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hoc de compétitivité, choc de simplification, pacte de responsabilité pour relancer la croissance et créer de l’emploi, rien que des slogans.
Au mieux de la com à gogo.
Ce n’est même pas le papier qui enveloppe le paquet cadeau, c’est tout juste le ruban qui l’enserre.
Tout faire pour l’emploi déclare le gagnant du 6 mai 2012, comme si le message de l’Elysée pouvait être : l’emploi se dégrade continuellement, tant pis, l’essentiel est que la finance soit assurée d’un développement sans entrave.
En fait, le Président sait bien que la politique de l’Union Européenne, que lui et les 27 autres chefs d’Etat et de gouvernement mènent à Bruxelles, est exclusivement au service de la finance et, par conséquent, opposée à l’emploi.
Depuis maintenant trois décennies, les discours officiels tournent en boucle, l’emploi, l’emploi, l’emploi.
Hélas, le constat est sidérant, la France et l’Europe s’enfoncent dans le chômage, dans la régression sociale. En d’autres termes, l’Union Européenne assume clairement une politique réactionnaire.
La France ne fait pas exception dans le concert européen.
En novembre 2012, 26,3 millions d’européens étaient sans emploi soit 10,8 % de la population totale. En novembre 2013, le taux atteignait 10,9 % soit 26,6 millions de chômeurs.
La situation est encore plus grave pour la zone euro. Le taux de chômage était de 11,8 % en novembre 2012 et de 12,1 % en novembre 2013.
En Irlande, dont les affairistes vantent la « réussite économique » le taux de chômage est de 12,3 %.
Pour la France, la situation est à peine meilleure, 10,6 % de la population active était au chômage en novembre 2012, pour 10,8 % en novembre 2013.
Pour la France, la situation est à peine meilleure, 10,6 % de la population active était au chômage en novembre 2012, pour 10,8 % en novembre 2013.
Fin 2013, l’OCDE prévoyait pour l’hexagone un taux de chômage à 11,1 % pour 2014.
Voilà donc ce que le Président avait en tête en ouvrant la conférence de Presse du 14janvier 2014.
L’objectif de cette conférence de Presse était évident, donner des gages à la commission de Bruxelles et à son très libéral Président Manuel Barroso, et par corrélation satisfaire le mâle dominant du patronat français, le MEDEF.
Il n’est pas inutile de se rappeler le leitmotiv diffusé en boucle par le Président de la République tout au long de 2013 : le chômage refluera avant la fin de l’année.
Un pari plus qu’hasardeux qui, bien évidemment, a été perdu.
Le Président imaginait que l’injection d’emplois aidés (contrats de génération – emplois d’avenir) allait faire baisser mathématiquement les statistiques du chômage.
La réalité économique et sociale est plus complexe. Les suppressions d’emplois du secteur marchand ont été plus nombreuses que prévu ou peut-être plus nombreuses que celles annoncées malicieusement dans les discours officiels.
Mais il serait bien hasardeux de considérer que le Président « normal » serait incompétent.
N’oublions jamais que François Hollande est un des fils politique de Jacques Delors et par conséquent un petit-fils de Jean Monnet. L’objectif est clair et parfaitement conduit, soumettre toute l’activité humaine à la sacro-sainte concurrence et, parfois même, devancer les ordres de Bruxelles.
Dès les vœux du Président du 31 décembre et surtout après la conférence de Presse du 14 janvier et la pseudo révélation de social démocrate, les zélés commentateurs considérèrent que l’hôte de l’Elysée avait opéré un virage.
Il aura fallu plus de 18 mois à ces « érudits » généreusement rémunérés pour découvrir la ligne politique de François Hollande !
Il semble nécessaire de leur rappeler qu’au soir de son installation, sa première démarche fut de se rendre à Berlin pour rassurer Mme Merkel. Le TSCG que la Chancelière avait édicté avec Sarkozy serait intégralement appliqué par la majorité PS/EELV.
L’autre indication de la politique Hollande fut précisée quand celui-ci se rendit en Grèce et en Espagne pour exhorter les dirigeants de ces pays au respect du diktat de la troïka.
Faut-il rappeler que sur le SMIC, Hollande n’a pas fait mieux que Sarkozy, c'est-à-dire tout juste assurer le maintien du pouvoir d’achat ?
Les commentateurs (ès-qualités) de la politique française auraient-ils zappé le cadeau de 20 milliards d’euros (le fameux CICE – Crédit d’Impôt pour la Compétitivité et l’Emploi) accordé sans contrôle (dixit le Ministre de l’Economie) au patronat et comment qualifient-ils la légalisation de l’accord national interprofessionnel sur la flexibilisation de l’emploi et des salaires ?
Alors, parler de virage est une imposture.
Pour garder la métaphore de l’automobile, il est urgent que ces politologues et autres économistes de salon fassent un stage en auto-école, car François Hollande n’a pas changé de direction, il n’a pas opéré de virage, mais au contraire, il a accéléré brutalement.
Fidèle à son tropisme européiste et gardant en mémoire les injonctions de la commission européenne « nous vous accordons un délai supplémentaire de deux ans pour rentrer dans les clous du déficit toléré, à la condition que vous accélériez vos réformes de structures » le Président mit à profit les vœux de nouvel an pour annoncer ses choix.
Le financement des allocations familiales, jusqu’ici assuré en grande partie par les employeurs, ne le serait plus, sans préciser qui désormais l’assurera.
Ainsi, en quelques mots, le Président normal a mis fin à l’un des piliers du modèle de la République Française établi par le Conseil National de la Résistance, concrétisé par les ordonnances de 1945 créant la Sécurité Sociale.
Pour réaliser cet excès de vitesse et éviter la sortie de route, l’exécutif a du s’assurer d’une voie dégagée de tout obstacle.
Dans une démocratie digne de ce nom, pas celle du stérile dialogue social, la logique eut été de voir le peuple, autrefois appelé classe ouvrière, réagir, se lever, s’organiser pour s’opposer à cette politique réactionnaire.
Hélas, depuis 1995 et malgré le sursaut de 2003, le monde du travail est amorphe, sans réaction, comme chloroformé par l’environnement économique.
Certes, au cours des trente dernières années, le capital a su établir un véritable mur antisocial, il a su instituer un système qui rend invisible les donneurs d’ordres. Il y a de moins en moins de patrons responsables de l’entreprise, mais des directeurs de sites soumis au diktat des actionnaires. Cependant, il faudra bien s’attaquer à ce cancer économique et social, sinon le peuple sombrera dans le néant et retrouvera la situation d’avant 1789.
L’authentique mur de Berlin est tombé grâce à la détermination d’un peuple qui revendiquait sa dignité.
Il faut au plus vite se donner les moyens du succès. Pour cela il faut déjouer les pièges qui nous sont tendus.
Aujourd’hui, le peuple twitte son indignation, déverse sa colère sur les réseaux sociaux mais aussi s’extasie sur Nabila et son QI de bigorneau et sur les blagues potaches d’Hanouna !
Trop juste pour mener à bien l’indispensable combat conduisant au respect du peuple et à la dignité humaine.
Autre obstacle naturel, mais aujourd’hui inaudible, qui a été facilement enjambé par le pouvoir : les syndicats.
Pas les syndicats de terrain, pas ceux qui vivent au jour le jour la dureté de la compétitivité, mais les Directions confédérales parce qu’il faut bien les nommer ainsi.
Fidèle à leur pratique contemporaine, elles ne semblent pas prendre la mesure de l’enjeu.
L’une, toujours prête à sabrer les acquis sociaux, se déclare disposée à négocier. Mais négocier quoi ?
Une autre est disponible pour donner son avis, pourvu qu’on le lui demande ! Traduit plus clairement, si la porte n’est pas ouverte, nous ne forcerons pas pour l’ouvrir !!!
Enfin, la première dans le classement de l’importance ne laissera pas la chaise vide ! Les anciens, plus habitués au rapport de force, doivent se retourner dans leur tombe.
Voilà de quoi faire trembler le Président « normal », d’autant que « des actions dures » sont programmées ! Jugez-en.
Plusieurs organisations se préparent à une action d’opposition à l’extrême droite, faisant ainsi le jeu du Ministre de l’Intérieur, oubliant que si des individus se laissent tenter par ce démon c’est par désespérance sociale.
Une autre, organise un meeting dans une salle, certainement pour ne pas être trop vue et mieux se compter !
Mais il ne faut pas être surpris, il y a une logique dans cette attitude. Celle du partenariat social, chapeauté par la Confédération Européenne des Syndicats, elle-même couvée conjointement par la Commission et Business Europe (le patronat européen)
Tous ces partenaires du pacte de responsabilité ne sont pas hésitants. Il y a aussi des franchement contents.
Le patronat et plus particulièrement le MEDEF n’a pu faire autrement que de laisser éclater sa joie.
Il fallait voir la mine réjouie du président du MEDEF à l’annonce de la suppression des cotisations familiales, même si l’héritier de son père a pris une posture quelque peu renfrognée quelques jours plus tard, pour dire : maintenant on attend des actes.
Sur le terrain, l’expression ne trompe pas.
Ainsi, selon plusieurs sources, le président du MEDEF d’Anjou a déclaré crûment, le 6 janvier à Angers, « Hollande a changé le nom, mais c’est bien le pacte de confiance que nous avions proposé. Ne le répétez pas, surtout vous les médias, mais le Président Hollande est à la solde du MEDEF »
On ne peut être plus clair.
Mais le tour de table de cette « joyeuse bande » ne serait pas complet si la situation politique, et surtout celle de l’opposition, n’était pas évoquée.
Bien évidemment, le jeu politicien n’est pas ignoré dans cette affaire.
François Hollande sait bien qu’un temps fort de son quinquennat se jouera les 23 et 30 mars.
Il sait aussi que de ces échéances dépendra la future majorité du Sénat, reconduite ou balayée.
Perdre au cours d’un quinquennat, les municipales, puis la majorité sénatoriale, augurerait mal d’un deuxième mandat pour 2017.
Ainsi, le 14 janvier dernier, le jeu consista à embarrasser la droite et le centre droit.
La manœuvre fut de piéger l’opposition en accélérant le processus de libéralisation de l’économie et donc du social, cher à la droite et au centre.
Ce qui par exemple a valu à Jean-Pierre Raffarin de déclarer, hilare : « Chiche, M le Président »
Dans cette affaire, la droite et le centre n’ont que deux choix possibles.
1 – Appuyer la politique de la majorité gouvernementale et donc disparaître de l’échiquier politique français.
2 – Refuser cette association et durcir ses positions pour se rapprocher du Front National, au risque de se faire dévorer par ce dernier.
Dans les deux cas, la situation est périlleuse pour la droite et le centre et ce ne sont pas les propositions du Député Morin qui « sauveront la boutique ».
En 2011, il préconisait une durée hebdomadaire du temps de travail à 37 heures (histoire de rester au centre !!!) et récemment il annonçait l’idée de 39 heures payées 35.
Un avenir qui ne semble pas réjouissant.