S'identifier - Contact

Archives par mois


28 septembre, Sénatoriales : journée des privilèges



Faut-il avoir pris la Bastille le 14 juillet 1789, aboli les privilèges le 4 août de la même année et banni le pouvoir absolu par l’élimination physique de Louis XVI le 21 janvier 1793, pour en arriver là, un peu plus de deux cents ans après ?
Dans une période, certes particulière, la République enfantait en 1958 de la cinquième du nom et réintroduisait le principe de l’homme fort à la tête de l’Etat.
Le passage du septennat au quinquennat en 2002, avec priorité électorale pour la présidentielle, conduit aujourd’hui le peuple à élire une sorte de cour, au service du monarque porté par le suffrage populaire à la tête de l’Etat, un mois plus tôt.
La Haute Assemblée – le Sénat – ne dépend pas de cette absurdité électorale.
Ce n’est pas pour autant que son mode de scrutin et l’attitude de ses membres soient conformes à la démocratie républicaine.
Le bicamérisme peut se justifier si ses composantes émanent d’un choix du peuple et si elles exercent une réelle responsabilité démocratique.
Depuis bien longtemps, le Sénat fait l’objet de nombreuses controverses.
Le Président de Gaulle avait tenté une mutation troublante et hasardeuse de la Haute Assemblée. Cela lui avait valu un rejet franc et massif du peuple.
Aujourd’hui, nous vivons avec le statu quo et cette assemblée se fourvoie dans des pratiques peu glorieuses.
Des sénateurs UMP se seraient livrés à des détournements de fonds à leur profit personnel. Le site « Médiapart » dans sa livrée du 15 septembre dernier donne une liste de présumés coupables, dont Messieurs Bourdin et Ladislas Poniatowski. Laissons l’enquête aller à son terme, mais plusieurs d’entre eux ne nient pas les faits mais les justifient à leur manière !!!
Par ailleurs, à l’inverse des Députés, les Sénateurs refusent toujours de publier les « heureux » bénéficiaires de la réserve parlementaire.
De fait, pour les locataires du Palais du Luxembourg le clientélisme politique doit rester un privilège !
Et ce ne sont pas les élections du 28 septembre qui redoreront le blason sénatorial. En tout cas pour ce qui concerne la droite dans l’Eure, mais la Seine-Maritime semble être également le théâtre d’une certaine tartufferie politique.
Dans l’Eure, au cours des cinquante dernières années, aucun sénateur estampillé de gauche n’a été élu, excepté Gustave Héon. Tout au moins dans les premières années de son mandat où il siégeait au sein du groupe « gauche démocratique »
Ainsi, la droite, bonapartiste et orléaniste, truste les postes sénatoriaux dans l’Eure au moins depuis la seconde guerre mondiale.
Cette situation aurait pu évoluer lors du scrutin de 2008. Mais l’arrogance et la suffisance du parti socialiste refusant une liste de « gauche plurielle » a permis à la droite de conserver les trois postes, malgré l’arrivée d’un nouveau candidat en la personne du Maire de Bernay.
Puis, modernisme oblige, la loi électorale pour accéder au Sénat a subi quelques modifications.
Pour le scrutin du 28 septembre, la parité fait son apparition et la proportionnelle sera la règle appliquée dans l’Eure.
Mathématiquement, un parti trustant les trois postes sénatoriaux n’est plus possible. Ainsi, les sénateurs Bourdin, Maurey, Poniatowski sont assurés depuis longtemps que leur réélection serait problématique, pour l’un et peut-être même pour deux d’entre eux.
Alors, depuis quelques mois, à droite, les grandes manœuvres politiciennes font rage dans l’Eure.
L’impensable se déroule sous nos yeux.
Faut-il rappeler un rapide curriculum vitae de ces trois sénateurs, à nouveau candidats ?
Joël Bourdin - UMP (défroqué) -  76 ans - élu sénateur depuis septembre 1989 
Ladislas Poniatowski - UMP - 68 ans - élu sénateur depuis septembre 1998
Hervé Maurey - UDI - 53 ans - élu sénateur depuis septembre 2008
C’est alors que le grand vizir de l’UMP dans l’Eure, le député Bruno Le Maire, mit en route sa machine à trier.
En accord avec l’UDI/NC, le choix fut porté sur Hervé Maurey, tête de liste de la droite officielle !
Sachant que dans ces circonstances, le numéro deux sur la liste ne peut être qu’une femme, quid de l’élection de Bourdin et de Poniatowski ?
Fallait-il considérer cela comme un drame ?
Apparemment, pour les relégués, la réponse fut oui, tout au moins pour Joël Bourdin qui décida de franchir le rubicond en présentant sa liste affranchie de l’UMP.
La situation devint ubuesque.
Pour l’UMP de l’Eure, dont Le Maire est secrétaire général, la liste officielle UMP/UDI est menée par Hervé Maurey. La deuxième sur la liste est Nicole Duranton, présidente de l’UMP de l’Eure.
Mais cette liste n’aurait pas reçu l’aval de Paris !!!
Quant à la liste menée par Joël Bourdin, avec Françoise Charpentier, UMP, ancienne suppléante de Le Maire, placée en deuxième position, elle n’a pas reçu l’onction de l’UMP départementale, mais est considérée comme la véritable liste UMP par Paris !!!
Une histoire de fous.
En toute logique démocratique, une candidature, qu’elle soit individuelle ou de liste, s’accompagne d’un programme électoral.
Pensez-vous qu’au cas précis, Messieurs Maurey et Bourdin ont un programme différent ?
En ont-ils un d’ailleurs ?
Les articles de presse qui relatent ce triste folklore sont vierges de tout programme.
Les candidats au renouvellement de leur mandat ou à l’entrée au Palais du Luxembourg se déclarent des défenseurs des territoires, en particulier ruraux.
L’Ouest du département de l’Eure, riche en Sénateurs puisque les trois résident dans ce secteur, apporte la preuve que les territoires ruraux ne doivent pas compter sur les représentants de ladite Haute Assemblée.
Un territoire rural qui perd ses services publics est un territoire qui se meurt.
Alors que font concrètement Messieurs Bourdin, Maurey et Poniatowski sur le projet de fermeture du Collège de Broglie, sur la fermeture de la Gendarmerie de Serquigny, des Centres d’Information et d’Orientation ?
Que font-ils pour la pérennité de l’Hôpital de Bernay ?
Qu’ont-ils fait pour sauver les Tribunaux avec la loi Dati sous l’ère Sarkozy ?
Ce n’est pas la pantomime jouée par la droite, le 13 septembre, dans la salle municipale de Broglie, qui rassurera les citoyens.
L’alibi était la sauvegarde du collège de Broglie. Un appel public avait été lancé par voie de presse aux parents d’élèves et à tous ceux qui se sentent concernés par le sort de ce collège.
D’emblée, l’ordonnateur de la séance précisa qu’il s’agissait d’une réunion technique.
Curieux propos, car à la tribune trônaient 3 candidats aux sénatoriales du 28 septembre, dont 2 têtes de listes.
L’absence de deux sénateurs (Maurey et Poniatowski) était « compensée » par deux lettres de soutien lues au public !!!
Comment croire à la sincérité de cette réunion ? Car depuis le premier rassemblement du 30 novembre dernier à Chamblac il ne s’est rien passé. Pire encore, le groupe d’opposition de droite du Conseil Général (Eure Avenir) ne s’est jamais opposé dans l’hémicycle au projet de fermeture de cet établissement, engagé par la majorité socialiste !!!
Tous ont voté comme un seul homme pour la fermeture du collège Maurice de Broglie, y compris les conseillers généraux Malcava (Broglie), Vampa (Beaumesnil) et Poniatowski.
Incontestablement, cette réunion publique du 13 septembre à Broglie avait une motivation électoraliste à l’approche des sénatoriales du 28 septembre, mais aussi des cantonales qui pourraient avoir lieu au printemps prochain.
La droite semble se préparer à gagner le nouveau canton rassemblant Broglie – Rugles – Breteuil (Nous en reparlerons)
Ainsi, de qui la droite euroise se moque t’elle quand elle parle de la sauvegarde des territoires ruraux ?
Dans le cas d’un regroupement des cantons, ne court-on pas le risque de voir d’autres Gendarmeries disparaître ?
Des rumeurs circulent au sujet de la Gendarmerie de Beaumesnil !!!
 
 
 
En fait, n’ayant aucun programme précis, à l’exception de vider les territoires ruraux de leurs services publics, au prétexte de nécessaires économies, les candidats sortants au Sénat se comportent comme les nouveaux maquignons du monde rural.
Le marché n’est pas celui des bovins, mais celui des voix détenues par les Maires.
Le cours est celui de la réserve parlementaire.
Une voix contre une enveloppe financière pour la réfection d’un parking, d’une salle polyvalente, d’un vitrail, etc…
En off, des édiles locaux ne se privent pas d’indiquer que compte tenu du rétrécissement des budgets, leurs voix iront vers les candidats au Sénat les plus généreux.
Alors, oui, le 28 septembre sera bien la journée du retour des privilèges.
Dans ces conditions, l’existence du Sénat se pose réellement.
 
 
Au total 7 listes seront en concurrence le 28 septembre :
-
  Liste Maurey (UMP/UDI) - Liste Bourdin (UMP défroqué) - Liste Poniatowski (UMP bis)
-
 Liste Questel (PS) - Liste Levitre (PC) - Liste Sanchez (EELV) - Liste Camoin (FN)