S'identifier - Contact

Archives par mois


Au jeu des phrases assassines, le coupable n'est pas celui que l'on vilipende



 
Les grands médias et des politiques (PS en tête) sont tombés à bras raccourcis sur Jean-Luc Mélenchon quand son camarade François Delapierre, à la tribune du congrès du Parti de Gauche, a qualifié de salopards les 17 ministres de l’Eurogroupe, dont le français Pierre Moscovici.
Ces 17 ministres des finances venaient de décider, unilatéralement, de ponctionner à la hauteur de 7 % tous les dépôts bancaires ouverts sur le sol chypriote, sans faire de distinction entre les petits et les gros déposants.
Tous les qualificatifs orduriers ont été adressés au leader du PG, même quelques militants communistes se sont joints à la bronca.
Personnellement, je n’aurais pas utilisé ce terme car au-delà d’exprimer une légitime colère, il n’apporte pas grand-chose.
Mais ce qualificatif est de la roupie de sansonnet comparé à ce qui est exprimé depuis quelques jours.
Dans le conflit qui opposent, dans la rue, les partisans du mariage homo et certains opposants, les limites de l’acceptable en démocratie sont largement dépassées.
Le 10 avril, Christine Boutin, présidente d’un parti, au titre non-conforme à notre pays laïc, Parti Chrétien Démocrate (accepterait-on un parti musulman démocrate ou un parti juif démocrate ?) a osé déclarer sur twitter « Une guerre civile qui se prépare » et de confirmer sur RTL « Tout le monde en parle de la guerre civile »
Le 12 avril, c’est Frigide Barjot, la pasionaria des opposants de la rue qui déclarait « Hollande veut du sans, il en aura »
Depuis l’affaire Cahuzac, certains hebdomadaires y vont également de leur sortie de route médiatique.
Le Point, dans sa parution du 11 avril, titre « Pépère » est-il à la hauteur ? »
L’Express, du 10 avril, qualifie le Président « Hollande : Monsieur faible »
Ces titres sont provocateurs, indignes, irresponsables et de plus inexacts.
Ces journaux ne font pas mystère de leur appétence pour la globalisation financière et leur soutien à l’économie libre et non faussée de l’UE.
Or, François Hollande sert « admirablement » la globalisation financière.
Quand il se rend dans des pays européens en crise (été 2012), Grèce, Espagne, c’est pour les exhorter à respecter les plans d’austérité imposés par la troïka.
Au plan national, il accorde un cadeau de 20 milliards, sans condition, aux entreprises, il légalise une flexibilité accrue du droit du travail et prépare un futur durcissement des conditions d’accès à la retraite.
Considérer que Hollande est un faible et pas à la hauteur est coupable de malhonnêteté intellectuelle.
Quant au tandem Barjot-Boutin, insuffler la haine à ce point est indigne de personnes qui osent se déclarer républicaines, dont l’une fut ministre.
Une loi peut se contester, y compris dans la rue, mais pas au prix de la haine, du sang et de l’incitation à la guerre civile.
Et dire que tout ceci se fait au nom de Dieu.
Que ne disent-ils pas quand au nom de leur Dieu, des islamistes tuent aveuglément ceux qu’ils considèrent des mécréants ?
Curieusement, la nomenklatura politique et médiatique bien pensante ne se déchaîne pas à la diffusion de ces propos haineux comme elle le fit sur les 17 salopards de Delapierre et Mélenchon. Curieux, n’est ce pas ?
 
Petit rappel
Au début du débat sur le mariage homo, je m’étais exprimé en titrant « Mariage homo, attention au silence »
A cette époque, les partisans du mariage homo s’appuyaient sur un sondage relatant qu’une majorité de personnes était favorable à ce projet de loi.
Les débats au Parlement, mais aussi dans la cité, ont mis en lumière les effets induits, la PMA et la GPA.
Aujourd’hui, la position s’inverse, une majorité de personnes est contre le mariage homo et ses effets induits.
Irait-on déclarer que cette majorité est homophobe et religieusement intégriste ?
Ce serait faire preuve dune piètre intuition.
Hélas, le mal est fait, notre société est en mille morceaux.
J’ai peur qu’en finalité nous payons la note