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e sommet européen du 7 février avait pour mission de voter le « budget » de l’Union pour la période 2014-2020.
Il faut se rappeler que le dernier sommet du 13 décembre n’avait pas donné dans l’optimisme quant à la conclusion de ce « budget »
Mais pouvait-on imaginer que les chefs d’Etat et de Gouvernement et, plus précisément, ceux des pays leaders comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France étaient capables d’un tel niveau d’irresponsabilité ?
On peut se demander si une telle désinvolture pourra perdurer encore longtemps.
Un « budget » de rigueur pour sept années pleines, imposé à plus de 400 millions d’individus par trois chefs d’Etat et de Gouvernement et quelques technocrates sur 27 pays, est plutôt surréaliste.
Alors que le bon sens politique aurait voulu un effort d’investissement conséquent pour faire face aux défis de ce début de 21ième siècle - énergies renouvelables - économies d’énergies -transport ferroviaire - fret ferroviaire etc..., les partisans de l’orthodoxie financière ont décidé de diminuer le « budget » de 3 %, poussant le cynisme jusqu’à amputer la participation européenne aux plus démunis (l’aide de la dernière chance pour ceux dont le salaire, la pension ou les aides ne suffisent pas pour survivre)
Que risque t-il de se passer au cours des 7 prochaines années ?
Sans avoir la prétention de lire dans le marc de café, il y a fort à parier que la récession sera au rendez-vous.
Quelle en sera l’incidence ? :
- Pas ou peu d’investissements
- Contraction de l’activité,
- Explosion du chômage,
- Paupérisation des masses
En novembre dernier, selon Eurostat, le chômage au sein de la zone euro atteignait le chiffre record de 11,8 %
Près de 19 millions de personnes étaient au chômage dans la zone euro, soit une hausse de 113.000 par rapport à octobre.
Entre novembre 2011 et novembre 2012 2,015 millions de salariés ont perdu leur emploi.
Au niveau de l’Union (27 pays membres), le nombre de chômeurs atteint le chiffre faramineux de 26 millions.
Selon plusieurs économistes, le chiffre de 12 % dans la zone euro sera dépassé en 2013 !!!
S’il faut apporter la preuve que les politiques d’austérité produisent un chômage de masse, il suffit d’examiner la situation de quelques pays européens qui subissent le diktat de Bruxelles, du FMI et de la Banque Mondiale.
En Grèce, le taux de chômage est passé de 18,9% en novembre 2011 à 26% en novembre 2012 dont, pour la tranche des 18/25 ans, un taux surréaliste de 57,6%
En Espagne, 26,6% de la population active est sans emploi, dont 56,5% pour les jeunes.
Au Portugal, en novembre 2012, le taux de chômage atteignait 16,3 % soit plus 2,2 points en un an.
Faut-il rappeler que la dramatique explosion du chômage, notamment dans ces pays, est le résultat d’un compromis suicidaire, plan d’aide contre plan d’austérité, passé entre les dirigeants des pays concernés et la troïka composée de la commission de Bruxelles, du FMI et de la Banque Mondiale ?
Croire que la France est et sera épargnée de ce fléau serait, bien évidemment, une erreur, même si les chiffres enregistrés dans l’hexagone n’ont pas atteint les sommets grecs, espagnols et portugais ...
Alors où en sommes-nous ?
Le taux de chômage en France est de 10,3%. En métropole, pour la tranche des 15/24 ans le taux d’inactivité est de 24,2%.
Il faut évacuer l’idée que le chômage se serait ralenti en décembre dernier. En réalité, c’est l’augmentation du nombre de radiations (+ 25 %) soit 46.000, qui expliquent cette fausse stagnation du nombre de chômeurs.
En 2000, les plus de 55 ans représentaient 5 % de l’ensemble des chômeurs, fin 2011, le chiffre avait atteint 9,1 %. En 2012, sur cette tranche d’âge, le taux d’augmentation a fait un bond de 17 %.
Difficile de ne pas faire un lien avec le recul de l’âge de la retraite.
Sur le créneau du chômage de longue durée, il est de 385 jours pour les employés et de 422 jours pour les cadres.
De 2009 à 2012, le nombre de chômeurs de plus d’un an a doublé.
Pendant ce temps, les contrats à durée indéterminée ont chuté de 10,5 % en un an et les CDD de plus d’un mois sont tombés à 6,7 % fin 2012.
Et comme si cette hécatombe sociale ne suffisait pas, le Conseil Européen en rajoute une couche en amputant le « budget » pour les 7 années à venir.
Mais cette affaire révèle quelques paradoxes.
N’est-il pas curieux d’entendre les lobbyistes agricoles se satisfaire - car malgré cette rigueur européenne, la PAC s’en sort bien - quand de leur côté, les bénévoles des aides aux plus démunis crient leur angoisse à l’idée de constater qu’ils ne seront plus en mesure de satisfaire à toutes les demandes alimentaires.
Qu’en sera-t-il des menaces du parlement Européen de ne pas voter ce « budget » ? Des petits arrangements entre amis auront-ils raison des quelques parlementaires européens courroucés du PPE ?
D’ailleurs de quel pouvoir politique ce Parlement peut-il se prévaloir ?
Tout cela finira mal.