S'identifier - Contact

Archives par mois


Primaire à gauche : Encore une belle cohnbenrie !



Une primaire à gauche, encore une belle connerie.
Voici quelques jours, le journal « Libération » se prêtait au jeu du lancement d’une pétition pour l’organisation d’une primaire à gauche.
En tête de gondole de cette farce politique se trouvait l’impayable Daniel Cohn-Bendit et l’économiste Thomas Piketty.
Avant de débusquer la supercherie, quelques avis sur le principe des primaires, en complément d’un article déposé sur ce site le 28/11/2011, titré « Que faut-il penser des primaires socialistes ? » Rubrique "Coup d'oeil dans le rétro"
Dans une démocratie parlementaire, où la libre expression et le libre débat sont de droit, les partis politiques sont les outils indispensables à l’expression concrète de cette démocratie.
Ils sont le lieu de débat d’idées.
Leur rôle est de produire des projets politiques pour la gestion de l’intérêt général et de désigner des candidats qui solliciteront les suffrages des électeurs sur la base du projet établi par le parti.
Rien de tout cela avec les primaires.
L’existence des partis n’est même plus une condition indispensable. De simples écuries électorales suffisent.
Notre courte expérience est suffisante pour nous prouver que les primaires sont une escroquerie morale.
Lors de la primaire socialiste de 2011, Manuel Valls avait terminé bon dernier avec 5,63 %, traduisant le rejet des électeurs du programme qu’il présentait. Cela n’a pas empêché le Président de la République de le désigner Premier ministre deux ans et demi plus tard, pour appliquer une politique néolibérale !
Fort de cette expérience, il est indispensable d’examiner de près cette demande dont « Libération » se fait l’entremetteur.
 Primaire à gauche, nous dit-on ?
Définissons d’abord ce qu’est la gauche, car il est évident que « gauche » au sens historique du terme et Parti Socialiste  sont désormais aux antipodes.
-          Se prétendre de gauche ne doit pas être une posture politicienne.
-          Se prétendre de gauche doit conduire à ne pas oublier les déclarations des pères de la gauche et en particulier celles de Jean Jaurès dont :
« La République n’est pas faite pour cacher la misère du peuple mais pour la proclamer et la guérir »
-          Se prétendre de gauche dans la patrie des Droits de l’Homme signifie un attachement à la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen.
A cela s’ajoute les valeurs fondamentales de notre Constitution :
Une République une, indivisible, sociale et laïque.
Sachant que les erreurs politiques accumulées depuis 30 ans ne pourront se rattraper rapidement, hiérarchiser les priorités est une nécessité.
Priorités nationales
Le quinquennat présidentiel ayant renforcé le pouvoir personnel du Président contenu dans l’ADN de la 5ième République, le retour au septennat est impératif.
Pour mettre fin au contournement de la loi sur le non cumul des mandats, il faut revoir la loi et supprimer les exceptions. Il faut également fixer des règles de non cumul sur la durée.
Fixer la durée à trois mandats et, ou, quinze ans au plus, doit être une règle intangible.
Une loi de vraie séparation des activités bancaires doit être promulguée.
Les banques françaises qui disposent de succursales ou de filiales dans les paradis fiscaux doivent être exclues des marchés publics.
Les personnes qui organisent leur optimisation fiscale en se domiciliant partiellement dans les paradis fiscaux ne doivent pouvoir représenter la France à quelque titre que ce soit (sport : équipe nationale, capitanat.., culture, show-biz : distinctions diverses et variées…..)
En cas de re-domiciliation en France, une période d’exclusion du bénéfice de la protection sociale doit être observée, d’une durée égale à celle de l’optimisation fiscale.
Loin de l’exhaustivité, ces quelques points doivent être traités dans l’urgence.
Priorités européennes
Il faut de nouveau faire référence à une citation de Jaurès
« L’abstention de l’Etat, il ne faut point la dissimuler, c’est l’abandon à tout jamais de ceux qui souffrent »
-          Etre de gauche c’est aussi refuser le dogme néolibéral européen et sa politique récessive générant chômage et pauvreté.
-          Etre de gauche veut dire aussi souveraineté des peuples et donc des Etats en matière monétaire, financière et économique.
La monnaie unique est une catastrophe. Sa rigidité fait que le social est la variable d’ajustement des fluctuations monétaires et économiques. Une seule monnaie pour vingt-huit économies différentes est une hérésie.
La solidarité européenne passe par une monnaie commune pour les échanges commerciaux et le retour des monnaies nationales.
Le dumping social et fiscal doit être éradiqué.
La directive détachement doit disparaître impérativement dans un court délai.
-         Etre de gauche c’est exiger des partenaires européens la négociation d’un principe d’harmonisation fiscale et sociale.
La période de négociation doit être fixée, au-delà de laquelle si aucun résultat satisfaisant n’est obtenu, un référendum national est organisé.
Alors, Cohn-Bendit et Piketty les mieux placés pour défendre une politique de gauche, un argument qui manque de crédit.
 
Daniel Cohn-Bendit
L’image de l’homme révolté de mai-juin1968 a fait place à la grande gueule, porte-parole du néolibéralisme.
Un livre paru en 1998 « Une envie de politique » place l’homme politique clairement dans le camp du néolibéralisme. Sa ligne politique est sans ambiguïté puisqu’il déclare « Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché »appuyant sa profession de foi par un exemple concret « Si Renault peut produire moins cher en Espagne, ce n’est pas scandaleux que Renault choisisse de créer des emplois plutôt en Espagne, où, ne l’oublions pas, il y a plus de 20 % de chômage »
Sur l’emploi des jeunes, il n’est pas opposé au SMIC Jeunes (Balladur en 1994 – CPE De Villepin 2006) au prétexte que « Si en échange d’un salaire réduit pendant 3 ou 4 ans, on leur donne la garantie d’accéder ensuite à un emploi ordinaire »
Sur le travail du dimanche, son attachement au néolibéralisme est toujours présent « Il faut admettre que les machines travaillent 7 jours sur 7, donc admettre le travail du week-end »
Dans le Figaro du 1/12/1998, Alain Madelin, Président de Démocratie libérale écrivait « Il est clair que sur certains sujets, comme les privatisations d’EDF ou des chemins de fer, la retraite par capitalisation, la concurrence et la sélection dans les universités, l’autonomie des établissements scolaires, Daniel Cohn-Bendit développe une approche libérale en contradiction avec le PS et les Verts. Puisse cette évolution permettre l’arrivée d’un libéralisme de gauche dans ce pays »
Qui, mieux que Madelin, pour décerner un brevet de néolibéralisme ???
En 2005, le leader des barricades de 1968 fait campagne aux côtés de François Bayrou pour défendre le « oui » au Traité Constitutionnel Européen.
En 2014, il soutient la candidature de Guy Verhofstadt à la présidence de la Commission Européenne. Ce libéral assumé fut le fondateur du Groupe Spinelli, rassemblant les fédéralistes européens.
En faut-il davantage pour justifier que Cohn-Bendit n’est pas de gauche ?
 
Thomas Piketty
Le palmarès de l’économiste est forcément moins étoffé puisque 26 ans séparent les deux hommes.
Cependant, les faits d’armes de Thomas Piketty suffisent à douter de son attachement à la gauche historique, telle que décrite plus haut.
En 2003, il est membre du comité d’orientation scientifique de l’association « A gauche, en Europe » fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn.
Pas vraiment des partisans de la lutte de classes !
En 2005, il accepte une mission proposée par Dominique de Villepin, pas vraiment un progressiste celui là !
Piketty se voyait confier la création d’une nouvelle institution universitaire française « L’école d’économie de Paris » qu’il dirigea à partir de 2006.
En 2007, il devient conseiller de Ségolène Royal pour la campagne présidentielle, pas non plus une vraie partisane de la gauche historique !
Bien qu’ayant soutenu François Hollande en 2012, il s’en écarte assez rapidement.
Au cours des dernières années, Thomas Piketty soutient Syriza et son leader Tsipras. Puis depuis quelques mois,  il conseille Pablo Iglesias, le porte-parole de Podemos en Espagne.
Ainsi, compte tenu de ses relations européennes, le chouchou de la gauche européiste ne s’oppose pas au fédéralisme européen, feignant de croire que dans cette construction néolibérale, il y aurait une place pour le combat contre les inégalités.
Par exemple, on ne l’a jamais entendu s’opposer à la monnaie unique.
Pas étonnant qu’il ait eu pour « mentors » des aînés comme Rocard et Strauss-Kahn.
Pas étonnant non plus qu’il soit un ami de Tsipras, y compris depuis l’arrivée de celui-ci à la direction des affaires en Grèce et de Iglesias leader de Podemos.
Et voilà que l’on découvre le possible objectif de l’opération « Primaire à gauche »
L’idée de faire de Piketty le Tsipras ou le Iglesias français germe dans l’esprit du microcosme bobo parisien.
La primaire de gauche ne serait qu’un stratagème pour faire de Piketty le jeune homme providentiel, sauveur de la gauche en France. Le casting, toujours le casting !
Curieusement, faut-il y voir un lien de cause à effet ?
Les députés européens de Syriza et Podemos sont membres du GUE/NGL et rêvent certainement de voir se rallier à leur équipage le gagnant du Prix du meilleur jeune économiste de France de 2002 et du Prix Yrjö Jahnsson de 2013.
Pourquoi pas, mais pour quoi faire ?
L’exemple de Syriza donne à réfléchir.
A vouloir tenir les deux bouts de la corde, « non à l’austérité, dans l’Europe, avec l’euro » Tsipras a fini par lâcher au cours de la folle nuit du 13 juillet 2015, le « non à l’austérité » pour se convertir au « oui à l’austérité, dans l’Europe avec l’euro » et obéir à l’ignoble exigence des intégristes européens et se voir imposer un troisième mémorandum,  c'est-à-dire un énième plan de rigueur.
Quant à Iglesias, son refus d’entrer au gouvernement espagnol, avec un minimum des idées qui ont conduit son parti à obtenir 20,6 % des voix aux élections du 20/12/2015 est intéressant. Mais on ne peut oublier son tropisme pour l’intégration européenne et son ambiguïté s’agissant de l’avenir des provinces de Catalogne, de Galice et du Pays Basque. Il serait contre l’indépendance, mais favorable à l’auto-détermination !!!
Même si cette question relève exclusivement de la responsabilité du peuple espagnol, le peuple français a le devoir de s’interroger sur l’alliance de nos éventuels prétendants au pouvoir.
Alors que vient faire Cohn-Bendit dans cette affaire ?
Deux missions le guident :
-          assurer aux partisans de l’intégration européenne une nouvelle génération acquise au fait européiste.
-          régler ses comptes avec son vieil ennemi Jean-Luc Mélenchon, car Tsipras, Iglesias et Mélenchon sont tous les trois inscrits au parlement européen dans le groupe GUE/NGL. La porte se trouve ainsi fermée à la candidature présidentielle de 2017 au fondateur du Parti de Gauche.
Ce n’est peut-être pas un hasard si le Parti Communiste, bien que pas invité au débat  de cette primaire, se déclare favorable à une primaire à gauche ?
Avant de conclure provisoirement cette réflexion sur l’éventuelle primaire à gauche, pourquoi faire référence à Jaurès ?
S’agirait –il d’une banale posture ou d’une nostalgie complètement obsolète en ce début de 21ième siècle ?
Ni l’une, ni l’autre.
Les théories politiques avancées par Jaurès, fin du 19ième siècle début du 20ième, sont toujours d’actualité.
Evoluerions-nous aujourd’hui dans une société sans classes ?
Ce n’est pas parce que la classe ouvrière est atone politiquement et socialement qu’elle n’existe plus.
En France, trois millions et demi de personnes sont sans emploi, au total plus de cinq millions avec celles ne disposant que d’emplois très partiels.
En moyenne annuelle sur les 23 millions de contrats signés, 85 % sont des CDD, dont les deux tiers sont d’une durée inférieure à un mois.
Plus de quatorze pour cent d’individus sont sous le seuil de pauvreté.
Trois millions huit cent mille personnes sont considérées comme mal logées, dont six cent mille enfants.
En 2014, on comptabilisait une augmentation de 50 % de SDF, en trois ans.
Pendant ce temps, « de l’autre côté du périph », on évalue la fraude fiscale annuelle en France, entre 60 et 80 milliards d’€ et la fraude à la TVA à 17 milliards d’€.
Les plans gouvernementaux, qu’ils soient de  droite ou socialistes ont un objectif unique, reprendre les acquis gagnés par la classe ouvrière au cours du 20ième siècle, au prétexte d’une indispensable adaptation de notre économie.
Le professeur d’économie, Joseph Stiglitz, déclarait récemment : « Le 1% les plus riches met tout en œuvre pour maintenir des sociétés inégalitaires »
L’existence des classes est donc bien réelle et factuelle.
Si l’on considère toujours qu’un peuple libre est un peuple souverain qui délègue ses pouvoirs à des élus et en contrôle l’activité, l’Etat est  la structure politique la plus pertinente pour définir les orientations monétaires, financières et économiques.
La philosophie politique de Jaurès est donc toujours d’actualité, l’Europe ne devant rester qu’une structure continentale de solidarité !
Au moment de poster cet article, ce sont « les frondeurs » du PS qui s’agitent sur la question d’une primaire à gauche, mais apparemment pour atteindre d’autres objectifs que ceux présentés dans le journal Libération !
Affaire à suivre.