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Ca pourrait être pire



SEPTEMBRE 2011

Cette réflexion entendue au lendemain de l’annonce faite par le Premier Ministre d’un premier plan de rigueur ne fut pas un propos de comptoir, mais le point de vue déclaré d’un leader syndical.
Les adhérents à une mutuelle ou à une assurance santé, qui vont voir leurs cotisations ou primes augmenter en 2012 d’au moins 4 % auront certainement apprécié. Sans compter ceux qui, déjà sur la corde raide, se verront dans l’obligation de résilier leur contrat avec les conséquences prévisibles pour leur santé.
Les retraités, en situation de dépendance, qui vont s’entendre dire « attendez encore, le projet de loi sur la dépendance est reporté du fait du plan de rigueur gouvernemental » apprécieront certainement le « ça pourrait être pire »
Il est vrai que pour ces personnes, le pire c’est la mort !!
Quant aux actifs qui voient leurs emplois disparaître par dizaines, par centaines, et au total par milliers, en application de la sacro-sainte concurrence libre et non faussée conduisant à toujours plus de reculs sociaux, le « ça pourrait être pire » risque de les « énerver »
Ces élites syndicales, ou supposées telles, ont perdu le sens des réalités, on pourrait croire qu’ils se contentent d’accompagner le mouvement néocapitaliste avec plus ou moins de zèle.
Néanmoins, face à ce plan de rigueur du 24 août dernier, le mouvement syndical a voulu faire savoir qu’il existait. Il a tenté de montrer ses muscles !!!
Mais d’emblée, il a rencontré un premier écueil, paradoxalement, celui de se réunir.
Certaines organisations ont accepté le principe, d’autres l’ont refusé.
Mais l’honneur fut sauf, la date du 11 octobre fit consensus. Mais pour quoi faire ? Les uns voulant appeler à la grève, les autres s’y refusant catégoriquement.
Le résultat fut à la hauteur de la « motivation des militants » syndicalistes.
Sur 200 rassemblements répertoriés en France, la participation annoncée par les organisations fut de 270000 manifestants, de quoi faire trembler l’hôte de l’Elysée !
Du coup, son expression « En France, quand il y a une grève, personne ne s’en aperçoit » prend du sens.
Mais, il y a pire encore.
A Evreux, selon la presse locale, deux défilés furent organisés, l’un par la CGT, la FSU et Solidaires, regroupant 500 personnes, l’autre formé par la CFDT et l’UNSA rassemblant péniblement 20 personnes, celles-ci faisant le pied de grue devant la permanence des parlementaires UMP.
Mais le plus cocasse et, en bout de course le plus triste, intervint quand ces deux groupes se rencontrèrent.
On aurait pu penser que face au plan de rigueur, la solidarité aurait été de mise avec l’appel du fameux « Tous ensemble »
Hélas, rien de tout cela, au contraire, la solidarité a laissé place aux noms d’oiseaux, pour cette courte rencontre !!!
Cette escarmouche, qui n’est pas isolée, illustre la déliquescence dans laquelle se trouvent les appareils syndicaux.
Mais, est-ce étonnant ?
Depuis quelques années, les équipes militantes ont muté vers le principe des technostructures syndicales. Ne parle t’on pas  de « directions syndicales », un peu comme les directions des ressources humaines ? Depuis, ces structures se livrent à de drôles de jeux.
On se rappellera l’accord de 2008 sur la modernisation du marché du travail qui n’a fait qu’amplifier la flexibilité, mais aussi et surtout l’ignoble déclaration commune conduisant à un formidable recul du droit du travail dans l’entreprise. Le but inavoué étant d’éliminer les organisations syndicales représentant moins de 10 % aux élections de représentativité.
Fort heureusement, cet accord, contre nature et en tous les cas conforme à la collaboration de classe, n’apporte pas les résultats espérés par leurs auteurs.
Dans le secteur privé, le positionnement des uns et des autres est maintenu et dans le secteur public les consultations d’octobre dernier sont plutôt profitables à ceux qui étaient dans le viseur des collaborateurs du patronat.
Nous voici donc face à une dangereuse situation pour la démocratie sociale.
Le divorce entre le peuple et les technostructures syndicales est patent. Les salariés n’ont plus confiance lorsqu’ils sont appelés à la mobilisation.
Ils en sont arrivés à douter de la sincérité des appels. Ils n’ont pas oublié, qu’elles n’étaient pas nombreuses à l’automne 2010 les organisations syndicales à revendiquer l’abrogation du projet de loi mettant fin à la retraite à 60 ans.
Mais, le discrédit remonte à plusieurs années.
C’est au printemps 2005 que le mouvement syndical dans son ensemble s’est écarté de son rôle, pour ne pas dire s’est déshonoré, en refusant de poursuivre l’action entreprise en janvier, février, mars, où la mobilisation des masses allait en grandissant pour défendre entre autres les salaires.
A cette époque, les leaders syndicaux s’étaient entendus pour faire une pause ! Le but était de stopper l’agitation sociale pour ne pas gêner le référendum sur le projet de Traité Constitutionnel Européen et risquer le rejet.
Mais cette volonté européiste ne fut pas couronnée de succès, le peuple souverain sut prendre ses responsabilités.
Cependant, la césure était opérée et la méfiance installée. Ce n’est pas la mobilisation en trompe-l’œil de l’automne 2010 et la participation aux consultations de représentativité qui changent la donne.
Désormais, il y a urgence à se ressaisir et surtout à ne pas sombrer dans le découragement. La souffrance sociale est une dramatique réalité, et un véritable danger pour la démocratie.
Se limiter aux seuls commentaires, comme le font beaucoup de syndicats, est inacceptable. Sans une action énergique et déterminée du peuple, cette dégradation sociale s’amplifiera, car les gouvernants qui se succèdent n’ont qu’un objectif : réformer les structures, en clair, sabrer les acquis sociaux.
Nous savons que les initiatives de résistance ne viendront probablement pas des organisations syndicales            institutionnelles.
Elles n’ont même pas esquissé le moindre geste de solidarité à l’égard des travailleurs grecs, espagnols, portugais...
Quant à la Confédération Européenne des Syndicats, que fait-elle ?
En cette période de grande turbulence, l’atonie de cette organisation est consternante.
Ainsi, face à ce désert, des groupes d’individus, essentiellement des jeunes, se constituent sous l’appellation entre autres « les indignés »
Ne négligeons pas leurs appels au secours.
Toutes celles et tous ceux qui font de la lutte de classes le seul et unique outil fiable et efficace au service du respect de la dignité des masses doivent se convaincre de la nécessité de s’organiser, soit en entrant dans les organisations existantes pour en faire de vrais outils de combat social, soit en créant de nouvelles structures.