Il serait irresponsable de considérer que toutes les entreprises sont délinquantes, comme il était crédule de croire en l’entreprise citoyenne.
Bien évidemment, de nombreuses entreprises respectent les salariés, appliquent scrupuleusement la législation du travail et se conforment au droit fiscal.
Mais, il serait naïf de considérer que toutes agissent de cette manière.
Depuis quelques temps, il semble que le patronat soit pris d’une crise de poujadisme des plus débridée.
Le Président du MEDEF, Pierre Gattaz, non content des cadeaux faits aux entreprises par l’actuel gouvernement et ses prédécesseurs, exhorte l’exécutif à s’affranchir des conventions internationales en matière de licenciement.
Le MEDEF demande qu’il n’y ait plus de contrat de travail et que la motivation ne soit plus nécessaire pour licencier.
En clair, le MEDEF rêve de revenir aux conditions de travail du 19ième siècle !
Encore un « effort » et le travail des enfants sera revendiqué par le lobby patronal.
Mais le monde de l’entreprise n’est pas isolé dans cette folie. Une sorte de jacquerie réapparaît dans le monde agricole.
Le Président de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles, Xavier Beulin, n’a-t-il pas qualifié les opposants au barrage de Sivens de « djihadistes verts » ?
S’il s’agissait de qualifier ceux qui sont venus pour « casser du flic » on pourrait comprendre, mais non, le Président de la FNSEA parlait des personnes qui pacifiquement s’opposent à cette retenue d’eau.
L’actuel gouvernement et ceux qui l’ont précédé ne sont pas pour rien dans cette frénésie néolibérale.
En août 2013, Pierre Moscovici, alors Ministre des Finances, dénonçait l’overdose fiscale. Un an plus tard, presque jour pour jour, c’est le Premier Ministre Manuel Valls, à la tribune du MEDEF qui poussait son cri d’amour « j’aime l’entreprise ».
En août 2013, Pierre Moscovici, alors Ministre des Finances, dénonçait l’overdose fiscale. Un an plus tard, presque jour pour jour, c’est le Premier Ministre Manuel Valls, à la tribune du MEDEF qui poussait son cri d’amour « j’aime l’entreprise ».
Tout ceci adoubé par le « Seigneur de l’Elysée » depuis un certain 14 janvier 2014.
Se sentant la bride sur le cou, les représentants du MEDEF et de la FNSEA pratiquent « opportunément » un lobbying forcené.
Le syndicat agricole, d’essence néolibérale, se rend-il compte de son incohérence ? Il refuse les directives nitrates émanant de la commission européenne dont le but est de stopper le risque de pollution chimique des nappes phréatiques, mais n’hésite pas à revendiquer toujours plus d’aides PAC pour les agriculteurs. Pour la période 2014 à 2020, c’est 47 milliards d’€, pas toujours justifiés, qui seront distribués.
Après les 40 milliards d’euros ventilés aux entreprises sous plusieurs formes, et les 3,4 milliards d’euros de fonds PAC distribués récemment par avance aux exploitants agricoles, les exigences se multiplient.
Nous avons là des éléments visibles, mais il y en a d’autres moins connus.
La Cour des Comptes vient de rendre publique la fraude patronale aux cotisations sociales.
Cette fraude a doublé entre 2007 et 2012. Elle est évaluée entre 20 et 25 milliards d’euros par an soit deux fois le montant du déficit de la Sécurité Sociale estimé pour 2014.
La Cour des Comptes (que l’on ne peut qualifier de gauchiste) précise que ces fraudes sont difficiles à combattre en raison de la mondialisation des échanges et du développement du marché unique européen qui assemble des pays dont les niveaux de protection sociale sont inégaux.
Par ailleurs, on a appris qu’au cours de ces dernières années, le Luxembourg avait signé, en secret, sous le paraphe du Premier Ministre Jean-Claude Juncker, aujourd’hui Président de la commission européenne, des accords de dumping fiscal avec 340 multinationales.
Même si le droit international et européen permet cette dangereuse cupidité, il est évident que tout cela risque à terme de poser problème à nos démocraties car la France n’est pas la seule victime de ce scandale.
Si nous ne revenons pas à des comportements responsables de la part des dirigeants économiques, le chemin est hélas tracé.
- Soit, à terme, le pouvoir échouera à l’extrémisme,
- Soit l’anarchie violente deviendra le seul recours pour celles et ceux qui n’ont plus rien à perdre.
Oui, l’entreprise (au sens générique du terme) est bien devenue délinquante.