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Retraites : lettre ouverte à François Hollande



En pleine période de débats, d’incertitudes et d’ambiguïtés sur l’avenir des retraites, le 28 avril dernier, François Hollande était l’invité de France-Inter dans l’émission le « sept dix » Dans le cadre d’un échange avec les auditeurs, l’un d’entre eux n’a pas hésité à stigmatiser les modes de calcul des retraites, les 6 derniers mois pour le public, les 25 meilleures années pour le privé. 
Loin de s’en arrêter là, l’auditeur, vraisemblablement pourfendeur de la Fonction Publique, a poussé l’outrage jusqu’à assurer que le régime général renflouait le régime des fonctionnaires.
La seule réponse que François Hollande apporta fut celle de considérer que, le moment venu, il faudra « faire cette grande réforme » c'est-à-dire uniformiser le mode de calcul, et il s’est tu sur le mensonge des transferts. Pourquoi ?
Il me paraît donc utile d’adresser au Député de Corrèze une lettre ouverte.
 
 
M François Hollande
Député de Corrèze
Au cours de l’émission « le sept dix » diffusée sur France-Inter le 28 avril dernier, un auditeur vous a interrogé sur, selon lui, la discrimination qui existe avec les modes de calcul actuels du montant des pensions, les 6 derniers mois pour les fonctionnaires et les 25 meilleures années pour le privé.
Toujours selon cet auditeur un transfert de fonds se ferait du régime général vers le régime des fonctionnaires.
La réponse que vous lui avez apportée nécessite des précisions de votre part.
Sur la différenciation des modes de calcul vous avez laissé entendre qu’il n’y avait pas urgence, mais qu’il faudrait le moment venu « faire cette grande réforme »
Qu’entendez-vous par cette grande réforme ?
S’il s’agit d’uniformiser sur les 25 meilleures années (réforme Balladur de 1993 pour le régime général) devons-nous rappeler que celle-ci a eu pour effet d’affaisser  les retraites du secteur privé et plus particulièrement pour les femmes ?
Par ailleurs, il est indiscutable que cet alignement porterait un coup fatal au statut de la Fonction Publique dont le code des pensions est un des piliers.
Si votre option était celle de l’alignement sur les six derniers mois, cela ne serait pas sans poser problème pour les salariés du privé, car cette période est rarement la meilleure pour eux.
Votre mutisme sur l’affirmation erronée et peut-être mensongère de l’auditeur concernant les transferts de fonds est pour le moins surprenant.
Il n’y a pas de transfert de fonds du régime général vers le régime des fonctionnaires. Et pour cause, il n’y a pas de caisse de retraites des fonctionnaires de l’Etat. Comme vous le savez, c’est le budget de la Nation qui assure le paiement des pensions des fonctionnaires qui ont cessé leur activité professionnelle.
Par ailleurs, c’est la caisse des Fonctionnaires territoriaux et hospitaliers (CNRACL) qui abonde le régime général.
M le Député, pourquoi avez-vous omis de dire que c’est le régime général qui renfloue le régime des agriculteurs, des commerçants et artisans et des ecclésiastiques ?
Dans cette période où le Parti Socialiste refuse paradoxalement de présenter ses positions sur ce dossier, vous avez ouvert des pistes dont les objectifs souffrent d’imprécisions et procurent de fortes inquiétudes.
D’où, M le Député, l’urgence de la clarté.
Puissions-nous espérer des précisions de votre part.
Cordiales salutations.
 
 
Article publié le 30 avril 2010