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’avais décidé de ne pas commenter le projet de mariage homo, mais le manichéisme malsain qui entoure ce dossier m’oblige à donner mon avis.
Dans cette affaire, il y aurait les gentils, promoteurs et défenseurs de cette loi, les généreux, les partisans de l’égalité, de surcroît républicaine - la République a bon dos - et les méchants, tous des archéos, tous des intégristes religieux, tous des fachos !
Et au milieu de cette guerre de tranchées, rien.
Eh bien si, n’en déplaise aux moralistes de tout bord !
Il y a le silence de ceux qui ne partagent pas le contenu de cette réforme, mais qui refusent de s’exprimer dans la rue pour ne pas être assimilés à l’abjecte homophobie de l’intégrisme religieux.
Sur le fond, l’erreur commise est celle de confondre l’acte sexuel et la procréation.
L’acte sexuel, sous ses formes diverses et variées, est du domaine intime, privé, pourvu qu’il soit librement consenti entre adultes.
Les pouvoirs publics n’ont pas à intervenir sauf à veiller à ce que les enfants et les adolescents ne participent pas à ces actes.
A l’inverse, la procréation a une implication publique. L’enregistrement, la protection de l’individu naissant, sont inévitablement du ressort de la collectivité organisée.
A ce jour, biologiquement, la procréation n’intervient que dans le cadre d’une rencontre entre les spermatozoïdes mâles et l’ovule féminin, de manière naturelle ou assistée médicalement.
Que des adultes décident de vivre ensemble en mettant en commun leurs moyens d’existence, logement entre autres, et souhaitent bénéficier de droits sociaux et fiscaux par exemple, à égalité avec ceux du mariage, est compréhensible.
Le PACS remplit ce rôle. Peut-être aurait-il fallu simplement y ajouter d’autres droits comme la succession ?
Le mariage civil, c’est autre chose.
Précisons d’abord que tout le monde n’apprécie pas ce contrat. Le vécu montre que bon nombre de septiques ou d’opposants au mariage sont souvent de joyeux machos, considérant que le mariage civil est archaïque et rétrograde.
Or, n’en déplaise à ces libertaires, la famille est la première cellule sociale d’un ensemble comportant la classe sociale, le village, la nation etc…, sans lesquels la société humaine serait en deçà du monde animal.
Mais allons-y pour le mariage homo. Immédiatement la question de la parentalité se pose. Elle est d’ailleurs posée par l’exécutif et le législatif, de manière hésitante et empruntée.
L’argument de l’enfant qui peut être maltraité par un couple hétéro et choyé par un couple homo est bien mince, l’inverse peut également exister.
La maltraitance des enfants n’est pas sexuée. Elle est un phénomène abjecte et récurant d’un comportement violent de certains adultes à l’égard des plus faibles physiquement, dont les femmes sont également victimes.
Le risque de communautariser sociétalement la société n’est pas mineur.
Qui peut le contester ?
Qui n’a pas constaté des foules bien plus importantes dans les gay pride que dans les manifs, pour la défense des retraites par exemple ?
N’a-t-on pas vu, au cours de ces dernières années, se créer des disciplines sportives réservées aux gay ?
Ne parle t’on pas de « communauté homosexuelle » ?
Quelle serait cette société qui s’identifierait et s’organiserait en fonction de la sexualité de ses membres ?
Maintenant, regardons la question de l’homoparentalité.
Dans les deux cas, gays et lesbiennes, une tierce personne est obligatoire, sauf pour l’adoption.
Dans le cas du couple lesbien, on aurait pu penser que l’apport d’un tiers masculin aurait pu se faire de manière naturelle. Impossible, une femme lesbienne ne touche pas à un homme. Le recours à l’insémination artificielle est obligatoire.
Ainsi la pratique de l’insémination, quelles qu’en soient les raisons, est proche.
Pour le couple gay, le raisonnement est identique. Un gay ne touche pas à une femme, mais là le problème se complique, car il faut avoir recours à la pratique des « mères porteuses » pudiquement appelée « gestation pour autrui »
De ce fait, le risque de marchandisation de l’utérus n’est-il pas sous-jacent ?
Le risque de ravaler la femme au rôle d’auxiliaire de la communauté gay se pose.
Drôle de conception du respect de la femme.
Certains arguments utilisés pour justifier ce projet de loi ne manque pas de sel.
Un parallèle est fait entre la situation de François Hollande et celle de Zapatero. L’ancien Premier Ministre espagnol avait du, lui aussi, affronter l’opposition du monde catholique.
S’il fallait retenir une image de Zapatero, j’ose espérer que pour les progressistes et les humanistes ce ne serait pas celle du mariage homosexuel, mais celle d’avoir laissé le pays socialement et économiquement exsangue avec un taux de chômage à deux chiffres, des réductions de salaires et de retraites allant jusqu’à 25 % et des salariés chassés de leur logement qui se suicident.
Aurions-nous atteint cette limite qui consisterait à glorifier un homme politique qui, certes, a conduit des millions de personnes dans la précarité mais qui en a satisfait quelques centaines d’autres compte tenu de leur orientation sexuelle ?
Zapatero et Hollande font penser à cette fermière qui jette du grain à la basse-cour dans l’espoir de distraire un dindon pour mieux l’estourbir afin de faire ripaille le dimanche en famille.
Une masse de citoyens n’a pas l’intention de jouer les dindons de service.
Pendant que le gouvernement amuse le peuple avec le mariage pour tous – admirez la nuance dialectique – la majorité parlementaire transfère des pans fondamentaux de la République comme le choix budgétaire, au tiers bruxellois.
Il faut craindre qu’à court ou moyen terme, le réveil politique et social soit brutal pour les couples hétéros comme pour les couples homos.
Il faudra alors dire merci à la gauche bobo, sans oublier la gauche libertaire qui n’aura pas ménagé sa peine dans cette affaire.
Ces évolutions donnent des ailes à certains. Au détour d’un texte, on a la surprise d’apprendre qu’en matière de sexualité, entres adultes, tout est permis. Si effectivement dans la pratique tout est permis à partir du consentement des acteurs, l’expression « entre adultes » donne à penser que la banalisation de l’inceste se profile.
Les pouvoirs publics et leurs supplétifs, au cas particulier, devraient réfléchir aux effets induits de cette loi.
Déjà, le vote des étrangers avait failli coûter la victoire à François Hollande en mai dernier, était-il urgent de cliver à nouveau la société ?
Aujourd’hui, le silence contenu d’une partie de la population peut se traduire de manière inattendue.
Mais jamais dans la rue, au côté des homophobes.