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Ne l'appelez plus "Front de Gauche" !



Une période très particulière
 
La période mouvementée, incertaine et dangereuse de ce début de 21ième siècle trouvera incontestablement une grande place dans l’Histoire de France et de l’Europe.
Dans quelques décennies, les historiens disserteront abondamment sur cette période. Ils ne manqueront pas de matière.
Ils relèveront certainement les carences des élites, politiques, intellectuelles et culturelles et la léthargie des peuples face au délitement des sociétés occidentales, dont la France est malheureusement dans le peloton de tête.
Historiquement, de ces sales périodes émergent des hommes ou des femmes, non pas providentiels, mais suffisamment clairvoyants pour sortir les peuples de l’ornière.
La question est donc de savoir de quelle nature est cette ornière.
Le candidat Hollande au meeting du Bourget, le 22 janvier 2012, l’avait clairement identifiée.
« Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne se présentera jamais comme candidat, il ne sera pas élu, mais pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance »
Hélas, le discours est resté sur la tribune du Bourget ! Il n’a fait qu’illusion.
On peut croire que c’était là son seul but.
La vérité c’est que depuis trois décennies, le politique n’est plus l’ordonnateur de nos sociétés. Ce n’est même plus l’économie. C’est la finance, de surcroît mondialisée, dont l’objectif est de gaver des actionnaires qui n’ont que faire de l’économie réelle, c'est-à-dire du mieux être possible de l’ensemble de la population.
Nos pays, qualifiés « d’avancés » sont passés d’une industrie traditionnelle, c'est-à-dire manufacturière, à une industrie de la finance.
Le défi, cette fois identifié, devrait conduire nos sociétés (peuples et élites) à un objectif de réhabilitation du politique c'est-à-dire à un retour à une maîtrise par les citoyens des destinées de nos sociétés.
Pour cela, il faudrait revenir aux fondamentaux politiques. C’est pourquoi l’illusion n’est pas permise, la solution ne viendra pas du courant néolibéral dont les composantes sont multiples (LR, UDI, PS ...) considérant que l’intervention publique doit être minimale, l’économie devant s’autoréguler à la façon du talion : les forts dominent outrageusement, les faibles disparaissent.
Après la fermeture des usines, c’est maintenant l’agriculture qui se voit confrontée à l’accélération de la disparition des petites et moyennes exploitations absorbées par de véritables usines agricoles.
Face à la folie de l’hyper business, le salut viendra de la gauche historique, façon Jaurès. Liberté d’entreprendre, régulée par la répartition des richesses produites (impôts, cotisations sociales)
Non, ce modèle n’est ni dépassé, ni désuet, il n’est que la condition du mieux-être des peuples.
Force est de constater qu’en France et en Europe ce salut n’est pas encore visible.
 
55 années de droite, 18 mois de gauche !
 
Le peuple français et ses élites, héritiers de la Patrie des Droits de l’Homme et du Citoyen, sont bien ingrats avec la philosophie progressiste.
Ignorant semble t’il qu’il bénéficie encore aujourd’hui de l’héritage protecteur du Conseil National de la Résistance, le peuple laisse s’effilocher, sans grande inquiétude, le cœur de la République sociale : la répartition des richesses produites.
De plus, nous sommes tombés dans l’absurdité et la honte du partenariat social.
Les politologues et autres sociologues considèrent que le peuple français est un peuple de droite, accentuant cette orientation au cours de la récente période.
Sur les 57 dernières années correspondant à la 5ième République, seules deux courtes années ont vu l’exercice d’une véritable République sociale.
Cette éphémère période a pris naissance le 10 mai 1981 pour se terminer au milieu de 1983.
Les salariés bénéficièrent d’intéressantes évolutions sociales, la 5ième semaine de congés payés, la semaine de 39 heures et la retraite à 60 ans pour les salariés totalisant 37,5 ans de cotisations.
Tout ceci sans aucune contrepartie.
A cela, il faut ajouter la suppression de la peine de mort.
La déduction est simple, le peuple français vient de vivre plus d’un demi-siècle sous un régime néolibéral, privilégiant la rémunération du capital sur celle du travail.
La politique pratiquée entre 1997 et 2002 correspondant à la cohabitation, Chirac/Jospin, ne peut être qualifiée de progressiste.
C’est même tout le contraire.
Sous couvert de réduction du temps de travail, les lois Aubry ont été une véritable escroquerie sociale.
L’annualisation a été introduite détruisant corrélativement les modes de calcul des heures supplémentaires et leur taux.
Apparurent également des régimes de travail néfastes à la santé des salariés. Les statistiques montrent que le nombre de femmes travaillant la nuit a explosé depuis les 35 H.
Comment oublier également la formule fumeuse du gagnant/gagnant, réduction théorique du temps de travail contre blocage des salaires ? Aujourd’hui, les statistiques montrent que la durée réelle et moyenne du temps de travail avoisine les 39 H.
De fait, depuis 1983, sous couvert dans un premier temps de la nécessaire adaptation de l’outil de production, puis dans un second de l’obligation d’être compétitif, les acquis sociaux partent en lambeaux.
La dernière vague vient d’être qualifiée de « loi Macron » Elle a reçu l’onction libérale de la Présidente du FMI, Mme Lagarde, qui, profitant de cette conquête sur le monde du travail, encourage une loi Macron II et pourquoi pas, dit-elle, une loi Macron III.
Fort de ce résultat, n’ayant pas créé de protestation formelle du monde du travail, le gouvernement va maintenant s’attaquer au code du travail.
A ces deux premières années de septennat de François Mitterrand, il faut ajouter la période d’espoir vécue entre le congrès d’Epinay de 1971 et l’élection du 10 mai 1981 qui vit naître le Programme commun, même si en 1977, l’intransigeance des uns et des autres fragilisa le programme de gouvernement.
 
Le Fédéralisme européen s’accélère
 
A peine installés au pouvoir, les socialistes s’affrontèrent sur la ligne politique à poursuivre.
Les uns, emmenés par Delors considéraient que l’heure était venue de conduire la France sur le chemin du fédéralisme européen. Les autres, dont Chevènement se faisait le leader, plaidaient pour l’ancrage de l’Etat/Nation.
C’est la ligne Delors que Mitterrand choisit, désignant Fabius, Premier ministre, pour mettre en œuvre la politique néolibérale de l’Union Européenne.
A partir du tournant européen pris par le gouvernement français et quelques années plus tard avec la chute du mur de Berlin conduisant à l’implosion de l’Union Soviétique, la construction européenne qui se hâtait lentement jusqu’ici s’est soudainement accélérée.
En 1986, apparaît l’Acte Unique Européen permettant :
-          La libre circulation des marchandises inondant notre marché de produits étrangers venant de Chine et plus généralement du sud-est asiatique et depuis 2004 de pays d’Europe Centrale et de l’Est
-          La libre circulation des capitaux faisant que les Etats ne contrôlent plus les flux financiers
-          La libre circulation des personnes, installant le dumping social avec la Directive détachement prise en 1993
Puis, en 1992, arrive le Traité de Maastricht qui introduit le processus de la monnaie unique.
Ce Traité ferme la première boucle du fédéralisme européen.
Concrètement l’euro, monnaie unique, s’installe en 1999, la France l’adopte au 1er janvier 2002.
 
Sortir du carcan néolibéral
 
Les raisons de cet article étant de situer politiquement, aujourd’hui, le Parti de Gauche et le Front de Gauche, il est nécessaire de rappeler qu’au cours des décennies 80 et 90, excepté le désaccord de Chevènement, au Parti Socialiste la construction néolibérale de l’Europe ne choquait personne.
Jean-Luc Mélenchon avait voté « oui » au référendum sur le Traité de Maastricht en 1992. Cela explique peut-être son positionnement sur la monnaie unique, encore actuellement, et sa vénération pour François Mitterrand.
Il a fallu attendre 2005 et le référendum sur le Traité Constitutionnel Européen pour constater une véritable opposition à cette construction.
Mélenchon et quelques autres sommités socialistes décidèrent de s’opposer à ce carcan néolibéral.
Les français rejetant le TCE à près de 55 %, les partis européistes français (PS – UMP – Centristes de tout poil) décidèrent de contourner l’avis du peuple.
En Irlande, sur des sujets analogues, le pouvoir avait fait revoter les irlandais.
Au cas précis, pour contrer le rejet français, les pontes européistes firent semblant de réécrire le TCE et le rebaptisèrent Traité de Lisbonne. Le Congrès des parlementaires français, réuni à Versailles, fut consulté en février 2008. Les élus du peuple se livrèrent à un contorsionisme politique éhonté. La droite et les centristes approuvèrent le document et le PS se réfugia dans l’abstention permettant ainsi la validation du Traité de Lisbonne.
Cette fois, enfin, trop c’était trop, deux parlementaires socialistes rompirent les amarres avec la rue de Solférino, le sénateur de l’Essonne Jean-Luc Mélenchon et le député du Nord Marc Dolez.
 
Une grande espérance
 
Qu’elle fut grande l’espérance de gauche au meeting de lancement du Parti de Gauche le 29 novembre 2008, au gymnase de l’Ile Saint Denis dans le 9-3 !
L’espoir de retrouver la République sociale et laïque était dans les têtes des 3.000 militants venus remercier Mélenchon et Dolez d’avoir briser les chaînes de la rue de Solférino pour offrir une trajectoire devant conduire à une société où l’humain est au cœur des préoccupations politiques.
Le congrès de création du Parti de Gauche avait pour cadre la commune de Limeil-Brévannes dans le Val de Marne, le 1er février 2009.
Mais finalement cette création n’était qu’un pis-aller.
Depuis 2005, au moins, Jean-Luc Mélenchon et quelques autres, travaillaient à une alternative avec des communistes.
Le débat avait pour idée principale de saborder le Parti Communiste et de le remplacer par un parti orienté à gauche n’accueillant pas seulement des communistes.
Mais l’intransigeance de vieux grognards nostalgiques de la place du colonel Fabien poussa le projet à l’échec.
Ce rejet communiste restera la toile de fond de l’aventure.
   
Un Front de Gauche fragile
 
Pour compenser cet échec sera créée une structure formée de trois partis et de quelques associations, le Parti de Gauche dirigé par Jean-Luc Mélenchon, le Parti Communiste avec à sa tête Marie-George Buffet puis Pierre Laurent et la Gauche Unitaire (fraction autonome venant du NPA) dont le leader était Christian Piquet.
Elle prend le nom de Front de Gauche.
Autant dire tout de suite que l’aventure sera chaotique.
Si les premières escarmouches pourront être qualifiées d’erreurs de jeunesse, au fil du temps, il deviendra évident que c’était bien plus qu’un difficile apprentissage. Les orientations politiques des protagonistes étant pour certaines diamétralement opposées.
 
Succession d’escarmouches
 
La première difficulté apparut pour la constitution des listes aux européennes de 2009.
Dans la circonscription Nord-Ouest les communistes refusèrent la présence de Marc Dolez (co-fondateur du PG) dans le haut de la liste.
Au plan local (Eure) impossible à la structure départementale du PG de militer de manière autonome, notamment de valoriser médiatiquement les résultats électoraux. L’auto-désigné responsable départemental appliquait avec zèle les consignes nationales « Ne rien faire qui pourrait gêner le Parti Communiste » Plusieurs camarades interrogèrent le Bureau Nationaldu PG sur cette autonomie impossible du Parti. Il n’y a jamais eu de réponse !!!
Puis ce fut l’épisode épique des régionales de 2010.
Le Parti de Gauche s’était créé à partir de deux gènes primordiaux, la République sociale et laïque (la référence à Jaurès figurant sur le bandeau des publications externes) et la sortie progressive et programmée du nucléaire civil d’où la couleur verte apparue sur le sigle du parti.
Les militants du PG de Haute-Normandie s’étant prononcés clairement contre la tranche n°3 de Penly visant à installer un EPR, la logique eut été de constituer une liste Front de Gauche sur cette base d’autant que le PG et la GU avaient la même orientation sur ce sujet.
Mais, c’était sans compter sur l’intransigeance des communistes conduits par le maire de Dieppe, grand défenseur du nucléaire civil et des sites électronucléaires de Penly et de Paluel.
Néanmoins, une liste dite du « Front de Gauche » fut constituée avec à sa tête un pro-nucléaire et des colistiers anti-nucléaires !!!
Comment espérer donner confiance à la population avec un tel désordre politique et une ligne aussi contradictoire ?
Puis ce fut l’épisode de la cour au NPA.
Vraisemblablement pour montrer au PC que la concurrence pouvait s’étendre, Jean-Luc Mélenchon tenta de rallier le NPA à sa cause.
En agissant ainsi, JLM ajoutait une couche supplémentaire d’incohérence politique.
La question n’est pas celle de la légitimité de l’ex-LCR mais celle de l’incompatibilité des deux partis.
Mélenchon n’a jamais caché sa volonté d’accéder au pouvoir, alors que le NPA s’y refuse catégoriquement, considérant qu’il n’est pas possible de diriger le Pays avec les institutions actuelles.
Le NPA est un parti altermondialiste opposé au principe des frontières nationales. Ce choix politique est en opposition aux valeurs de la République une et indivisible et à l’Etat/Nation que semble défendre Jean-Luc Mélenchon.
Ces deux orientations politiques sont donc inconciliables.
Le résultat fut un échec, un double échec.
Car, non seulement ces deux partis ne collaborèrent pas mais cet échec fragilisa le NPA, conduisant nombre de militants à quitter le navire trotskiste et à se perdre dans la nature, avec le risque de la radicalisation.
Puis vint l’échéance électorale privilégiée des français, l’élection du Président de la République.
Certes, le choix de la candidature du Front de Gauche fit l’objet d’un débat, mais plus sur la forme que sur le fond.
L’échec des candidats communistes (Robert Hue : 3,7 % en 2002 – Marie-George Buffet : 1,93 % en 2007) écartait, de fait, une candidature communiste.
Jean-Luc Mélenchon était donc le candidat idéal.
La campagne qu’il mena fut très enthousiasmante, très motivante.
Les meetings furent de vrais succès. Ils réunirent énormément de monde, beaucoup de jeunes, de 80.000 à 100.000 personnes à Marseille, à Toulouse, à Paris …..
Les sondages lui donnaient entre 14 et 15 %.
Mais le résultat se limita à 11 % soit quatre millions d’électeurs tout de même.
Onze pour cent, c’est le verre à moitié vide et le verre à moitié plein.
-          A moitié vide, car la différence entre le total des voix obtenues en 2007 par l’extrême gauche et le Parti Communiste est inférieure d’un peu plus de 3 points des 11 % de Jean-Luc Mélenchon ! 
-          A moitié plein, car disposer d’une base de quatre millions d’électeurs donne de l’espoir à la condition d’agir pour préserver cet acquis.
Préserver cet acquis, voilà ce qui n’a pas été fait.
Il fallait que le porte-voix qu’était devenu Mélenchon soit assuré de la pérennité de cette fonction par une entrée au Palais Bourbon. Il fallait donc se trouver une circonscription apportant le maximum de chances d’élection.
Malheureusement, tel ne fut pas le choix.
L’idée d’affronter Marine Le Pen dans la 11ième circonscription du Pas-de-Calais fut décidée.
Qu’il s’agisse de l’idée de JLM ou celle de son entourage importe peu. Ce fut une folie.
Pourquoi ?
-          D’abord parce que la patronne du FN sortait auréolée de 17,90 % au premier tour de la présidentielle soit près de 7 points de plus que JLM.
-          Parce qu’en France, deux régions sont sensibles aux thèses du Front National : PACA et Nord/Pas-de-Calais.
-          Parce que la probité de quelques socialistes du Pas-de-Calais est malmenée, éclaboussant l’ensemble de la gauche.
-          Parce que la ville principale de la 11ième circonscription du Pas-de-Calais est dirigée par un conseil municipal à majorité Front National.
L’échec était malheureusement prévisible.
Mais pire encore que l’échec électoral, la campagne fut détestable, médiatisée dans la France entière. Elle fut un véritable combat de coqs.
La justice fut même saisie pour falsification de tracts à l’initiative du FN.
Voilà comment on dilapide 4 millions de voix et ternit l’image d’un possible homme d’Etat.
Cette erreur aura de lourdes répercussions sur l’avenir du Front de Gauche et même du Parti de Gauche.
En décembre 2012, Marc Dolez (co-fondateur du PG) quitte le parti, mais reste au FDG.
L’économiste Jacques Généreux disparaît des radars du PG. D’autres militants moins connus suivent la même trajectoire, comme le syndicaliste Claude Debons et Franck Pupunat (Fondateur du mouvement
UTOPIA)
Mais il en faut plus à Mélenchon pour renoncer et s’avouer vaincu. De nouvelles élections européennes se profilent et JLM y voit l’occasion de se refaire une santé d’autant que le Président Hollande laisse entendre qu’il pourrait réformer le code électoral.
L’idée de supprimer les 7 circonscriptions électorales pour n’en laisser qu’une, en France, circule dans les couloirs de l’Elysée.
Une aubaine pour Mélenchon qui a tout intérêt à défendre le scrutin de liste national, frère jumeau de l’élection présidentielle.
Mais les conseillers de Hollande durent flairer le piège et très vite la rumeur pris fin.
Par ce choix, la brouille au sein du Front de Gauche n’a fait que perdurer.
La campagne de cette élection fut dominée par les sondages plaçant le FN en tête de ce scrutin.
Hélas, la réalité à rejoint la fiction, le FN réalisa 24,86 % et le FdG 6,61 %
La vie du PG et du FdG étant liée aux échéances électorales, le moment était venu d’affronter les municipales de 2014.
Elles furent de la même veine que les précédentes, discorde et même divorce émaillèrent celles-ci.
Paris étant le summum du désaccord.
Le PC et la GU préférant faire liste commune avec la liste PS d’Anne Hidalgo, dès le premier tour.
Jean-Luc Mélenchon entra dans une colère rouge et le Parti de Gauche présenta une liste autonome.
De ces élections municipales on ne retiendra que le succès de la liste EELV/PG à Grenoble.
Après cette litanie électorale émaillée de chicaneries et d’intrigues, le dernier épisode vécu se déroula en mars 2015 avec les élections départementales.
L’occasion d’effectuer, à l’issue de ce scrutin, le bilan de six années de tumulte et de stérilité de « l’autre gauche »
Comme toute brouille précédant un divorce, le point d’orgue est celui de l’héritage.
En l’occurrence, qui est le digne héritier du label « Front de Gauche » ?
Dans l’Eure, comme ailleurs, le Parti Communiste a été le plus vicieux.
Les deux binômes élus des cantons de Pont de l’Arche et St André de l’Eure ont fait campagne sous l’étiquette « Front de Gauche ». Mais, élus, ils siègent dans l’hémicycle départemental dans les rangs des oppositions sous l’appellation « Communistes – Ecologistes et Citoyens »
Comment pouvait-il en être autrement puisqu’en pleine campagne des départementales, un groupe de militants d’Evreux, se revendiquant du Parti de Gauche, informa par voie de Presse qu’il ne soutenait pas les candidats se réclamant du Front de Gauche ?
L’éclatement du Front de Gauche ne peut pas être plus évident, d’autant que récemment, la GU a décidé de se fondre dans le PC.
Au plan national, excepté le résultat de la Présidentielle de 2012, 11 % pour Mélenchon, qui est en capacité de dire combien pèse le Front de Gauche dans les villes, les cantons, les départements ?
Personne, même pas le Front de Gauche, lui-même !!!
Cette situation est un immense gâchis.
Mais le dernier fait d’armes de Jean-Luc Mélenchon se déroula au cours du premier trimestre de cette année.
Constatant le départ des deux ministres EELV refusant de rester dans un gouvernement dirigé par Manuel Valls, JLM vit une opportunité d’affaiblir la majorité présidentielle en attirant des Verts dans le Front de Gauche.
Une médiatisation des relations Duflot/Mélenchon fut organisée jusqu’au moment où, sentant une « gauchisation », les centristes Verts arrachèrent Duflot des griffes de « l’autre gauche »
Cécile Duflot ne se contenta pas de rompre le dialogue avec Mélenchon, elle le qualifia de germanophobe suite aux vives critiques proférées par celui-ci à l’encontre du gouvernement allemand et plus particulièrement envers Angela Merkel et Wolfgang Schäuble
Difficile de ne pas voir derrière ce revirement l’influence de Cohn-Bendit.
Mais au-delà des chicaneries partisanes, il faut s’interroger sur ce qui rapproche EELV et le Parti de Gauche.
Excepté le dossier du nucléaire civil, où les positions sont communes, le reste n’est qu’opposition.
Les Verts sont, avec les centristes, les plus déterminés à promouvoir le fédéralisme européen, c'est-à-dire l’effacement des Etats.
A titre d’exemple, les Verts n’organisent pas des congrès nationaux, mais des congrès interrégionaux !
Les Verts, par l’action de Dominique Voynet, Ministre de l’Environnement, ont mis en place les « Pays » en 1999.
Aujourd’hui, ces structures, venues d’ailleurs, devraient servir de périmètre aux futures communautés de communes et par là même conduire à terme à la disparition des départements et à la plupart des communes !!!
L’organigramme européiste serait ainsi abouti : communauté de communes, régions, commission de Bruxelles.
Cette construction politique est en complète opposition à notre République, une, indivisible et indépendante. Cela n’a pas empêché Jean-Luc Mélenchon de déclarer à l’Université d’Eté du PG à Toulouse le 30 août dernier « L’indépendance de la France est une nécessité »
Comprenne qui pourra !
Alors pourquoi chercher des alliances avec des partis si éloignés idéologiquement ?
 
Une réflexion de qualité, mais une mise en œuvre proche du zéro
 
Jean-Luc Mélenchon est certainement l’un des hommes politiques et peut-être l’homme politique qui a la vision la plus lucide de l’avenir de nos sociétés et peut-être même du devenir de l’humanité.
Ses écrits, et plus particulièrement ses livres, sont d’une cruelle vérité, argumentés, chiffrés, avec un minimum de langue de bois.
Son dernier ouvrage « Le Hareng de Bismarck » est très éclairant. Il est à recommander à toutes celles et à tous ceux qui refusent d’étancher leur soif à l’abreuvoir du politiquement correct.
C’est dans la mise en œuvre que Jean-Luc Mélenchon se compromet lamentablement.
Curieusement, alors qu’il déclare en permanence sa volonté de remettre le pouvoir au peuple, il ne cesse de privilégier les jeux d’appareil, quitte à ravaler les fondamentaux de la République.
Est-ce dû à sa formation trotskiste ?
Par ailleurs, épisodiquement, il lance des thèmes un peu comme, dans la basse-cour, on lance du grain à la volaille.
Ce fut l’économie de la mer, l’éco-socialisme, le mouvement pour la 6ième république.
Hélas, tous ces sujets, ô combien importants, n’ont pas de suite concrète.
Comment pourrait-il en être autrement avec des structures locales inexistantes ?
Dans l’Eure, depuis la création du PG (2009) pas moins de six responsables départementaux se sont succédés !!!
Où sont aujourd’hui les représentants locaux, départementaux du PG, du Front de Gauche ?
Quoi qu’il en soit, le constat est ténu.
Certes, la volonté d’accéder au pouvoir est une ambition salutaire pour un parti dans une démocratie. Cela oblige, bien évidemment, à des alliances mais pas au prix de compromissions.
L’attachement aux fondamentaux de la République est un gage de respect des électeurs.
La question des alliances n’est pas mineure.
Puisque celle-ci est abordée, en marge du sujet concernant le PG et le FdG, donnons notre opinion sur les déclarations récentes de quelques intellectuels (économistes, philosophes ......) considérant comme possible le rassemblement de tous les opposants à la monnaie unique.
C’est la fameuse thèse de « La fin justifie les moyens »
C’est un dangereux projet. La monnaie unique est un des problèmes, mais pas le seul. L’hypothèse d’une fin de l’Euro et de la remise en cause de l’Acte Unique Européen sous-entend la construction d’une autre politique avec un pilier de valeurs, humanisme, laïcité (à ne pas confondre avec l’islamophobie), l’acceptation de l’étranger, la république sociale, la répartition des richesses produites ...
Rassembler tous les opposants à la monnaie unique, c’est entrer dans un tunnel obscur dont nul ne connaîtrait les conditions de sortie.
Dans cette période inquiétante, pour ne pas dire dangereuse, avons-nous le luxe de nous payer, gratuitement, la tête de Mélenchon ?
Imaginons l’ancien sénateur socialiste de l’Essonne resté à l’abri de la rue de Solférino, participant au mieux aux gesticulations des frondeurs, moralement aucun espoir n’aurait existé. Où seraient allées les 4 millions de voix obtenues au premier tour de la présidentielle de 2012 ?
Ne serait-il pas dangereux de vouloir étouffer la seule petite lueur de gauche existant encore dans notre pays ?
Ce ne sont pas les petites officines tenues par les uns et les autres qui suffiront à renverser la table.
Les analyses et autres réflexions ont leur importance, elles permettent de maintenir une sorte de lien entre celles et ceux qui aspirent à l’avènement d’un monde meilleur mais, dans une démocratie, la solution passe immanquablement par les partis politiques.
Hélas, il semble évident qu’actuellement, Mélenchon se soit donné pour objectif l’échéance de 2017.
De nouveau, il commet une erreur stratégique, à moins qu’il ne soit dévoré par l’ambition personnelle, en faisant de la présidentielle son graal ?
Si telle est sa volonté, il commet une erreur car il est vraisemblable que cette élection présidentielle ne sera pas déterminante. Nous y reviendrons ultérieurement.
Les assemblées citoyennes ont leurs limites. Certes, elles ont leur importance pour débattre, mais elles ne remplaceront jamais les partis. A ce jour, elles ne sont que le réceptacle du mécontentement de celles et de ceux qui refusent de se soumettre. Mais de se soumettre à quoi ?
Le cas de la Grèce devrait nous éclairer. Syriza fut le rassemblement des mécontentements. Confronté à l’épreuve politique, il n’a pas tenu le choc, même si les résultats du 20 septembre laissent pantois.
Contrairement à ce qui est dit, Tsipras n’a trahi ni ses partisans, ni ses électeurs.
Le cadre du référendum du 5 juillet était clair. Incohérent, mais clair « Contre l’austérité, dans l’Europe, avec l’Euro »
Or, il ne faut jamais oublier que l’Euro et le fédéralisme européen sont le bras armé de la revanche du capital sur le travail.
Imposer l’austérité aux peuples est l’objectif unique.
Voilà pourquoi il ne faut pas leurrer les gens avec des alliances ou des partenariats hétéroclites.
Qu’ont en commun le Parti de Gauche et Cap 21 ?
Notre système électoral a ses défauts, mais a cependant quelques avantages.
Les européennes exceptées, notre système à deux tours permet aux partis de proposer aux citoyens électeurs un programme économique, social et monétaire ainsi qu’un positionnement clair sur la conception de l’Europe.
On ne peut se déclarer pour la République et défendre la monnaie unique européenne, contre vents et marées.
 
 
Hélas, depuis leur création, le Parti de Gauche et le Front de Gauche ont toujours privilégié les tractations d’appareils à l’émancipation du peuple.
Rien ne remplacera un parti d’adhérents et de militants, structuré offrant au peuple un programme clair, diffusé largement. Les shows télévisés animés par des professionnels de la communication ne suffiront jamais à convaincre les citoyens électeurs d’une vraie politique de redistribution des richesses produites
dans une République une, indivisible, sociale et laïque.