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lors que les technocrates de Bruxelles s’évertuent à entraver l’activité des filières courtes des petits producteurs et des petits éleveurs avec des normes absurdes, démesurées et coûteuses, des trafics de grande ampleur s’organisent en toute tranquillité et en toute légalité européenne.
L’affaire des plats « cuisinés » contenant du cheval alors qu’ils étaient estampillés « pur bœuf » révèlent l’absurdité des circuits utilisés par l’agroalimentaire.
L’affaire n’a pas été dévoilée pour dénoncer ces circuits commerciaux, mais parce que le Royaume-Uni vénère le cheval. Les sujets de sa gracieuse majesté ont subi un viol de leur ancestrale pratique alimentaire.
Il n’est pas certain que si ces plats « cuisinés » avaient contenu du mouton, de l’autruche, du bison ou toute autre viande, moins coûteuse que le bœuf, l’affaire aurait pris cette ampleur.
On peut en douter à l’écoute de lobbyistes de l’agroalimentaire.
Tout auréolé de sa récente victoire électorale de représentativité du monde agricole, le premier d’entre eux ose faire une corrélation entre la sortie de cette affaire et l’ouverture imminente du salon de l’agriculture.
Rendez-vous compte, on pourrait croire qu’on en veut au monde agricole !!! Parole de gros céréalier, qui par ailleurs avec ses amis, refusent de partager les aides européennes quand leurs collègues éleveurs doivent affronter des coûts exorbitants d’aliments pour bétail.
Et pourtant cette affaire révèle ce que certains n’hésitent pas à qualifier de « mafia »
Le circuit, bien que nébuleux, semble être le suivant.
Des abattoirs roumains livrent des carcasses et de la viande désossée de chevaux et de bœufs à un grossiste du sud-ouest de la France.
La marchandise brute parcourt ainsi 2400 kms environ.
La provenance des animaux ne semble pas connue puisque le marché est organisé par des traders chypriotes qui, apparemment, sous-traitent à des traders néerlandais !
Puis le grossiste du sud-ouest fournit la viande qu’il a lui-même transformée, à des confectionneurs de l’Est de la France, dont l’un à une filiale au Luxembourg.
La marchandise transformée repart pour un voyage d’un millier de kilomètres.
Enfin ces plats « cuisinés » sont commercialisés en super et hypermarché sur l’ensemble de l’Europe. Et de nouveau, des centaines de kilomètres sont parcourus.
Mais là ne serait pas le seul problème.
En parallèle de l’identification frelatée de l’origine animale, la qualité de la viande utilisée serait également problématique.
Les bas, bas, voire très bas morceaux seraient utilisés.
Alors, face à l’impensable, les autorités s’émeuvent.
La commission de Bruxelles s’ébroue, mais juste ce qu’il faut, il n’est pas question de casser la poule aux œufs d’or.
Alors c’est l’Etat français qui montre ses muscles (sans jeu de mot bien évidemment) Une enquête est diligentée tambour battant et on trouve le coupable : l’entreprise de transformation.
Vrai ou faux coupable, je n’en sais rien.
Le moment venu, il faudra mettre en parallèle le « bénéfice » réalisé par cette fraude et la sanction pécuniaire, si elle a lieu et quand.
Par contre, les victimes immédiates sont les 360 salariés de l’entreprise de transformation.
Pour eux, le changement, c’est maintenant.
Mais les vrais responsables, ceux qui entrouvrent la porte à la pratique de telles magouilles restent tranquillement assis dans leur fauteuil et pire encore édictent de nouveaux règlements aussi absurdes que l’affaire des plats « cuisinés »
En effet, la commission de Bruxelles vient d’autoriser (après une interdiction due à l’affaire dite de la vache folle) le retour des farines animales (porc – volaille) pour nourrir les poissons d’élevage.
Le justificatif de cette autorisation laisse à réfléchir : extrait « Elle (l’autorisation) est conforme aux avis scientifiques les plus récents selon lesquels le risque de transmission d’ESB entre animaux non-ruminants est négligeable pour autant qu’il n’y a pas de recyclage entre les espèces (cannibalisme) »
D’ailleurs, il faut relever une curiosité politique dans cette affaire.
On aurait pu penser que les premiers résultats de l’enquête fussent annoncés par le Ministre de l’Agriculture ou par le Ministre de l’agroalimentaire, dans ce cas c’est le système européen de la filière qui aurait été clairement visé.
Alors, pour rassurer les trusts de l’agroalimentaire, le gouvernement a envoyé au charbon le Ministre de la consommation.
Le message est on ne peut plus clair.
► La libre circulation des marchandises et des capitaux est nullement menacée
► Le trading, c'est-à-dire la spéculation sur l’alimentation humaine peut continuer en toute tranquillité
► Quant aux contrôles sanitaires exercés par les pouvoirs publics dans les abattoirs et les usines de transformation, ce secteur n’ayant pas été retenu prioritaire par le gouvernement Ayrault, il devra, lui aussi, rendre des emplois publics, exposant encore davantage les consommateurs.
La réponse à apporter est simple :
- privilégier les filières courtes, les AMAP par exemple, (qui ne sont pas plus chères)
- et ne pas craindre de cuisiner chez soi.