Le Sénateur-Maire de Bernay a fait sa rentrée médiatique début septembre par l’entremise de son média préféré, l’hebdomadaire local.
L’autosatisfaction et le mépris ont été le fil conducteur de cette expression publique de l’édile, provoquant une exaspération au sein du conseil municipal.
Que faut-il en penser ?
Ne s’agit-il pas pour l’essentiel d’une tempête dans un verre d’eau ?
Dans le package de l’autosatisfaction le Maire s’est félicité du changement de majorité au département, précisant que les choses vont mieux notamment grâce à son 1er adjoint à la ville de Bernay, devenu l’un des vice-présidents du conseil départemental.
Nous n’avons pas de peine à imaginer que les relations avec le Président « Les Républicains » Sébastien Lecornu soient meilleures qu’avec le socialiste Jean-Louis Destans.
Mais en politique, les relations de personnes ne sont pas l’essentiel, c’est la gestion de l’intérêt général qui importe.
Or, six mois après l’installation de la nouvelle majorité départementale, comment honnêtement y constater une amélioration, car la nouvelle équipe ne fait que gérer un budget voté par l’ancienne majorité ?
La preuve, c’est que les séances plénières tenues depuis l’installation du nouveau conseil départemental ont été consacrées aux seuls bilans de l’ancienne majorité et aux pistes possibles pour l’établissement du prochain budget.
Pour nous, habitants de l’Ouest du département, le seul point qui aurait pu attester d’un réel changement de gestion départementale, c’est le collège de Broglie.
Or, après avoir claironné pendant la campagne électorale le maintien de cet établissement scolaire de proximité, la venue du Président Lecornu en terre broglionne début septembre a tempéré l’optimisme.
Si l’unification des deux établissements, La Barre en Ouche et Broglie, en préservant les deux sites n’est pas rédhibitoire, la modification de la carte scolaire dirigeant les collégiens des communes de Grand Camp et Capelle les Grands vers un collège de Bernay, soit une quarantaine d’élèves, au détriment de Broglie, ne rend pas optimiste.
A cela s’ajoute le refus du Président du département à préciser quand les travaux au collège de Broglie auront lieu et même si, un jour, ils auront lieu !
Voilà donc ce qui rend optimiste le Sénateur de Bernay lui qui, avec d’autres, déclare être attaché à la ruralité !!!
Pour ce qui est du Haut et du Très haut Débit, il est probable que le changement se fasse dans la continuité.
Concernant la rubrique mépris,voire carrément dédain, le Maire de Bernay n’y est pas allé avec le dos de la cuillère.
Abordant la question des régionales, il qualifie tout de go l’ancien Président de Région Alain Le Vern de « personnage exécrable » et l’actuel Président, Nicolas Mayer-Rossignol de « petit monsieur »
On est subjugués par la profondeur de l’analyse politique du Sénateur-Maire de Bernay !!!
S’abaisser à de tels coups bas décrédibilisent la parole politique !
Qu’Alain Le Vern ne soit pas une référence en matière d’affabilité n’est pas un scoop, mais en matière de gestion de l’argent public, son mandat est exemplaire.
Au moins Le Vern n’aura pas entraîné les Hauts-Normands dans une galère financière.
Pour la période 2006/2013, la Chambre Régionale des Comptes constate « la situation financière favorable » de la région Haute-Normandie et « une excellente maîtrise de ses charges de fonctionnement, une épargne brute élevée et un très faible niveau d’endettement »
Quant à Nicolas Mayer-Rossignol il prolonge fidèlement l’action de son prédécesseur.
Après une telle bassesse du Maire de Bernay à l’égard de ses concurrents, serait-il satisfait de se voir qualifié de « personnage collet monté », condescendant à l’égard du peuple ? Et pourtant !
En décidant de faire payer aux familles les dépenses dues aux Temps d’Activités Périscolaires, le Maire de Bernay exclue les familles modestes de ce dispositif. Il s’affranchit des valeurs de la République qui exigent que les citoyens soient égaux devant les services publics.
Ainsi, selon les chiffres donnés par le Maire de Bernay, le 31 août, veille de la rentrée scolaire, 300 familles sur 800 n’avaient pas inscrit leurs enfants aux TAP.
Ainsi, les enfants de ces 300 familles seront marginalisés à cause des difficultés économiques et sociales dont sont victimes leurs parents.
Quant au courroux exprimé par les élus d’opposition de la liste « J’aime Bernay », ceux-ci seraient bien inspirés de s’interroger sur la responsabilité de la majorité socialiste au Parlement qui a permis que ces Temps d’Activités Périscolaires puissent être payants.
Ces élus sont moins bavards quand le Maire de Bernay (UDI) fait la propagande de la multiplication des lignes routières de voyageurs de moyenne et grande distance contenue dans la loi Macron.
L’élu du « Front de Gauche » a totalement raison de faire un lien entre la politique gouvernementale et la gestion municipale.
Les Temps d’Activités Périscolaires en sont la preuve.
La réduction des aides d’Etat aux collectivités (+ d’un million d’euros en moins sur 3 ans – chiffre du Maire) conduit inévitablement à reporter, voire à annuler, certains investissements et à réduire les effectifs.
Autre exemple. Pour faire face à la baisse des aides d’Etat, la nouvelle majorité départementale LR et UDI (sur les conseils du conseiller départemental de Bourgtheroulde, ex-PS) envisage de transférer des routes départementales aux Intercommunalités concernées. On parle de 50 % du parc routier à transférer !
Il s’agit bien d’une incidence des choix gouvernementaux.
Autre preuve de mauvaise foi politique.
Dans le domaine des « gros projets » le Maire de Bernay laissait entendre au cours de sa conférence de presse que le retard pris dans la rénovation du théâtre était due à l’insuffisance de l’aide accordée par l’ancienne majorité du département. Cette accusation lui est revenue en boomerang puisque le 1er octobre il annonçait qu’une enveloppe de 350.000 € était accordée par Matignon.
Par contre, l’actuel Président du département n’a toujours pas donné suite à l’appel du Maire de Bernay !
Le titre choisi pour chapeauter l’article de presse « Il faut rester ambitieux » mérite, à lui seul, un développement.
Contrairement à l’optimisme du Sénateur-Maire de Bernay, la réalité économique et sociale de cette ville et ses environs mériterait un minimum de retenue.
En matière de chômage, fin 2014, Bernay enregistrait un taux de 11,4 % soit 1,5 point supérieur au taux national et 0,5 point de plus que la Région.
A la date de février 2015, le chômage de catégorie A-B-C avait augmenté à Bernay de 5,8 % sur un an.
Le nombre de demandeurs d’emplois, sans activité (catégorie A) progressait plus vite qu’en Haute-Normandie, + 4,6 à Bernay contre + 1,4 en Région.
A noter également une vertigineuse augmentation des chômeurs de longue durée de plus de 2 ans, + 15,7 % en un an.
Le nombre de femmes, plus nombreuses que les hommes au chômage, a augmenté de 7 % sur un an contre 4,4 % chez les hommes.
En matière de taux de pauvreté, le bassin de Pont-Audemer/Bernay atteint 14,2 % contre 13,5 % en Région.
Autre indicateur de pauvreté, le logement.
En août 2015, la ville de Bernay comptait dans le parc privé, 8 % de logements potentiellement indignes, contre 6,3 % dans la CCBE et 5 % dans l’Eure.
Dans le domaine scolaire, pour la tranche d’âge 15/24 ans l’ancien canton Bernay-Est enregistre un taux de 19 à 23 % de non-diplômés et de 26 à 31 % pour l’ancien canton de Bernay-Ouest.
Même si des secteurs du département enregistrent des taux encore plus élevés de non-diplômés, atteindre près du quart de la jeunesse de non-diplômés est inquiétant.
A cela s’ajoute, et cette fois de manière générale, un taux élevé, toujours en augmentation, de jeunes qui n’ont pas confiance en l’avenir, persuadés que leur niveau social sera inférieur à celui de leurs parents.
Pour faire face à cette morosité, tout à fait compréhensible, plongeant la jeunesse, mais pas seulement, dans la désespérance alimentant les incivilités et la délinquance, le Sénateur-Maire de Bernay n’a d’autre réponse que la coercition !!!
L’installation de caméras de surveillance est sa seule réponse !!!
Il reste que cette conférence de presse laisse transparaître quelques zones d’ombre.
Il se murmure dans les salons bernayens que l’actuel Maire pourrait abandonner la barre du bateau de la ville Sous-préfecture pour la transmettre à l’un de ses adjoints comme l’avait fait Joël Bourdin en 2003.
A moins que la zone d’ombre soit carrément une zone opaque.
En effet, questionné par un journaliste de LCP, le 18 septembre dernier, le Président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde révélait que le Nouveau Centre (parti du Sénateur Maurey et du Député Morin) avait de « graves difficultés financières » au point de ne pas honorer sa cote part à l’UDI !!!
Il est vrai que pour un parti qui revendique la gestion de la grande Normandie « ça la fout plutôt mal »