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e dit-on pas que le pouvoir rend aveugle, à moins que ce ne soit la situation d’opposant qui rende sourd ?
Le parlement et sa majorité socialiste travaillent actuellement au changement du mode de scrutin des Conseillers Généraux.
Avant d’entrer dans les détails, autant dire tout de suite que le Parti Socialiste aujourd’hui, comme la droite hier, imagine une usine à gaz dont le but est, sans aucun doute, la suppression à terme des cantons et corrélativement des départements.
Ainsi, les fondements de la République sociale une et indivisible sont menacés.
N’en doutons pas, sournoisement, le fédéralisme européen est en voie de construction et le cahier des charges pour la mise en place d’un nouveau mode de scrutin des cantonales s’inscrit pleinement dans cet objectif.
Ainsi, la hiérarchie technocratico-politique serait la suivante :
Instances européennes
(Non-élues par les citoyens et donc non démocratiques) – Commission – Conseils – BCE – Cour de Justice ......
Seul le parlement est élu. Mais il n’a aucun droit de légiférer, il donne uniquement des avis dont la commission n’a pas l’obligation de tenir compte.
Etats nationaux
Avec le Traité de Stabilité, de Coordination et de Gouvernance et le Mécanisme Européen de Stabilité leurs pouvoirs budgétaires sont considérablement réduits (les budgets sont encadrés par une rigueur perpétuelle, sous l’autorité des instances européennes). 80 % des lois votées par le parlement ne sont que des transpositions de directives européennes.
Régions
La future loi de décentralisation, prévue pour le printemps prochain, fixera le rôle et les compétences de ces entités. Le risque est d’avoir un pouvoir règlementaire régional modifiant les lois nationales, diluant ainsi le principe d’égalité en droit des citoyens.
Pôles Métropolitains
Leur rôle et leurs compétences identiques, voire proches de ceux actuellement dévolus aux Régions et aux Départements, réduisant ceux-ci à des peaux de chagrin.
Communautés d’agglo et de communes
Rôle et compétences identiques à ceux actuellement en vigueur.
Vous l’aurez remarqué, dans ce schéma les cantons ont disparu, les communes et les départements n’existent plus que par le maintien de leur nom et un minimum de compétences.
Rappelons-nous le discours de Saint-Dizier du 20 septembre 2009 de l’ancien Président Sarkozy qui avait fixé le cadre de la loi du 16 décembre 2010.
Deux articles constituaient l’ossature de cette loi :
1 – Substitution des Conseillers Généraux et Conseillers Régionaux en Conseillers Territoriaux (articles 1 et autres)
2 – Création de Pôles Métropolitains (article 20)
Le cumul des deux mettait gravement en péril les départements et fragilisait les régions.
Cette loi avait été critiquée par les parlementaires socialistes qui l’avaient rejetée par leurs votes.
A ce stade, nous étions en droit de penser que l’esprit et la lettre de cette loi étaient contraires aux valeurs et aux objectifs des socialistes.
Nous savons aujourd’hui qu’il n’en était rien, il s’agissait davantage de leur part d’une posture politicienne que d’une vraie opposition, la preuve :
Le 20 novembre 2012, la majorité parlementaire socialiste a aboli le conseiller territorial mais a laissé en l’état le principe du Pôle Métropolitain.
Sur le terrain, les socialistes s’activent pour implanter les Pôles.
En Haute-Normandie, Laurent Fabius est à l’origine du Pôle Métropolitain de Rouen.
Celui du Havre initié par l’ancien Maire UMP de la cité océane, Antoine Rufenacht, reçoit l’appui sans condition des socialistes locaux.
En Alsace, le processus de fusion des deux départements est en marche. Celui-ci a été initié par la majorité parlementaire de droite et se poursuit sous une majorité parlementaire socialiste !!!
Au plan local, le mélange des genres politiques est une réalité concrète. Le Président de la région est un UMP, le Président de la communauté urbaine de Strasbourg est socialiste, le Président de Mulhouse-Agglo est un ancien socialiste débauché par Sarkozy et tout « ce petit monde » a élu ce « débauché » Président du Pôle Métropolitain Strasbourg/Mulhouse.
De fait, la majorité régionale de droite et la majorité municipale socialiste de Strasbourg, entre autres, s’entendent comme larrons en foire pour exterminer les deux départements du Bas et Haut Rhin.
Arguant malicieusement – d’une volonté d’intégrer dans le scrutin cantonal – le principe de parité homme/femme, de manière plus concrète que précédemment, la majorité parlementaire socialiste pratique le billard à deux bandes.
Tout d’abord, les socialistes veulent supprimer le titre de Conseiller Général pour lui substituer celui de Conseiller Départemental.
Cette substitution apparemment anodine est, en fait, la mise à mort des cantons.
C’est un processus assez proche de celui qui a conduit à supprimer les numéros des départements sur les plaques minéralogiques des automobiles.
Le but est d’effacer de la mémoire collective les repères, pour en imposer d’autres.
Ensuite, les cantons actuels disparaitraient pour être regroupés par deux, par trois, voire par quatre !!!
Ce projet est paradoxalement pire que celui voté par la droite qui fixait à 5.000 habitants la base minimale pour constituer un canton.
Dans l’Eure, six cantons auraient été jumelés sur un total de quarante-trois.
- Combien dans le projet socialiste ?
- Quels noms pour ces nouvelles entités ?
L’actuel projet socialiste prévoit des candidatures en binôme homme/femme pour chaque nouvelle entité.
Autant dire que plus personne ne comprendrait plus rien aux strates politiques et administratives de la France.
C’est ainsi qu’après les Guillotins de droite, voilà les Guillotins socialistes qui s’apprêtent à exterminer les bases de notre République.
Mais, comme d’habitude, la droite joue les vierges effarouchées. Dans l’Eure, le sénateur Nouveau Centre Hervé Maurey s’est fendu d’un communiqué au moment du débat au Palais du Luxembourg, parlant de tripatouillage électoral, comme si c’était l’apanage des socialistes et utilisant la formule « d’élus des villes et d’élus des champs »
Le seul problème c’est que le Nouveau Centre est très favorable aux Pôles Métropolitains. Le Président de la Communauté de Communes de Cormeilles, qui n’est autre que l’ancien Ministre de la Défense Hervé Morin, s’apprête à valider la création du Pôle Métropolitain de l’Estuaire de la Seine.
Or, si ces Pôles se mettaient en place (12 actuellement constitués ou en voie de constitution ) ce ne sont pas des élus des villes et des élus des champs qui apparaîtraient, mais des citoyens des villes dotés de structures modernes financées par des fonds publics, notamment européens, et des citoyens des campagnes réduits à des déserts économiques et sociaux démunis de services publics.
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ur ce dossier, le positionnement du Parti de Gauche n’est pas satisfaisant.
Il propose un scrutin de liste à la proportionnelle, incluant la parité.
C’est une erreur.
Le scrutin de liste effacerait l’entité cantonale.
Les élus (es) ne seraient plus attachés à un territoire.
Les exécutifs régionaux sont élus au scrutin de liste, c’est l’entité politique la plus méconnue des citoyens.
Il n’est d’ailleurs pas obligatoire que tous les territoires soient « dotés » d’un élu (e) régional.
Si l’on veut réhabiliter la politique auprès des citoyens, il faut obligatoirement permettre l’attachement d’un élu à un territoire (le Maire et la commune, le Député et la circonscription…….)
Si réforme il doit y avoir pour les Conseils Généraux, cela devrait être :
1 – Maintien du canton et faire du Conseiller Général le premier magistrat de la Communauté de Communes du canton avec les attributions actuellement dévolues aux présidents de ces E.P.C.I.
2 – Possible reconfiguration des cantons sur des critères préservant le principe de l’égalité républicaine par l’utilisation d’un mixe équilibré ayant pour critères une base minimum de population et une proximité des services publics (scolaire – Gendarmerie – Poste – Finances Publiques - équipement médical …)
3 – Pourimposer la parité homme/femme, obligation faite aux partis et aux mouvements légalement constitués, de présenter des listes respectant la parité des candidatures déposées (ex : sur 40 candidatures déposées, 20 femmes, 20 hommes) Cette règle ne serait pas appliquée aux candidatures dites libres.
Mais la parité des listes n’est-elle pas une escroquerie morale ?
La vraie parité est celle qui s’applique aux exécutifs :
- parité pour les vice-présidences,
- parité pour les présidences de commissions,
- parité pour les bureaux etc…
Bien évidemment, un dossier de cette nature ne peut être empreint de passéisme, il doit cependant être protégé de tout aventurisme.
La France est une République laïque, une et indivisible, c’est ce qui en a fait sa réputation économique et sociale dans le monde entier.
Aussi, les réformes engagées ne doivent pas s’écarter de ces valeurs initiées par la grande Révolution de 1789, patiemment consolidées pendant deux siècles.
Il serait pour le moins paradoxal que le Parti Socialiste, qui se veut de gauche, renie ce passé.