautionne.
Et nos voisins, font-ils mieux ? Certainement pas.
On pourrait penser que l’Allemagne fait mieux. Si son taux de croissance est meilleur, ce n’est que de quelques dixièmes de points, mais à quel prix social ?
-          Le taux horaire des emplois de service est de 5 €. Certains chômeurs en fin de droits sont dans l’obligation d’accepter des tâches rémunérées 1 € de l’heure !
-          Le résultat global conduit l’Allemagne a recensé un taux de pauvreté supérieur à 16 % ! La France est à 14 %
C’est le choix fait outre-rhin de préférer des travailleurs pauvres à des chômeurs.
Quelle réussite !!!
Du côté italien, les médias, y compris français, qui au lendemain des élections européennes avaient vu en Matteo Renzi le sauveur de la botte, sont étrangement discrets depuis quelques semaines.
Il semble que l’auréole du jeune et fringant Président du Conseil italien se dégrade rapidement, les italiens ayant compris le danger de sa volonté de tailler à la hache dans la Fonction Publique.
Quant aux médias français, ils n’ont pas été, cet été, avares de commentaires flasques.
Début août, sur une radio publique, un journaliste expliquait que certains pays d’Europe retrouvaient de l’espoir. Il citait l’Irlande dont le taux de chômage est passé de 14 à 12 %. Quel succès !!!
Puis ce fut le directeur d’un hebdomadaire de « guoche » qui expliquait, fin août, que l’exécutif français prenait en compte la situation du pays en apportant des correctifs à sa politique. Il annonçait que l’aide à la rentrée scolaire serait versée quelques jours avant la date prévue.
Sentant son argumentation quelque peu faiblarde, il précisait « c’est peut-être peu, mais c’est déjà çà »
Ouf, ne soyons pas mesquins, saluons la « guoche médiatique combattante »
Cependant, nous nous devons aussi de saluer l’effort de communication du Président.
Il arrive que l’histoire la plus ancrée dans nos mémoires serve opportunément les acteurs contemporains.
La commémoration du 70ième anniversaire des débarquements de Normandie et de Provence a permis au Président de tenir le pavé médiatique sans pour autant avoir à expliquer sa politique.
Le sport n’a pas été oublié. La garden-party organisée en l’honneur des compétiteurs et médaillés des championnats d’Europe d’athlétisme, a maintenu la présence médiatique du Président dans les foyers français.
Espérant peut-être avoir un peu de répit au cours du dernier trimestre de l’année, le Président doit faire face à un imprévu avec de sérieuses convulsions gouvernementales.
Les déclarations iconoclastes de Montebourg, conduisant le Premier ministre à présenter la démission du gouvernement le 25 août, ne modifieront vraisemblablement pas grand-chose sur le fond. Le risque d’une dissolution est présent dans tous les esprits des parlementaires de la majorité, alors les petits soldats en casernement au Palais Bourbon, attachés à leur solde,  n’oseront pas offenser le « Général »
Alors, d’ici peu, l’opposition va à son tour occuper l’espace médiatique avec le congrès du parti bonapartiste.
Deux questions vont alimenter les chroniques :
1 – Sarkozy va-t-il s’emparer de la direction de l’UMP ?
2 – Le parti va-t-il résister aux convulsions qui le minent depuis le printemps 2012 ou va-t-il imploser ?
De quoi noircir de nombreuses pages de journaux et de tenir de nombreuses heures d’antennes.
Dans cette activité médiatique, le 28 septembre devrait marquer une étape. Un séisme devrait dépoussiérer les dorures du Palais du Luxembourg. Cependant, la magnitude ressentie devrait être faible, car depuis le tremblement de septembre 2011, la haute-assemblée n’a jamais été une valeur sûre pour la majorité présidentielle socialiste.
De plus, au regard des institutions, le Sénat peut toujours s’agiter, son influence sur l’exécutif a peu d’effet. Donc possible tempête dans un verre d’eau.
Jadis quand on abordait les questions de rentrée, on évoquait la rentrée sociale. A ce jour, le monde ouvrier, dont il devient de plus en plus difficile d’identifier en classes, ressemble davantage à une énorme masse d’eau stagnante, qu’à un torrent turbulent n’hésitant pas de temps à autre  à sortir de son lit.
Faut-il y voir les effets du partenariat social ?
Ainsi, après les prévisibles hoquets, venant du camp de la majorité, qui ne manqueront pas d’intervenir au cours des « débats budgétaires » de l’automne, le Président et son staff basculera dans la deuxième moitié de son mandat, avec, certes, une cote de popularité des plus basses, mais sans convulsions politiques graves, ni mouvements sociaux menaçants.
L’heure sera donc arrivée de préparer les grandes manœuvres pour l’échéance de 2017.
La grande question sera de savoir si François 2, élu le 6 mai 2012, pourra réitérer l’exploit de François 1, élu le 10 mai 1981 et réélu le 8 mai 1988, malgré une forte cote d’impopularité.
 
 
En fait, tant que l’économie libre et non faussée de l’Union Européenne ne sera pas remise en cause,
-          tant que l’euro remplira son office au seul service des marchés financiers,
-          tant que la déflation, voire la récession, ne s’écartera pas trop de la ligne de flottaison,
-          tant que les conflits à l’Est de l’Europe, en Orient, en Afrique subsaharienne,  ou demain ailleurs, resteront localisés,
cette situation politique nationale et européenne pourra perdurer encore quelques années.
Alors, comme dit l’humoriste, elle est pas belle la vie ???