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Ligne à grande vitesse : le Nouveau Centre rate l’aiguillage



  
SEPTEMBRE 2011
 
Le débat public concernant le projet de ligne à grande vitesse Paris-Normandie a débuté le 3 octobre. Cette opération de consultations publiques ne laisse pas indifférent notamment les partis politiques d’autant que les futures échéances électorales, présidentielle et législatives, aiguisent les appétits.
Alors on n’hésite pas à donner dans la démagogie.
Ainsi, les parlementaires du Nouveau Centre, le Sénateur Maurey et le Député Morin ont rencontré, début septembre, la Ministre des Transports Nathalie Kosciusko-Morizet. Cette démarche n’avait rien d’anormale, c’est le scénario qui interroge.
Les parlementaires sont allés défendre le projet LGV, tout en revendiquant que les rames continuent de desservir la gare de Bernay avec une fréquence au moins égale à ce qui se fait actuellement !!
Ce qu’apparemment n’ont pas compris les parlementaires du Nouveau Centre, mais ils ne sont pas les seuls, c’est qu’à ligne à grande vitesse s’associe obligatoirement ligne à grande distance et donc desserte d’un minimum de gares situées sur le parcours.
Devant un tel dossier, la responsabilité d’un élu exige une réflexion globale, et non un avis égocentrique sur sa circonscription électorale.
Si l’on regarde les positionnements politiques sur la partie euroise de la ligne Paris-Caen, on s’aperçoit que les élus d’Evreux exigent eux aussi une desserte conséquente de cette LGV.
Quoi de plus normal que de revendiquer des arrêts fréquents pour la ville-préfecture et la ville sous-préfecture situées sur l’axe ferroviaire ?
Alors, dans ces conditions, comment être crédible sur ce projet de ligne à grande vitesse ? Au regard de l’itinéraire partagé par les eurois, quelle que soit la future gare parisienne, Mantes est le passage obligé avec un premier arrêt à Evreux, à peine 100 kilomètres de Paris, puis 50 kilomètres plus loin, autre arrêt à Bernay.
Ainsi comment faire rouler des rames à 250 km/h sur des distances aussi courtes ?
Est-il nécessaire de s’endetter à ce point entre 9 et 14 milliards d’euro ? Le montant est vertigineux. Dans une période où les pouvoirs publics traquent le moindre euro, est-ce raisonnable ?
Est-ce responsable de « s’embarquer » dans de tels projets ?
Est-ce pour autant que la situation du transport ferré est satisfaisante dans notre département ? La réponse est non.
Selon nombre d’experts, sur la ligne Paris-Caen, depuis plusieurs décennies, la technologie n’a eu aucun effet sur la durée du trajet.
Certains affirment même que la situation s’est dégradée. De plus, depuis quelques années, la ponctualité, la régularité, ne sont plus les valeurs cardinales du transport ferroviaire.
Ainsi, la raison devrait conduire à considérer que l’urgence est celle d’investir dans le mantois pour permettre l’augmentation du nombre de trains en direction de Caen via Evreux et Bernay, ainsi qu’en direction du Havre via Rouen.
Dans le même temps, il faudrait réaménager les lignes actuelles pour permettre aux rames d’élever leur vitesse.
Cela aurait trois avantages :
1 – ne pas consommer d’autres terres agricoles
2 – accélérer la démarche puisqu’il n’y aurait pas à recourir à l’expropriation
3 – assurer aux milliers de salariés qui, tous les jours, partent de Bernay et d’Evreux pour aller chercher en région parisienne l’emploi que notre département n’offre plus, l’efficacité du transport ferroviaire qu’ils attendent depuis longtemps.
Ne nous trompons pas de priorité, l'urgence n'est pas de rapprocher les planches de Deauville du 16ième arrondissement de Paris.
Les travaux à exécuter d’urgence sont également le traitement des points noirs constitués des tunnels reconnus dangereux d’Evreux et Bernay et de reconditionner les abords de la gare d’Evreux dont l’accès aux heures de pointe est devenu un véritable cauchemar.
De plus, le projet d’un axe reliant la région Centre par Chartres à la région Nord-Pas-de-Calais via Rouen décongestionnerait le trafic parisien et serait d’un grand intérêt pour le transport voyageurs et le fret.
Ainsi, serait réglée la liaison ferroviaire des deux villes préfectures de la Haute-Normandie.
Dans ce vaste programme de réhabilitation des lignes ferroviaires de Haute et Basse-Normandie il ne faudrait pas oublier la ligne Rouen-Caen.
Sa mise aux normes avec l’électrification en ferait une grande ligne transversale. Cela aurait pour avantage, en utilisant principalement les emprises actuelles, d’engager la création d’une ligne SNCF des estuaires. Cela éviterait aux voyageurs du nord de la France et de l’Europe de passer par Paris pour se rendre à Nantes ou à La Rochelle par exemple.
En conclusion, pouvons-nous espérer que le bon sens l’emporte sur la démagogie ?
Pour certains élus, le plus souvent classés à droite, il s’agit d’une affaire de complexe. La Haute-Normandie, comme d’autres régions, devrait avoir son TGV, comme à une époque, elle devait avoir son autoroute.