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Régionales 2015 : le banc d'essai du PS pour 2017 !



Il aura fallu attendre une heure avancée de la nuit du 13 décembre pour connaître les résultats complets des 13 régions.
Commençons par la Normandie.
Tous les commentaires sont possibles :
            « Après 20 ans de combat pour la Normandie réunie, belle victoire de Morin »
« Mayer-Rossignol s’en sort avec les honneurs »
« Vingt ans de combat pour une victoire aussi étriquée « 
« Le bilan de Mayer-Rossignol et de Le Vern ne méritait pas d’être rejeté » etc... etc...
Quoi qu’il en soit les urnes ont rendu leur verdict, Hervé Morin est le premier Président de la région Normandie.
Cela va changer quoi ?
Au risque de surprendre, rien, strictement rien.
Pourquoi ? Examinons d’abord les compétences.
 
Transport
 
Le transport concerné est le ferroviaire, au travers du réseau des Trains Express Régionaux. Les routes sont une compétence des départements et des intercommunalités.
En Normandie, le projet ferroviaire de ligne nouvelle est un dossier très coûteux dont la réalisation s’étalera au mieux sur 20 ans.
Le premier volet comprend le barreau mantois, c'est-à-dire la construction de voies supplémentaires à Mantes-la-Jolie pour supprimer l’engorgement avec le réseau banlieue. Les travaux à réaliser se situant sur un territoire de l’Ile de France, rien ne prouve que la majorité du Conseil Régional de cette région fasse du mantois un dossier prioritaire !
Le deuxième volet de ce dossier sera la construction d’une gare nouvelle à Rouen rive gauche.
Sur ce dossier la nouvelle majorité de la Normandie sera-t-elle plus efficace que la précédente ? Assurément pas, le dossier est dans sa phase d’étude de réalisation et le coût se révèle très élevé, 9 milliards d’€ environ. Qui paiera ? Il faudra des cofinanceurs or, en cette époque où les sous se font rares, les bonnes volontés ne se bousculent pas.
Le nouveau Président Morin pourra toujours coiffer un bonnet rouge (menace proférée pendant sa campagne) cela ne fera trembler ni l’Etat, ni la SNCF.
Dans le domaine ferroviaire, il y a aussi la liaison Caen-Rouen dont l’état des infrastructures ne permet pas d’en faire une liaison rapide. La mise aux normes de cette ligne est là aussi d’un coût important, pour un trafic plutôt réduit.
Peut-être que le Président (UDI) Morin mettra sur route une ligne de bus, conformément à la loi Macron (PS) ? Un comble !
 
Lycées
 
Les lycées normands ne semblent pas souffrir de décrépitude et de sous-équipement, notamment informatique, donc la nouvelle majorité n’apportera pas de différence sur une compétence déjà bien gérée.
 
Formation professionnelle
 
Le financement est encadré par la loi. Les programmes sont décidés, en adéquation avec les besoins régionaux par des organismes tripartis, exécutif régional – organisations patronales – syndicats de salariés.
Les marges de manœuvre sont étroites. C’est la création d’emplois qui appelle les besoins en formation et non le contraire. L’apprentissage est la tarte à la crème utilisée par tous les politiques. La seule possibilité donnée à l’exécutif régional est d’octroyer aux employeurs des aides supplémentaires.
Sur ce dossier également la nouvelle majorité régionale n’apportera rien de bien différent.
 
Economie
 
Dans son programme électoral, le candidat Morin proposait la création d’une agence de développement de l’économie normande. N’est ce pas la petite sœur de la Banque Publique d’Investissement promise par le candidat Hollande, dont on attend toujours les résultats ?
Cette agence peut apporter quelques bouffées d’air frais à des entreprises en manque d’oxygène financière, mais cela ne modifiera pas en profondeur la situation de l’emploi en Normandie.
Quant à l’aide aux entreprises, la nouvelle majorité utilisera le même logiciel que la précédente. Elle sera davantage bienveillante à l’égard des grosses entreprises disposant d’un argument de pression sur l’emploi bien supérieur à celui des PME et des TPE !!!
L’économie est une responsabilité nationale et européenne. Or, la politique récessive de l’Union Européenne que soutient le Président Morin conduit à l’apathie de l’économie de l’Union.
 
Nouvelle Région
 
L’installation des services de la nouvelle région pourrait se révéler plus coûteuse qu’économe !
 
Conclusion
 
De fait, ces élections régionales risquent de n’être qu’une révolution de Palais.
Dans les circonstances actuelles, quelles que soient les majorités, les politiques régionales ne peuvent être guère différentes. Cette collectivité publique n’est pas fiscalement autonome. Le seul curseur à sa disposition est celui de la taxe des cartes grises et la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques. Cela représente entre 10 et 15 % du budget. Tout le reste est du domaine de l’Etat, dotations directes, en forte diminution, et contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (ex-taxe professionnelle)
 
Le banc d’essai du Parti Socialiste
 
Ne soyons pas naïfs, pour les politicards ces régionales ont un autre intérêt. Elles doivent servir de banc d’essai à la droite et au Parti Socialiste pour la prochaine présidentielle et surtout pour les législatives.
Le problème de fond concernant le mal être de la société française reste entier.
Au lieu de prendre en compte le cri de colère des citoyens, le Gouvernement et le Parti Socialiste tentent de rallumer la braise qui couve sous la cendre depuis plusieurs mois en utilisant machiavéliquement le score réalisé par le Front National.
La semaine d’entre les deux tours fut mise à profit pour attaquer le chantier du grand rassemblement néolibéral. Comme pour tout chantier d’ampleur, il faut commencer par faire place nette. Pour cela, des mines ont été placées sous les fondations du Parti Socialiste.
Au soir du 6 décembre, le Premier Secrétaire du Parti Socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, intimait l’ordre à trois des listes adoubées par la rue de Solférino d’abandonner le combat et d’appeler à voter pour les listes de droite au nom de la lutte contre l’extrême droite.
Il était relayé dans la semaine suivante par le Premier ministre présent sur nombre de plateaux de télévision et de radio pour exhorter au rassemblement contre l’extrême droite.
Ils venaient, l’un et l’autre, de rendre public un « front républicain » new-look par sabordage pur et simple du Parti Socialiste !!!
Dans cette semaine d’entre deux tours, des « élites » ne ménagèrent pas leur peine dans cette quête d’un « Tous ensemble » très particulier. Citons au hasard les européistes Bernard Guetta – France Inter, Franz-Olivier Giesberg – ex-Le Point, Daniel Cohn-Bendit – EELV – Europe 1 et bien d’autres.
Une fois encore, le Parti Socialiste utilise le Front National pour arriver à ses fins.
En 1986 (introduction de la proportionnelle permettant au FN d’obtenir 35 sièges à l’Assemblée Nationale) il a utilisé le parti de la famille Le Pen pour pomper des voix de droite, espérant ainsi se maintenir.
En 2015, il va plus loin, il tente de mettre à profit son faible score pour s’associer avec la droite ultralibérale.
Fini la stigmatisation de la droite extrême représentée par Christian Estrosi, oublié l’accusation de défense de la race blanche par Valérie Pécresse.
Oublions ces bisbilles de bas étages, haussons le niveau, utilisons ces élections régionales comme banc d’essai pour les présidentielles et les législatives de 2017, semble être le mot d’ordre discret des élites socialistes.
 
Le Parti Socialiste condamné
 
Il faut se rendre à l’évidence, la mise à mort du Parti Socialiste est à l’ordre du jour.
Au soir du 2ième tour, Julien Dray complétait le trio en allant plus loin encore « le PS doit changer de nom pour s’ouvrir au centre et aux démocrates » !!!
Certes, il serait irresponsable de nier la présence affirmée du Front National dans le paysage politique français, mais il serait tout aussi indécent d’ignorer l’absentéisme persistant et surtout d’en lister les causes pour y apporter les solutions qui s’imposent.
Le FN progresse essentiellement en pourcentage du fait de la mobilisation de son électorat dans un océan d’abstentionnistes.
Pour le 1er tour, la proportion des citoyens électeurs favorables aux thèses du Front National était de 13,24 % des inscrits.
Au 2ième tour, la proportion s’établissait à 15,47 %.
De ce pourcentage et par déduction, il ressort que 85% au moins de citoyens français rejettent l’extrême droite. Malgré ce constat, l’intelligentsia socialiste est disposée à saborder le PS issu de la vieille SFIO pour moins d’un sixième de la population.
Le Parti Socialiste serait-il victime d’une forme de nihilisme ou parierait-il sur un calcul cynique ?
 
L’épidémie européenne
 
Ne soyons pas dupes, à l’instar des partis socialistes des pays européens, le PS français est prêt à se faire hara-kiri. C’est hélas le grand dessein de Manuel Valls qui, en juin 2014, déclarait « la gauche peut disparaître »
Il fallait plutôt entendre « Il faut se débarrasser du PS »
La réalité n’a jamais été aussi crue et aussi cruelle.
 
Face à nos responsabilités
 
Est-il nécessaire d’insister sur la gravité de la situation ? Que faire ?
-          Espérer un sursaut des militants socialistes ?
-          Que sont devenus les frondeurs ?
-          Que fait Mme Aubry dont l’expression « Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup » avait fait florès ?
 
S’en remettre au Front de gauche ?
 
Parlons-en.
Depuis l’article publié sur ce site « Ne l’appelez plus « Front de Gauche », cette structure politique a fait preuve d’un comportement indigne et irresponsable pour qui déclare vouloir défendre les victimes du néolibéralisme et les opprimés.
La bataille de chiffonniers que s’étaient livrés les partis membres du Front de Gauche aux municipales de 2014 et aux départementales de mars 2015 a atteint son paroxysme aux régionales de décembre.
Avec la chute du mur de Berlin et l’implosion de l’Union Soviétique on pouvait espérer que les vieux réflexes staliniens étaient à jamais dépassés.
Niet comme disait l’autre, chassez le naturel, il revient au galop.
La captation du logo « Front de Gauche » par le Parti Communiste rappelle étrangement les années vingt ou lors de L’OPA des communistes staliniens sur la SFIO, ils kidnappèrent l’Humanité, le journal créé par Jaurès.
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, ils réitérèrent en mettant la main sur le syndicalisme ouvrier en s’appropriant le logo, le siège et la trésorerie !!!
Qu’en 2015 le PCF se considère comme propriétaire du label « Front de Gauche » n’a rien d’étonnant, c’est dans l’ADN du communisme stalinien de s’accaparer le bien politique des autres.
C’est ainsi que selon Jean-Luc Mélenchon, lui-même, pas moins de quatre configurations « Front de Gauche » se présentèrent aux suffrages des électeurs le 6 décembre.
Des listes tellement hétéroclites que le citoyen-électeur ne pouvait comprendre la ligne politique du FDG.
Le résultat fut à la hauteur du sérieux de ces boutiquiers, quatre pour cent, en tout et pour tout.
De quoi se réjouir, n’est ce pas ?
Le parti Communiste est passé de 100conseillers régionaux élus en 2010 à 29 en 2015 !
Pour le Parti de Gauche, 15 élus en 2010, 7 en 2015 !
En marge du Front de Gauche originel, EELV est passé de 265 en 2010 à 66 en 2015 !
On comprend pourquoi Mme Duflot rame pour rejoindre le bienfaiteur socialiste.
C’est une véritable prouesse de dilapider les 11 % obtenus par Mélenchon à la Présidentielle de 2012 pour atterrir à 4 % en 2015.
Rien d’étonnant à cela. Outre les épisodes des municipales et des départementales, le PC a tout fait pour qu’il en soit ainsi. Quinze jours avant le 1er tour, Pierre Laurent précisait publiquement sa volonté de fusionner les listes FDG/PS pour le second tour.
André Chassaigne, porte-parole des députés communistes à l’Assemblée Nationale déclarait, entre les deux tours, qu’il voterait pour les candidats Les Républicains, s’il était électeur du Nord ou de PACA !!! Curieuse incise. On ne lui demandait rien, puisque sa circonscription élective auvergnate n’était pas concernée.
Au plan normand, la politique du PC est tout aussi désastreuse.
Les 7,04 % obtenus au premier tour cachent en vérité de profondes ambiguïtés.
Se présenter sur une liste Front de Gauche ne peut pas être une posture mais au contraire la volonté de défendre les valeurs républicaines. La laïcité, par exemple.
Or, le candidat tête de liste en Normandie, le maire de Dieppe, n’a-t-il pas été reçu en audience privée par le pape en octobre 2014 et assisté à la messe en la Chapelle Sixtine accompagné d’un ecclésiastique dieppois ???
Par ailleurs, quel crédit apporter à une liste comportant des défenseurs du nucléaire civil (le maire de Dieppe) et des membres du réseau « Sortir du nucléaire » ?
Enfin la justification, entre les deux tours, d’une fusion en Normandie des listes PS et Front de Gauche était bien légère. Une militante communiste du Calvados chargée de représenter le parti lors d’un meeting de rassemblement à Mondeville le 9 décembre, déclarait « De bonnes mesures (gouvernementales) ont été prises – mariage pour tous, emplois jeunes ..... » (Paris-Normandie du 10/1215)
Oubliés les 800.000 chômeurs supplémentaires depuis 2012, la criminalisation du combat syndical à Air France,  le blocage des salaires dans la Fonction Publique, par exemple.
En Normandie, le résultat en sièges est implacable.
En 2010, le FDG disposait de 6 élus en Haute-Normandie et 6 élus en Basse-Normandie, au soir du 13 décembre dernier, il doit se contenter de 5 élus en tout et pour tout.
Attention dans cette descente vertigineuse, le rez-de-jardin se fait très menaçant !
 
Infime espoir
 
Dans ce marécage politique, il reste un infime espoir, celui de voir Jean-Luc Mélenchon prendre la mesure du danger.
Selon des sondages, il capitaliserait encore 11 % de sympathisants.
S’il veut s’investir de nouveau, il lui faut être clair.
-          abandonner le sigle « Front de Gauche » qui lui a été extorqué et qui trouble l’électorat.
-          s’appuyer sur son parti le Parti de Gauche.
-          abandonner, au moins dans un premier temps, son projet de constituante. Les abstentionnistes et autres déçus ne reviendront pas dans le jeu démocratique par ce canal.
-          comprendre que l’on ne redonnera pas au peuple le goût de la politique par une addition de partis – la plupart du temps, insignifiants – d’associations et de mouvements divers et variés sous le seul et nébuleux label « d’anticapitalistes »
-          favoriser l’émergence de structures locales dynamiques et actives, pas seulement quelques semaines avant un scrutin, chargées de vulgariser les orientations du parti.
Mais avant cela il doit préciser le cadre des orientations qu’il entend défendre.
Au plan européen
-          Europe des Etats/Nations ou Europe fédérale ?
-          Monnaie unique ou monnaie commune ?
-          Retour des monnaies nationales ?
-          Etc... etc...
Au plan national
-          Retour au septennat ou maintien du quinquennat ?
-          Election du président de la République au suffrage universel ou par le Parlement ?
-          Relance de l’industrie sur le territoire national par rapatriement de l’activité manufacturière ou statu quo ?
-          Etc... etc...
 
 
Nous sommes entrés dans une période de très grande turbulence
dont nul ne sait comment cela peut se terminer.
La République a besoin de nous, la République a besoin de vous.