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Jean-Louis Destans devrait penser à préparer ses cartons, au cas où ...



 
A
u cours d’une récente séance plénière du Conseil Général où fut débattue la nouvelle carte cantonale, répondant à l’opposition qui l’accusait d’être l’artisan du découpage politicien, le Président, drapé dans son arrogance coutumière, exhortait ses opposants à plus de courage pour reconquérir une majorité.
Il n’est pas certain qu’Eure-Avenir ait fait preuve, au cours de ces derniers mois, d’un grand courage politique, mais les 23 et 30 mars, la droite et le centre ont engrangé quelques dividendes électoraux qui pourraient compter dans un avenir proche.
Tout d’abord, en septembre prochain, les élections sénatoriales pourraient aboutir à une nouvelle majorité au Palais du Luxembourg, composée d’élus (es) de droite et du centre.
Puis au printemps 2015, les cantonales et les régionales pourraient occasionner une mortelle rechute pour les socialistes.
Entre les deux tours des récentes municipales, le Président Destans ne s’y est pas trompé.
Il a, selon la presse locale, enfilé le costume de « facilitateur » pour tenter de recoller la vaisselle cassée avant le premier tour, entre le PS, le PRG et le PC.
Mais l’action « Monsieur bons offices » du Président Destans était-elle si désintéressée que cela ?
Parmi les nombreux points chauds, deux d’entre eux opposaient des membres de la majorité départementale, l’un à Evreux, l’autre à Gisors.
Au soir du 1er tour, le Maire sortant communiste, de Gisors, mais aussi Conseiller Général, en guerre ouverte avec le PS local, depuis plusieurs années, se trouvait en ballotage plutôt favorable.
Le Maire sortant d’Evreux, PRG, lui aussi Conseiller Général, se trouvait également en mauvaise posture et en conflit ouvert avec le PC local.
La majorité (PS – PC – PRG – DVG) du Conseil Général n’étant que de 5 sièges, il y avait urgence pour le Président Destans à entrer dans l’arène.
D’autant que pour Evreux se profilait, en plus, l’avenir politique de l’agglomération dite du « Grand Evreux »
Il fallait donc faire comprendre à la section locale du PS de Gisors l’impérieuse nécessité d’apporter son soutien au Maire sortant communiste et en échange convaincre le PC d’Evreux de rejoindre le Maire sortant, radical.
Mais tout ceci n’était que cuisine politicienne, sans fond de sauce.
Difficile de convaincre l’électorat que des équipes, qui s’invectivent pendant plusieurs mois, peuvent se rabibocher et échafauder en quelques heures, sur un coin de table, un programme politique crédible.
Et ce qui devait arriver, arriva. Les Maires d’Evreux et de Gisors furent priés de regagner leurs pénates.
Mais ces vestes électorales ne sont pas isolées.
Dans l’Eure, le raz de marée de la droite et du centre laisse supposer des changements importants dans un futur proche, dès le printemps 2015.
Il est fort probable que, dans quelques jours, les trois agglomérations Grand-Evreux, Seine-Eure et Portes de l’Eure vont élire des Présidents issus de la droite et du centre.
Jusqu’ici, seule l’agglomération des Portes de l’Eure (Vernon/Pacy) était dirigée par la droite.
S’agissant des futures élections cantonales qu’il faudra appeler « départementales » quand l’électorat découvrira l’ineptie du scrutin binominal à deux tours sur des cantons regroupés, la plupart du temps sans respect des bassins de vie, on peut aisément imaginer sa réaction dans ce climat de méfiance politique.
On ne peut pas dire, qu’actuellement, les vents politiques gonflent les voiles socialistes.
 
Sans vouloir faire une analyse exhaustive des résultats issus des 23 et 30 mars, citons quelques points significatifs.
Au sein de l’agglo « Seine-Eure », le Maire sortant de la principale ville, mais aussi Conseiller Régional, sollicitant un troisième mandat, est battu ! Deux Conseillères Générales postulant à un mandat de Maire sont battues !
Au sud du département, les victoires socialistes sont maigres. Si Verneuil retrouve un Maire socialiste, à Rugles, le Conseiller Général issu de la majorité départementale postulait pour la 3ième fois au poste de 1er magistrat. Il chute de nouveau face au Maire sortant, UDI.
A l’ouest du département, la situation pour la majorité départementale n’est pas meilleure.
A Brionne, ville stratégique pour le Président Destans, au regard des prochaines cantonales, la section socialiste locale s’est cassée les dents sur le Maire sortant communiste.
Cela ne met pas l’actuel Président du département dans les meilleures conditions puisque la ville principale du nouveau canton n° 7 qu’il convoite n’est pas tombée dans l’escarcelle socialiste !
Voilà pourquoi, même si la partie n’est pas jouée, il reste douze mois d’incertitude d’ici le printemps 2015, elle est néanmoins mal engagée pour l’actuelle majorité départementale.
Et ce ne sont pas les récents propos du Député François Loncle qui vont aider au sursaut.
Quelques heures après la désignation de Manuel Valls au poste de Premier ministre par le Président de la République, voilà ce que le parlementaire déclarait : « … Quant à certaines critiques adressées au Chef de l’Etat et au nouveau Premier ministre par une partie, nettement minoritaire, de la gauche, elles n’apparaissent pas seulement inappropriées, mais totalement ineptes et ringardes »
Le Député Loncle n’a rien compris à la situation.
Qu’il veuille régler des comptes avec des professionnels de la politique, c’est son affaire, mais il oublie le signal fort envoyé par le peuple les 23 et 30 mars.
Alors, qualifier d’ineptes et de ringards les millions d’électeurs, profondément déçus, qui ne sont pas allés aux urnes ou qui inhabituellement n’ont pas voté socialiste, relève d’un profond mépris à l’égard du peuple.
Hélas le fossé se creuse entre le monde surréaliste des professionnels de la politique et la vie réelle du peuple, faite d’incertitude, d’inquiétude et d’angoisse.
 
Si le Président Destans veut montrer qu’il a bien entendu la voix du peuple, il ne peut pas se contenter de signer une tribune avec quelques dizaines de parlementaires socialistes, il doit prendre des mesures concrètes dans l’intérêt général comme par exemple stopper son projet de fermeture du collège de Broglie et lancer un programme de rénovation ou de reconstruction de cet établissement.