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e 4 janvier dernier, je publiais un article sous forme de vœux « Bonne année, malgré tout »
Privilégiant l’écriture politiquement responsable, ne cherchant pas la notoriété, m’inscrivant dans aucune compétition élective, je refusais de me limiter à la banale tradition du « bonne année, bonne santé »
Je profitais de ce moment pour transmettre mon inquiétude face à l’angoissant dépérissement de la conscience politique du peuple français.
J’étais loin d’imaginer que quelques jours plus tard, trois drames effroyables allaient endeuiller notre société les 7, 8 et 9 janvier.
En réaction à ces abominables tueries, une mobilisation spontanée de plus de quatre millions de personnes eut lieu le 11 janvier à Paris et dans plusieurs villes de France.
La pensée unique, opportunément organisée par le consortium médiatico-politique néolibéral, a vu dans cette mobilisation une volonté de sauvegarder les valeurs de la République !
Chez certains, on y voit même encore « l’esprit du 11 janvier » !!!
Mais quel esprit ? Quelles étaient ces fameuses valeurs, soigneusement tenues au secret ?
Pour d’autres, la prudence est meilleure conseillère. Ils considèrent que cette réaction s’apparente davantage à la « dictature médiatique » de l’émotion - et quelle émotion - sans analyse profonde, sans partage de valeurs communes, et donc sans horizon.
En fait, un réflexe de type Facebook.
Depuis cette période, plusieurs évènements confirment ce doute et cette inquiétude que beaucoup ressentent désormais.
Un sondage publié le 8 mars dernier avait pour objet de connaître l’opinion des personnes consultées, concernant les femmes politiques les plus à même d’assumer à l’avenir un rôle important.
A en traduire le résultat, on peut penser que la version Facebook qualifie le mieux la réalité du 11 janvier !
Faut-il condamner la pratique des sondages qui pervertissent la démocratie ou s’inquiéter de l’appauvrissement de la conscience politique du peuple ?
Et si la vérité était au carrefour de ces deux constats ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat du sondage traduit mal le fameux esprit du 11 janvier. S’il s’agit d’un esprit républicain ?
La femme politique qui arrive en tête n’est autre queChristine Lagarde, ancienne Ministre des Finances du gouvernement Fillon et actuelle directrice du FMI.
La deuxième est Marine Le Pen, Présidente du Front National et la troisième est Ségolène Royal, ancienne candidate à la Présidence de la République, actuelle Ministre de l’Ecologie.
Pour incarner les valeurs de la République, il y a peut-être mieux à choisir.
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n 2005, alors Ministre du Commerce Extérieur du gouvernement de Villepin, Christine Lagarde dénonçait le droit social français « compliqué, lourd » qui constitue « un frein à l’embauche »
En 2007, devenue Ministre de l’Economie et des Finances du gouvernement Fillon, elle déclarait que la crise était derrière nous. Quelle vision !!!
Toujours en 2007, alors que le prix du baril de pétrole atteignait des sommets, elle invitait les automobilistes se plaignant d’un prix trop élevé de l’essence à la pompe, à se déplacer à bicyclette !!!
En 2008, toujours locataire de Bercy, elle invitait l’industrie de la finance islamique à investir en France.
Depuis, le Qatar (grand défenseur des Droits de l’Homme, comme chacun le sait ...) place ses pions dans notre hexagone (PSG Foot – banlieues, etc…)
Son tailleur de Directrice du FMI n’a pas modifié sa vision néolibérale.
En janvier dernier, à l’annonce de la mort du roi d’Arabie Saoudite, elle déclara que « le roi Abdallah était un grand défenseur des femmes » !!!
Curieux propos à l’égard d’un monarque dirigeant d’un pays où les femmes n’ont pas le droit d’étudier, pas le droit de travailler, pas le droit d’ouvrir un compte bancaire, pas le droit de voyager hors du pays sans être accompagnées d’un gardien masculin et, de plus, privées du droit de conduire une automobile.
Si l’opinion publique française doit attester d’un penchant vers la schizophrénie, c’est bien en plaçant Mme Le Pen au 2ième rang de ce sondage.
Incontestablement, nous sommes là en pleine contradiction avec le qualifié « esprit du 11 janvier », si celui-ci est fidèle aux articles 1 et 2 de notre constitution et au triptyque : Liberté – Egalité – Fraternité de notre République !
En refusant de s’inscrire dans la mobilisation du 11 janvier, le FN se serait coupé du fameux esprit et de la foule qui l’a porté.
Comment alors expliquer la volonté des sondés de voir la Présidente du FN accéder à d’importantes responsabilités ?
Comment expliquer le rapport entre les valeurs de la République laïque et la révérence faite annuellement par le Front National à Jeanne d’Arc que la curie romaine a béatifié en 1909 et canonisé en 1920 ?
Comment justifier les valeurs de fraternité de notre République qui auraient été au cœur du 11 janvier avec le sempiternel discours de Mme Le Pen et de ses patriotes qui ne peuvent prononcer deux phrases sans accuser les étrangers, les immigrés, d’être responsables des maux de notre société ?
Si la République doit s’accommoder d’une participation de ses représentants au « bal de Vienne » aux côtés de nostalgiques du pangermanisme et du 3ième Reich, le lien avec le supposé « esprit du 11 janvier » va devenir insupportable.
Pour la classée troisième du sondage, je me garde bien de faire une relation avec la deuxième, ce qui montre bien que ce classement est politiquement incompréhensible et inique.
Ce n’est pas pour autant que Ségolène Royal a une stature de femme d’Etat.
Ce qui la caractérise, avant tout, c’est l’ambition, au sens le plus désagréable du terme.
De plus, cette sorte de compétition maladive qu’elle se livre avec son ex-compagnon, François Hollande, devenu, lui, Président de la République, est pathétique.
La campagne qu’elle a menée en 2007, pour la présidentielle, a montré ses limites, comme l’encadrement des jeunes délinquants par des militaires, proposition dont elle revendiqua la paternité en 2011, quand Nicolas Sarkozy Président de la République voulu instituer ce système.
Au cours de sa campagne de 2007, elle inventa « l’ordre juste », invoquant le blairisme, tout en choisissant comme porte-parole Arnaud Montebourg, le chantre de la dé-mondialisation !!!
Elle proposa également la création de « Jurys citoyens » pour contrôler l’action des élus, opposant la démocratie d’opinion, créée par l’évènement, à la démocratie par mandat.
Et pour couronner le tout, quelques semaines après sa défaite à la présidentielle, elle avoua ne pas avoir cru à son programme, dont le SMIC à 1500 € et la généralisation des 35 H. Elle déclara des « idées qui ne sont pas crédibles » qu’elle a « dû reprendre dans son pacte présidentiel »
Comment accorder un crédit à une candidate qui fait de tels aveux ?
Enfin, faut-il rappeler, la douloureuse de un milliard d’euros que l’Etat (c'est-à-dire nos impôts) devra débourser à la société « Ecomouv » en dédommagement de l’arrêt de l’écotaxe décidé par Ségolène Royal !
Chacun peut ainsi mesurer le fossé béant se situant entre le fameux esprit du 11 janvier et les résultats de ce sondage.
Certes, il ne s’agit que d’un sondage mais, hélas, il a été confirmé les 22 et 29 mars avec la nouvelle poussée du Front National.
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’objet n’est pas de sombrer dans le « déclinisme » mais, au contraire, de déjouer la permanence des opérations de « chloroformage » du peuple pour l’empêcher de réagir.
Depuis quelques jours, le pouvoir nous rebat les oreilles d’une croissance en progrès .... mais de 0,6 % sur un trimestre !!!
Hélas, sans créations d’emplois, et pour cause.
Depuis plusieurs années, nous sommes entrés dans un système où lesdits « plans sociaux » sont une source de plus-values au bénéfice des actionnaires.
L’objectif social n’est plus celui de la croissance qui en a fini avec ses années de gloire.
Le monde occidental dont l’Europe, et donc la France, n’a plus le monopole de la production des biens de consommation. La Chine, l’Inde, le Brésil se sont invités au « festin »
Au travers des BRICS (Brésil – Russie – Inde –Chine – Afrique du Sud) ces pays organisent leur propre fonds monétaire international, leur propre banque mondiale etc... !!! en concurrence avec ceux existants, dominés par les USA.
Ainsi, la planche de salut du monde ouvrier passe par l’accentuation du combat pour une véritable répartition des richesses produites.
Preuve supplémentaire s’il le fallait, que « l’esprit du 11 janvier » est une manipulation politique : la demande de l’UMP de faire de cette date une journée de commémoration.
Ne confondons pas commémoration pompeuse et hommage aux personnes victimes du terrorisme.
Mais, il faudrait commémorer quoi ?
Le droit au blasphème ? Doutons-en. Ce ne serait pas le moindre des paradoxes pour un parti dont le leader déclara en 2008 : « jamais l’instituteur ne sera au niveau du curé, du rabbin, et de l’imam »
Alors, misère intellectuelle, misère politique et misère sociale
sont bien le triptyque de la dangereuse situation d’aujourd’hui.
