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Droit divin ou droit républicain !



 Préambule de circonstances
 
L’article qui vous est proposé a été écrit dans sa grande majorité fin décembre. Sa publication était prévue pour le 10 janvier.
La tuerie à Charlie Hebdo faisant 12 morts, le lâche assassinat d’une jeune policière à Montrouge et les 4 personnes abattues à Vincennes m’ont conduit à m’interroger sur l’intérêt de publier cette réflexion.
Le chagrin, la douleur s’estompant, le souvenir cauchemardesque des 7, 8 et 9 janvier 2015 rendu indélébile, la volonté de poursuivre modestement l’analyse de quelques faits de notre société humaine a repris le dessus.
Mais il m’est apparu indispensable de dire au préalable quelques mots sur les réactions à ces tragiques évènements.
D’autant que le monde politique, médiatique, religieux … n’a  pas tenu longtemps pour oublier les valeurs fondamentales de Charlie Hebdo.
N’y a-t-il pas eu provocation à faire sonner le bourdon des églises et cathédrales, en particulier celui de Notre Dame de Paris, pour rendre hommage aux dessinateurs laïcs et athées de Charlie Hebdo ???
Sur les plateaux de télévision, à de rares exceptions, tous,  journalistes, éditorialistes, commentateurs en tout genre, arboraient sur le revers de leur veston ou chemisier un autocollant « Tous des Charlie » louant la liberté de ton, d’expression et l’impertinence de la ligne éditoriale de Charlie Hebdo.
Parmi tous ces porteurs de stickers, une belle bande d’hypocrites et pour garder l’esprit Charlie, une belle bande de faux-culs.
On a vu toute cette presse néolibérale qui, habituellement, ne cesse insidieusement de relayer l’esprit du fédéralisme européen et son dogme l’économie libre et non faussée, conduisant des millions de salariés européens à l’exclusion, à la désespérance et pour certains à la délinquance et parfois à l’extrémisme.
On a même vu et entendu un soixante-huitard reconverti dans le néolibéralisme du 21ième siècle défendre l’impertinence de Charlie -Hebdo alors qu’en 2005 il avait osé qualifier de « xénophobes » les électeurs qui avaient voté « non » au référendum du 29 mai !
Les politiciens de nombreux bords, eux aussi, n’ont pas mis longtemps pour retomber dans leurs travers. Les partis de gouvernement, dont l’attachement aux valeurs de la République s’effiloche de jour en jour, ont paru bien ridicules d’exclure le FN de la manifestation du 11 janvier.
On ne peut utiliser impunément ce parti comme variable d’ajustement électoral depuis plusieurs décennies, lui attribuer des subventions publiques comme à tout autre parti et faire en sorte qu’il ne soit pas partie prenante lors d’un mouvement national. Ces partis sont des pyromanes pompiers.
Cependant, la vérité c’est qu’un parti es-qualité, nationaliste et xénophobe, n’a pas sa place dans un rassemblement de concorde nationale.
Mais l’hypocrisie ne s’est pas arrêtée là.
Elle s’est poursuivie le dimanche 11 janvier avec la présence du gratin néolibéral européen à Paris.
Une question se pose. Les Junker, Schulz, Merkel, Cameron, Renzy, Rajoy, ... ont-ils marché de République à Nation pour honorer les 17 victimes de ces 3 journées sanglantes et en particulier l’impertinence de Charlie-Hebdo, ou pour montrer aux peuples français et européen que le terrorisme n’atteindra pas la sacro-sainte « concurrence libre et non faussée » de l’Union Européenne ?
Autant jouer cartes sur table, je crains qu’il faille retenir la deuxième hypothèse.
D’ailleurs, l’un des rescapés de Charlie Hebdo, le dessinateur Luz a éprouvé la nécessité de dénoncer, quelques heures avant la manifestation, l’hypocrisie des politiciens, déclarant : « C’est formidable que les gens nous soutiennent, mais c’est à  contresens  de ce que sont les dessins de Charlie »
Son camarade Laurent Léger, grand reporter, n’a pas eu d’autre expression. Tout en se disant touché par la mobilisation, il n’en a pas moins déclaré « C’était aussi le bal des faux-culs »
Comment croire au crédit de Junker qui,  en tant que Premier Ministre du Luxembourg,  a organisé l’une des plus grandes fraudes fiscales concernant 340 entreprises transnationales, privant les pays concernés de budgets permettant des mesures sociales indispensables à la sérénité et à la stabilité des populations ?
Comment croire au crédit laïc de Martin Schulz qui a fait venir le Pape au Parlement européen le 25 novembre dernier ?
Comment accorder un crédit à Mme Merkel qui ne cesse de prôner les reculs sociaux et pire encore qui exhorte les autorités françaises à conduire une politique de régression sociale ?
Quelle honte, la présence dans le rassemblement de Paris du 11 janvier du Premier Ministre hongrois qui a fait supprimer dans son pays le principe du secret des sources des journalistes, sans oublier « la chasse » qu’il organise à l’égard des Roms et des Tziganes !
Mais il est vrai que le parti du Premier Ministre hongrois siège au Parlement européen, au sein du PPE,  au côté des élus français de l’UMP sans que ceux-ci y trouvent quelque inconvénient !!!
Que penser de la présence du Premier Ministre israélien, compte tenu de la politique expansionniste et agressive qu’il mène à Gaza et dans les territoires occupés ?
Sans oublier quelques chefs d’Etats africains et asiatiques dont les références démocratiques et laïques tiennent amplement sur la surface d’un confetti.
Quelle honte que tout ceci se soit fait sans aucun commentaire des organisateurs de cette manifestation !
Les corps des 17 martyrs des 7, 8, 9 janvier n’étaient pas encore placés dans leur dernière demeure, que l’indécence reprenait sa place.
Le 13 janvier au soir, une chaîne de télévision dite de service public n’hésitait pas à publier les résultats d’un sondage montrant les cotes de popularité des différents personnages politiques français qui ont été en première ligne dans cette triste affaire et qui vraisemblablement joueront un rôle aux échéances de 2017.
Quelle honte d’organiser ce sondage et d’en publier les résultats alors que le traumatisme de cette tuerie est encore très présent !
Ces charognards ont-ils imaginé l’effet que ce type de consultation peut avoir sur les familles endeuillées ?
Le mot laïcité a été prononcé à maintes reprises, au cours des commentaires de ce drame.
Apparemment, il n’a pas la même acception pour tous.
Nous avons vu, au moins un Ministre et des Préfets rendre visite à des communautés juives. Rien de plus normal que des représentants de l’Etat rendent visite, dans de telles circonstances, aux familles et aux amis des victimes du terrorisme. Mais, les représentants de la République n’ont pas à se conformer aux rites et notamment comme cela a été fait, porter la kippa, y compris pour entrer dans une synagogue.
Ou la religion concernée accepte pour des circonstances exceptionnelles la présence d’un représentant de la République dans un lieu de culte sans application des rites, ou les rites sont obligatoires et dans ce cas le représentant de l’Etat n’entre pas dans le lieu de culte.
C’est simple, la laïcité ne se découpe pas au gré des circonstances.
Ainsi, il était très naturel que sous l’émotion des milliers de personnes se retrouvent dans les rues pour dénoncer cette barbarie.
Cependant, une question de fond se pose. Qu’est ce qui a motivé ce mouvement de foule ?
-          La sauvegarde de nos libertés, y compris d’expression ?
-          Une prise de conscience du problème de fond, dans lequel notre pays est englué ?
-          Un mouvement de réaction spontanée, sans grand lendemain, de type Facebook ?
On n’est pas obligés de considérer que les caricatures sont émancipatrices. Pour ma part, je préfère les développements argumentés. Cependant, traduire une opinion par quelques coups de crayon est un art, une manière de communiquer librement et cet art doit être défendu et pratiqué sans risques pour l’intégrité physique de leurs auteurs.
Passé cette immense marche à Paris et dans de nombreuses villes, il est urgent que les décideurs de ce monde, puisque certains avaient fait le déplacement,  prennent les mesures qui s’imposent. La question n’est pas celle du sécuritaire, mais de l’ensemble des éléments qui conduisent certains individus à sombrer dans la délinquance puis dans le terrorisme, manipulés par de dangereuses sectes.
Ces décideurs doivent admettre qu’il faut mettre fin à ce suicidaire système économique qui n’a qu’un objectif, réduire le champ social.
Considérer que ce serait avant tout une question d’éducation, tentant ainsi d’en rendre responsables les enseignants est scandaleux.
C’est avant tout un problème politique et d’orientation économique.
Un autre partage des richesses produites est urgent.
Ainsi, l’analyse politique doit reprendre avec recul et sans tabou.
Voici donc le texte prévu initialement, écrit fin décembre.
 
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Droit divin ou droit républicain
 
L
’ignoble assassinat d’un guide français de haute montagne en Kabylie en septembre dernier et la parution conjointe mais fortuite d’un livre culpabilisateur du progressisme, faisant l’apologie de la réaction, a fait rebondir dans notre pays la question de l’islam en France.
Avant de développer ce sujet, des commentaires s’imposent sur l’abominable crime dont Hervé Gourdel a été victime.
Au cours de l’été dernier, plusieurs personnes ont subi cette cruauté, elles sont les martyrs de notre temps et leurs familles vivent des évènements de la plus grande bestialité.
Cependant, face à ces terribles évènements, nous devons prendre le recul nécessaire pour rappeler que malheureusement la cruauté est un des gènes de l’humanité.
Contrairement à l’idée que l’on voudrait infiltrer dans les esprits, cette cruauté n’a ni couleur, ni religion, ni continent, ni époque.
Sans vouloir établir une hiérarchie dans cette barbarie, faudrait-il oublier qu’en France au Moyen-âge, le châtiment suprême passait par l’écartèlement des condamnés ? Le public était invité au « spectacle » et un ecclésiastique, crucifix en main, attestait de la présence de Dieu.
Sous la  terreur  au nom de la République, on guillotinait les opposants, mais pas seulement.
Les Républicains qui s’inquiétaient des dérives révolutionnaires subissaient le même sort.
On oublie trop souvent que dans notre chère patrie des Droits de l’Homme, jusqu’en 1977, les condamnés à mort étaient guillotinés. En 1943, une femme pratiquant l’avortement clandestin a été guillotinée.
Devons-nous rappeler que les nazis gazaient et brûlaient les corps à une cadence que l’on qualifie « d’industrielle » ?
Pouvons-nous oublier que chez l’oncle Sam, les condamnés à mort sont électrocutés. Parfois, l’engin de mort s’enraye, laissant la personne agonir pendant près de 30 minutes ?
Que dire des massacres perpétrés par les Khmers rouges de 1975 à 1979 au Cambodge et du génocide au Rwanda en 1994 ?
Enfin, et sans que la liste soit exhaustive, pouvons-nous passer par-dessus bord la situation liberticide de la majorité des Pays du Golf ?
En Arabie Saoudite, en application de la charia, on décapite au sabre, quasi hebdomadairement, les coupables d’adultère ou de blasphème.
Au Qatar, la décapitation au sabre reste la méthode légale de condamnation à mort, même si il semble qu’elle ne soit plus pratiquée.
Cela n’empêche pas les diplomaties occidentales à faire de ces régimes, cruellement liberticides, des partenaires. Le Président Hollande en visite au Qatar, en juin 2012, n’a-t-il pas déclaré qu’il se trouvait en pays ami ??? Remarquons ces propos très dissonants de ceux du député PS de l’Eure, François Loncle, qui sur France 3 Haute-Normandie le 10 janvier dernier, répondait à ceux qui exonèrent le Qatar de tout financement des djihadistes « J’aimerai en être sûr, je pèse mes mots », François Loncle est membre de la commission des affaires étrangères.
Donc, méfions-nous des apitoiements de circonstances, la réal-politique est souvent sourde et aveugle aux règles les plus élémentaires des Droits de l’Homme.
Un état des lieux, succinct, sur la violence humaine étant fait, abordons maintenant l’assertion selon laquelle l’islam serait incompatible avec la République.
Il faut faire preuve d’une piètre connaissance du fait religieux pour soutenir cette thèse.
A moins qu’il s’agisse plus sournoisement de discréditer une religion pour en favoriser une autre.
Le fait religieux, au moins pour le monothéisme, utilise la mort pour sensibiliser l’humain à son dogme.
Il mystifie les masses avec le fantasme d’un Dieu invisible dont l’ensemble de l’humanité lui devrait son existence et son environnement.
Pour les uns, c’est « la volonté de Dieu », pour les autres c’est « Inch Allah »
Pour rendre crédible et entretenir cette mystification, il tente de la rendre existentielle par l’entremise d’un clergé plus ou moins organisé et hiérarchisé, selon les religions.
Ces clergés s’appuient  sur des textes fondateurs, la Bible, l’Ancien Testament, le Nouveau Testament, le Coran, la Torah ...
A ce stade, précisons que les religions du monothéisme ont un point commun, celui du refus des Droits de l’Homme et du Citoyen et plus fortement encore, celui des Droits de la Femme.
Pour ces religions, la femme n’est qu’une auxiliaire au service de l’homme !!!
Récemment, le Président turc a déclaré « notre religion a défini une place pour les femmes dans la société : la maternité » ajoutant, s’agissant de l’égalité entre hommes et femmes, c’est « contre la nature humaine »
On ne peut être plus clair.
La réflexion qui vous est proposée concerne l’évolution de l’islam en France, sa cohabitation ou sa concurrence avec le catholicisme.
Le judaïsme n’est pas intégré à cette réflexion. Il n’est évoqué que très occasionnellement, non par négligence ou mépris, mais simplement parce qu’aujourd’hui le sujet est celui de la compatibilité de l’islam avec la République Française.
La question de fond est celle de la place de la religion dans la gestion de l’intérêt général.
C’est une question vieille comme le monde, vieille comme le fait religieux.
En France, sous l’Ancien Régime, le Roi représentait Dieu dans le royaume, il était reconnu de droit divin.
A ce titre, il avait le droit de vie et de mort sur ses sujets. Il n’y avait pas de séparation des pouvoirs. Le roi disposait du pouvoir exécutif, législatif, policier et judiciaire.
Il avait également la charge de nommer le clergé catholique.
Les lois appliquées, souvent avec brutalité, étaient celles de l’Eglise catholique et de sa morale.
De fait, jusqu’à la Révolution de 1789, la France était gouvernée par le catholicisme politique.
Aujourd’hui, en France, l’islam est dans un état d’esprit semblable à celui du catholicisme avant 1789 et surtout avant la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat du 9 décembre 1905.
L’islam doit comprendre et admettre que la France est une République laïque et qu’à ce titre c’est le droit républicain qui s’impose à toutes et tous et non le droit divin.
L’aspect sacré, l’aspect divin, ne concernent que les croyants dans un cadre strictement privé.
Gloire au multiculturalisme clament plusieurs intellectuels.
Cette vision de la société mérite quelques précisions.
S’il s’agit d’assembler, de mêler l’art littéraire, l’art pictural, l’art musical, l’art théâtral, l’art cinématographique etc…, le mélange est à encourager. Il enrichit culturellement nos sociétés. Il est vecteur de paix.
Mais très souvent, derrière la notion de culture, se trouve en embuscade des modes de vie liés aux religions.
Toute une série d’activités humaines sont concernées.
L’alimentation fait partie des activités qui ne peuvent subir les coutumes religieuses.
Refuser de manger du porc ou de la viande le vendredi ne doit pas poser de problème pour l’établissement des menus dans la restauration collective.
Mais exiger que les ustensiles de cuisine n’aient jamais été en contact avec du porc est inacceptable.
De la même manière, l’abattage des animaux de boucherie doit se faire conformément aux normes sanitaires et non en rapport aux rites religieux.
Estourbir l’animal avant de le vider de son sang est une loi de la République qui ne peut subir d’entorse.
Si demain, une forte « colonie » d’indiens arrivait en France, faudrait-il supprimer la viande de bœuf de nos menus ? De la même manière, devrions-nous mettre du chien sur nos tables pour appliquer les modes culinaires chinois ?
La question religieuse s’introduit également dans le domaine de la santé et plus particulièrement dans le milieu hospitalier.
Le patient ou la patiente n’ont pas à exiger d’être suivis et examinés par un praticien, quelle que soit la spécialité, en fonction du sexe de celui-ci.
La qualité de l’expertise médicale ne se mesure pas à l’aune du sexe de celui ou de celle qui la pratique.
Dans le milieu hospitalier, mais pas seulement, l’égalité de la compétence est une valeur indépassable.
Elle ne peut être transgressée et pas davantage pour des raisons religieuses.
Le droit républicain s’impose.
Il doit en être ainsi pour les activités périscolaires. Si le législateur considère que l’apprentissage de la natation est une discipline nécessaire au développement de l’enfant, seules des raisons de santé peuvent conduire à une exonération.
On ne peut pas traiter la présence du fait religieux dans la cité sans évoquer la pratique de la prière.
Partant du fait que depuis la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat faisant de la religion un strict engagement personnel, la question de l’ostentation en public est posée.
Même si les règles de droit restent, à ce jour, imprécises en matière de pratique religieuse dans l’espace public, celle-ci pose cependant un problème qui va bien au-delà de la sécurité publique souvent évoquée.
Depuis quelques années, le lieu de travail fait, lui aussi, l’objet de débats s’agissant de la prière.
Faut-il accepter, voire légiférer sur cette question ?
Faut-il demander aux employeurs de mettre à disposition des salariés croyants/pratiquants des lieux de pratique religieuse, salles de prière pour les uns, chapelles pour d’autres, etc… ?
En cette époque où la revendication sociale est devenue atone, la tentation de la revendication sociétale fait son chemin.
N’a-t-on pas vu, il y a quelques années, des «partenaires sociaux » comme ils disent, négocier la mise en place de salles de prière et des horaires adaptés ?
Et comme pour bien organiser la chose, des calendriers syndicaux ont été édités en y indiquant les horaires des prières !!!
C’est bien évidemment une grave entorse aux valeurs de laïcité. Ceux qui se livrent à ce genre de détournement, pour glaner quelques voix, font courir à notre société du vivre ensemble de graves déséquilibres.
On se rappelle qu’au 19ième siècle, le clergé catholique n’hésitait pas à ordonner au patronat la mise en place d’horaires de travail, compatibles avec les horaires des offices !!!
Des archives attestant de ces injonctions des ecclésiastiques au monde patronal existent dans les musées de charbonnages, notamment.
Autre problème, celui de l’uniforme. C’est un sujet extrêmement délicat, car la liberté vestimentaire en lieux publics doit être préservée.
Au cours des années 60, la curie romaine a rendu non obligatoire le port de l’uniforme en lieux publics, dont la soutane et la cornette. Au moins sur ce plan, les autres religions seraient bien inspirées d’agir de même, car le danger de la concurrence pointe.
Ainsi pour répondre à la question, la religion musulmane est-elle compatible avec la République Française, la réponse est oui, à la condition qu’elle se conforme, comme les autres religions, aux lois fondamentales de la République.
De la concurrence, parlons-en, car elle s’est exercée à la fin de l’an dernier avec la question des crèches.
Avant toute chose, il s’agit bien de crèches en lieux publics. Sous-entendu, quiconque voudrait installer une crèche grandeur nature dans son jardin en a, bien entendu, le droit.
Ce n’est peut-être pas un hasard si l’installation de crèches catholiques dans des lieux publics est « l’œuvre » d’élus d’une mouvance de la droite extrême et de l’intégrisme catholique.
D’abord au Conseil Général de Vendée présidé par un ancien dirigeant du Mouvement pour la France, passé à l’UMP en 2012, soutenu par le très droitier Philippe de Villiers.
Puis par le « mariniste » maire de Béziers qui non seulement installa une crèche dans le hall de la Mairie, mais y plaça également un chandelier juif à neuf branches.
Quelques autres élus provoquèrent également la laïcité, dont le maire de Melun.
Non, la crèche de Noël n’est pas une coutume ancestrale, pas davantage une culture, c’est un dogme à part entière.
La naissance du Christ rédempteur induit le Dieu créateur, le tout puissant. Ce dogme a été battu en brèche par Darwin et d’autres intellectuels, d’où la théorie de l’évolutionnisme.
Ainsi, installer une crèche de Noël en lieu public n’est pas dénué de prosélytisme.
Les entorses à la laïcité ne sont pas nouvelles, mais elles prennent de l’envergure depuis qu’un certain Nicolas Sarkozy déclara, en 2008, « jamais l’instituteur ne remplacera le curé, le rabbin ou l’imam »
Cela libéra d’autres adeptes de la morale religieuse qui s’en donnent à cœur joie pour piétiner la laïcité !
Depuis quelques années, quatre parlementaires de l’Ouest de l’Eure (UMP, UDI, entre autres) ne lésinent pas à promouvoir le catholicisme, participant ainsi à la mise en place d’une société communautariste en opposition à la République égalitaire.
-          C’est le maire de Bernay, UDI, qui fleurit la statue de Ste Anne.
-          C’est le député, UDI, de la 3ième circonscription, ancien ministre de la défense de Sarkozy, qui attribue une réserve parlementaire à une confrérie de charité.
-          Ce sont trois sénateurs, UMP/UDI, qui attribuent une réserve parlementaire pour la réfection de vitraux d’une église.
-          C’est un conseiller général, PS, qui promeut une école catholique dans son « guide cantonal 2014 Bernay-Est »
-          C’est le maire de Beaumesnil, UDI, qui présente ses vœux à la population, une étole de charité installée sur le pupitre.
-          Puis, récemment, c’est le maire, UDI, de Beaumont-le-Roger, qui met l’orgue de l’église à la disposition des écoles de musique de la communauté de communes en précisant « ça va mettre en valeur l’Eglise qui est pourvue d’une extraordinaire acoustique »
Et ceci avec l’assentiment du Président de la communauté de communes, DVD, et du Conseiller Général, PS.
Le retour du religieux et la concurrence qui l’anime, préambule, il faut le redouter, à une guerre plus ou moins larvée entre monothéistes n’est pas un hasard.
Ses origines ont près d’un demi-siècle.
Il est le résultat d’une attitude coupable de l’intelligentsia politique où s’entremêle géopolitique – économie néolibérale – globalisation.
Pour bien cerner le phénomène, il faut remonter aux années 50 et 60 où s’opéra la décolonisation du continent africain.
Si la décolonisation des pays subsahariens s’effectua sans heurt, il n’en fut pas de même pour le Maghreb.
Les plaies ouvertes lors du conflit algérien ne sont pas toutes refermées et participent, pour une part, au problème d’aujourd’hui.
La décolonisation aboutie pour les uns, la paix signée pour d’autres, des accords de coopération furent engagés parmi lesquels des transferts de main d’œuvre à destination de notre hexagone.
En cette période, comme d’autres pays occidentaux, la France était au sommet de ce que l’on appelle « Les trente glorieuses » Elle manquait de main d’œuvre pour faire face à la production.
L’arrivée de travailleurs africains était donc bienvenue.
Le constat était évident, dans cette France cosmopolite le vivre ensemble régnait.
Pour ma part, je fus témoin que des milliers d’ouvriers, d’origines multiples, d’appartenances politique et syndicale différentes, de confessions diverses ou dépouillés de tout dogme, assumaient consciencieusement leur tâche professionnelle. L’exemple fut donné par une entreprise phare de l’économie et du social de cette période sise île Seguin à Boulogne-Billancourt.
Les syndicats de salariés dans leur diversité et malgré leur conflictualité rassemblaient tous ces travailleurs qui décidaient de leurs revendications et des actions à conduire pour obtenir un rapport de force. La vie sociale était en mouvement.
Il en fut ainsi dans des milliers d’entreprises à travers la totalité du territoire national.
Tout ce travail militant organisé, confédéré, conduisit à l’élaboration de conventions collectives arrachées au patronat.
Le seul et unique rapport de force s’effectuait sur la base de la lutte des classes, ne mettant nullement en péril la paix civile.
Bon an, mal an, le peuple vivait, l’emploi ne manquait pas, certes tout n’était pas toujours rose, mais les fondamentaux républicains assuraient un lien populaire.
Mais la situation était trop belle.
En parallèle, pendant cette période, le capital, telle une taupe, minait le terrain.
Des fissures dans l’édifice social des pays qualifiés de progressistes apparurent au milieu des années 70.
On commença à parler de mondialisation économique et de globalisation financière.
Pour comprendre, il faut resituer quelques dates :
1979 : Margaret Thatcher devient Premier Ministre du Royaume-Uni
1981 : Ronald Reagan est élu Président des Etats-Unis
1983 : La France opère le tournant de la rigueur
1986 : Acte Unique Européen – construction néolibérale de l’Union Européenne
2001 : Entrée de la Chine dans l’OMC
2002 : Monnaie Unique européenne
2005 : Entrée de 10 pays d’Europe centrale et orientale dans l’Union Européenne
Le néolibéralisme entrait en force dans l’économie mondiale organisé par des structures non démocratiques – OMC – FMI – BM.
On accola au mot économie le qualificatif de compétitive. Or, la logique de la compétition ne souffre pas d’ambiguïté : 1 gagnant, des perdants !!!
En quelques années, cette politique va détruire l’économie des pays occidentaux et ravager leur tissu social.
En France, les reculs sociaux furent très visibles avec l’entrée dans la rigueur en 1983 et la déclaration tonitruante de Laurent Fabius « Je n’ai pas peur de mettre les mains dans le cambouis »
Confrontés à un dumping social et fiscal, le tissu social se déchira : explosion du chômage, précarité de l’emploi générant le temps partiel imposé, l’intérim, les contrats de courte durée, les emplois aidés ...
Inévitablement, le mouvement ouvrier implosa. Avec le réflexe du « sauve qui peut pour soi » les syndicats se trouvèrent exclus de leur rôle revendicatif et protecteur.
Bien évidemment, les premiers à souffrir de cette désagrégation furent les ouvriers non qualifiés parmi lesquels un grand nombre arrivés en France au cours des années 50 et 60.
Si ceux-ci se trouvaient à un âge où s’estompe l’esprit rebelle, il ne pouvait en être autrement de leurs enfants et aujourd’hui de leurs petits-enfants.
Relégués dans des ghettos, que le langage policé appelle honteusement « banlieues » la nature ayant peur du vide, le lien religieux s’est substitué progressivement au lien social.
Les intégristes (il y en a toujours eu, il y en aura toujours) ont compris qu’avec le concours de certains prédicateurs et par Internet, ils pourraient recruter des jeunes en perte de repères, faciles à manipuler.
La machine infernale était sur les rails.
Le drame, c’est que nombre d’élus étaient informés de ces dangereux liens, mais pour des raisons politiciennes fermaient les yeux. « Les risques ne sont pas chez moi » (commune – circonscription), « chez les voisins peut-être, mais pas chez moi »  !!!
Qui pouvait considérer que le match international de football, joué à Paris en 2001 entre la France et un pays d’une ancienne colonie française, où dans les tribunes il y avait plus de drapeaux rouge et vert que de drapeaux bleu, blanc, rouge, était un fait banal ?
Cela démontrait bien un malaise.
N’y a-t-il pas irresponsabilité politique à comptabiliser le nombre de voitures brûlées au cours de la nuit de la St Sylvestre, sans s’intéresser aux raisons ?
Et pourtant, une forte alerte avait été donnée en novembre 2005, avec « l’affaire des banlieues »
Là aussi, l’irresponsabilité politique s’était « illustrée »
Pour mettre fin à ces émeutes, des élus n’avaient pas hésité à solliciter le recours aux imams, sans se soucier si certains étaient peu recommandables.
De grands moyens de police et de gendarmerie avaient été utilisés. Cela avait conduit les émeutiers à stopper l’expression de leur colère.
Celle-ci fut rentrée, mais attention à la colère rentrée.
Quand elle s’exprime de nouveau, c’est souvent avec fracas.
 
Il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui le peuple français est au pied d’une montagne. L’escalade n’est pas impossible, mais attention, il y aura des crevasses à éviter.
La première a été repérée le dimanche 11 janvier. La présence spontanée de l’aréopage européiste « battant le pavé » parisien n’était pas un hasard.
L’exemple allemand de la grande coalition fait rêver beaucoup de nos politiciens.
Ils n’hésiteront pas à se coaliser pour sauver leurs principes cardinaux, l’économie libre et non faussée et la libre circulation des capitaux.
Plus que jamais, les valeurs de notre République sont en danger. La mobilisation de tous est nécessaire et ne doit pas se limiter à un seul slogan.
 
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