« Election piège à c.. » fut le slogan privilégié des soixante-huitards.
Je n’ai jamais partagé l’option politique porteuse de ce slogan, mais force est de reconnaître que celui-ci a quelque chose qui relève de la conscience.
L’un des débats qui a pollué l’entre-deux-tours de la présidentielle fut le vote des étrangers.
Hélas, aucun des deux candidats n’a osé détailler ce dossier. L’un s’est voulu faussement généreux, l’autre profitant de ce thème servi sur un plateau a poursuivi sa politique xénophobe.
Pour bien comprendre la réalité de ce dossier, il faut la disséquer.
Tout d’abord, débusquons cette honteuse manipulation qui consiste à faire croire qu’à chaque fois que l’on rencontre un homme ou une femme de couleur, que l’on croise un homme ou une femme « d’apparence musulmane » pour reprendre et stigmatiser l’abjecte expression de l’ancien Président Sarkozy, on aurait affaire à un étranger ou à une étrangère.
Cette insinuation est honteuse et malhonnête.
Dans la majeure partie des cas, toutes ces personnes sont françaises. La plupart du temps, elles sont des filles, des fils, des petites filles, des petits fils de françaises et de français venant des départements hors métropole, comme le fut l’Algérie ou de colonies françaises venant de l’Afrique subsaharienne, ex Afrique Equatoriale française et ex Afrique Occidentale française ou d’Afrique du Nord.
Pire encore, la manipulation va jusqu’à laisser croire que les français des Antilles et de la Réunion, entre autres, du fait de la couleur de leur peau, seraient des étrangers !!!
Pour ces personnes, citoyennes françaises à part entière, la question du droit de vote ne se pose pas.
Reste les étrangers dont l’immense majorité est venue en France pour fuir la misère sociale et l’autoritarisme politique de leur pays d’origine.
Comme consommateurs occidentaux, nous pourrions peut-être nous interroger sur la prédation que nous exerçons collectivement sur certains de ces pays (pétrole, uranium, terres rares ...) Nos gouvernements ferment les yeux, pour ne pas dire plus, sur les régimes liberticides sévissant dans la plupart de ces pays, pour recevoir en retour le libre cours donné aux entreprises nationales et transnationales d’origine française, de bénéficier d’une main d’œuvre taillable et corvéable à merci.
D’où le principe dit de la France-Afrique.
S’il reste un peu de réflexion, et j’ose un peu d’humanité chez les xénophobes, cette situation ne devrait pas être oubliée.
Cependant, je ne suis pas convaincu que la préoccupation première des étrangers soit le droit de vote. J’en veux pour preuve qu’en Europe, là où ce droit existe, il est peu utilisé.
L’exemple de la Belgique est éclairant.
Dans ce pays, le droit de vote des étrangers existe depuis 2004, pour un maigre bilan. Au scrutin d’octobre 2012, sur 146.721 étrangers, hors Union Européenne, seuls 20.571 étaient inscrits et le pourcentage de votants n’excéda pas 10 %.
En Finlande où ce droit existe depuis 1996 le dernier taux de participation connu date de 2004. Il était inférieur à 20 % !
Est-il nécessaire et responsable de cliver à ce point la société française, notamment dans les zones rurales, pour un résultat aussi maigre ?
Si le droit de vote était synonyme de respect de la dignité humaine, cela se saurait.
Huit millions de françaises et de français sont relégués sous le seuil de pauvreté.
Et pourtant ils disposent du droit de vote !
Cinq millions de personnes sont privées d’emploi à temps plein.
Et pourtant, elles disposent du droit de vote !
Plus d’un chômeur sur quatre, en 2008, avait renoncé au moins une fois à se soigner faute de moyens financiers, et 22 % des français avaient renoncé à des soins dentaires ou de lunetterie ! La situation ne s’est pas améliorée depuis.
Et pourtant, ils disposent du droit de vote !
Trois millions six cent mille personnes sont en précarité de logement, cent treize mille ont reçu un ordre d’expulsion en 2011.
Et pourtant elles disposent du droit de vote !
Si la France veut s’honorer de sa référence de « Patrie des Droits de l’Homme », elle doit le prouver concrètement par des mesures sociales fortes, pour tous les travailleurs (français et étrangers) installés sur le territoire national.
L’exploitation de la main d’œuvre étrangère est un secret de polichinelle. Les gros chantiers de travaux publics et du bâtiment usent et abusent de cette pratique.
Est-ce le droit de vote des étrangers qui mettrait fin à cette ignominie proche de la pratique négrière ?
Pour mettre fin à ces ignobles abus, les pouvoirs publics seraient bien inspirés de renforcer et de réorienter les Directions du Travail pour leur permettre d’assurer des missions de contrôle de respect des lois sociales et des textes conventionnels.
Cela devrait redevenir la mission primordiale des Directions du Travail et plus particulièrement des Inspections du Travail. Mais pour cela, il ne faut pas remplacer la RGPP par son funeste successeur la MAP (Modernisation de l’Action Publique) Il faut tout simplement redonner aux services de l’Etat les moyens de contrôle et de sanction des contrevenants.
Hélas, on en est loin, d’autant que le gouvernement s’apprête à supprimer le corps des contrôleurs du travail !
En parallèle de cette obligation de traiter socialement les salariés étrangers à égalité des travailleurs français, l’aspect habitat doit aussi être pris à bras-le-corps. La chasse aux marchands de sommeil doit être impitoyable et leurs auteurs condamnés sévèrement.
Cela nécessite une volonté politique déterminée et des moyens pour permettre aux travailleurs français et étrangers de se loger décemment. Un grand programme de construction de logements sociaux doit être mis en œuvre.
C’est comme cela que l’on respectera la dignité humaine et pas en accordant un droit de vote au rabais et gratuit.
Le vote des étrangers éviterait-il les drames d’immeubles vétustes en feu, conduisant plusieurs occupants, souvent immigrés, à mourir dans d’atroces souffrances ?
Après neuf mois de pouvoir, le constat est clair.Le gouvernement et sa majorité font preuve d’austérité sociale et de générosité sociétale peu coûteuse.
Après les atermoiements gouvernementaux sur les prolongements du mariage homo, l’indécision et le flou entourent le vote des étrangers.
Vraisemblablement pour nombre d’élus et de militants socialistes, l’enjeu est plus mathématique que politique.
Il s’agit d’apporter la preuve que le maximum du programme du candidat Hollande est réalisé. Peu importe la suite, le résultat de la tranche fiscale à 75 % retoquée par le Conseil d’Etat est la preuve de cette tactique.
Le projet du parti socialiste sur le dossier du vote des étrangers est bien singulier.
Le projet prévoit le vote des étrangers et donc l’éligibilité mais ceux-ci seraient exclus des postes de responsabilité, maires et adjoints. Ils devraient se contenter des strapontins.
Cette manière de concevoir une démocratie à deux étages s’expose à des recours juridiques. Même si la Constitution était revue et corrigée par le Congrès réuni à Versailles, il n’est pas certain que la Cour Européenne des Droits de l’Homme aurait l’échine aussi souple.
Récemment cette Cour, dont on ne sait quels sont les fondements de son droit, vient de désavouer l’administration fiscale française qui réclamait à la secte Mandarom plusieurs milliers d’€ de taxes du fait que Mandarom n’a pas été hissée au rang de religion par la magistrature française. La CDEH ne l’a pas entendu de la même oreille. Ainsi, le constat est clair, la France a perdu son indépendance, son libre arbitre, sur son propre territoire.
Pour la CEDH, Mandarom est une religion !!!
Alors, une élection à plusieurs étages pour les étrangers est assez funambulesque.
Mais un autre inconvénient majeur se présente dans cette affaire, celui du périmètre de la Nation.
Nos valeurs, nos droits, constituant la colonne vertébrale de notre système social, même s’il est très exposé à la pression libérale, furent acquis au prix de hautes luttes, dans le cadre de l’Etat/Nation.
Il est donc impératif de préserver ce cadre, géographique et politique, non pour rejeter l’autre, mais au contraire pour maintenir les conditions de sauvegarde de nos acquis et de leur progression.
Citons quelques exemples.
La laïcité, pivot majeur de notre République, garantie par la loi du 9 décembre 1905, nous est spécifique. Dans nombre de pays européens, l’investiture des dirigeants se fait par engagement de fidélité à la Constitution, la main sur la Bible.
Le Salaire Minimum de Croissance est une spécificité française, au grand dam du patronat en général et du MEDEF en particulier.
Grâce à l’œuvre du Conseil National de la Résistance, la spécificité de notre système de protection sociale repose sur le principe dit par répartition. A ce titre, il est quasiment unique en Europe, il échappe à la spéculation financière.
Or, avec le principe du vote des étrangers, de fait l’Etat/Nation serait davantage fragilisé.
Le cadre géographique, politique et social de la France deviendrait de plus en plus fictif. Il est déjà très entamé par les directives européennes. Les fédéralistes européens auraient beau jeu de relancer leur chère citoyenneté européenne. La promulgation du village du monde, dirigé par des oligarchies de types OMC – FMI – BM etc..., serait notre seul avenir.
Ce n’est peut-être pas un hasard si dans la liste des organisations signataires réclamant une loi sur le vote des étrangers on trouve des mouvements autonomistes et régionalistes revendiquant haut et fort le fédéralisme européen, dit plus clairement, la fin de l’Etat français.
Rappelons que ces groupes autonomistes revendiquent la reconnaissance des langues régionales y compris dans les actes administratifs !!!
Il est impératif de préserver le cadre dans lequel la souveraineté des citoyens peut s’exercer.
Pour l’intérêt politique et social de tous, y compris des étrangers, il est donc impératif de respecter le principe de la citoyenneté nationale.
Les droits politiques sont exercés par les citoyennes et les citoyens français.
Les étrangers entrant sur notre sol et disposant de papiers doivent préciser leur intention.
Pour ceux fuyant le régime liberticide de leur pays d’origine :
- soit ils s’installent définitivement sur notre territoire, dans ce cas ils s’engagent à suivre un cursus conduisant à la naturalisation,
- soit ils optent pour un transit de plusieurs années en attendant la normalisation démocratique dans leur pays d’origine.
Pour ceux qui choisissent la France pour sa culture, son mode de vie, etc..., le processus de naturalisation doit s’engager sans attendre.
Quels que soient les cas, le droit social est applicable à tous, français et étrangers, y compris la prise de responsabilité dans les organismes institutionnels.