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Liberté de penser librement, ou liberté de penser sectairement ?



 
 
L
a période des congés est souvent synonyme de ralentissement de l’activité. Cela laisse du temps pour revenir sur des dossiers déjà traités.
Le mariage homo est l’un de ceux-là, en complément de ceux postés sur ce site le 2 décembre 2012 : Mariage homo : attention aux silences et le 1er février 2013 : Mariage homo : Un climat dangereux,  parce que délétère 
Non pas pour refaire le débat, mais pour constater l’évolution du dossier et vérifier la concordance de son propre raisonnement au moment du débat avec la factualité d’aujourd’hui.
Ce dossier dont on n’a pas encore mesuré les effets sur la stabilité de la société et l’impact électoral, a réveillé le dogme religieux et donné l’occasion aux « bouffeurs de curés » de se défouler.
Madame Boutin qui avait osé, en flagrante contradiction avec les valeurs laïques, appeler son micro-rassemblement Parti Chrétien Démocrate, n’a pas hésité à déclarer sur un plateau de télévision, au soir d’une manif du printemps dernier : « Cela fait trente ans que ça dure, on va y mettre fin »
En clair, celle qui avait brandi la Bible dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale, lors du débat parlementaire sur le PACS, visait les lois Neuwirth de 1967 sur la contraception et Veil de 1974 sur l’interruption volontaire de grossesse.
Il n’y a donc jamais eu d’ambiguïté sur les motivations des meneurs de ces manifs. 
De là à considérer que les milliers de personnes qui, au printemps dernier, déambulaient dans les rues de Paris et d’ailleurs partageaient cette volonté réactionnaire, c’est faire une erreur d’analyse, d’autant que ces positionnements extrêmes ne figuraient pas sur les étendards.
Ce ne sont pas les organisateurs de manifs sociales qui vont objecter que les rassemblements se font rarement sur des motivations homogènes.
De l’autre côté de la barricade, les bizarreries et les excès ne manquèrent pas.
L
a porte-parole du gouvernement Madame Najat Vallaud-Belkacem, très en pointe, médiatiquement, sur ce dossier, eut une réflexion plutôt curieuse le jour de la publication de la loi au Journal Officiel.
Elle déclara, en substance : la loi est votée, elle s’applique à tous, les opposants qui le voudront pourront toujours exprimer leurs désaccords lors des prochaines consultations électorales !!!
De fait, la Ministre insinuait que même si la majorité socialiste devait payer la note au prix fort d’une défaite électorale, cette loi resterait inscrite au fronton de la République.
C’est clairement un réflexe irresponsable parce que partisan au détriment du souci de préserver l’intérêt général au sens de la cohésion de la société française.
M
ais curieusement – encore que la surprise étonne finalement peu de monde – le positionnement de l’association nationale de la Libre Pensée est singulier.
Sa position en faveur du mariage homo était connue.
La loi votée, elle confirma sa satisfaction et poussa les feux, considérant que le mariage homo n’était qu’une étape conduisant à la GPA et à la généralisation de la PMA
Elle publia une circulaire. D'emblée, le ton fut donné. L’article, illustré par une photo, montre un curé « roulant une pelle » à une bonne sœur.
Pour les athées et les agnostiques, la question n’est pas d’être choqués (d’autant que dans l’Eure, voici quelques années, un moine de l’Abbaye du Bec-Hellouin s’était épris d’une bonne sœur, les deux ayant préféré s’adonner à l’amour charnel délaissant l’amour de Dieu le Père) mais de s’interroger sur les raisons de cette illustration.
N’y a-t-il pas erreur à confondre journal satyrique et organisme dont la mission est l’émancipation des masses ?
Est-ce de cette manière que l’on peut sensibiliser les indécis à ses propres convictions ? En agissant ainsi, n’a-t-on pas conscience de provoquer l’effet inverse. A moins que l’objectif se limite à se payer du catho ?
Le texte est du même acabit. Il fait de la GPA et de la PMA le prolongement naturel et obligatoire du mariage homo.
La Libre Pensée accuse même de fallacieux les arguments de « mercantilisation » du corps des femmes concernant la GPA.
Nier le cas de femmes, qui se trouvant dans une situation économiquement dramatique, n’ont pas d’autre solution que de porter dans leur ventre un enfant dont elles savent qu’elles n’en seront jamais mères, est faire preuve d’un aveuglément sidérant.
A ce jour, cela ne se produit peut-être pas en France, mais assurément dans l’Union Européenne.
Mais qui sait, demain, pour notre pays ?
Qui peut ignorer que dans notre chère patrie des Droits de l’Homme, des étudiants, garçons et filles, se prostituent faute de moyens légaux pour payer leurs études ?
Qui peut ignorer que dans des pays socialement miséreux, de belles âmes excusent le travail des enfants au prétexte que c’est cela ou la prostitution ?
Il est vrai que les pontes de l’actuelle Union Européenne ont un tel souci du progrès social, que la classe ouvrière n’a pas à s’inquiéter pour son avenir !!!
En raisonnant ainsi, nous ne sommes plus dans le débat entre créationnistes et évolutionnistes, mais dans une sorte de fuite en avant où l’humain n’a pas l’intention de maîtriser le résultat de son savoir et ne se fixe aucune limite.
Ainsi, la LP n’hésite pas à mettre sur le même plan le don d’organes et la « fabrication » d’un être humain, rétrocédé administrativement à un « tiers propriétaire »
Or, dans la première situation, il s’agit de sauver une vie en prélevant sur un corps cliniquement mort un organe viable pour le transplanter sur un corps en bonne santé générale, mais handicapé par un organe défaillant.
Dans la situation de la GPA comme de la PMA généralisée, il s’agit de satisfaire les égoïsmes sexuels dont les exigences sont « entre individus de sexes différents, on ne se touche pas, on ne copule pas »
Profitant du climat ambiant, sur sa lancée, elle développe sa pensée en matière de relations intimes des êtres humains.
Dans un communiqué du 21 novembre 2012, la fédération nationale écrit : « La Libre Pensée est pour l’union libre. C'est-à-dire le droit à toute personne de vivre en commun avec qui elle souhaite. Entre adultes tout est permis »
Si les deux premières phrases laissent des marges d’interprétation, la troisième est sans ambiguïté.
Il ne faut pas oublier le contexte dans lequel ces textes sont pensés et écrits, c'est-à-dire « mettre les couples femmes et les couples hommes à égalité quel que soit le sujet abordé »
Partant du principe que tout est permis, elle pose insidieusement la question de l’inceste.
Ainsi, la Libre Pensée considère t’elle :
- Que l’acte sexuel entre un père et sa fille serait un acte sexuel banal ?
- Que l’acte sexuel entre un père et son fils serait un acte sexuel banal ?
- Que l’acte sexuel entre une mère et son fils serait un acte sexuel banal ?
- Que l’acte sexuel entre une mère et sa fille serait un acte sexuel banal ?
- Que l’acte sexuel entre frère et sœur serait un acte sexuel banal ?
- Qu’une jeune mamie en pleine forme pourrait être la cougar de son petit-fils ?
- Etc...Etc...
Mais, il faut aussi poser la question de la bigamie, puisque tout est possible ?
Faudrait-il légaliser tout ce qui relève de la relation intime ?
A ce jeu, faudrait-il demander aux pouvoirs publics de guetter au trou des serrures des chambres à coucher pour légaliser tout ce qui se passe dans les plumards ?
Le raisonnement de la Libre Pensée conduit également à d’autres interrogations.
Alors qu’elle déclare que le mariage n’est pas la tasse de thé des libres-penseurs, pourquoi s’accroche t’elle à ce point au mariage (civil, bien entendu) des personnes de même sexe ?
Un PACS revu et corrigé n’aurait-il pas suffi ?
Mais peut-être parce que c’est l’occasion rêvée de se payer du catho ?
Pour justifier son positionnement, elle n’hésite pas à recourir à l’Histoire, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, la Révolution Française et à prendre pour témoins des femmes et des hommes qui ont joué un rôle majeur dans l’émancipation des masses, Rosa Luxembourg, Jean Jaurès, Aristide Briand.
Hélas pour la LP, les citations mises en avant ne justifient en rien le mariage de personnes de même sexe, la PMA généralisée et la GPA.
Enfin, faire parler les morts est un exercice osé et périlleux.
 
 
A l’inverse, on peut se demander si les Jaurès, Briand, Buisson, Hugo, etc... auraient été d’ardents défenseurs du mariage pour tous ?
Quoiqu’il en soit, quand on touche à des sujets sociétaux de cette ampleur, la première responsabilité est avant tout de ne pas porter atteinte aux équilibres de la société.
Les fantasmes de quelques-unes et de quelques-uns doivent passer au second plan.
 
 
Pour prendre connaissance de tous les enjeux de ce dossier,
DPVRS 27 vous invite à lire l’article publié par Denis Collin sur son site personnel :
Le Même, l’Autre et la question de la filiation