S'identifier - Contact

Archives par mois


Des corps intermédiaires un brin maso, à moins que ???



Au cours de l’émission de télévision consacrée à l’annonce de sa candidature, le Président Sarkozy présenta quelques éléments de fond de sa politique pour les cinq prochaines années, s’il était réélu.
Curieusement ces annonces pour le moins inquiétantes quant à la pérennité des fondements de notre République, n’ont produit que très peu de réactions, surtout venant des intéressés eux-mêmes.
D’entrée de jeu, le candidat/Président fit des élites et des corps intermédiaires des boucs émissaires. Il stigmatisa les syndicats qui, selon lui, pratiquent un immobilisme irresponsable.
Mais quelle mouche avait piqué le candidat, alors que ces dernières années, à l’occasion des vœux adressés à la Nation, le Président se félicitait de la responsabilité et de la sagesse des partenaires sociaux ? !!!
Au cours de cette émission, à plusieurs reprises, le candidat/Président distilla des propos qui auraient dû faire réagir.
« Je savais très bien que je m’attaquerais à des intérêts puissants, à des castes qui ne veulent rien lâcher et dont la violence des réactions donne la mesure de ce qu’elles ont peur de perdre » 
Le qualificatif utilisé de « castes » visait directement les organisations syndicales. Quelle honte !!!
Puis il poursuivait la charge par des déclarations aussi violentes à l’adresse des salariés que « l’une de mes plus grandes fiertés est de n’avoir jamais cédé à la pression de la rue »
La référence au dossier des retraites de septembre – octobre 2010 était une évidence.
Tout ça pour en arriver à la conclusion « s’il y a blocage, je me tournerai vers le peuple »
En clair, le candidat/Président menaçait de recourir, autant que nécessaire, à des référendums plébiscitaires, s’il était réélu.
  • Ces menaces sont à classer au rang de l’arsenal des régimes qui combattent les organisations ouvrières, sauf celles qui acceptent d’être dociles.
  • Ces menaces sont à classer au rang des régimes autoritaires, antichambres des régimes totalitaires.
  • Ces régimes qui font que le Président veut des rapports directs avec le peuple, nous rappellent des heures sombres de notre histoire notamment celles où le dirigeant d’un gouvernement fantoche voulait faire don de sa personne à la France.
Face à de tels propos, il n’y a que ceux qui tournent la tête pour ne pas voir la vérité en face et ainsi ignorer la dangereuse réalité.
Mais ces graves dérives ne sont malheureusement pas isolées.
Sur la voie d’une Europe liberticide
Au cours d’une session du parlement européen, en janvier 2011, Joseph Daul, Président UMP du groupe de la droite européenne, embrassait ostensiblement, sous les acclamations d’une majorité de parlementaires, le Premier Ministre hongrois Viktor Orban qui, dans son pays, venait de prendre des mesures constitutionnelles remettant en cause la qualité même de la République de Hongrie et plaçant les médias sous le boisseau en rendant illégal le secret des sources !!!
Seuls les députés de la gauche européenne (à ne pas confondre avec le PSE - parti socialiste européen), quelques élus d’E.E.L.V. et centriste isolé condamnèrent cet ignoble adoubement.
La ligne étant ainsi tracée et cette fois au plan européen, il fallut faire le triste constat qu’en France peu de réactions vinrent du milieu journalistique. Une levée de boucliers aurait dû intervenir, hélas, cette volonté de tenir la presse en laisse n’a, semble t’il, ému que peu de monde. Mais fallait-il s’étonner de l’attitude de la droite française ? La tendance bonapartiste de l’UMP est connue. Deux de ses cadres ont déclaré, ces dernières années, leur admiration pour le Prince-Président Napoléon III, Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée Nationale et Christian Estrosi, ancien Ministre de l’Industrie.
En son temps, Philippe Seguin avait fait le même aveu !
Ces nostalgiques du bonapartisme passent sous silence le crime commis par Louis-Napoléon Bonaparte qui, en organisant le coup d’état du 2 décembre 1851, décapita la 2ième République. Ils oublient également que le futur empereur n’hésita pas à réprimer dans le sang le soulèvement qui s’organisait. Des centaines de républicains, dont au moins un député, y laissèrent leur vie.
Face à ces dangers s’ajoutant à d’autres, la commission européenne, qui n’est pourtant pas un parangon de démocratie, finit par s’inquiéter.
Elle constitua « un groupe d’experts de haut niveau » chargé d’analyser les conditions d’exercice du pluralisme dans les médias en Europe.
Il rendit ses conclusions en janvier 2012, épinglant la Hongrie, l’Italie, mais aussi la France.
Les principaux griefs faits à notre pays furent la chasse aux secrets des sources des journalistes, la nomination des Présidents de chaînes de télévisions publiques par le Président de la République et la loi Hadopi.
Une France à la dérive
Ainsi, la France rejoint la cohorte des pays de l’Union Européenne qui, progressivement, se jouent des principes élémentaires de la démocratie et, pour nous, de la République. Dans plusieurs pays, des partis racistes et xénophobes assurent la majorité gouvernementale, sans que cela crée la moindre émotion chez nos dirigeants !
Parmi les multiples entorses à nos valeurs républicaines, comment oublier celles insultant notre laïcité au sens de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905 ?
Les discours du Latran, du C.R.I.F et de Riyad plaçant le curé, l’imam et le rabbin au-dessus de l’instituteur ne devraient pas être oubliés.
J’ai noté que Henri Pena-Ruiz, philosophe, auteur de plusieurs ouvrages sur la laïcité, ne les a pas oubliés. A sa manière, récemment, le philosophe Régis Debray a fait de même.
L’insulte aux valeurs républicaines ne s’arrête pas là. La stigmatisation des minorités fait partie de cette ignoble panoplie. Depuis plusieurs années, les Roms font l’objet d’une authentique chasse de la part de l’Etat. Les démembrements de camps sont largement médiatisés et il n’est pas oublié de préciser qu’il est offert à ces pauvres gens des aides pour le retour au pays.
Les populations arabes sont également ciblées. Dans cette affaire, le Ministère de l’Intérieur n’est pas en reste. Depuis quelques mois, comme pour stigmatiser de manière plus marquante, la religion a été substituée à l’ethnie. On ne parle plus d’arabe mais de musulmans d’où la formule abjecte « un individu d’apparence musulmane »
Une autre catégorie de personnes a fait l’objet de violentes critiques, les chômeurs. La formule « les gens qui se lèvent tôt » sous-entendu ceux qui travaillent, en opposition aux chômeurs qui eux se lèveraient tard, est une insulte aux personnes jetées au chômage, victimes de l’avidité des actionnaires.
Un Ministre a même osé déclarer que l’assistanat était le cancer de la société.
Cette pratique de la stigmatisation, de la haine, de l’exacerbation de l’opposition des uns envers les autres est antidémocratique, antirépublicaine, antisociale, antilaïque.
Nous ne sommes plus dans une République de la concorde mais dans une République intra-belliqueuse.
Le nœud gordien
Profitant d’une « crise » à laquelle ils ont largement contribué, les néolibéraux de l’Union Européenne poursuivent leur sordide objectif.
L’idée d’un nouveau traité dessaisissant les Etats de leurs pouvoirs économiques et donc sociaux pour les transférer aux technocrates de Bruxelles, en y ajoutant des règles suicidaires en matière d’équilibre budgétaire, confirme cette volonté de s’affranchir des valeurs élémentaires de la démocratie.
Des voix s’élèvent pour alerter sur les risques d’entrer dans une période post démocratique. Hélas, elles n’ont comme écho que celui du désert.
Ce énième traité fut écrit en quelques semaines pour être appliqué dès le 1er janvier 2013.
Au-delà d’un contenu liberticide, la question posée est donc celle de la légitimité démocratique de ce traité.
Pour éviter le rejet des peuples, les oligarques européens, dont font partie les dirigeants des Etats ont décidé que seuls les pays signataires bénéficieraient des prêts de la Banque Centrale Européenne.
L’unanimité des votes n’est plus obligatoire.
Il y a urgence à ouvrir les yeux
Ce bilan qui ne prétend pas à l’exhaustivité est le signe du réel danger d’un glissement du populisme (dans sa version péjorative) vers la remise en cause des libertés individuelles et collectives, en Europe et en France.
Tous les ingrédients, pour y parvenir, sont réunis.
Ne nous y trompons pas, nous ne sommes plus dans une période normale où constitutionnellement le peuple est invité à se prononcer sur le choix d’un programme politique dans le cadre d’une République sociale et laïque.
Incontestablement, nous sommes dans le vestibule d’une période de prise de pouvoir de l’oligarchie de la finance qui manipule trop d’hommes et de femmes politiques disposés à constitutionnaliser l’austérité. Ce qu’ils n’ont pas réussi à imposer aux peuples avec la « Stratégie de Lisbonne » ils tentent de l’obtenir par la mise en place à la hussarde d’un nouveau traité.
Les exemples de la Grèce, de l’Espagne, du Portugal, de l’Italie sont là pour nous le rappeler.
La mobilisation s’impose.
 
Il n’y a plus de place pour l’hésitation et l’hypocrisie
L’heure n’est plus à se cacher derrière je ne sais quelle indépendance, les corps intermédiaires doivent dépasser leurs petits intérêts personnels.
Cependant, la question n’est pas de leur demander de faire des choix individuels partisans, mais de prendre conscience du bilan et d’assumer en conséquence leurs responsabilités.
Le mouvement syndical doit se positionner. Soit il se considère comme un élément majeur du mouvement ouvrier et il agit comme tel, soit il se réfugie dans une posture de type ONG se limitant à panser les plaies ouvertes occasionnées par un néolibéralisme ne reculant devant aucun obstacle à la deshumanisation.
Aux armes, les corps intermédiaires
Si comme je l’ai lu, le nouveau traité signé le 2 mars dernier par le couple Sarkozy/Merkel est d’essence totalitaire (je le confirme, il l’est) la responsabilité n’est pas de déclarer que si un référendum était organisé, on appellerait à voter non.
Cette posture est une coupable hypocrisie, pour ne pas dire une lâcheté devant une possible agonie de notre démocratie républicaine, car si les sondages deviennent une réalité électorale au soir du 22 avril les chances d’un référendum sont archi nulles.
La responsabilité est donc d’entrer, dès maintenant, en campagne pour exiger un référendum.
D’ailleurs, je suis convaincu que le nœud gordien sur cette question devra être tranché entre le 22 avril et le 6 mai.
S’il ne l’était pas, alors les corps intermédiaires devraient l’imposer.
Un remake de 1936 n’est pas à exclure.
Mais attention, l’enjeu n’est pas d’introduire la notion de croissance dans ce traité, mais bien de consulter le peuple sur le dessaisissement ou non du Parlement français d’une prérogative nationale majeure, l’élaboration des budgets.