S'identifier - Contact

Archives par mois


Chevènement : de l'atout au boulet



A la versatilité politique bien connue du sénateur de Belfort, renforcée par la mégalomanie, il faut désormais ajouter la trahison des idées.
Si le ralliement de l’ex-candidat souverainiste à François Hollande n’a surpris personne, bien que les grandes lignes politiques des deux programmes soient opposées, notamment sur l’Europe, le « Che » pouvait se limiter au soutien minimal.
Mais avec Chevènement, il faut s’habituer aux changements brutaux de direction.
Au cours de ces derniers mois, ses propos sur le gouvernement de l’Allemagne fédérale et plus précisément sur les exigences de la chancelière, en matière européenne, étaient plutôt acerbes.
Le 19 février dernier, Jean-Pierre Chevènement déclarait sur TV5 et RFI « M Sarkozy a proposé un traité qui met la France à la merci des orientations de Mme Merkel »
On aurait pu penser qu’il rejoindrait ainsi ceux qui attendent les prochaines échéances électorales de l’automne prochain, pour voir disparaître la chancelière de la scène politique d’outre-Rhin.
Mais, la pensée de Chevènement sur ce point est plus qu’ambiguë et, pour tout dire, très inquiétante.
Le 10 avril, François Hollande tenait meeting à Besançon.
Jean-Pierre Chevènement joua les chauffeurs de salle. Il n’hésita pas à utiliser et même à abuser de la brosse à reluire, au point même de s’en rendre ridicule mais peut-être pas désintéressé !!!
Le possible organigramme d’un probable gouvernement socialiste aiguise les appétits et oblige à quelques contorsions.
Chevènement n’a pas hésité à risquer le tour de reins.
Après avoir égrené les passages des discours de Hollande qui l’agréent, comme celui du Bourget « la finance n’a pas de visage... »,oubliant que quelques jours après, le même Hollande s’est précipité à la City de Londres pour rassurer les marchés, poussant l’argument jusqu’à déclarer « en France, il n’y a plus de communistes », le « Che » a abordé les relations franco-allemandes sur l’Europe.
Le passage choc du discours est celui-ci :
« ....Même l’inflexible Mme Merkel peut être fléchie. Dans la meilleure hypothèse pour elle, elle se retrouvera en 2013 à la tête d’une grande coalition avec le SPD et les Verts. Or, ceux-ci ont sur le redressement de l’Europe des positions plus proches des nôtres.... »
Curieuse position pour un homme qui se déclare du courant socialiste, quand on sait qu’en Allemagne la décennie 2000 a été une véritable purge, contraction des salaires, baisse des prestations sociales, quasi blocage des investissements publics.
Le salaire minimum n’existe pas. Dans le domaine des services, tous les abus sont permis jusqu’à un taux horaire de 5 €.
Selon l’Institut du Travail de Duisbourg, l’Allemagne compte 6 millions et demi de travailleurs pauvres qui perçoivent moins de 10 € de l’heure. Douze millions de personnes seraient recensées sous le seuil de pauvreté.
Tout ceci fut mis en place au début des années 2000 par le tandem S.P.D./Verts dirigé par Schröder, puis par ladite grande coalition entre la C.D.U (droite) et le S.P.D. (sociaux-démocrates) dirigée par Mme Merkel.
Voilà ce qui ne semble pas rebuter Jean-Pierre Chevènement.
La question est de savoir si François Hollande partage ce point de vue ?
Quoiqu’il en soit, le choix de Jean-Pierre Chevènement est clair.
Plutôt que de faire alliance avec Die Linke (l’équivalent du Front de Gauche allemand) le S.P.D. - membre du parti socialiste européen - devrait, de nouveau, s’allier à la droite allemande, c'est-à-dire à Mme Merkel qui soutient, ne l’oublions pas, la candidature de Sarkozy. Mais aussi avec les Verts (dont pourtant Chevènement éprouve une détestation maladive à cause de l’électricité nucléaire) !!!
Voilà ce que Jean-Pierre Chevènement considère comme viable en Allemagne et acceptable pour faire évoluer le traité.
Et si pour lui, ce qui est possible en Allemagne devenait acceptable en France ?
Qu’en pense Hollande ?
De plus, le chauffeur de salle franc-comtois ne s’est pas limité à donner son point de vue sur l’évolution politique en Allemagne.
Il a cru bon de déclarer «... il (Hollande) n’est pas de ceux qui, pour remédier aux délocalisations industrielles, proposent la réunion d’une Assemblée Constituante... »
 
L’auteur de la formule controversée « les sauvageons » est en plein délire. Il apporte la preuve de son soutien à la Constitution de 1958 et donc à la monarchie républicaine qu’elle incarne.
Même si, désormais, Chevènement ne représente plus que l’ombre de lui-même, méfions-nous !
Et s’il était l’une des pointes avancées du candidat Hollande ?
C’est un élément supplémentaire à ne pas négliger le 22 avril, d’autant qu’au Portugal les parlementaires socialistes (membres du P.S.E.) viennent de s’associer à la droite pour voter le pacte budgétaire concocté par Merkel et Sarkozy.
 
Les citoyens libres doivent y réfléchir.