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Réserve parlementaire : "Y a pas qu'moi qu'en croque" !



O
n se rappelle de cette réplique de Patrick Dewaere dans un film où il joue le rôle d’une « petite frappe ». Se sentant cerné par l’interrogatoire d’un juge et refusant d’être le lampiste il déclare au représentant de la Justice « Y a pas qu’moi qu’en croque »
On pourrait utiliser cette réplique pour les parlementaires qui usent et abusent de la réserve parlementaire.
Depuis quelques semaines, plusieurs d’entre eux sont médiatiquement épinglés pour avoir généreusement distribué ces fonds public  encore quasi secrets.
Dans le collimateur de quelques blogs bien orientés se trouvent les députés Accoyer et Jacob.
Rappelons que malheureusement tout ceci est très légal.
Ainsi, ces « accusés » pourraient aisément utiliser la réplique de Dewaere « Y a pas qu’moi qu’en croque »
Au cours du mois de juillet, France TV Info a révélé que le député de la 4ième circonscription de Seine-Maritime, Laurent Fabius, a usé de manière plutôt désinvolte de la réserve parlementaire.
Les sommes n’ont pas été attribuées dans sa circonscription élective, mais au village de Carla-Bayle, en Ariège, à 800 kms de Grand-Quevilly !!!
Même si la loi n’interdit pas à un parlementaire de faire l’aumône à la collectivité ou à l’association de son choix, il n’est peut-être pas incongru de s’interroger sur les motivations d’un tel geste, surtout quand la commune concernée est le lieu de résidence secondaire de l’élu !
En 2011, c’est environ 50.000 €, soit le quart dont disposait l’élu, qui ont trouvé destination  au village de Carla-Bayle.
Ce « don » a été versé en deux échéances.
La première d’un montant de 28.653 € soit 49,9 % du montant total a participé à la réhabilitation des Flots Bleus. La deuxième représentant 37,37 % de la facture globale, soit 21.347 € a participé à la réfection des façades de la maison Couloumiès.
Même si, rappelons-le, tout ceci n’est pas illégal, cela reste pour le moins troublant et peu en osmose avec l’éthique de la République qui veut que les budgets, qu’ils soient de l’Etat ou des collectivités, fassent l’objet d’un débat souvent public, sanctionnés d’un vote délibératif.
Ces errements, rescapés d’un autre âge, conduisent à d’autres dérives, même si elles restent légales.
Ainsi, en 2011, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale, Bernard Accoyer, s’était auto-octroyé un montant de près de 12 millions d’euros distribués dans son département, sur une enveloppe globale de 90 millions d’euros accordés à l’Assemblée Nationale.
Quant au président du groupe UMP, Christian Jacob, il aurait financé avec son enveloppe la vidéo surveillance de la ville dont il est Maire.
Face à ces pratiques qui s’apparentent à du clientélisme, il est temps d’y mettre fin, même si la loi ne les interdit pas.
Le fait du prince-député ou du prince-sénateur s’oppose aux principes de la transparence républicaine.
 
Si les parlementaires veulent retrouver de la crédibilité auprès des citoyens, ils doivent abolir ce privilège qu’est la réserve parlementaire.
La nuit du 4 août, c’est bientôt.