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France Inter : Une radio sociale libérale et européiste



 
 
S
elon l’idée que se font nombre d’auditeurs, les trois principales radios sont politiquement classées ainsi : RTL et Europe 1 : à droite, France Inter : à gauche.
Pour les deux premières citées, le classement est juste, mais considérer que la radio de service public est de gauche n’est pas la réalité.
Il faudrait tout d’abord définir ce qu’est la gauche en France, certainement pas l’actuel exécutif.
Certes, Daniel Mermet, sur le créneau 15H-16H, anime une émission de gauche, voire à certains moments d’extrême gauche, mais dans le 7/9 de Patrick Cohen, l’édito éco de Dominique Seux, par ailleurs journaliste aux Echos, est d’un libéralisme totalement débridé, légèrement atténué, une fois par semaine, par Bernard Maris.
Pour la tranche 18H20-19H, l’arrivée de Frédéric Mitterrand n’incline pas la station à gauche.
Le créneau 7/9 animé par Patrick Cohen est clairement de tendance sociale libérale et européiste.
Bernard Guetta avec sa rubrique « géopolitique » distille des messages européistes en permanence.
Son parti pris journalistique en 2005 pour le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen ne laissait         aucun doute sur l’orientation de l’éditorialiste.
L’édito politique de Thomas Legrand à 7H43 et la réception de l’invité du jour par Patrick Cohen à 8H20 assurent la partie sociale libérale.
Le 6 septembre, l’édito de Thomas Legrand portait sur la violence à Marseille.
L’ambiance était pesante, d’autant que la veille, le quinzième mort de l’année n’était autre que le fils d’un dirigeant sportif marseillais nationalement connu.
Bien sûr, ce sujet méritait une expression radiophonique, mais pourquoi laisser croire que Marseille serait la seule ville de France, en proie à cette extrême violence ?
Les sociologues qui ont le souci de l’objectivité disent que toutes les villes, certes à des degrés différents, sont confrontées à cette situation.
Après avoir listé quelques tares phocéennes, comme le clientélisme politique, la corruption, Thomas Legrand commit quelques « oublis »
Tout d’abord, pourquoi passer sous silence la situation géopolitique de Marseille, c'est-à-dire son appartenance au bassin méditerranéen au même titre que Naples, la Sicile, entre autres ?
Il paraît pour le moins curieux que le taux de chômage, et en particulier celui des jeunes, n’ait pas été évoqué. Et pourtant, c’est bien le sous emploi et donc l’absence de moyens matériels de vivre décemment qui pousse certains jeunes à sombrer dans l’économie parallèle, drogue, armes, bijoux …..
Mais Thomas Legrand avait un message social libéral à faire passer, d’où certainement cette amnésie.
D’abord, qui peut ignorer que les élections municipales attisent les convoitises ? Marseille est devenue un enjeu national.
Le Maire UMP actuel est dans le viseur et la mieux placée actuellement pour le remplacer siège au gouvernement.
Le catalyseur de la campagne phocéenne a, pour nom, METROPOLE.
La classe politique marseillaise se déchire sur ce dossier.
Il est assez curieux de constater que c’est la droite qui, par la loi du 16 décembre 2011, a initié le principe des METROPOLES et qu’aujourd’hui elle s’oppose à ce énième niveau politique et administratif.
Il s’agit, en fait, d’agglomérer autour des grandes villes, la première et la deuxième couronne, et de regrouper les compétences actuellement dévolues aux villes, aux départements et aux régions.
Ces entités deviendraient de plus en plus autonomes vis-à-vis de l’Etat, privilégiant ainsi les relations avec la commission de Bruxelles notamment pour les crédits au développement.
Alors, Thomas Legrand s’inscrit dans ce schéma considérant que c’est la solution pour éradiquer la violence à Marseille.
Il faut donc désarticuler la République. Ce serait le prix à payer !!!
L’éditorialiste devrait lever le nez pour voir ce qui se passe au dessus de son écran d’ordinateur.
A quelques miles nautiques du vieux port, on trouve la Corse qui, au sein de la République, dispose d’un statut particulier.
Et çà change quoi ?
Calculette à la main, les victimes par mort violente : leaders de bandes, avocat, président de CCI, agent immobilier, sont plus nombreuses en Corse qu’à Marseille.
Le problème est, avant tout, économique et social et la politique européenne n’est pas pour rien dans cette affaire.
La concurrence libre et non faussée détruit notre tissu social et les accords de Schengen permettent tous les trafics. Avec les vols de gros matériels agricoles, nous atteignons les sommets. De grosses semi-remorques, porte-engins, transfèrent vers l’Europe de l’Est ces gros matériels volés en France.
Si les frontières n’étaient pas aussi perméables « ces marchés mafieux» n’existeraient pas.
Au fil des siècles, des frontières n’ont pas été établies  pour ennuyer les populations mais pour les protéger et pour combattre les trafics en tous genres.
Mais dans le 7/9, le propos de Thomas Legrand ne tombe pas comme un cheveu dans la soupe.
Les METROPLES s’inscrivent dans l’installation d’une Europe fédérale où les Etats disparaîtraient.
L’exemple nous vient de Lyon. Avec la création de la METROPOLE DU GRAND LYON, le département du Rhône va être réduit à une peau de chagrin. Sa disparition est possible.
Ainsi, notre République issue de la révolution de 1789, reposant sur l’architecture départementale, est très, très menacée.
Mais apparemment ni Thomas Legrand, ni Patrick Cohen, n’en sont troublés.
La ligne éditoriale du 7/9 apparaît clairement.
Elle fut d’ailleurs confortée par Patrick Cohen, le 10 septembre.
Recevant le Secrétaire Général de FO, au matin de la journée d’action sur les retraites, le journaliste de France Inter en profita pour interroger le leader syndical sur la position de FO Marseille rejetant le projet de METROPOLE.
Il considérait qu’il y avait entrave à l’indépendance syndicale et connivence avec la majorité municipale de Marseille sur ce dossier.
Patrick Cohen, à qui on ne peut reprocher l’impréparation de ses interviews, faisait comme si il ignorait que la défense des intérêts des salariés va de pair avec la défense des valeurs républicaines, de liberté, d’égalité, de fraternité et de laïcité.
Etre partisan, c’est se prononcer pour un candidat, défendre un cadre de valeurs c’est privilégier un type de société.
Autre signe de complaisance avec la majorité actuelle, l’affaire syrienne.
Recevant sur la 5, Bernard Kouchner, la connivence avec l’ancien Ministre sur la nécessité d’effectuer des frappes punitives était flagrante. Il a d’ailleurs récidivé le lendemain matin dans le 7/9 en s’opposant aux positions de l’ambassadeur de Russie en France.
Autre marque d’intérêt pour l’actuel exécutif.
Le 18 septembre, Patrick Cohen recevait le premier président de la Cour des Comptes.
Au milieu de l’interview, le patron du 7/9 aborda timidement la question de l’évasion des capitaux vers les paradis fiscaux. Mais comme pour ne pas gêner son interlocuteur, qui fut longtemps parlementaire socialiste, il ponctua son timide propos d’une insuffisance de précision pour évaluer le montant.
Plutôt gonflé, « le Pat Co » !
Plusieurs sources, ONG, enquêteur grand reporter, syndicats, évaluent la fraude fiscale entre 60 et 80 milliards d’euros, sans que ces chiffres ne soient contestés ni par Bercy, ni par la Cour des Comptes.
Quant à l’évasion des capitaux, elle est évaluée à 600 milliards d’euros annuellement.
Des rapports de la Banque de France confirment ces évasions.
Alors déclarer que la fuite des capitaux est difficile à évaluer est une preuve de complicité sans appel avec l’exécutif.
 
 
Bien évidemment, le 7/9 a le droit de choisir une ligne éditoriale sociale libérale, mais les auditeurs ne doivent pas être dupes.