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Lettre ouverte à Jean-Louis Destans



Lettre ouverte à Jean-Louis Destans,
Député socialiste, Président du Conseil Général de l’Eure
                                                                                                
                                                                                                             Le 17 avril 2014
 
M le Député, M le Président,
  
Le résultat des dernières élections municipales n’a pas été une surprise, sauf pour celles et ceux qui refusent aveuglément de regarder en face l’angoisse sociale qui affecte de plus en plus de citoyens.
Contrairement à ce qu’affirme la droite, le centre compris, ce n’est pas elle qui a gagné, mais c’est la politique que vous soutenez depuis près de deux ans qui a été sévèrement sanctionnée.
Ici, c’est un fort taux d’abstention qui a été enregistré, là, c’est le Front National qui a encore progressé.
Faut-il s’étonner de ces résultats ?
Au cours des 18 derniers mois, les Françaises et les Français n’ont pas vu de différence, ou si peu, entre la politique menée par Nicolas Sarkozy et celle conduite par François Hollande.
Cette confusion risque de s’amplifier avec la récente nomination d’un ex-Ministre de Sarkozy au Cabinet de François Hollande.
Il faut prendre conscience que ces résultats électoraux sont bien plus qu’un simple coup de semonce pour votre majorité.
Il est indiscutable que si un vrai coup de barre à gauche, pour reprendre une formule populaire, n’est pas donné, les défaites pour votre camp vont s’enchaîner.
Vous aurez, à votre tour, contribué à déstabiliser le reste de la population qui, par conviction ou tradition, faisait encore confiance à votre parti avant que celui-ci n’embrasse clairement la mondialisation financière.
Pour les sénatoriales de septembre prochain, il est fort probable que l’actuelle majorité issue du scrutin de 2011 soit d’une éphémère durée.
Quoi qu’il en soit, les dés sont jetés.
Il est légitime de s’interroger si le Président de la République et le nouveau Premier ministre ont bien compris l’angoisse des Françaises et des Français, exprimée les 23 et 30 mars.
Il suffit de constater la cacophonie émanant de votre camp concernant la volonté de supprimer les départements et de regrouper des régions.
Pour faire preuve de constance idéologique, il vous appartient de ressortir votre banderole de soutien aux départements qui ornait le fronton du Conseil Général à l’époque où Sarkozy les menaçait.
Quant à l’allègement et à la suppression de cotisations patronales et salariales, vous devriez expliquer aux salariés, qu’à terme, cela se traduira par une diminution voire une suppression de prestations sociales et par ricochet par un renforcement du secteur marchand sur le secteur de la solidarité républicaine.
Curieusement la tactique de la diminution des cotisations salariales pour donner l’illusion d’un supplément de pouvoir d’achat figurait dans le programme présidentiel de l’UMP, mais aussi du FN.
N’est-il pas étrange, M le Député, M le Président, que le cancer de nos systèmes, économique et financier, c'est-à-dire la fuite des capitaux dans les paradis fiscaux, ne soit pas au cœur de l’action du Premier ministre et de la majorité qui le soutient ?
Selon les études de plusieurs ONG, non démenties par les autorités officielles, c’est environ 600 milliards d’€ qui, annuellement, échappent à l’économie nationale dont 60 à 80 milliards d’€ de fiscalité !!!
De quoi régler la dette supposée, n’est-ce-pas ?
Au lieu de ponctionner encore les maigres revenus du peuple qui n’en peut plus, ne serait-il pas plus logique de la part d’un gouvernement, qui se qualifie de gauche, de mettre fin à cette orgie financière ?
A moins qu’à l’image de ce qui se passe en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie, mais aussi en Allemagne, l’objectif des gouvernements français, ceux d’hier comme celui d’aujourd’hui, soit de réduire les droits sociaux, sous couvert de réformes structurelles exigées par le dogme européiste ?
M le Député, si votre approbation au discours d’investiture du Premier ministre prononcé le 8 avril ne peut être jugée, il n’en sera pas de même pour le collectif budgétaire et de la série de lois qui devraient découler de la volonté du Premier ministre exprimée à la tribune de l’Assemblée Nationale.
L’appel signé par plusieurs dizaines de  Parlementaires socialistes  ne suffira pas à rassurer les déçus des 23 et 30 mars derniers.
Ce qu’il faut, M le Député, M le Président du Conseil Général, ce sont des actes concrets, au profit de l’intérêt général, comme par exemple le maintien du collège de Broglie.
« Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons » disait Victor Hugo.
En l’occurrence, il ne suffit que de maintenir ouvert un collège existant.
Recevez, M le Député, M le Président du Conseil Général, mes meilleures salutations républicaines.
 
Jean-Louis ERNIS
Animateur du site DPVRS