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Rythmes scolaires des villes, rythmes scolaires des campagnes



Etablir un bilan des nouveaux rythmes scolaires, quatre mois après la mise en place par les communes volontaires, est-ce crédible ?
Certainement pas.
L’avis ne peut être que politicien, soit pour défendre le choix du gouvernement, soit pour ne pas se déjuger par rapport à l’engagement pris à l’été 2013.
Rappelons que pour l’année scolaire 2013/2014, dans l’Eure, 26 communes ou communautés de communes se sont inscrites pour appliquer cette réforme et 402 ont préféré attendre.
Combien s’inscriront pour la rentrée 2014, sachant que le volontariat ne sera plus une option ?
Pour faire une analyse sérieuse et responsable, dans le seul intérêt de la jeunesse,  il est indispensable de ne pas oublier l’objectif initial de la loi :
1 – équilibrer le temps scolaire sur la semaine
2 – introduire des activités conduisant à développer l’éveil des enfants
Il n’est donc pas raisonnable d’assurer, quatre mois après la mise en place de la réforme que les résultats sont concluants.
-          Comment peut-on mesurer précisément l’état de forme des enfants obligés de se lever tôt, cinq jours de suite ?
-          Comment peut-on évaluer sur un temps aussi court le plus, apporté en matière d’éveil ?
Quant à la nature des activités, certains choix mériteraient débat.
Que peuvent apporter des activités aussi diverses que le VTT, la pétanque et la sophrologie, par exemple ?
Les deux premières sont  un sport. Il serait préférable de structurer, y compris en aidant financièrement, des clubs dont la mission est de promouvoir la pratique de la discipline choisie.
Il ne faudrait pas perdre de vue que la mission de l’école de la République est de former les jeunes générations pour en faire des femmes et des hommes libres, c'est-à-dire des citoyens responsables, pas nécessairement des vttistes ou des « sophrologistes » !!!
Ce n’est pas en réalisant devant des familles des scénettes représentant quelques activités pratiquées dans les ateliers que l’on peut considérer que l’objectif est atteint.
On se croirait revenus aux années 50, où à la fin de l’année scolaire était organisées des séances théâtrales en préalable à la remise des prix.
Si ces manifestations laïques de jadis étaient agréables et profitables aux enfants et aux parents, pourquoi ne pas les réorganiser ? En aucun cas, elles ne peuvent se confondre avec le bilan de l’activité périscolaire.
Parmi les activités développant l’éveil citoyen, outre l’art (peinture, musique, cinéma, théâtre, lecture, …) on peut citer l’aide aux autres, comme l’initiation au secourisme.
Apprendre à faire un garrot, quelle attitude adopter quand une personne fait un malaise, se fait piquer par un insecte, mordre par un serpent … ?
L’initiation au code de la route serait une autre démarche intéressante. Elle participerait à la pratique des valeurs républicaines de respect des autres. Pour vivre harmonieusement en société, il faut partager l’espace y compris sur les axes de circulation.
Ces activités, et il y en a beaucoup d’autres, sont utiles dans la vie de tous les jours. De plus, le bilan serait facile à réaliser. Car en effet la pratique du périscolaire ne peut se soustraire à une évaluation (pas une notation) soit pour poursuivre dans la voie choisie soit pour en modifier, si nécessaire, les trajectoires.
Mais, à l’examen de ce qui se pratique depuis plusieurs mois, il est clair que cet objectif n’est pas atteint. Au contraire, nombre d’acteurs des nouveaux rythmes scolaires sont tombés dans le piège qu’il fallait éviter, les « garderies ludiques » sans grand intérêt pédagogique.
Profitant de la date limite de dépôt (31.01.2014) des projets périscolaires des 402 communes n’ayant pas opté pour la mise en place dès la rentrée de septembre 2013, les services de l’Eure de l’Education Nationale se sont livrés à quelques expressions publiques plutôt inquiétantes.
Le journal local de l’ouest du département, l’Eveil Normand a servi de relai. Il est ainsidémontré que les enfants des campagnes n’auront pas accès aux mêmes activités périscolaires que les enfants des villes, c'est-à-dire aux mêmes droits.
Pour s’en persuader, il suffit de lire la réponse de l’Education Nationale (Services de l’Eure) à la question posée par l’Eveil Normand :
« Les communes évoquent justement des difficultés de financement des activités. Quelle solution à ce frein ? »
Réponse  de l’Education Nationale (Services de l’Eure)
« Il ne faut pas agiter la question du financement de manière angoissante. Tout dépend de ce qu’on veut faire.
Entre celui qui veut instaurer une « garderie améliorée » avec des ateliers et celui qui veut avoir toute l’étendue d’une gamme d’activités socio-éducatives comme dans une grande ville, c’est sûr qu’on n’est pas sur les mêmes échelles de coût »
On ne peut être qu’inquiet devant l’affirmation du service départemental de l’Education Nationale qui, de fait, avoue, sans hésiter, que les enfants ne pourront pas être égaux dans l’application de la réforme des rythmes scolaires. En clair, basta les valeurs d’égalité de la République.
Heureux seront les enfants des villes dont la collectivité disposera de moyens financiers permettant d’offrir des activités périscolaires dignes de ce nom, et tant pis pour les enfants des campagnes dont la collectivité ne pourra aller au-delà des garderies améliorées.
Outre le coût pour les communes et les communautés de communes, qui n’est encore que supposé car la participation pérenne des Caisses d’Allocations Familiales est encore aléatoire, les dépenses de transport à la charge du Conseil Général ne sont pas mineures puisque les services les évaluent à 1 million d’euros par an.
Il semble d’ailleurs que la cellule Transport scolaire du Conseil Général s’arrache quelques cheveux pour faire face au surplus de dépenses relatif aux nouveaux rythmes scolaires. La cellule craint que soient décalés les horaires des primaires conduisant au doublement des coûts des transports !!!
Si réellement il s’agissait d’un plus pour les enfants, une dépense annuelle supplémentaire de 1 million d’euros pour le seul transport ne poserait aucun problème.
Mais pour des activités aussi peu en adéquation avec la nécessité pédagogique, c’est de l’argent public jeté par les fenêtres.
 
 
Et pendant ce temps, le Président du Conseil Général refuse de rénover ou de reconstruire le collège de Broglie et prévoit 10 millions d’euros pour l’agrandissement, non justifié, du collège de La Barre en Ouche !
Le million d’euros gaspillé au surplus des transports scolaires serait mieux utilisé pour le collège de Broglie.
Les collégiens de ce secteur percevraient concrètement et efficacement l’action du Conseil Général.
Mais au Conseil Général de l’Eure, le dogmatisme politicien submerge le pragmatisme au service des citoyens.