Après l’affaire Cahuzac du printemps dernier, l’exécutif nous promettait une remise en ligne de notre élite politique.
On allait voir ce qu’on allait voir !!!
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ans un premier temps, promesse était faite de faire toute la clarté sur le patrimoine des parlementaires, comme si avec ce processus, Cahuzac aurait été empêché de planquer son pognon en Suisse et à Singapour.
Ce fut pour certains l’occasion de se défouler.
Les uns déclarèrent leur compte courant semblable à celui d’un SDF, d’autres leurs vélos, d’autres encore des automobiles de plus de 15 ans et enfin leur véhicule de vacances en l’occurrence un Combi Volkswagen etc… !!!
Certains refusèrent de publier quoi que ce soit arguant, à juste titre, que leur patrimoine était commun avec leur conjoint ou conjointe.
Comme prévu, l’initiative présidentielle tourna à la farce.
Aux dernières nouvelles, il semblerait qu’il faille se rendre en Préfecture pour prendre connaissance du patrimoine des parlementaires, mais qu’il soit interdit de faire un usage public des données publiées !!!
A vrai dire le citoyen n’a que faire des biens des élus (es).
Si le patrimoine est acquis illégalement par l’un d’entre eux, comme pour tout citoyen, la République dispose, encore à ce jour, d’une police financière dont la mission est de traquer la fraude.
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’autre volet du dossier de la moralisation de la vie publique est le cumul des mandats.
Curieusement, bien que porté majoritairement, voici quelques années, par les instances du PS, plusieurs membres de ce parti ruent dans les brancards.
La bronca vient surtout du Sénat.
Plusieurs sénateurs PS – PRG, entre autres, ont un raisonnement des plus hypocrites. Ils considèrent que le non-cumul est acceptable pour les députés, mais pas pour eux, au fallacieux prétexte qu’ils sont des élus des collectivités, représentées par les grands électeurs.
Hypocrisie, quand tu nous tiens !
Mais il y a un cumul qui fait consensus dans les hémicycles, c’est celui de la durée.
Or, c’est bien celui qui pose problème.
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uand on cumule dans le temps un mandat sur le même poste, fatalement on prend des habitudes, des bonnes mais aussi des mauvaises.
Le danger c’est de subir les assauts des lobbyistes de toutes sortes qui circulent, sans entrave, dans les coursives du Palais Bourbon et du Palais du Luxembourg
C’est ainsi que de temps à autres, grâce à une presse non servile et à des juges courageux et intègres, se découvrent des délits : abus de biens sociaux, actes de corruption, etc…
L’objet n’est pas de jeter l’opprobre sur les élus (es), mais de ne pas oublier que la pratique de l’interdit est une des caractéristiques du comportement humain, même si quelques uns sont épargnés de ce fléau.
Pour éviter ces dérives pour l’ensemble des mandats politiques, limiter la durée à quinze ans paraît raisonnable.
Mais, qu’en est-il réellement ?
Quelques exemples d’élus nationalement connus (ordre alphabétique)
Jean-Marie Baylet
Henri Emmanuelli
Laurent Fabius
Jean-Claude Gaudin
Jean Glavany
Elisabeth Guigou
Gérard Longuet
Jean-Pierre Raffarin
André Santini
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Député de 1978 à 1984
Sénateur de 1986 à 1988 et de 1995 à ce jour
Député de 1978 à 1981 – de 1986 à 1997 – de 2000 à ce jour
Député de 1978 à 1981 – de 1986 à 2000 – de 2002 à ce jour
Député de 1978 à 1989
Sénateur de 1989 à 1995 et de 1998 à ce jour
Député de 1993 à 1998 et de 2002 à ce jour
Députée européen de 1994 à 1997
Députée de 1997 à ce jour
Député de 1978 à 1981 et de 1988 à 1993
Député européen de 1984 à 1986
Sénateur de 2001 à ce jour
Député européen de 1989 à 1995
Sénateur de 1995 à 2002 pour devenir Premier ministre
De nouveau Sénateur de 2004 à ce jour
Député de 1988 à 2001 – de 2002 à 2007 et de 2009 à ce jour
Plusieurs furent Ministres interrompant provisoirement leur carrière de parlementaire.
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On voit bien la rente de situation que s’organisent certains élus (es)
A cet « embourgeoisement » politique, s’ajoute un mode de fonctionnement des plus détestables.
Pour une République comme la nôtre, notre démocratie est celle du mandat.
Le mandat est théoriquement le programme politique que le candidat présente aux électeurs. Au terme de ce mandat, la logique démocratique veut que le candidat, devenu l’élu, rende compte de l’activité qu’il a assuré au nom des citoyens.
Or, cette éthique est de moins en moins respectée, certains s’en affranchissent totalement.
Il suffit de regarder comment fonctionnent les Sénateurs de l’Eure, mais ils ne font pas exception.
Rappelons que les Sénateurs sont élus par les « grands » électeurs (Maires et Conseillers Généraux)
La question est donc de savoir comment les candidats au Palais du Luxembourg s’y prennent pour rallier le « grand électorat » à leurs suffrages.
Les trois Sénateurs de l’Eure utilisent ce que la République met « malheureusement » à leur disposition.
Intelligemment, mais aussi vicieusement, ils se sont partagé les rôles en investissant des structures en relation directe avec les Maires, sur des sujets sensibles.
L’un préside l’association des Maires et des élus (es) qu’il a organisé en réseau, avec dans chaque canton un président des Maires.
Au moins une fois par an, il réunit son électorat potentiel et s’érige en grand professeur des finances locales.
Il prend ainsi le pouls de ses « vassaux » et en vieux routier de la politique il peut manœuvrer à sa guise.
L’autre préside le syndicat intercommunal d’électricité et de gaz de l’Eure.
A ce titre, il assure sa proximité avec les Maires, notamment pour réorganiser les réseaux d’électricité : renforcement, enfouissement etc…
Presque toutes les semaines, la presse locale se fait l’écho de la présence du Président du SIEGE dans telle ou telle commune.
Enfin, le troisième, plus récemment élu, s’est auto-attribué le dossier de réforme des collectivités territoriales. A ce titre, il réunit, lui aussi, au moins deux fois par an, les Maires pour les « instruire » sur les évolutions législatives de nos structures locales et territoriales.
Souvent ces « grands-messes » se déroulent dans de luxueuses salles ébroïciennes, dont les coûts de location sont très élevés.
Mais d’où viennent ces fonds ? De nos impôts ?
En cette période de crise, ne serait-il pas responsable d’organiser ces réunions dans des amphis universitaires ou dans des gymnases ?
Il en est de même des voyages et des petites « sauteries » organisés pour les édiles locaux, tantôt pour visiter le Sénat, tantôt pour visiter l’Assemblée Nationale .....
Là aussi, qui paye les déplacements et les petits fours ?
Mais l’argent étant le nerf de la guerre, toutes ces rencontres, tous ces contacts, sont aussi l’occasion d’entendre les « jérémiades locales » s’agissant des difficultés à boucler certains budgets.
Et là, la générosité parlementaire arrive en sauveur, au travers de la réserve parlementaire.
Ainsi, nos trois Sénateurs arrosent allègrement leur électorat potentiel, espérant en retour, une gratitude bien « méritée » !
Mais la stratégie serait incomplète si on ne mentionnait pas, en plus, la complaisance journalistique. Dans l’ouest du département, il faut se demander si le bureau du Sénateur-Maire ne serait pas également le siège du journal local.
Le temps où le Ministre de l’information faisait aussi office de rédacteur en chef de l’ORTF reste d’actualité.
Cette situation est grotesque et antidémocratique.
A qui les Sénateurs présentent-ils leur programme ? Pas aux électeurs, c’est sûr.
A qui les Sénateurs rendent-ils des comptes ? Pas aux électeurs, c’est sûr.
Aux grands électeurs, peut-être, mais pas sûr puisque les Maires considèrent hypocritement que leur vote est secret !!!
L’élection sénatoriale est donc une sorte de vote censitaire.
Ainsi, se jouent, entre gens de bonne compagnie (Maires – Conseillers Généraux – Sénateurs) des échanges pas très avouables.
Le problème n’est pas celui de l’existence du Sénat, mais de l’opacité du mode électoral des Sénateurs et de l’activité de ces derniers, toute aussi opaque.
Cette situation ubuesque doit cesser.
La moralisation de la vie publique devrait exiger
– La limitation du mandat dans la durée (15 ans maximum)
– La publication du programme politique des candidats au Palais du Luxembourg
– La désignation par vote à bulletin secret de la liste sénatoriale choisie majoritairement par les conseils municipaux et sa publication
– La publication par chaque sénateur de son activité parlementaire
– La suppression de la réserve parlementaire, remplacée par une aide de l’Etat
– La limitation du mandat dans la durée (15 ans maximum)
– La publication du programme politique des candidats au Palais du Luxembourg
– La désignation par vote à bulletin secret de la liste sénatoriale choisie majoritairement par les conseils municipaux et sa publication
– La publication par chaque sénateur de son activité parlementaire
– La suppression de la réserve parlementaire, remplacée par une aide de l’Etat
S’agissant des Députés, il ne faut pas croire qu’ils sont démocratiquement plus vertueux que les Sénateurs. La réserve parlementaire n’a pas la même incidence chez les locataires du Palais Bourbon, mais elle n’est pas moins amorale. Sur le mandat et son bilan, l’ostracisme est le même, la preuve. Les candidats socialistes aux législatives de 2012 n’avaient d’autre programme que de se faire élire pour assurer une majorité à François Hollande !!!
Nous devons cette situation à l’absurde réforme du quinquennat initiée par le tandem Chirac-Jospin qui, de fait, a fusionné le pouvoir législatif avec le pouvoir exécutif.
Au cours de l’été, le Député Destans a tenté de « vendre » aux citoyens une sorte de bilan parlementaire. Mais le mois de juillet n’a-t-il pas été choisi pour éviter la foule des reproches ? Pour les malintentionnés, l’objectif aurait davantage été celui d’une « prise de température » de l’électorat à quelques mois des municipales et surtout des cantonales.
Il faut cependant signaler que le Député de la 2ième circonscription est le seul à indiquer l’utilisation de sa réserve parlementaire.
Pour les autres Députés, c’est le silence radio. Citoyens, circulez, il n’y a rien à voir !
Ancienneté et postes occupés par les parlementaires de l’Eure, actuellement en activité
Joël Bourdin
Jean-Louis Destans
Franck Gilard
Bruno Le Maire
François Loncle
Hervé Maurey
Hervé Morin
Ladislas Poniatowski
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Maire de Bernay de 1983 à 2003
Sénateur de 1989 à ce jour
Conseiller Général de 1985 à 2004
Maire de Pont-Audemer de 1995 à 2001
Conseiller Général de 1994 à ce jour
Député de 2012 à ce jour
Conseiller Régional de 1994 à 2001
Président du Conseil Général depuis 2001
Maire des Andelys de 1995 à 2008
Conseiller Général de 1998 à 2002
Député de 2002 à ce jour
Conseiller Régional de 2010 à ce jour
Député de 2007 à ce jour
Maire de Brionne de 1993 à 1995
Député de 1981 à 1993 – de 1997 à ce jour
Maire de Bernay depuis 2003
Conseiller Général de 2004 à 2009
Sénateur depuis 2008
Maire d’Epaignes depuis 1995
Conseiller Général depuis 1992
Député de 1998 à ce jour
Conseiller Régional de 2004 à 2010
Maire de Quillebeuf-sur-Seine de 1977 à ce jour
Conseiller Général de 1981 à ce jour
Député de 1988 à 1998
Sénateur de 1998 à ce jour
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Cette situation ne peut plus durer.
Trop d’élus de tous bords et de tous niveaux persistent
dans la pratique opaque de leur activité. En agissant ainsi,
ils continuent de creuser le fossé qui les éloigne des citoyens.
Ces derniers, écœurés, sont de moins en moins électeurs.
Ainsi, la France se « poutinise » dangereusement