La situation actuelle de Renault illustre parfaitement les conséquences de la globalisation économique et financière et confirme la suprématie de l’affairisme sur le politique.
Je veux tout de suite préciser que la marque au losange n’est pas le seul constructeur automobile français concerné. Le groupe P.S.A. a décidé, il y a quelques mois, de renvoyer environ 4500 intérimaires, mais sa politique sociale est confinée et les médias y apportent donc moins d’intérêt.
L’Angleterre n’échappe pas au phénomène. Au cours des vingt dernières années, ce pays a pratiquement bradé cette activité économique, un comble pour celui qui fut le berceau de l’automobile.
Pour l’Allemagne, la situation est différente. Ses principaux fabricants se sont, dès l’origine, spécialisés dans le haut de gamme. Ainsi, la haute qualité du produit reste l’objectif numéro un pour une clientèle qui ne rechigne pas à la dépense. Dans ce pays, la recherche du low-cost pour la construction automobile n’est pas la priorité.
En 1996, Renault avait déjà montré sa stratégie en fermant le site de production de Vilvoorde (Belgique) pour en conforter d’autres, aux coûts de production inférieurs et pour s’implanter dans les pays qualifiés d’émergeants.
L’intégration à l’Union Européenne des dix P.E.C.O. en 2004 n’a fait qu’amplifier le phénomène, tant en sites de production qu’en centres de recherche.
Un centre de recherches du groupe Renault va même s’implanter en Inde, mettant à mal l’argument souvent avancé par les délocalisateurs de la nécessité de se polariser, en France, sur le développement de la recherche et les productions à forte plus value.
En matière de production, la filiale roumaine de Renault, Dacia, affiche des résultats affolants.
En février dernier, sa progression était sur les douze mois précédents de 57,1 % soit 21.520 véhicules produits.
En septembre dernier, sa progression par rapport à Août était de 68 % soit 3.453 automobiles fabriquées en un mois.
Bien évidemment, tous ces véhicules ne sont pas vendus en France. Cependant, les coûts de fabrication sont si bas en Roumanie, même si les salariés de Dacia ont mené un combat exemplaire en mars dernier pour la revalorisation de leurs salaires, que la distorsion de concurrence pose de graves problèmes aux sites français.
Nous sommes là au cœur de la pratique de la concurrence libre et non faussée voulue par les défenseurs acharnés d’une Europe fédérale et libérale.
Malgré la bonne santé économique du groupe Renault (+ 8,4 % en septembre passant de 24,6 % à 27,2 % en parts du marché français), Carlos Ghosn a confirmé les 5.000 suppressions d’emplois au plan européen dont 1.000 à Sandouville.
Cette annonce devint une réalité publique quand fin septembre le comité d’établissement de Sandouville et le comité central d’entreprise furent légalement informés que mille salariés devraient quitter le site de la porte océane sous le fallacieux affichage des départs volontaires.
C’est alors que le ballet des élus locaux, régionaux, nationaux se mit en marche.
Tout d’abord, les représentants haut normands de la majorité gouvernementale ouvrirent le bal comme pour préparer la venue du très réactif Président de la République. Très certainement, celui-ci avait deux objectifs, venir au secours de son ami le Maire du Havre, mais aussi et peut-être surtout, profiter de cet évènement pour occuper le champ médiatique.
Mais, cette fois le courage fut en retrait. Le site de Renault Sandouville n’est ni la dalle d’une banlieue nord de Paris, ni le salon de l’agriculture. Le locataire de l’Elysée, sentant la fureur ouvrière monter, s’était fait accompagner de quelques centaines de C.R.S. Effectivement l’accueil fut chaud, très chaud.
Après que le Président de la République eut fait quelques annonces à la Presse, c’est le sémillant secrétaire d’Etat à l’emploi qui vint apporter des précisions. Que des choses nouvelles, jugez-en vous-même !!! Plan de formation pour garantir les salaires !!!
Je veux tout de suite préciser que la marque au losange n’est pas le seul constructeur automobile français concerné. Le groupe P.S.A. a décidé, il y a quelques mois, de renvoyer environ 4500 intérimaires, mais sa politique sociale est confinée et les médias y apportent donc moins d’intérêt.
L’Angleterre n’échappe pas au phénomène. Au cours des vingt dernières années, ce pays a pratiquement bradé cette activité économique, un comble pour celui qui fut le berceau de l’automobile.
Pour l’Allemagne, la situation est différente. Ses principaux fabricants se sont, dès l’origine, spécialisés dans le haut de gamme. Ainsi, la haute qualité du produit reste l’objectif numéro un pour une clientèle qui ne rechigne pas à la dépense. Dans ce pays, la recherche du low-cost pour la construction automobile n’est pas la priorité.
En 1996, Renault avait déjà montré sa stratégie en fermant le site de production de Vilvoorde (Belgique) pour en conforter d’autres, aux coûts de production inférieurs et pour s’implanter dans les pays qualifiés d’émergeants.
L’intégration à l’Union Européenne des dix P.E.C.O. en 2004 n’a fait qu’amplifier le phénomène, tant en sites de production qu’en centres de recherche.
Un centre de recherches du groupe Renault va même s’implanter en Inde, mettant à mal l’argument souvent avancé par les délocalisateurs de la nécessité de se polariser, en France, sur le développement de la recherche et les productions à forte plus value.
En matière de production, la filiale roumaine de Renault, Dacia, affiche des résultats affolants.
En février dernier, sa progression était sur les douze mois précédents de 57,1 % soit 21.520 véhicules produits.
En septembre dernier, sa progression par rapport à Août était de 68 % soit 3.453 automobiles fabriquées en un mois.
Bien évidemment, tous ces véhicules ne sont pas vendus en France. Cependant, les coûts de fabrication sont si bas en Roumanie, même si les salariés de Dacia ont mené un combat exemplaire en mars dernier pour la revalorisation de leurs salaires, que la distorsion de concurrence pose de graves problèmes aux sites français.
Nous sommes là au cœur de la pratique de la concurrence libre et non faussée voulue par les défenseurs acharnés d’une Europe fédérale et libérale.
Malgré la bonne santé économique du groupe Renault (+ 8,4 % en septembre passant de 24,6 % à 27,2 % en parts du marché français), Carlos Ghosn a confirmé les 5.000 suppressions d’emplois au plan européen dont 1.000 à Sandouville.
Cette annonce devint une réalité publique quand fin septembre le comité d’établissement de Sandouville et le comité central d’entreprise furent légalement informés que mille salariés devraient quitter le site de la porte océane sous le fallacieux affichage des départs volontaires.
C’est alors que le ballet des élus locaux, régionaux, nationaux se mit en marche.
Tout d’abord, les représentants haut normands de la majorité gouvernementale ouvrirent le bal comme pour préparer la venue du très réactif Président de la République. Très certainement, celui-ci avait deux objectifs, venir au secours de son ami le Maire du Havre, mais aussi et peut-être surtout, profiter de cet évènement pour occuper le champ médiatique.
Mais, cette fois le courage fut en retrait. Le site de Renault Sandouville n’est ni la dalle d’une banlieue nord de Paris, ni le salon de l’agriculture. Le locataire de l’Elysée, sentant la fureur ouvrière monter, s’était fait accompagner de quelques centaines de C.R.S. Effectivement l’accueil fut chaud, très chaud.
Après que le Président de la République eut fait quelques annonces à la Presse, c’est le sémillant secrétaire d’Etat à l’emploi qui vint apporter des précisions. Que des choses nouvelles, jugez-en vous-même !!! Plan de formation pour garantir les salaires !!!
Le problème c’est que les représentants syndicaux du site précisent que depuis plusieurs mois,
les périodes de chômage partiel leur coûtent mensuellement entre 200 et 400 euros de perte de revenus !!! Autre trouvaille de la majorité gouvernementale, faire du Havre un « pôle logistique » Pourquoi pas, mais quand ?
Les mille suppressions de postes, c’est une question de semaines et après ???
On voit bien que ces promesses ne reposent sur rien de crédible.
Puis ce fut le tour de la majorité régionale de se rendre sur place. Le Président de la Région se déplaça une première fois pour rencontrer les représentants du personnel et présenter sa vision des choses. Il fit part de sa préférence à voir des départs de salariés proches de la fin de carrière pour laisser des jeunes au travail.
Proposition de bon sens, bien évident, mais proposition qui se heurte au dogme actuel de droite mais aussi de gauche selon lequel il faut maintenir les « seniors » au travail au moins pendant 41 ans d’activité et même plus. C’est ainsi que les préretraites ont été proscrites et rendues, de fait, illégales.
Par ailleurs à juste titre, le Président de la Région de Haute-Normandie s’est inquiété de l’échéance lointaine (2012) pour la mise en place d’une chaîne de montage d’un véhicule utilitaire de haut de gamme.
Comment tenir jusque-là, s’interroge le Président ?
Quelques jours après, celui-ci s’est de nouveau rendu à Sandouville mais, cette fois, accompagné d’un aréopage d’élus socialistes fabiusiens.
Cette nouvelle visite était davantage tournée vers le marketing car il s’agissait de présenter sur plusieurs points du territoire haut normand une concurrente (la bien connue mère des 35 H) au poste de 1er Secrétaire du parti à quelques semaines du congrès de Reims.
Les mille suppressions de postes, c’est une question de semaines et après ???
On voit bien que ces promesses ne reposent sur rien de crédible.
Puis ce fut le tour de la majorité régionale de se rendre sur place. Le Président de la Région se déplaça une première fois pour rencontrer les représentants du personnel et présenter sa vision des choses. Il fit part de sa préférence à voir des départs de salariés proches de la fin de carrière pour laisser des jeunes au travail.
Proposition de bon sens, bien évident, mais proposition qui se heurte au dogme actuel de droite mais aussi de gauche selon lequel il faut maintenir les « seniors » au travail au moins pendant 41 ans d’activité et même plus. C’est ainsi que les préretraites ont été proscrites et rendues, de fait, illégales.
Par ailleurs à juste titre, le Président de la Région de Haute-Normandie s’est inquiété de l’échéance lointaine (2012) pour la mise en place d’une chaîne de montage d’un véhicule utilitaire de haut de gamme.
Comment tenir jusque-là, s’interroge le Président ?
Quelques jours après, celui-ci s’est de nouveau rendu à Sandouville mais, cette fois, accompagné d’un aréopage d’élus socialistes fabiusiens.
Cette nouvelle visite était davantage tournée vers le marketing car il s’agissait de présenter sur plusieurs points du territoire haut normand une concurrente (la bien connue mère des 35 H) au poste de 1er Secrétaire du parti à quelques semaines du congrès de Reims.
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Vous l’aurez certainement remarqué, dans l’expression de ces visiteurs, pas une critique, pas la moindre interrogation sur les conséquences de la globalisation et ses effets concrets de délocalisation de l’activité automobile. Et pourtant, les élus ont eu le temps de réfléchir à ce dossier. En mars 2007, une étude effectuée par l’assureur-crédit Euler/Hermès prévoyait pour les trois ans à venir la suppression d’environ 30.000 emplois, dans le secteur de l’automobile, constructeurs et équipementiers.
Cette étude précisait que 28.000 emplois avaient disparus entre 2.000 et 2006 dont 9.000 en 2006.
Il aura fallu attendre l’audition de Carlos Ghosn le 8 octobre à l’Assemblée Nationale par une commission parlementaire pour enfin voir abordé le thème des délocalisations.
Les deux députés communistes de l’arrondissement du Havre ont posé la question du rapatriement d’une partie (exigence mineure) de la production effectuée en Corée. La réponse du P.D.G. de Renault fut sans appel, les relocalisations ne sont pas à l’ordre du jour.
De fait, le monde des affaires confirme sa priorité à l’actionnaire au détriment du salarié. Même dans cette période où le capitalisme financier montre ses avatars, et ses tares, le souci du profit sans limite reste l’objectif.
Quant aux pouvoirs publics, Etat et collectivités territoriales, leur rôle se limite à subir le chantage du monde économique et à lui attribuer des aides publiques au prétexte honteux car irréel de créer de l’emploi.
Hélas, il est à craindre que cette énième douche froide ne suffise pas à faire prendre conscience aux hommes et aux femmes politiques de l’absurdité d’attribuer des fonds publics à des entreprises en excellente santé économique et financière qui n’ont que faire de l’équilibre social des territoires.
Au moment où, crise financière mondiale à l’appui, certains revendiquent une réorganisation et une rerèglementation du capitalisme, la question des aides publiques mérite un débat approfondi et une remise en cause de ce système inique.
Cette étude précisait que 28.000 emplois avaient disparus entre 2.000 et 2006 dont 9.000 en 2006.
Il aura fallu attendre l’audition de Carlos Ghosn le 8 octobre à l’Assemblée Nationale par une commission parlementaire pour enfin voir abordé le thème des délocalisations.
Les deux députés communistes de l’arrondissement du Havre ont posé la question du rapatriement d’une partie (exigence mineure) de la production effectuée en Corée. La réponse du P.D.G. de Renault fut sans appel, les relocalisations ne sont pas à l’ordre du jour.
De fait, le monde des affaires confirme sa priorité à l’actionnaire au détriment du salarié. Même dans cette période où le capitalisme financier montre ses avatars, et ses tares, le souci du profit sans limite reste l’objectif.
Quant aux pouvoirs publics, Etat et collectivités territoriales, leur rôle se limite à subir le chantage du monde économique et à lui attribuer des aides publiques au prétexte honteux car irréel de créer de l’emploi.
Hélas, il est à craindre que cette énième douche froide ne suffise pas à faire prendre conscience aux hommes et aux femmes politiques de l’absurdité d’attribuer des fonds publics à des entreprises en excellente santé économique et financière qui n’ont que faire de l’équilibre social des territoires.
Au moment où, crise financière mondiale à l’appui, certains revendiquent une réorganisation et une rerèglementation du capitalisme, la question des aides publiques mérite un débat approfondi et une remise en cause de ce système inique.
Article publié le 22 octobre 2008