Garrotté depuis 2010, le peuple grec s’est démocratiquement donné les moyens de sortir de l’enfer imposé par la troïka – CE – BCE – FMI.
SYRIZA et son leader Alexis Tsipras ont été élus sur une promesse forte et déterminante, en finir avec les politiques d’austérité.
Ayant échoué de peu en juin 2012, 26,9 % pour SYRIZA contre 29,6 à Nouvelle Démocratie, le peuple ne s’est pas trompé le 25 janvier en accordant majoritairement sa confiance à Alexis Tsipras, nommé Premier ministre à l’issue de ce succès.
Avant d’établir des supputations, le rappel de la situation économique et sociale de la Grèce s’impose.
Depuis près de cinq ans, la Grèce est sous tutelle de la troïka, c'est-à-dire que physiquement des émissaires dépouillent les comptes et ordonnent des orientations.
Les résultats sont catastrophiques.
En 2014, le niveau du PIB était de 20 % inférieur à celui de 2009.
En 2009, la dette était de 120 % du PIB, aujourd’hui elle est de 175 %.
La purge n’a fait qu’aggraver le mal.
Socialement, les résultats sont terribles.
Globalement, le chômage atteint 25,7 % de la population active,
et pour les jeune c’est 49,8 %.
et pour les jeune c’est 49,8 %.
Le taux de pauvreté est de 23,1 %. A titre de comparaison, il est de 14 % en France et 16 % en Allemagne.
En cinq ans, le pouvoir d’achat des salaires du privé et du public, ainsi que celui des retraites, a baissé d’un tiers.
Pour les classes moyennes, la diminution est de 40 %.
Trois millions de grecs sur onze millions n’ont plus de couverture sociale, faute de pouvoir d’achat suffisant.
Le nombre de fonctionnaires est passé de 900.000 à 650.000.
La preuve est donc faite que l’austérité engagée en 2009 par le socialiste (Président de l’Internationale socialiste) George Papandreou, puis en 2012 par Antonis Samaras, Nouvelle Démocratie, aggrave le mal plus qu’il ne le soigne et plonge le peuple grec dans un profond dénuement social.
Alexis Tsipras l’ayant bien compris, le nouveau Premier ministre issu des élections du 25 janvier a donc la ferme intention de mettre en application le programme validé par le peuple grec :
- l’arrêt de la privatisation du port du Pirée
- l’arrêt de la privatisation de la compagnie nationale d’électricité, DEI
- le relèvement du niveau de vie des grecs et plus particulièrement du salaire minimum
- etc... etc...
Depuis le succès de SYRIZA, les légions néolibérales, françaises et européennes, se liguent pour discréditer ce parti.
Il est d’abord malicieusement qualifié d’extrême gauche.
Ceux qui utilisent ce langage, à l’endroit de SYRIZA, pratiquent le mensonge et la malhonnêteté. Pourquoi ?
Sur l’échiquier politique, l’extrême gauche est porteuse de l’idéal trotskiste. Son opposition à l’Union Européenne et à la monnaie unique est avérée, alors que SYRIZA déclare vouloir rester dans l’Union avec la monnaie unique.
Partant du raisonnement que deux cartouches valent mieux qu’une, les thuriféraires de la concurrence libre et non faussée tentent de s’infiltrer dans une faille créée par le résultat du 25 janvier.
Si SYRIZA est devenu majoritaire avec 36,3 % des voix contre 27,8 % à Nouvelle Démocratie, il lui manquait néanmoins 2 sièges pour obtenir la majorité absolue.
Il a donc dû rechercher un partenariat, il l’a trouvé avec un parti souverainiste, classé à droite. Disposant de 13 sièges, le ANEL est l’équivalent du parti de Dupont-Aignan.
Il partage avec SYRIZA le rejet de l’austérité.
Alors, les partisans de la poursuite de l’austérité stigmatisent cette alliance gouvernementale en qualifiant le ANEL de parti xénophobe et même de raciste.
En 2012, ils n’ont pas été aussi véhéments quand, entre les deux tours de juin, des membres de l’extrême droite du LAOS ont rejoint le parti d’Antonis Samaras qui allait devenir Premier ministre !
Comment expliquent-ils leur silence, même gêné, eu égard au régime liberticide sévissant en Hongrie, faisant la chasse aux tziganes, aux roms et réduisant la liberté de la presse ?
Curieusement, ces partisans du statuquo n’ont pas été aussi sévères quand en Italie Berlusconi avait fait alliance avec la Ligue du Nord, parti clairement raciste et xénophobe.
Pourquoi sont-ils muets quand en Europe des partis reconnus démocrates font alliance avec des partis racistes, xénophobes et islamophobes, comme aux Pays-Bas, par exemple ?
En fait, les vrais xénophobes sont ceux qui prônent la poursuite de la régression sociale en Grèce quand ils tentent d’opposer le peuple français au peuple grec.
Par un malicieux calcul, ils divisent le montant de la dette grecque par le nombre de français, et font du solde le montant que chaque français devrait payer si la Grèce ne remboursait pas.
Cette manœuvre est intellectuellement malhonnête, ignoble et dangereuse pour la démocratie.
Comme toute dette, la dette grecque est composée d’un capital perçu et d’intérêts appelés également « charge de la dette »
Des commentateurs, spécialistes de ces sujets, expliquent que le montant du capital est largement remboursé, ce qui reste c’est le montant des intérêts.
Or, la manipulation est organisée entre les banques et la BCE.
La BCE prête aux banques privées à des taux très bas, excédant rarement 1 %, et celles-ci rétrocèdent à la Grèce des prêts à des taux prohibitifs parfois supérieurs à deux chiffres.
C’est ce qui s’appelle « se payer sur la bête »
Ce sont ces intérêts à des taux très exagérés que le nouveau gouvernement grec ne veut plus rembourser.
Peut-on lui donner tort ?
C’est l’équivalent du crédit libre accordé aux particuliers à des taux inimaginables conduisant les débiteurs au surendettement.
Quand à la soi-disant charge qui pèserait sur chaque français, ne tombons pas dans cette honteuse manipulation.
Le peuple français ne peut être responsable que de ce qu’il a décidé.
Au cas particulier, il ne s’est engagé sur rien, ce sont les banques qui ont décidé. Ont-elles demandé l’accord du peuple français ?
Nous n’en avons pas le souvenir.
Par contre, notre mémoire reste fraiche du rejet en 2005 du Traité qui avait pour objet, entre autres, d’organiser des orgies financières. Nous nous souvenons aussi que la droite et le PS ont craché sur l’avis du peuple en adoubant, début 2008, le Traité de Lisbonne, frère jumeau du TCE.
Alors, que l’industrie financière assume ses engagements !
Alors, que l’industrie financière assume ses engagements !
La surface financière des banques françaises prêteuses à la Grèce se chiffrant en centaines de milliards, elles peuvent aisément faire face à ces difficultés.
Dès son élection, sa majorité assurée et son gouvernement constitué, le nouveau Premier ministre a rendu visite aux principaux leaders européens afin de présenter le nouveau programme politique de la Grèce.
Ses hôtes ont été d’une ambiguïté confondante, à l’image du Président Hollande.
L’adepte de la synthèse molle déclara vouloir respecter le vote du peuple grec, mais, indiquant que celui-ci devait se conformer aux accords antérieurs passés entre la troïka et la Grèce !
Sous-entendu, il ne faut toucher à rien, l’austérité doit être poursuivie.
Les propos du Président de la Commission, Jean-Claude Junker, furent de la même veine, celui-ci poussant la plaisanterie jusqu’à claquer la bise publiquement à Tsipras.
Ces attitudes et mise en scène s’apparentent au « baiser de Judas » puisque la tournée européenne de Tsipras, à peine terminée, la BCE déclarait que du fait de l’exigence grecque, elle fermait le robinet des liquidités.
Ce chantage est irresponsable, la dette grecque doit être réduite jusqu’à un niveau supportable pour son économie sans atrophier sa couverture sociale. C’est bien ce qui a été fait pour l’Allemagne après la seconde guerre mondiale.
Au risque de voir le peuple allemand se tourner vers l’URSS conquérante, les occidentaux n’ont pas hésité à utiliser la gomme pour effacer la dette allemande.
Aujourd’hui, ce n’est pas parce que la menace de l’ogre soviétique n’existe plus qu’il faut se comporter en négrier du peuple grec.
La troïka serait mieux inspirée à aider le gouvernement grec à installer une réforme fiscale, imposant le clergé grand propriétaire foncier et les armateurs jusqu’ici exonérés d’impôts sur les bénéfices.
Mais il est vrai que la concurrence est rude, notamment avec le Luxembourg, grand pays maritime comme chacun le sait, avec ses 254 navires mouillant dans les nombreux ports du duché !!!
Ils étaient155 en 2008 !!!
Que celles et ceux qui, de fait, insultent le peuple grec et son nouveau gouvernement démocratiquement élu dirigé par Alexis Tsipras, qualifiant celui-ci d’irresponsable, sachent bien ce qu’ils font.
N’en pouvant plus du drame social qui, depuis 5 ans, réduit leurs vies à un enfer, les Grecs ont exclu du jeu politique le parti socialiste grec 4,6 % et écarté la droite, Nouvelle Démocratie.
Si la troïka et sa cour politico-médiatique persiste, le scénario est prévisible. Le risque à terme de voir le peuple se retourner contre SYRIZA, pour recourir en désespérance au fascisme et au nazisme (il rôde avec ses 6 %) n’est pas une fable pour les démocrates et les républicains, mais une vraie menace.
A moins que les partisans de la régression sociale en Grèce et en Europe ne considèrent pas que le fascisme et le nazisme sont la bête immonde qu’il faut avant tout écarter.
La vérité c’est que le plan de mise au pas de la classe ouvrière européenne engagé en 2008 par les instances réactionnaires de l’Union risque d’échouer si SYRIZA obtient satisfaction.
L’enchaînement est connu.
A juste raison, d’autres peuples s’engouffreront, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande et d’autres encore.
L’oligarchie européiste n’a toujours pas avalé son échec de la « Stratégie de Lisbonne » décidée en mars 2000 qui avait pour objectif de faire de l’Union Européenne l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde à l’horizon 2010.
On sait ce que veut dire compétitivité et dynamisme.
Subir un deuxième échec sur la fable de la dette publique lui serait insupportable et anéantirait la raison même de l’actuelle construction de l’Union Européenne et sa doctrine de l’économie libre et non faussée.
Alors elle est prête à tout ....., mais vraiment à tout.
Dans cette phase cruciale, pour l’avenir de la classe ouvrière européenne, il est incroyable de constater l’inquiétant silence des syndicats français. Pas une confédération n’apporte un soutien populaire digne de ce nom aux salariés grecs.
A quoi sert la Confédération Européenne des Syndicats ? Le fumeux partenariat social ligote t’il à ce point ?