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l devient de plus en plus difficile de trouver une différence entre la politique menée par le Parti Socialiste et celle défendue par la droite, UMP et centriste.
C’est vrai au niveau national, comme dans l’Eure.
Depuis 2001, date d’arrivée de la majorité socialiste au Conseil Général, sur 840 délibérations, 805 ont été votées à l’unanimité.
C’est ainsi que majorité et opposition ont fait cause commune pour programmer la fermeture du collège de Broglie.
Cette connivence se pratiquant le plus souvent sur le dos de la population, le PS aurait tort d’ironiser sur la porosité des frontières idéologiques entre le FN et l’UMP.
L’existence d’une autre porosité entre le PS et la droite, voire l’UMP, devient de plus en plus évidente.
Dans l’Eure, la première expérience fut menée dans le cadre de l’élection du Président des Maires de l’Eure en juin 2014.
Emmenés par le grand timonier, Maire PS de Conches, les élus de la majorité départementale ont permis la réélection du très sarkozyste Joël Bourdin.
En d’autres occasions, ne présentant pas de candidat pour éviter la déroute, le PS aurait appelé à l’abstention ou au vote blanc.
Comment croire à l’argument selon lequel l’élection de Bourdin avait pour objectif de casser « le système Le Maire » ?
Le résultat final fit que quelques semaines plus tard, aucun socialiste n’a été élu sénateur, Bourdin a été sorti du jeu et son successeur est une proche de Bruno Le Maire.
Bravo la stratégie socialiste !
Mais, la manœuvre est bien plus pernicieuse que cela !
Les élections départementales des 22 et 29 mars permettent au PS de franchir une limite, hier impensable.
Dans le sud de l’Eure, l’ancien conseiller général de Nonancourt estampillé divers droite, membre à part entière du groupe d’opposition « Eure Avenir » se présente dans le canton de Verneuil-sur-Avre avec, en binôme, une militante du PS.
Pour tenter d’éviter les sarcasmes, la Fédération de l’Eure du PS la déclare comme divers gauche !!!
Dans ce genre de situation, il y a toujours des fonceurs, des frondeurs, des impatients et des inconscients.
De l’autre côté du département, la porosité éclate au grand jour.
Dans le nouveau canton de Beuzeville, le Conseiller Général sortant de l’ancien canton, Jean-Pierre Flambard, militant socialiste, projette de se présenter en binôme avec la Maire du Planquay, qualifiée de divers droite. La commune de Le Planquay jouxte le chef lieu de l’ex-canton de Thiberville.
Cette alliance ne manque pas de sel et mérite quelques commentaires.
Le qualificatif de divers droite recouvre, en réalité, un espace politique très large.
Ainsi, il paraît difficile de ne pas se rappeler le « feuilleton » politico-religieux qui se déroula de 2008 à 2011 au cœur duquel se situait le curé intégriste de Thiberville adepte de Mgr Lefebvre.
Dans cette affaire, deux élus ont été particulièrement actifs. Couple dans la vie, M le Maire-Conseiller Général de Thiberville et Mme le Maire du Planquay, Présidente des Maires du canton ont été à la manœuvre, sans ménager leur peine.
Alors que l’Evêque d’Evreux avait reçu du Vatican l’ordre de muter le curé royaliste, les Maires du canton (sauf un) menèrent une fronde pour s’opposer au désidérata du Vatican et de l’Evêque. Ce qui fit dire à celui-ci « les élus dans ce dossier sortent du cadre de leurs responsabilités pour s’immiscer dans les miennes » (Paris-Normandie du 5/01/2010)
Pour sauver l’insauvable, en chœur, le couple déclara (Paris-Normandie du 12/03/2011)
Cette tentative de justification ne résista pas à l’épreuve des faits.
En effet, les incartades politico-religieuses du couple ne manquent pas.
La presse, locale et régionale, s’en est fait l’écho.
Ainsi, dans sa livrée du 15/09/2010, l’Eveil Normand informait d’une cérémonie religieuse organisée en l’église du Planquay, par l’ecclésiastique réactionnaire, en l’honneur de Saint-Louis, à laquelle participait le couple, es-qualité, maire de Thiberville/maire du Planquay.
Le maire de Thiberville évoquant l’histoire des Lazaristes !!!
Quelques jours plus tôt, dans une commune voisine, c’est la Saint Gilles qui était honorée avec les mêmes élus sous l’ordonnancement du même ecclésiastique.
Devant faire face à de fortes manifestations de soutien au curé organisées par des militants royalistes, traditionnalistes et frontistes tendances maurassiennes, venant de plusieurs départements, l’évêché dut couper la poire en deux.
Certes, le curé traditionnaliste dut quitter Thiberville mais alors qu’il avait été prévu à Louviers, il atterrit curieusement à Le Planquay, commune administrée par l’une des élues, participante à son comité de soutien, aujourd’hui pressentie pour former un binôme électoral avec le candidat socialiste.
Ainsi, satisfaction fut donnée au mari de celle-ci qui avait déclaré quelques deux ans plus tôt «Pour nous, l’abbé Michel est un prêtre qui correspond à notre identité cantonale. Il suit les cérémonies, est proche des gens ... l’entente avec les élus est constructive. Il ne fait pas de différence avec les paroissiens. Après 21 ans d’exercice sacerdotal sur la paroisse, il serait dommage de le déplacer. On y tient à notre abbé, à notre crèche ... On a la chance d’avoir des églises pleines. Et c’est la peur d’une église vide qui nous fait réagir. »(Eveil Normand 4/06/2008)
De fait, le Conseiller Général Jean-Pierre Flambard ne peut ignorer l’appartenance droitière de celle avec qui il projette de constituer un binôme.
C’est une alliance avec la droite extrême qu’il prépare.
Quant au respect de la laïcité et plus particulièrement de la séparation des églises et de l’Etat, nous savons que ce n’est pas sa préoccupation première. En tant qu’élu, il n’hésite pas à s’afficher dans un lieu de culte, à l’image de sa présence dans l’église de Heudreville-en-Lieuvin, aux côtés du curé et du maire qui souligna « le rôle social de l’église dans la vie d’un village » (Eveil Normand du 16/07/2014)
Le tout est de savoir si le binôme qui se prépare pour le canton de Beuzeville, PS/droite extrême, est adoubé par la Fédération de l’Eure du PS et du président sortant du Conseil Général ?
Le constat est clair, la politique française se droitise dangereusement. Il semble qu’aujourd’hui le PS soit plus enclin à se rapprocher de la droite, et au cas particulier de la « droite forte », qu’à construire des partenariats avec le Parti Communiste !!!
Ne sommes-nous pas entrain d’assister aux prémices de bouleversements politiciens calqués sur deux exemples européens ?
- la grande coalition allemande formée des conservateurs et des sociaux démocrates
- le régime italien qui, alternativement, constitue des majorités composées de la droite classique et de la droite populiste et xénophobe
Le peuple français devra t’il choisir pour le proche avenir et peut-être pour 2017, entre deux majorités possibles, l’une PS/droite, l’autre UMP/FN ?
Quoi qu’il en soit, la politique réactionnaire de remise en cause des acquits sociaux et le bannissement de nos valeurs républicaines semblent être le pivot indépassable !
Si cela devait se confirmer, le peuple aurait bien du souci à se faire.