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Cette France irréformable !!!



Le projet de loi dit « Travail » qualifié aussi du nom de la Ministre théoriquement porteuse de ce projet « El Khomri » à défaut de s’identifier, comme initialement prévu, « Macron 2 », provoque de vives réactions au sein de la population concernée.
Pour qui éprouve de l’intérêt pour la condition ouvrière, les lignes de force de ce projet inclinent clairement vers l’aggravation des conditions de travail du monde ouvrier.
Ce ne sont pas les fausses reculades effectuées par le gouvernement le 14 mars qui modifient le caractère de ce projet de loi.
L’inversion de la hiérarchie des normes en faisant de l’entreprise le lieu privilégié des décisions, avec le référendum en prime, met le salarié sous une pression permanente en matière de salaire, de durée et de conditions de travail.
Réforme, osent-ils clamer !
Encore faut-il s’entendre sur la signification du mot réforme.
S’agissant des rapports sociaux, dans une République digne de ce nom, la réforme est synonyme d’amélioration des conditions de vie, incluant le travail.
Or, au cours des 35 dernières années, une multitude de lois a été votée sous le sceau de la réforme. Toutes dirigées vers la régression sociale, par détricotage du droit du travail et de la protection sociale.
Pour s’en persuader, il suffit de se remémorer, sans prétendre à l’exhaustivité, les étapes du parcours de régression sociale imposée par tous les gouvernements qui se sont succédé au cours de cette période.
 
1977 Taux  de chômage global :   3,8 %  Taux de chômage des jeunes :    8   %
 
Le plan Barre ouvre la brèche de l’exonération de la part patronale des cotisations sociales.
Sous des formes diverses et variées, toutes les lois qui suivront, ayant trait à l’emploi, auront ce corollaire de la réduction des cotisations sociales patronales.
Cette pratique a et aura des effets négatifs sur les financements de la protection sociale.
 
1984 Taux de chômage global : 7,6 % Taux de chômage des jeunes : 18,4 %
 
Avec les Travaux d’Utilité Collectifs (TUC) Fabius crée des emplois précaires.
 
1986 Taux de chômage global : 8,5 % Taux de chômage des jeunes : 18,7 %
 
Mille neuf cent quatre-vingt-six marque un tournant dans l’attaque des droits sociaux. Seguin supprime l’autorisation administrative de licencier. Ce coup de poignard dans le droit du travail n’a eu aucun effet positif, la preuve. En 2012, l’un des rapporteurs de cette loi, le député Etienne Pinte (UMP) déclare « ces textes n’ont donné lieu à aucune création d’emploi » !!! La déclaration du parlementaire dément une étude de 1986 effectuée par un cabinet proche du patronat qui prévoyait la création de 370.000 emplois !!!
 
 
1989 Taux de chômage global :  8 % Taux de chômage des jeunes : 15,2 %
 
Rocard abandonne les TUC et crée des les Contrats Emploi Solidarité dont la rémunération est presque totalement prise en charge par l’Etat.
 
1993 Taux de chômage global : 9,2 % Taux de chômage des jeunes : 19   %
 
Balladur promeut la loi quinquennale sur l’emploi et la formation professionnelle. La flexibilité de l’emploi et des salaires apparaît avec les modulations du travail type I, type II ..... Cette loi qui ne devait durer que cinq ans a été prorogée, de fait, par la promulgation d’autres lois du même genre.
 
1994 Taux de chômage global : 10,3 % Taux de chômage des jeunes : 21,8 %
 
Balladur tente le Contrat d’Insertion Professionnelle qu’il retirera face à d’importants mouvements de jeunes très hostiles à ce qu’ils appelaient le « SMIC Jeunes »
 
1996 Taux de chômage global : 9,9 % Taux dechômage des jeunes : 20,4 %
 
Juppé obtient du Parlement le vote de la loi de Robien sur l’aménagement du temps de travail. Cette loi alliait deux démarches, la flexibilité et l’accentuation des allégements de cotisations sociales patronales. La loi de Robien fut, de fait, le socle des lois Aubry.
 
1998/2000Taux de chômage global :8,7 %Tauxdechômage des jeunes : 17,1 %
 
Les lois Aubry dites des 35 H sont promulguées.
Présentées comme des lois de progrès social, elles accentuent encore la flexibilité par l’annualisation du temps de travail réclamée par le patronat. Elles modifient le mode de calcul des heures supplémentaires et le niveau de leur abondement, principe sur lequel s’appuie aujourd’hui le projet de loi El Khomri.
Le fameux gagnant/gagnant endommagea durablement le pouvoir d’achat.
Jospin institue les « Emplois jeunes », il en prévoit 350.000.
 
2006 Taux de chômage global :   8,7 % Taux de chômage des jeunes : 21,9 %
 
De Villepin invente le Contrat Première Embauche qu’il retirera face à la bronca populaire et plus particulièrement celle de la jeunesse.
 
2008 Taux de chômage global : 6,8 % Taux de chômage des jeunes :  7  %
 
Un accord est signé par une majorité de syndicats de salariés et d’organisations patronales. Il institue la rupture conventionnelle, sorte de rupture amiable entre le salarié et l’employeur. Très rapidement, ce système tourne à l’avantage de l’employeur. Plus de 60 % des ruptures se font à la demande de l’employeur. Il fallait s’en douter.
En décembre 2008, Fillon crée Pôle Emploi  par rapprochement de l’ANPE et des ASSEDIC. Ce service de l’emploi devait assurer une plus grande efficacité en matière de recherche d’emploi pour les chômeurs. Les résultats sont un véritable échec.
 
2012 Taux de chômage global : 9,1% Taux de chômage des jeunes : 22,1 %
 
Ayrault crée les « Emplois d’avenir ».
En janvier 2013, un Accord qualifié de National Interprofessionnel (ANI) est signé entre le patronat et les confédérations CFDT – CFTC et CFE/CGC.
Cet accord sera légalisé au mois de juillet suivant.
La loi autorise, entres autres, à modifier par accord d’entreprise le salaire (à la baisse) et le temps de travail pour une durée maximale de deux ans.
François Hollande fait prendre aux socialistes une orientation économique contraire aux valeurs historiques de la gauche. Il promeut l’économie de l’offre, en opposition à une politique de relance !!!
En instituant le Pacte National pour la Croissance, la Compétitivité et l’Emploi et le Crédit d’Impôts pour la Compétitivité et l’Emploi, il déverse sur les entreprises 20 milliards d’euros d’allègements supplémentaires !!!
Sachant que le coût annuel des 35 H est de 25 milliards d’euros à la charge de l’Etat, les cadeaux financiers aux entreprises deviennent démentiels au regard des résultats.
A ce jour, ce Pacte n’a eu aucun effet sur l’activité économique.
 
2015Taux de chômage global : 10,1 % Taux de chômage des jeunes : 24 %
 
Le taux de chômage des jeunes est le plus élevé des 35 dernières années.
 
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Faut-il s’étonner qu’après tant de milliards de francs, puis d’euros, d’argent public, déversés au profit de l’économie privée, aucun résultat sur l’emploi ne soit constaté ?
Faut-il s’étonner qu’après plusieurs décennies de démantèlement de notre système républicain de protection sociale, la paupérisation de notre société en soit arrivée à ce niveau ?
-          Plus de 14 % de nos concitoyens ont un revenu inférieur au niveau de pauvreté
-          3,8 millions de personnes sont considérées comme « mal logées » dont 600.000 enfants.
A cela,  rien d’étonnant car le malaise est profond.
Les remèdes apportés sont équivalents à l’administration de cachets d’aspirine pour soigner un cancer généralisé.
En fait, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, depuis la déliquescence de l’idéologie communo-stalinienne concrétisée par la chute du mur de Berlin et l’implosion de l’URSS, le capitalisme, dans sa version la plus extrême, s’est emparé des commandes de la planète monde.
Même si la résurgence du capitalisme mondialisé, pur et dur, est antérieur à la fin des années 80, on peut dire que le coup de booster fut donné par Ronald Reagan avec sa fumeuse déclaration « l’Etat n’est pas la solution mais le problème » Il avait compris que le périmètre politique des Etats permettait aux forces populaires d’organiser leur défense et d’y développer l’internationalisme ouvrier.
Pour réussir son emprise totale sur l’économie, le capitalisme s’est donc donné pour objectif de réduire au maximum le rôle des frontières.
Le milliardaire américain Warren Buffett ne s’y trompait pas. En 2005, il déclara « C’est la lutte de classes. Ma classe est entrain de la gagner »
En Europe, Margaret Thatcher fut la grande prêtresse du développement du néolibéralisme. Elle reçut le soutien de François Mitterrand après le tournant politique de 1983. L’hôte de l’Elysée dépensa beaucoup de son énergie à construire l’Europe de la concurrence libre et non faussée, en participant activement à la mise en place de l’Acte Unique Européen.
Ensuite, d’autres « leaders » politiques assurèrent le service après vente, Tony Blair et Gordon Brown au Royaume-Uni, Gerhard Schröder et Angela Merkel en République Fédérale d’Allemagne, José Luis Zapatero, José Maria Aznar, Mariano Rajoy en Espagne, etc... etc...
Dans ce contexte,  le continent asiatique ne pouvait rester à l’écart de ce réveil néocapitaliste.
L’Organisation Mondiale du Commerce réussit le tour de force à faire entrer la Chine en son sein, tout en laissant la Russie sur le palier pour ne la faire entrer qu’en 2012.
Ainsi, l’antidote mondialisé au développement social allait s’étendre à l’échelle planétaire.
En limitant les droits de douanes au strict minimum, en organisant la libre circulation des marchandises, des capitaux et des personnes, les pays socialement évolués au regard de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dotés de systèmes collectifs de protection sociale, de code du travail et de conventions collectives de branches se trouvent en difficulté face à des pays pratiquant un quasi-esclavage.
C’est ainsi qu’en quelques années la Chine, pays qui ne s’embarrasse pas du respect de l’humain, est devenue « l’Usine du Monde »
Le différentiel des coûts salariaux est tel, entre les pays de l’Ouest européen et l’Empire du milieu, que même avec le transport le prix des produits manufacturés en Chine est encore très compétitif.
En battant pavillon de pays à très faible fiscalité, en exploitant les équipages à la frange de l’esclavage, le coût du transport entre pour une petite part dans le prix de revient des produits transportés.
C’est ainsi qu’en France, un million d’emplois industriels disparurent au cours des 15 dernières années, essentiellement dans l’électronique, la hi-fi, la télévision, la téléphonie sous toutes ses formes, l’électroménager, l’automobile, le jouet.
Entre 1980 et 2007, la part de la valeur ajoutée de l’industrie dans le PIB est passée de 24 % à 14 %.
Sans oublier le textile dont la perte d’emplois est évaluée à 40.000 par an, par délocalisations vers la Chine, le Bengladesh, l’Inde, le Maghreb, la Turquie.
Mais dans ce contexte, les dirigeants de l’Union Européenne ne sont pas restés l’arme au pied.
En 2004, l’UE a intégré en son sein dix pays du centre et de l’est européen (ex-communiste) dont le modèle économique et social est très inférieur au nôtre.
Cela a conduit à introduire légalement un dumping social et fiscal à l’intérieur de l’Union Européenne, confortant ainsi la fameuse directive détachement de 1996.
A titre d’exemple, en Pologne le coût horaire moyen du travail est de 8,40 € contre 31,40 € en Allemagne et 34,60 € en France.
C’est essentiellement la construction automobile (PSA et Renault) qui est délocalisée en Slovénie, Tchéquie, Slovaquie, Pologne, Roumanie ...
Le transport routier est également très impacté par la main d’œuvre des pays de l’Est dont les conditions de travail des chauffeurs sont indignes pour notre époque. (L’excellente émission « Cash Investigation » de France 2 nous a montré récemment cette gangrène sociale)
On pourrait allonger la liste avec le BTP, mais il faut tirer les conclusions de cette dangereuse situation menaçant nos démocraties.
La loi El Khomri n’aura aucun effet positif sur l’emploi. Son seul impact sera la dégradation des conditions de travail et corrélativement celle de la vie des salariés.
La compétition qui est engagée est terrible, c’est celle du moins-disant social prôné par l’Union Européenne, quand elle somme les Etats d’opérer des réformes de structures.
Faut-il ambitionner d’avoir des coûts de production inférieurs à ceux de la Chine, du Bangladesh, de la Pologne, entre autres ?
Pour cela, faut-il renoncer à notre modèle de protection sociale, maladie, chômage, retraite ?
Quant aux expériences qui seraient un succès chez nos voisins, regardons un peu ce qu’elles sont réellement.
En Espagne, le chômage atteint 22,4 % (deuxième pays derrière la Grèce) le chômage des jeunes est à 46 %
En Italie, le chômage est à 11,3 %, celui des jeunes à 38 %
Quelle réussite !!!
Ce que les médias ne révèlent pas, c’est la lutte – y compris par la grève générale – menée par les salariés Allemands, Grecs et Britanniques,  pour s’opposer à ces reculs sociaux.
Aujourd’hui, les néolibéraux de tout bord, relayés par l’immense majorité des médias, osent déclarer « Il vaut mieux des travailleurs pauvres que des chômeurs » !!!
Tout est dit, quelle ambition !!!
Pour être décomplexés, ils sont décomplexés !!!
Face à ce chantage, les salariés n’ont pas d’autres choix que de marquer un coup d’arrêt à cette politique réactionnaire.
Dans le cas contraire, nos dirigeants n’hésiteront pas à exiger d’autres reculs sociaux, d’autant que les occasions ne manqueront pas dans les mois à venir. Si le projet d’accord commercial transatlantique avec les USA est concrétisé et si un nouvel accord avec la Chine accordant à ce pays le statut d’économie de marché est conclu, le combat sera dur, très dur.
 
 
Cependant, ne nous voilons pas la face.
Ce ne sont pas des pétitions en ligne ou des manifestations de rues, si massives soient-elles, même si tout cela est nécessaire, qui régleront le problème.
Si le peuple français vent s’extirper de ce guêpier, il doit se mobiliser et faire des priorités dans son combat.
L’Europe néolibérale, doit être éliminée,
      celle de l’économie libre et non faussée, excluant l’harmonie sociale et fiscale,
      celle du dumping social, mettant en concurrence les modèles sociaux,
      celle de la monnaie unique au seul intérêt des spéculateurs.
Seule l’Europe des peuples et des Etats garantira l’intérêt général.
Tant que ce combat ne sera pas gagné, des lois El Khomri se succèderont jusqu’au jour où la République succombera pour laisser place à des régimes liberticides.