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La doctrine sociale collabo de la Confédération Européenne des Syndicats



 
S
i vous demandez à un salarié lambda s’il connaît la Confédération Européenne des Syndicats, il y a fort à parier qu’il vous répondra par la négative.
Si vous posez la même question à un syndicaliste d’entreprise, peut-être vous répondra t’il positivement, mais si vous lui demandez s’il connaît un acquis social arraché par la CES, il sera bien embarrassé.
Et pour cause.
A l’origine, c’est la Confédération Internationale des Syndicats Libres, créée en 1949, qui mit en place une entité européenne en 1952.
En 1969 est créée la Confédération Européenne des Syndicats Libres.
En 1973, elle devient l’actuelle Confédération Européenne des Syndicats, après l’intégration des syndicats d’obédience chrétienne.
La perte du qualificatif Libres n’est pas bénigne pour l’évolution du syndicalisme en Europe.
Progressivement, elle perd son indépendance pour se lier à l’organe politique qu’est la commission européenne, mais aussi à l’organisation patronale.
De fait, la CES n’est plus un syndicat, mais un partenaire social !!! La CES est devenue une technostructure au service de la construction européenne.
La preuve :
-          Ses responsables sont élus (es) par qui ?
-          Les revendications (au cas où il y en aurait) sont définies par qui ?
-          Les syndicats d’entreprises interviennent-ils sur cette structure, si oui, quand et comment ?
La réponse est simple et sidérante.
Dans la majeure partie des organisations syndicales françaises, les syndicats d’entreprises n’ont pas voie au chapitre sur l’organisation européenne.
Connaissent-ils seulement le nom de la Secrétaire Générale, élue en mai 2011, Bernadette Ségol ?
Ont-ils seulement connaissance des principales activités de la Secrétaire Générale ?
L
’absurde et dangereuse politique européenne en matière économique conduit à des drames humains, dont les jeunes sont les premières victimes.
Le chômage des jeunes au sein de l’Union Européenne est de 23,4 % et de 23,9 % dans la zone euro.
Dans plusieurs pays, il est à un niveau totalement surréaliste : Grèce : 62,5 % - Espagne : 56,4 % - Croatie : 55,6 % - Portugal : 41 % - Italie : 39,1 % - Chypre : 37,8 % - Slovaquie : 36,1 % - France : 25,7 %.
Ces chiffres, probablement annonciateurs de convulsions sociales, ont conduit les technocrates de Bruxelles à s’emparer du sujet pour éviter l’hémorragie.
Le sommet européen des 27 et 28 juin dernier a été le théâtre de gesticulations qualifiables de provocatrices et de contre nature.
La Secrétaire Générale de la CES était, avec Emma Marcegaglia, la patronne de Business Europe - le patronat européen - invitée au sommet européen.
Imaginons, par exemple, qu’en France, Pierre Gattaz, Président du MEDEF et Laurent Berger, Secrétaire Général de la CFDT, participent au Conseil des Ministres !!!
Mais qu’ont fait ces désormais partenaires sociaux présents à ce sommet ?
Pour montrer qu’elle était venue de son plein gré, Bernadette Ségol remercia « de l’honneur et du signe de reconnaissance » d’être invitée au Conseil Européen. Elle précisa que la CES avait adopté, le 11 juin, des propositions communes avec Business Europe contenues dans un programme pour l’emploi des jeunes.
Parmi les nombreuses compromissions, citons :
-          Un marché du travail plus flexible,
-          L’apprentissage en entreprise,
-          L’entreprenariat au sein de l’enseignement public
-          Etc… etc…
Pour couronner le tout, le conseil européen voulu se montrer généreux en accordant 8 milliards d’euros destinés à encourager « la mobilité » des jeunes et à favoriser l’alternance dans les entreprises.
La Secrétaire Générale de la CES poussa sa collaboration en ajoutant que le plan de relance de la commission allait « dans le bon sens »
Insatisfaite de ces « avancées » elle interrogea le Conseil « Que comptez-vous faire pour que le syndicat européen puisse, sans fléchir, continuer à défendre le projet européen ? »
Compromission quand tu nous tiens !!!
Incontestablement, Bernadette Ségol et la CES comptent bien continuer à s’investir pour instaurer une Europe fédérale.
Voilà pourquoi sa présence au côté de Emma Marcegaglia, la nouvelle patronne de Business Europe, remplaçant depuis 2012 le baron Sellières, n’était pas fortuite.
La connivence n’est pas sans risque pour les conditions de travail et de vie des travailleurs des 28 pays membres de l’Union Européenne.
Le 8 octobre 2011, Mme « Emma, la catholique », à l’époque présidente de la Confédindustria italienne (le MEDEF italien), Hans Peter Keitel, président du BDI (le MEDEF allemand) et Laurence Parisot adressaient un appel commun aux oligarques européens titré « Pour une Europe plus intégrée »
Ils y revendiquaient entre autres « une union politique et économique plus forte, en lançant sans délai une initiative pour un nouveau traité »
Pour justifier, selon eux, leurs objectifs, ils déclarèrent que :
Les débuts de « l’intégration économique européenne a permis à nos entreprises de renforcer leur compétitivité dans la mondialisation »
Les débuts de l’intégration européenne a « assuré aux citoyens l’élévation de leur niveau de vie et des emplois nouveaux »
Cet appel fut entendu des pontes européistes puisque sous l’impulsion politique de Merkel et Sarkozy, puis validé ensuite par Hollande, un pacte de stabilité et de croissance surmonté du mécanisme européen de stabilité fut mis en place en 2012.
La pratique lobbyiste du patronat n’est pas surprenante, mais ce qui est troublant,c’est l’alignement de la CES sur les positions de Business Europe.
Preuves à l’appui, la CES est bien la technostructure collaborationniste d’une économie libre et non faussée.
Pendant que sur le terrain, des millions de salariés subissent les affres de cette politique à tendance négrière, précarité de l’emploi et salaires de misère, la Confédération Européenne des Syndicats tripatouille avec le patronat et les européistes de Bruxelles.
Dans la galaxie économique et sociale de l’Union Européenne, la Confédération Européenne des Syndicats n’est pas un astre informe.
Elle est composée de 65 organisations dont les 5 confédérations syndicales françaises.
Pour ce qui nous concerne, que font les confédérations françaises ?
Les unes collaborent activement, nous les connaissons, leur ancrage en fait des collaborationnistes de classes, les autres semblent partisanes d’un quasi laisser-faire plus soucieuses de préserver leurs appareils respectifs.
 
 
Pour le présent, le peuple déçu, écoeuré, est dans une phase de désintérêt,
mais un jour viendra, il se rebiffera, parce qu’ainsi va la vie.
Celles et ceux qui auront accumulé un lourd passé de faillite de
leurs responsabilités ne pourront pas s’exonérer de leurs carences.
Ils devront rendre des comptes, ce n’est qu’ensuite qu’une reconstruction saine autour des valeurs de lutte de classes pourra intervenir.