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Les régionales et la droite !



 
Dans l’Eure, les écuries électorales de droite organisent depuis quelques mois leur stratégie en couplant les départementales (ex-cantonales) et les régionales des 6 et 13 décembre 2015.
Pour ce faire, le binôme Le Maire – Morin  avait rendu public, fin 2014, le schéma suivant :
-          à l’UMP le département avec le Maire de Vernon, candidat à la présidence
-          le destin de la région dans les mains du Nouveau Centre Hervé Morin.
Alors Morin candidat de la droite aux régionales, peut-être, élu ce n’est pas certain, mais si oui, pour combien de temps  et surtout pour quoi faire ?
S’agissant de la candidature, si l’on en croit des ténors de l’UMP, rien n’est certain, la candidature d’Hervé Morin resterait cantonnée au sud de la Seine. En clair, dans l’Eure.
La députée UMP de Seine-Maritime, Françoise Guégot, ne fait pas mystère de sa volonté de présider la future Normandie.
L’ancien Maire du Havre, Antoine Rufenacht n’est pas des plus enthousiastes à l’idée de soutenir l’ancien Ministre de la Défense. Mais son ami Sarkozy ayant pactisé avec le Député de l’Eure, Rufenacht se fait conciliant.
Quant à l’actuel Maire du Havre, Edouard Philippe, il a déclaré sur RMC le 9 février dernier « Dans notre pays, la droite ne gagne jamais sans le Centre. On peut le déplorer, mais c’est un fait »
En terme imagé, cela s’appelle « le baiser de Judas »
Il est vrai que le leader eurois de la droite centriste n’est pas toujours facile à comprendre.
L’opportunisme est son principal carburant politique.
En mai 2007, au moment de rejoindre l’équipe gouvernementale de Sarkozy, Morin n’avait pas hésité à garnir sa carte de visite en déclarant qu’il avait deux modèles, de Gaulle et Mendès France.
Il oubliait simplement que ces deux hommes d’Etat étaient opposés au fédéralisme européen, que lui soutient mordicus.
Pierre Mendès France avait voté contre le Traité de Rome en janvier 1957 à la Chambre des Députés.
On sait aussi comment Morin a déchiqueté l’UDF en 2007 en rejoignant Sarkozy contre l’avis d’un nombre important de centristes.
Autre fait d’arme de cet opportuniste.
Dans sa lamentable campagne présidentielle de 2012, il n’hésita pas à déclarer « avoir vu débarquer les alliés en 1944, sur le sol de la Normandie »
Hélas, Morin est né en 1961 ! Comment a-t-il pu faire pour voir débarquer les alliés, 15 ans avant sa naissance !
Sa ligne politique n’est pas davantage rassurante.
Le Député de la 3ième circonscription de l’Eure se veut être un homme politique d’avenir avec des propositions nouvelles.
Là aussi, il patauge en pleine contradiction.
Son tropisme pour la région Normandie et l’histoire de cette province est consternant.
Après avoir présenté ses vœux pour 2011 dans sa cuisine familiale, la cérémonie 2015 a été réalisée devant la Presse, à Fatouville-Grestain, commune ou fut enterrée la mère de Guillaume le Conquérant.
Car oui, Hervé Morin est admiratif de Guillaume, dit le Bâtard, né en 1035, mort en 1087.
Curieuse admiration pour quelqu’un qui se veut moderniste.
En effet, cette période trouble et guerrière est-elle ce que promet le Député Morin aux Normandes et aux Normands ?
A-t-il oublié que dans cette période du Moyen Age, l’intrigue et la malfaisance étaient le carburant des seigneurs ? La toute puissance de la Normandie fut acquise au prix du sang des gueux. 
Enrôlés dans des batailles d’où la plupart du temps ils ne revenaient pas, ils servaient exclusivement les intérêts des seigneuries.
C’est par la pratique guerrière que Guillaume le Conquérant accéda à la couronne d’Angleterre.
A l’exemple du Duc de Normandie faisant trembler le Roi de France, le Député Morin, par hypothèse devenu Président de la Région Normandie, ambitionne t’il de faire trembler l’hôte de l’Elysée ?
Par ailleurs, aurait-il l’intention, comme le fit Guillaume, de pactiser avec le Vatican, c'est-à-dire de faire rentrer la religion dans la gestion de la nouvelle région ?
Il est vrai que le travail est déjà bien avancé.
Au mépris des valeurs de laïcité, le Député Morin n’hésite pas à arroser les confréries de charité à l’aide de la réserve parlementaire.
Abordons maintenant l’accès au fauteuil présidentiel de la Région.
Il ne suffit pas de se déclarer « pro-normandie » pour faire preuve de crédibilité.
On ne peut pas dire que le Président du Nouveau Centre se soit beaucoup dépensé au profit de l’intérêt régional.
On peut même parler de mépris pour l’institution régionale.
Au cours de la mandature 2004/2010, sa faible présence (5 séances) sur les bancs du Conseil Régional a souvent été raillée par l’exécutif socialiste.
De nouveau candidat, troisième sur la liste UMP/NC, aux scrutins des 14 et 21 mars 2010, élu, il refusa de siéger dès la séance d’ouverture en déclarant à la presse « c’est au-delà de mes forces »
Quel mépris à l’encontre des électeurs qui venaient de lui faire confiance !
Depuis Morin a disparu des radars régionaux.
Comment croire en la sincérité de cet homme politique à la tête de la Région d’autant qu’il a récemment déclaré (Février 2015) être pour le mandat unique, tout en s’étant abstenu comme parlementaire lors du vote sur le cumul des mandats ?
Elu Président de la Région, Hervé Morin devrait renoncer à son mandat de Maire d’Epaignes, de Président de la Communauté de Communes du Canton de Cormeilles et de Député !!!
Cela fait beaucoup de renoncement pour ce cumulard.
Examinons maintenant le type de gestion qu’Hervé Morin pourrait utiliser pour la Normandie.
S’il s’inspirait de la méthode qu’il a pratiquée comme Ministre pour construire le nouveau Ministère de la Défense à Balard, il engagerait pour les gros investissements régionaux le principe dit du partenariat public-privé.
Or, un rapport sénatorial rendu  public en juillet 2014 apporte de grandes réserves quant à cette pratique qualifiant celle-ci de bombe à retardement pour les futures générations.
Qualifiant « d’infantilisation » de la personne publique découlant de ces contrats, le rapport sénatorial indique que ces partenariats public/privé présentent « plusieurs effets néfastes, notamment pour les générations futures » et constituent « une bombe à retardement budgétaire, souvent ignorée par des arbitrages de court terme »
Le rapport poursuit en alertant sur un coût final qui peut évoluer, en précisant que cette formule a le défaut de « rigidifier la dépense publique » en imposant des loyers sur sa durée pouvant provoquer « un effet d’éviction sur les autres dépenses de fonctionnement, parfois pour des projets en maîtrise d’ouvrage publique »
Et d’insister « De même, le paiement différé est une facilité pour la personne publique qui peut la conduire à surestimer ses capacités d’investissement. De surcroît, au gré de l’exécution du contrat, le coût final du projet peut évoluer, malgré l’évaluation préalable »
Voilà donc les sujets qu’il faudra analyser au cours des huit mois qui nous séparent des scrutins de décembre.
Même si rien n’est parfait, tout est perfectible et avant d’examiner dans les semaines qui viennent les détails de la gestion régionale, on peut déjà constater les annotations positives attribuées récemment par la Chambre Régionale des Comptes concernant la collectivité régionale.
On peut relever « la situation financière favorable» …. « une excellente maîtrise de ses charges de fonctionnement, une épargne brute élevée et un très faible taux d’endettement »
A titre informatif, le taux moyen d’endettement de l’ensemble des régions est de 270 € par habitant et de 120 € pour la Haute-Normandie.
 
 
En huit mois, beaucoup de choses peuvent se produire.
Etablir aujourd’hui un bilan définitif est prématuré, mais s’il fallait se prononcer dans les jours prochains, il faudrait choisir entre une gestion rigoureuse et l’aventurisme politique.
 
 
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